Eco92 a écrit:Cela passera sans doute aussi inaperçu que sa campagne mais Joe Walsh, ancien élu de l’Illinois à la Chambre des représentants, a annoncé son retrait de la course républicaine après les résultats de l'Iowa.
Il a indiqué que le parti républicain était devenue "une secte" pro-Trump, où il était impossible de lutter dans le cadre de primaire. Résolu à faire battre Trump, il a donné rendez-vous en novembre.
Notons que Walsh, élu lors d'une vague Tea Party, n'était pas spécialement un centriste, il parlait notamment de Obama comme d'"un musulman et un traitre". Il était revenu sur ses déclaration en disant "La beauté du travail du président Trump est qu’il m’a conduit à réfléchir aux choses que j’ai pu dire dans le passé, la politique sale, je le regrette. Je suis désolé."
Retrait donc, qui ne devrait pas bouleverser la présidentielle à venir. Il ne reste donc plus que Bill Weld, arrivé légèrement devant Walsh en Iowa, à contester l'investiture du sortant quand les instances républicaines des états le permettront. Bill Weld, ancien haut-fonctionnaire de l'asministration Reagan, a été gouverneur du Massachusetts de 1991 à 1997 et candidat à la vice-présidence aux côté de Gary Johnson, candidat du parti libertarien, en 2016.
https://www.lemonde.fr/international/article/2020/02/07/le-republicain-joe-walsh-suspend-sa-campagne-pour-l-investiture-du-parti-republicain_6028815_3210.html
Je me permets de traduire ici une partie du discours de retrait de Walsh :
"J'ai rappelé aux électeurs que je suis conservateur, mais j'affirme que les politiques conservatrices ne suffisent pas. La décence, l'honnêteté et la compassion comptent également. Mais ils ne voulaient rien de tout ça. J'ai eu droit à des huées, des cris, et même à quelques doigts d'honneur. Je suis un grand garçon, et je peux encaisser une foule difficile, mais en quittant le caucus cette nuit, j'ai réalisé une bonne fois pour toute que personne ne peut battre Trump dans une primaire républicaine. Pas seulement parce que c'est devenu son parti, mais parce que c'est devenu une secte, et qu'il est un gourou. Il n'a pas des soutiens, mais des fidèles. Et dans leurs yeux il ne peut commettre de fautes."
C'est je pense un tableau assez représentatif du GOP d'aujourd'hui. Notons que Walsh et Romney ont tous deux tenu à rappeler qu'ils soutenaient globalement sans réserve la politique menée par Trump, mais que, pour eux, cela ne justifie pas de pardonner les écarts du personnage.
Quant aux primaires démocrates, je ne suis pas persuadé qu'un retrait de Warren profiterait tant que ça à Sanders. Les électeurs de Warren sont certes libéraux, mais moins que ceux de Sanders, et, sociologiquement, Warren recrute dans des électorats également favorables à Buttigieg (les diplômés et les banlieusards pour faire vite). Warren et Sanders se sont un peu accrochés lors des derniers débats (rien de trop véhément, mais suffisant pour être noté). A moins que Warren ne se retire en faisant réellement campagne pour Sanders, je ne suis pas certain que Buttigieg ne récupère pas aussi de nouveaux électeurs dans la manœuvre.
Le gros problème de Buttigieg c'est que pour l'heure les sondages le donnent à des niveaux très bas chez les démocrates issus des minorités. Si il veut avoir réellement une chance, il faut que Biden se retire rapidement (et donc qu'il enregistre un résultat à nouveau mauvais au New Hampshire, et un résultat mitigé en Caroline du Sud), et que ce dernier appelle clairement à voter pour lui, si possible en faisant des meetings avec lui dans le Sud. Et, même ainsi, je ne suis pas certain que cela suffirait pour rallier les démocrates afro-américains au panache du maire de l'Indiana. Mais, concernant Buttigieg, je me déclare totalement incompétent pour appréhender le phénomène, aussi bien pour les primaires que pour la générale si jamais il devait aller jusque là :).
Outre que Buttigieg est un personnage politique très atypique (vétéran, profondément croyant, homosexuel et marié, à la fois libéral et conservateurs selon les sujets, polyglotte, apparemment assez calé en politique étrangère), il sort littéralement de nul part. En 2008, Obama était tout de même un sénateur de l'Illinois qui avait fait forte impression lors de son discours devant la convention nationale du parti démocrate de 2004. En 2016, si Trump était nouveau en politique, il n'en était pas moins une figure médiatique universellement connue du grand public. Buttigieg, on est quand même face au maire d'une petite ville de l'Indiana (je n'ai rien contre les petites villes de l'Indiana :) ), qui était un illustre inconnu il y a encore un an. Je ne parle même pas du fait qu'à 38 ans, il exploserait les compteurs du plus jeune président élu si jamais il devait aller jusque là . Le simple fait qu'il soit devenu un candidat sérieux, aux résultats impressionnants en Iowa et au New Hampshire (même si il n'y arrivait pas en tête, la seconde place lui tendrait désormais les bras...), est déjà un exploit pour lui. Ce qui est positif pour Buttigieg, c'est que si Biden et/ou Klobuchar devaient jeter l'éponge, il pourrait espérer en profiter.
Sanders dispose de sa base, fidèle et dynamique. On notera lors du dernier débat un petit début de recentrage pour le sénateur du Vermont, qui a mis de l'eau dans son vin pour dire que le compromis n'était pas forcément une mauvaise chose si cela permettait de faire passer des textes de lois efficaces. Sur les débats (je les ai presque tous vus), il m'a toujours semblé que Buttigieg et Klobuchar étaient les plus à l'aise et efficaces dans l'exercice (alternant aussi bien la conviction que le bon mot).
Pour Biden, il y a le feu au lac, mais il peut encore se refaire avec la Caroline du Sud. Pour lui, il faudra surtout surveiller les levées de fonds. C'était déjà pas son point fort avant, ses débuts incertains peuvent aussi lui coûter en financement. Et le danger de voir sa campagne à sec serait grand, ce qui, à l'approche du vote des états les plus peuplés (et donc les plus coûteux en terme de campagne électorale) serait une mauvaise chose.
Warren est en train de se placer un peu dans le créneau de la faiseuse de roi peut-être ?
Quant à Bloomberg, malgré ses dizaines de millions, j'ai du mal à le voir devenir un choix acceptable pour beaucoup d'électeurs démocrates. Il s'est rallié récemment au parti démocrate, et si il a enfourché de longues dates quelques totems démocrates (l'écologie et la hausse des impôts pour les plus riches), il est beaucoup trop centriste je pense. Surtout, vu son bilan à la mairie de New-York, il aurait je pense encore plus de difficultés que Buttigieg à conquérir l'électorat afro-américain (il a laissé le souvenir d'un maire à poigne qui n'hésitait pas à cautionner des méthodes policières plus que borderline contre les minorités). Il peut sans doute troubler le jeu en divisant le créneau centriste, mais de là à l'emporter ?
Et si jamais Bloomberg devait bien empocher la nomination démocrate, je crois que je passerai mon tour pour suivre la générale. Lui et Trump se haïssent cordialement depuis toujours (un héritage de leur histoire new-yorkaise à tous deux), et on atteindrait un niveau de campagnes négatives assez dément. Trump attaque déjà Bloomberg sur sa petite taille (1m73, ça reste relatif), et Bloomberg attaque Trump sur son obésité et ses cheveux. Jusqu'à maintenant les candidats démocrates traitent par le mépris les attaques ad nominem de Trump, avec Bloomberg et Trump on serait clairement dans un combat de boxe (niveau cour de récré surement).