Eco92 a écrit:Tirnam a écrit:Lindsey Graham avait notamment fait cette promesse. J'espère me tromper mais je suis persuadé qu'il va renier sa parole (surtout que sa réélection n'est pas vraiment assurée et qu'il ne peut pas vraiment se permettre de s'aliéner l'électorat conservateur).
Sans surprise, vous ne vous êtes pas trompé https://www.nytimes.com/2020/09/19/us/politics/supreme-court-ruth-bader-ginsburg-live.html
Graham n'est plus, ces dernières années, à quelques reniements près...
Ceci dit, à sa décharge, il fait parti des sénateurs républicains embêtés par tout ça, et il fallait bien faire un choix. Dans son cas, maintenir son opposition de principe à une nomination précipitée, c'était prendre le risque de mécontenter ses électeurs les plus conservateurs (nombreux en Caroline du Sud), à quelques semaines d'un scrutin qui s'annonçait déjà assez serré et compliqué pour lui. Son adversaire démocrate, Jaime Harrison, le dépeignait déjà comme un adepte du flip-flop, incarnation de la créature washingtonienne. Tout cela va lui donner de nouveaux arguments et clips de campagne, mais c'est un moindre mal ?
En tout cas, Trump et McConnell semblent bien décidés à tenter la nomination express.
https://www.republicanleader.senate.gov ... r-ginsburg
https://edition.cnn.com/2020/09/18/poli ... index.html
Concernant la suite, les démocrates vont tout faire pour ralentir au maximum le processus, et ils ont quelques armes à leur disposition. Actuellement, le Sénat doit débattre de la prochaine loi de finance, qui, légalement parlant est prioritaire sur les autres textes et votes. Les sénateurs démocrates peuvent ralentir au maximum cette loi là (aidés par la Chambre et Pelosi aussi) pour gagner quelques précieuses semaines. Ils peuvent aussi tenter la voie judiciaire et arguer qu'avec sa jurisprudence Garland, McConnell aurait instauré un précédent parlementaire qui pourrait faire office de règle de fonctionnement sénatorial. Même si Trump et McConnell mettent le paquet, faire ratifier un poste de juge à la SCOTUS avant le 03 novembre me parait très compliqué (d'autant que beaucoup de sénateurs sont en campagne).
Après le 03 novembre, on bascule dans la lame duck session, et là les scénarios possibles se complexifient. Déjà , un point technique : concernant le poste de sénateur de l'Arizona qui est à renouveler en novembre, est celui du défunt John McCain. C'est donc une élection spéciale afin de terminer le mandat de 2016 (qui se termine en 2022, où il sera remis en jeu). Le gagnant du 03 novembre dans cet état pourrait siéger plus tôt que les autres sénateurs élus ce même jour, qui eux devront attendre janvier pour enclencher un éventuel nouveau mandat. Si c'est la républicaine McSally qui est élue, cela ne change rien, puisqu'elle occupe déjà l'intérim par nomination du gouverneur républicain de l'Arizona. En revanche, si c'est le démocrate Kelly (qui fait désormais figure de favori) qui l'emporte, ce dernier aura tout à fait le droit d'exiger de prêter serment dès le 30 novembre, ce qui réduirait encore la majorité républicaine d'un siège.
Ensuite, tout dépend évidemment des résultats du 03 novembre, mais si jamais Trump devait perdre et que plusieurs sénateurs républicains sortants aussi, réussir à vendre le concept d'une ratification d'un juge nommé par un président vaincu et élu par des sénateurs défaits, ce serait plus tout à fait la même limonade. Surtout pour les sénateurs républicains élus dans des swing states et dont leur mandat devrait être renouvelé en 2022 (Ohio, Pennsylvanie, Floride...). Surtout si derrière les démocrates devaient récupérer la majorité sénatoriale dès janvier : ces derniers pourraient faire payer très cher aux républicains la manœuvre (suppression du filibuster pour tous les textes, nominations de 3 ou 4 juges supplémentaires à la SCOTUS, étatisation de DC et de Porto Rico....?). En revanche, si Trump devait être réélu et/ou si les républicains devaient conserver le Sénat, évidemment cela ne changerait pas grand chose....
Mais, à court terme, on verra déjà très vite si McConnell pense ou non avoir une majorité de 50 voix pour tenter la chose.
Je pense qu'on peut affirmer sans trop de doute que Murkowski, la sénatrice de l'Alaska, qui a fait toute sa carrière au Sénat sur sa réputation de franc-tireuse indépendante, est une cause perdue pour McConnell sur une manœuvre de ce genre (ses électeurs alaskaiens lui semblent gré de ne pas trop patauger dans les magouilles washingtoniennes). Pour Collins, la sénatrice du Maine c'est aussi un jeu dangereux : elle est déjà en très mauvaise posture pour novembre en grande partie à cause de son vote pour Kavanaugh, je ne suis pas certain qu'elle ait très envie de remettre une pièce dans la machine ? Ou alors elle fait comme Heitkamp, l'ancienne sénatrice démocrate du Dakota du Nord, qui, perdue pour perdue, préféra quand même voter contre Kavanaugh quitte à perdre son siège dans la foulée ?
Outre Graham (qui a donc changé d'avis depuis), Murkowski et Collins, un autre sénateur républicain avait déclaré cette année qu'il refuserait de pourvoir un siège à la SCOTUS pendant l'élection présidentielle : il s'agissait de Chuck Grassley (sénateur de l'Iowa depuis 1981, actuel président pro tempore, et dont le siège sera à renouveler en 2022, mais il n'est pas certain qu'il se représente alors pour un 7e mandat, il aurait alors 89 ans...). Lui aussi peut aussi décider de se raviser. D'autres sénateurs républicains pourraient aussi avoir quelques scrupules (on pense évidemment à Mitt Romney ou à Cory Gardner)...
Concernant la candidate éventuelle de Trump, avant le décès de RBG, la rumeur parlait beaucoup de Amy Coney Barrett, une juge conservatrice et "textualiste" de l'Indiana, âgée de 48 ans...
https://en.wikipedia.org/wiki/Amy_Coney_Barrett