Aède a écrit:On peut faire certains reproches à François Bayrou, sans doute. Je suis biaisé, étant MoDem depuis mes 18/19 ans (j'en ai 36), mais j'exonère Bayrou dans la mesure où pas mal de reproches qu'on peut lui faire (souvent au regard des politicailleries de l'instant) sont en réalité des éléments qui permettent sans doute de faire avancer la cause qu'il défend concernant la lutte contre notre tendance à nous surendetter pour le long terme pour des frais de "fonctionnement" et à ne pas vouloir considérer la réalité de notre situation. Sur le temps long, je suis à peu près sûr que quand on reviendra sur cette période, l'électoralisme fou (j'inclus dans cette catégorie la volonté de provoquer telle dissolution, telle démission voire destitution, au mépris même de la cohérence et des institutions) et l'exacerbation du partisanisme débridé dans pas mal de partis, seront jugés fort négativement. Ce que je peux comprendre, à la rigueur, du côté d'une partie de l'électorat de gauche (moins voire pas du côté de leurs élus - je trouve la baisse de niveau du PS terrible*), c'est la frustration par rapport au désir d'alternance. Mais j'ajoute qu'on est dans un contexte international d'une telle gravité que je ne me sens guère l'âme charitable envers les courts-circuits que ce genre d'attitude provoque chez pas mal de monde.
Sinon, sur un autre point, je ne vois pas qui aurait dit que Bayrou serait le "meilleur négociateur de son camp". Mais je ne connais pas d'autre homme politique qui a fait des choix tels que lui par le passé, souvent à son propre détriment politique : laisser ouverte la porte à de vraies discussions avec le PS là où Nicolas Sarkozy pratiquait la fausse "ouverture" ; peser pour influencer le second tour de 2012 - et s'en voir remercié par la joie des socialistes d'avoir défait Bayrou dans sa circonscription ; ne pas se présenter en 2017 et faire un accord avec Emmanuel Macron (quand bien même je pense que Bayrou aurait mieux présidé que Macron).
C'est pour cela qu'en face de ça, et en considérant notamment que le PS a rembarré Bayrou à chaque fois qu'il a fait des signes dans sa direction, j'ai tendance à ne pas croire l'idée selon laquelle Bayrou a été "vraiment nul, le plus nul PM de la Ve" pendant que des gens comme Boris Vallaud ou Olivier Faure seraient des héros (avec leurs discours et comportements de ces derniers temps, ils arriveraient presque à me sortir de mes gonds, ceux-là - mais l'Histoire jugera).
Pour le vraiment nul et sur ce que le temps long retiendra, l'histoire le dira mais il faut rappeler qu'il n'est pas un perdreau de l'année et qu'il ne faut pas le juger comme s'il était arrivé en politique en 2024: son arrivée en politique remonte à une candidature sur le canton de Pau sud en 1976 soit prés de 50 ans. Même si je concède qu'il n'envisageait pas alors de devenir 1er ministre et diriger le pays, il faut indiquer qu'il a eu plusieurs décennies pour se préparer à être 1er ministre
Pour le reste, sur ces talents de négociateur, c'est bien comme cela que l'homme a été vendu et présenté lorsqu'il a été nommé 1er ministre, il allait réussir là ou Michel Barnier (LR) avait échoué
Pour le reste sur le PS, je l'ai déjà écrit mais je pense que l'erreur de Bayrou et d'autres est là , considérant qu'il lui était "redevable" de 2012 et qu'ils auraient tellement peur d'une dissolution qu'ils le soutiendraient ou n'oseraient pas le censurer
En fait, le problème est que François Bayrou comme Renaissance ne connaissent pas les cadres et les élus du PS de 2025 (comme ceux de LR du reste) et que stratégiquement ne pas s'adresser à ses représentants pour négocier mais passer par leurs "traitres" respectifs est sans doute contre-productif