Eco92 a écrit:Nikki Haley, figure du Tea Party devenue gouverneure de Caroline du Sud en 2010 en dénonçant les élites locales, qui fut ambassadrice zélée à l'ONU pour Trump, a annoncé sa candidature aux présidentielles républicaine, face à l'ex président.
Elle se présente en figure républicaine dure, mais raisonnable face aux insurgés du Capitole, ce qui est un sacrée signe de tectonique des plaques au GOP quand même...
https://www.washingtonpost.com/politics ... aign-2024/
Première femme de couleur à tenter d'obtenir la nomination républicaine à la présidence des USA.
Elle tente de le faire sur une ligne de crête compliquée : à la fois trumpiste (elle se présente comme une dure sur l'immigration et contre les wokes) et anti trumpiste (elle est très critique du personnage et de ses dérapages). Ligne à mon avis impossible qui fait qu'elle a très peu de chances d'obtenir la nomination : pour Trump (et ses soutiens), on est soit avec lui soit contre lui, il n'y pas de place à l'entre deux. Je pense en revanche qu'elle peut peut-être récupérer le poste de candidate VP si jamais la nomination devait être remportée par DeSantis (ou un autre que Trump en tout cas) ?
Elle est donc la première candidate à contester officiellement la candidature à Trump. DeSantis devrait se déclarer après la fin de la session parlementaire de Floride (qui se clôt en mai). Pence prépare aussi le terrain (promotion de son livre et tournée nationale, avec des arrêts en Iowa et au New Hampshire, ça ne trompe pas). Mike Pompeo (ancien directeur de la CIA et ancien secrétaire d'état sous Trump) a l'air aussi décidé à se lancer.
Ted Cruz n'écarte pas l'hypothèse, l'actuel gouverneur républicain du New Hampshire, Sununu, semble aussi envisager la chose (lui sur un créneau ouvertement centriste et anti Trump).
Plus il y a de candidats sur la ligne de départ mieux c'est pour Trump : il possède la base la plus soudée et la plus fidèle (entre 30 et 45% des électeurs potentiels des primaires républicaines ?), si les autres électeurs se divisent entre plusieurs candidats c'est mieux, surtout dans le cadre républicain où beaucoup d'états pratiquent le
winner takes all (contrairement à la proportionnelle des démocrates).
La candidature de Trump sur les primaires républicaines de 2024 est un peu le miroir de celle de Sanders sur les primaires démocrates de 2020 : se retrouver en duel serait plus problématique. Sauf que DeSantis ne sera pas Biden : il ne se présentera pas sur un créneau plus centriste :).
Au niveau des stratégies des 2 favoris cela semble assez clair : Trump va jouer la carte de l'anti système (encore), et DeSantis la carte de l'anti wokisme (quoi que ce terme puisse recouvrir dans son esprit). Ce dernier doit croiser très fort les doigts pour que Trump soit rattrapé cette année par un maximum de mises en examen judiciaires (si il pouvait aussi être condamné dans au moins un des nombreux dossiers potentiels, ce serait encore mieux pour le gouverneur de Floride).
Car l'affrontement entre les deux est voué à être très moche : Trump accuse d'ores et déjà DeSantis d'être un pédophile (ce genre d'accusations concernaient plutôt des démocrates jusque là ), et la trumpie ressort déjà les vieux dossiers, lorsque DeSantis appelait de ses vœux à faire disparaître
Medicare et
Medicaid.
https://www.rollingstone.com/politics/p ... 234675596/https://edition.cnn.com/2023/02/09/poli ... index.htmlPour le moment DeSantis reste silencieux face à ces attaques, mais ça ne durera pas. Est-ce qu'un(e) candidat(e)
outsider parviendra à se glisser dans ce duel sanglant annoncé ?
Côté démocrates, c'est plus simple. Alors qu'il y a encore quelques mois j'étais assez partagé quant à l'envie et la volonté de Biden de se représenter, je n'ai plus guère de doutes : sauf pépin de santé, le président sortant devrait se représenter pour un second mandant.
Les résultats nettement plus positifs qu'attendus des démocrates sur les midterms ainsi que les derniers chiffres économiques eux aussi nettement plus positifs qu'anticipé (l'économie US a créé environ 5 millions d'emplois l'année dernière, un record, et connait désormais le taux de chômage le plus bas des 50 dernières années, le tout avec une consommation qui repart et des risques de récession qui s'éloignent, même l'inflation semble marquer un peu le pas) semblent avoir donné des ailes à Biden : lors de son discours sur l'état de l'Union (où il a été assez bon, asticotant les élus républicains dans des parties improvisées bien maîtrisées) il a clairement opté pour une ligne pas tellement subliminale selon laquelle il aurait besoin d'un second mandat pour "finir le job".
Et si sa probable candidature ne semble pas déclencher des effusions de joie hystérique chez les démocrates(doux euphémisme :) ), les événements des derniers mois ont à mon avis tué toute possibilité de pouvoir lui contester une nouvelle nomination en interne. Clairement son âge et sa santé pourraient poser problème (ces derniers temps c'est surtout quand on le voit se déplacer que je le trouve très vieux, dans ses discours il parait plutôt alerte ?), mais à mon avis pas au point d'ouvrir une opportunité pour un
challenger interne crédible ?
Il est d'ailleurs assez rigolo de constater que l'aile gauche des démocrates semble la plus encline à soutenir une nouvelle candidature de Biden : à l'usage du pouvoir il se sera révélé plutôt orienté à gauche, et sa candidature aurait l'avantage pour les libéraux de leur laisser quelques années de plus pour s'organiser et se trouver un nouveau porte drapeau (Sanders étant hors course pour une nouvelle campagne présidentielle).
https://edition.cnn.com/2023/01/09/poli ... index.htmlEncore une fois, je pense que la seule chose qui pourrait faire dérayer une nouvelle candidature Biden sur des primaires pour un second mandat ce serait un pépin de santé.
Quant au souci que l'élément de l'âge pourrait faire peser sur Biden dans le cadre de la générale, cela dépendrait grandement de l'identité de son adversaire républicain : si c'est Trump ce serait plus secondaire, si c'est DeSantis ce serait nettement plus prégnant.