Fabien a écrit:Belle plaidoirie de maître Corondor en défense de la macronie en perdition (et comme la meilleure défense, c'est parfois l'attaque, nous autre insoumis en prenons pour notre grade)...
Mais qui hélas ne résiste guère à l'analyse.
Ainsi donc, la FI n'aurait fait l'objet d'aucun traitement particulier? Je m'amuse de la référence à la perquisition visant le Modem, seul et unique argument des pro-Macron quand on leur met le nez sur le deux poids-deux mesures manifeste. Un contre-feu bien dérisoire.
Je n'aurais pas la mesquinerie de rappeler que c'était il y a plus d'un an. Je pourrais bien citer les innombrables affaires de la Macronie qui depuis ont opportunément été classées, enterrées, dépaysées, enterrées, sans même parler des liaisons incestueuses entre le pouvoir et les milieux d'affaire avec leur cohorte de conflits d'intérêt, qui n'intéressent guère notre chère magistrature "indépendante". Je pourrais aussi rappeler la farce de la "perquisition" visant Bennalla, et plus généralement le déplorable tableau de barbouzerie, de détournement des procédures, et d'arbitraire qu'offre le pouvoir.
Mais pour en rester à votre seul argument sérieux, il y a des différences notables entre la perquisition visant le Modem et celles contre la FI. Que je sache, le domicile de Bayrou n'a pas été perquisitionné, il n'y a pas eu de déploiement de forces digne d'une opération contre le grand banditisme... et surtout, cela n'a pas été fait sur ordre du parquet, institution peu connue pour la liberté dont elle jouit vis à vis du pouvoir politique.
Il faut revenir aussi sur le risque que présente pour les libertés individuelles la saisie des fichiers, contenant notamment les noms des adhérents. Comme je le disais plus haut, nombre de mes camarades ne peuvent militer à visage découvert par peur des représailles de leur employeur. Et on ne devrait pas s'inquiéter du risque que les fichiers se retrouvent entre les mains du pouvoir et de LREM? Dois-je vous rappeler la fameuse vidéo de la préfecture de police transmise à Benalla?
Je vous concède ne pas être certain que tout ceci ait été organisé à l'Elysée. Admettons si vous vous voulez (on ne le saura sans doute jamais) que cette instrumentalisation de la Justice à des fins politiques soit plutôt le fruit du zèle d'un magistrat en quête de carrière. Serait-ce beaucoup moins grave pour autant?
Cher maître Corondar, vous êtes visiblement quelqu'un de malin, puisque vous avez compris assez tôt que Macron n'était pas, comme le claironnaient vos ex-amis de LR "un socialiste", mais un homme de droite qui saupoudrait son ultra-libéralisme d'une pincée de "modernisme" sur les questions sociétales. Vous êtes cohérent, puisque vous avez agi en conséquence en vous ralliant à lui. Vous avez l'estomac solide, puisque vous arrivez manifestement à digérer sans encombre les exploits du pouvoir macronien, qui ferait passer le RPR de la grande époque affairiste pour un modèle de vertu. Vous avez un grand talent en matière de rhétorique, puisque vous arrivez à broder une longue et remarquable plaidoirie sans pratiquement d'autre matière que de nobles et vertueuses proclamations de principe, mais pratiquement pas le moindre élément factuel. C'est bien simple, j'aurais presque envie de vous croire. Mais non, tout de même, n'exagérons rien. Il me semble même qu'à part la Macronie et les plus irréductibles bouffeurs de "rouges" espérant voir chuter Mélenchon, votre plaidoirie, aussi talentueuse soit-elle, ne convaincra personne.
Merci de mettre en exergue avec votre message le point principal de mon argumentaire : à savoir que l'esprit partisan de beaucoup empêche désormais tout débat dépassionné et objectif de beaucoup trop de situations qui ne devraient être que judiciaires et de bon sens.
Puisqu'il faut forcément passer par un procès d'intention politique pour en arriver là , allons-y...Aux premiers tours de la présidentielle et des législatives qui ont suivi je n'ai voté ni pour Macron, ni pour la LREM. Aux seconds tours, dans les deux cas, j'ai bien voté Macron et LREM, mais dans les deux cas c'était uniquement pour voter contre les concurrents en présence (j'ai la chance de vivre dans la circonscription du Pas de Calais où le bulletin contre lequel j'ai voté au second tour des législatives était exactement le même que celui contre lequel j'ai voté au second tour de la présidentielle :) ). Depuis, la LREM et Macron, auxquels j'étais prêt à accorder le bénéfice du doute dans un premier temps en effet, ont clairement dissipé les doutes que je pouvais avoir : ils sont très décevants, et l'affaire Benalla (qui est tout bonnement scandaleuse, autant que l'attitude de Mélenchon et de ses gros bras hier) a enfoncé le dernier clou. Quoi qu'il arrive, il est hors de question que je vote pour Macron si il devait se représenter en 2022. Et j'attire votre attention sur le fait que les éléments que j'invoque ici concernant l'enquête sur les emplois présumés fictifs (les deux mots importants ici c'est "enquête" et "présumés") et l'attitude de Mélenchon dans tout ça sont exactement les mêmes que j'invoquais durant la campagne présidentielle contre Fillon concernant son attitude face à l'enquête (puis sa mise en examen) dans le cadre du penelopegate. A une époque où j'étais bien militant LR. Oui la justice a le droit d'enquêter sur des partis politiques et des hommes politiques si il y a des soupçons, et non, les hommes politiques et les partis en question n'ont pas à attaquer aussi violemment les autorités judiciaires et policières de notre république pour essayer de noyer le poisson.
Vous parlez de faits, mais personnellement je ne demande que ça, qu'on parle des faits et du fond des dossiers. Mais Mélenchon et la FI ont empêché cela hier : ils ont attaqué (physiquement et verbalement) les enquêteurs et ont empêché l'enquête d'être menée tout simplement.
Si le but de Mélenchon et de la FI étaient d'ouvrir un débat serein sur le système judiciaire de notre pays (débat tout à fait important et qui mériterait une réforme de fond), ils s'y prennent très mal. Je rappelle qu'il existe quelques principes judiciaires de base : la présomption d'innocence, le respect des procédures et du secret de l'instruction, et le respect et la lecture du droit. A priori, dans le cadre de l'enquête sur les emplois présumés fictifs du parlement européen (et qui concernent le Modem, le RN et la FI pour l'heure), il me semble que la justice respecte ses procédures et mène des investigations pour essayer de faire apparaître une réalité judiciaire (et le cas échéant de poursuivre ou de rendre un non lieu). Si tous les politiques sur-réagissent autant à la moindre enquête ou perquisition, c'est hélas parce que tout le monde, eux les premiers, s'assoient désormais joyeusement sur la présomption d'innocence. Enquête et perquisition ne veulent pas dire culpabilité. Même une mise en examen ne rime pas forcément avec culpabilité. Il serait bon que tout le monde s'en rappelle, ça éviterait surement bien des dérapages et des surenchères.
Enfin, sur la forme de ce qu'on a vu hier, je persiste : l'agression de policiers et d'officiers judiciaires, sur fond d'ego surdimensionné ("ma personne est sacrée", "la République c'est moi), ça en dit très long sur la personnalité et le tempérament de monsieur Mélenchon. Pour le coup, ses propos d'hier me donnent le sentiment qu'il partage beaucoup de points communs avec le président de la République : un dédain profond pour les autres et une haute estime de soi. Pour s'en convaincre il suffit de voir encore aujourd'hui d'un échange entre Mélenchon et une journaliste (à l'accent toulousain) dans la salle des quatre colonnes de l'Assemblée. La journaliste cite (factuellement) des propos tenus par Mélenchon durant la présidentielle où il critiquait (avec raison à l'époque) les attitudes de Fillon et Le Pen face aux enquêtes et aux enquêteurs qui les visaient alors. Et elle demande à Mélenchon comment il justifie aujourd'hui de reprendre à son compte les argumentaires et les attitudes qu'il critiquait alors concernant Fillon et Le Pen. Et quelle est la réponse de Mélenchon face à ça ? De parler de faits et de nous expliquer son raisonnement ? Non, il attaque violemment la journaliste en imitant de manière très condescendante son accent toulousain, et il enchaîne de manière encore plus honteuse par un "Est ce que quelqu'un a une question à poser en français ?". Si Macron avait tenu le même genre de propos et présenté la même attitude face à une question, Mélenchon et la FI lui seraient tombés dessus (avec raison).
Et sur le fonds, et sur la forme, le moment médiatique et judiciaire auquel nous assistons depuis hier est en effet très éclairant (surement autant que l'affaire Benala). Je ne suis pas certain que ce soit au bénéfice de la FI et de Mélenchon. Et c'est pas parce que c'est pas plus brillant du côté du gouvernement et de Macron que c'est moins grave.