Corondar a écrit:11 états qui requièrent un motif pour justifier un vote par correspondance ont inclus le risque épidémiologique dans la liste des raisons valables. 12 autres états ainsi que DC sont en train de créer et d'envoyer à tous leurs électeurs inscrits des applications afin de pouvoir réclamer un vote par correspondance. 4 états envisagent très sérieusement de passer au tout par correspondance en prenant exemple sur les états qui le pratiquent déjà (Washington, Oregon, Utah et Colorado) : le Maryland, le Montana, le Nevada et le New Jersey (ces 4 états là ayant déjà adopté le tout par correspondance pour leurs primaires).
Précisons que 34 états autorisaient déjà le vote par correspondance sans aucun motif à fournir.
On constate déjà sur les primaires que beaucoup d'électeurs se convertissent massivement au système du vote par correspondance face à la situation actuelle : sur les primaires de Géorgie (qui auront lieu le 09 juin), 1.5 millions d'électeurs ont demandé un bulletin par correspondance (la Pennsylvanie, dont les primaires se tiennent le 02 juin fait elle aussi état d'un nombre de demandes sans précédent).
Si la générale voit une explosion du nombre de votes par correspondance, le risque que le gagnant ne soit pas connu dans plusieurs états le soir de l'élection mais plusieurs jours après est réel.
https://www.politico.com/news/2020/05/2 ... are-275410
Le risque reste cependant minimal malgré cet article alarmiste.
Encore faudrait-il que le résultat dans le collège électoral se joue sur la Pennsylvanie, ce qui reste peu probable. Il y a de grandes chances qu'effectivement les résultats définitifs en Pennsylvanie - ou en tout cas ceux qui permettent de définir un vainqueur - ne soient connus que quelques jours après, et les résultats risquent d'y être serrés mais cela arrive somme toute régulièrement qu'on ne connaisse le vainqueur d'un état que quelques jours après l'élection présidentielle. Sans incidence parce que l'on connaît déjà la plupart du temps le vainqueur dans le collège électoral.
L'exemple le plus récent est le New Hampshire en 2016, où les vainqueures à la présidentielle et à la sénatoriale n'ont été connues que tardivement, mais on savait alors déjà que Trump avait remporté l'élection avec ou sans les grands électeurs du New Hampshire et que les Républicains allaient conserver le Sénat. La dernière fois où ça a eu un impact, c'était en Floride en 2000.
Cependant, les chances ne sont pas négligeables vu le nombre de grands électeurs de la Pennsylvanie. Et est-ce que cela pourrait concerner d'autres
swing-states ? Je pense au Nevada que vous avez cité mais là le risque est encore plus limité vu son faible nombre de grands électeurs, si cela concerne 4 ou 5 swing-states là le risque peut être élevé par contre ? Je pense par exemple que si l'on ne connaît les résultats de la Pennsylvanie, du Wisconsin et de l'Arizona que quelques jours après l'élection, il y a de grandes chances qu'on ne connaisse le vainqueur que tardivement.
On aurait alors sans doute droit à des accusations de fraude de Trump lorsque le résultat ne sera pas encore connu (à plus forte raison si cela se rajoute à cela d'autres problématiques que l'on avait déjà évoqué ici : risque d'égalité parfaite dans le collège électoral, possibilités de recomptage des bulletins, etc.).
Corondar a écrit:Si certains républicains semblent aussi monter dans le train du vote par correspondance, d'autres se montrent hostiles, suivant la ligne du président qui dénonce déjà le vote par correspondance comme étant une fraude (ce qui reste incroyable étant donné que Trump lui même a voté par correspondance sur les midterms de 2018 :) ).
Donald Trump qui se contredit ? Je n'ose y croire... Nul doute que ses plus fidèles soutiens seront résoudre cette nouvelle dissonance cognitive, ils commencent à avoir l'habitude depuis 2015...
Plus sérieusement, y'a-t-il des études qui ont été menées sur l'impact électoral du vote par correspondance, est-ce que cela avantage plutôt les Républicains ou les Démocrates ? Plutôt les Démocrates j'ai l'impression si on observe les scrutins récents ? Mais si le vote par correspondance était massivement utilisé, cela ne serait-il pas plus équilibré ? Je veux dire par là que le vote par correspondance était sans doute utilisé majoritairement par des électeurs démocrates mais pour des raisons extérieures à l'épidémie de coronavirus (et qui devaient surtout concerner les Démocrates), mais a priori tous les électeurs pourraient avoir peur d'aller voter à cause de l'épidémie, qu'ils soient Républicains, Démocrates ou indépendants.
Puis la loi des grands nombres fait qu'en principe, plus le nombre d'électeurs utilisant le vote par correspondance est important, plus ces électeurs seront représentatifs de l'électorat général et donc plus favorable aux Républicains s'il existait un déséquilibre en faveur des Démocrates quand le vote par correspondance était beaucoup moins important.
Est-ce que cela dépend des états ? Est-ce que cela peut changer compte tenue des changements de démographie électorale auxquels on peut s'attendre en 2020 : électeurs retraités qui voteraient cette fois majoritairement pour Biden plutôt que pour Trump, éventuellement des latinos qui pourraient voter plus pour Trump (on sait que Biden a eu beaucoup de difficultés avec l'électorat latino lors des primaires démocrates, et que l'immigration sera un sujet moins central en 2020 qu'en 2016).
Corondar a écrit:https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1264558926021959680
https://edition.cnn.com/2020/05/24/poli ... index.htmlCertains républicains semblent craindre qu'en rejetant le vote par correspondance et en en faisant un enjeu partisan ils ne se tirent pas une balle dans le pied sur l'élection de novembre, en rendant les électeurs républicains plus frileux à l'utiliser, avec le risque de favoriser les démocrates (les électeurs républicains étant alors face au choix entre voter à l'urne ou ne pas voter par peur du virus ?).
Une sorte de prophétie auto-réalisatrice en quelque sorte ? A mon avis, Donald Trump devrait reconnaître que le vote par correspondance sera massif en novembre, en effet par l'action de gouverneurs démocrates (qui veulent sans doute avantager leur propre camp mais il y a des arguments sanitaires réels en faveur du vote par correspondance), et de ce fait encourager ses électeurs à y recourir s'ils n'ont pas le choix.
En effet, le paradoxe est que plus Donald Trump critique le vote par correspondance, moins ses électeurs vont l'utiliser et plus les électeurs de l'autre camp vont l'utiliser. Or ces critiques ont-elle une quelconque influence sur les décisions de faciliter le vote par correspondance
in fine ? Sans doute que oui chez les gouverneurs républicains qui ne veulent pas froisser le grand boss et risquer d'être accusé d'avantager le camp adverse.
Là où il n'a pas de chances c'est que beaucoup de gouverneurs de swing states sont démocrates surtout depuis 2018, dans le Wisconsin, le Michigan, la Pennsylvanie, la Caroline du Nord et le Nevada. Or ces gouverneurs ne vont pas réagir à ses critiques et il prend le risque que certains électeurs républicains de ces états n'aillent pas voter plutôt que de voter par correspondance.
Cela peut avoir une incidence sur les swing-states avec des gouverneurs républicains : l'Ohio (mais on sait que Mike DeWine n'est pas particulièrement pro-Trump), l'Iowa, la Floride (là Ron DeSantis est très pro-Trump) et l'Arizona.
On peut penser que dans ces états, notamment en Floride, les gouverneurs soient poussés à ne pas mettre en place des mesures qui faciliteraient le vote par correspondance et cela serait bénéfique pour Trump si effectivement le vote par correspondance sera favorable aux Démocrates en novembre. Mais je ne pense pas qu'ils songeaient à le faire dans tous les cas.
Corondar a écrit:https://www.people-press.org/2020/04/28/two-thirds-of-americans-expect-presidential-election-will-be-disrupted-by-covid-19/#broad-support-for-vote-by-mail-option-especially-from-democratic-leaning-groups
Certains républicains se demandent aussi si le discours tenu ici ou là par certains d'entre eux selon lequel la mort de plusieurs milliers (dizaines de milliers ?) de personnes âgées serait un moindre mal par rapport à la relance de l"économie ne leur fasse perdre quelques plumes auprès de cet électorat (plusieurs PAC pro démocrates seraient déjà en train de créer des clips de campagne reprenant les déclarations en question).
Bonne question. Je continue à penser qu'en novembre, le côté santé de l'épidémie ne sera plus évoqué mais en revanche les conséquences économiques, surtout vu leur gravité, seront au centre du débat. De ce fait, beaucoup d'électeurs se demanderont si les mesures de confinement, qui auront été adoptées en réponse à des problèmes qui paraîtront alors assez lointains, n'ont pas provoqué les problèmes qui apparaîtront alors comme très actuels ?
Corondar a écrit:Sinon, rien à voir, mais les libertariens ont tenu une convention dématérialisée et ont choisi leur candidat à la présidence, qui sera une candidate : Joanne Jorgensen. Elle fut candidate à la VP sur le ticket libertarien en 1996. Niveau plateforme on est sur du classique concernant ce parti : un gouvernement central qui intervient le moins possible et qui se limite au régalien.
https://www.kgun9.com/news/political/jo ... al-nomineehttps://www.lp.org/platform/Le site de larry Sabato a publié un article très intéressant listant les éléments qui indiquent qu'il y a de fortes chances que cette année les petits candidats recueillent nettement moins de voix qu'il y a 4 ans (4.35% des voix à l'époque).
http://centerforpolitics.org/crystalbal ... than-2016/Ce qui semble de plus en plus certain c'est que les petits partis seront présents dans un nombre d'états nettement moins élevé qu'en 2016. Sur la précédente présidentielle, les libertariens étaient présents dans les 50 états, les verts dans plus d'une quarantaine. Pour le moment, cette année, les libertariens ont réussi à se qualifier dans 36 états, les verts dans 23 (et les deux partis font état d'énormes difficultés à s'inscrire dans un plus grand nombre d'états à cause des contraintes que la pandémie leur impose dans les formalités à remplir). Pour le moment, aucun des deux partis n'est candidat au Minnesota, en Iowa, au Wisconsin, en Pennsylvanie, en Virginie et au New Jersey par exemple.
Le nombre de votes pour des partis tiers va fortement diminuer je pense en 2020 par rapport à 2016.
Rien que si l'on regarde les sondages au niveau national, on constate que Trump et Biden totalisent à eux deux entre 88% et 97% des voix, quand Trump et Clinton totalisaient à eux deux entre 80% et 95% des voix en 2016 dans les sondages à la même époque. Or ce total a tendance à être sous-estimé dans les sondages, et en 2016 on s'est retrouvé avec un total de 94% pour Trump et Clinton. Je pense qu'en novembre 2020, on sera plutôt proches de 98% et de 99%, total que l'on observe traditionnellement dans les élections présidentielles américaines (par exemple en 2012, 2008 et 2004).
Le fait que la candidate libertarienne est une parfaite inconnue contrairement à Johnson et Weld qui étaient d'anciens gouverneurs signifie probablement qu'elle obtiendra beaucoup moins de voix que n'a obtenu le ticket libertarien en 2016, ce qui va faire augmenter ce total.
Cela donnerait quelque chose comme 51%-47% ou 51%-48% en faveur de Biden dans le vote populaire en l'état actuel des choses, avec une élection très serrée dans le collège électoral.
Corondar a écrit:En ce qui me concerne, je continue à penser que tant qu'aucune autre femme ne sort de l'ombre pour accuser Biden d'un comportement similaire, l'affaire ne devrait pas avoir de conséquences électorales évidentes (surtout avec les derniers rebondissements).
Ca, et le fait que des témoignages viennent corroborer l'agression de Tara Reade.