Alors que la délégation LFI s'installe à Bruxelles (sous la direction de Manuel Bompard, et non de Manon Aubry, pourtant tête de liste, ce qui a été souligné par des militantes féministes) une note interne nommée « Repenser le fonctionnement de La France insoumise » a été diffusée le 5 juin - et a vite fuitée. Contrairement à d'autres cas de critiques on ne peut pas parler d'élements isolés ou inconnus puisque parmi les 42 signataires on retrouve Manon Le Bretton, qui dirige l’école de formation,Hélène Franco, magistrate et coanimatrice du livret Justice de LFI. Elle est un réquisitoire en règle contre la gouvernance du mouvement populiste de gauche, et surtout Charlotte Girard, ex-responsable du programme et un temps co-leader aux européennes, très populaires chez les militants. Ces 42 militants étaient par ailleurs tous candidats aux européennes.
Sans surprise la lettre fustige le fonctionnement interne, l'absence d'organes officiels de décisions donnant un ensemble de choix très verticaux, le flou stratégique (plan A/Plan B, manque de lien avec les commissions thématiques et le programme annoncé, annonce surprise d'une "fédération populaire", etc.), et condamne l'absence de structure en écrivant "Cette prétention de construction d’un mouvement suffisamment “gazeux” pour être à l’abri des tensions entre “courants” ou “fractions”, et à l’abri des enjeux de pouvoir, est un leurre."
Si JL Mélenchon n'est jamais nommé la charge est très claire quand à sa légitimité abîmée « Le fonctionnement pouvait ne pas poser de problème majeur tant qu’il n’y avait pas de débats de fond à arbitrer (question européenne, relations avec le reste de la gauche…), tant que l’attitude et la stratégie des dirigeants semblaient incontestables et tant que la question de la nomination de candidats à une élection nationale ne se posait pas. Mais dès que ces conditions n’ont plus été réunies, suite notamment aux perquisitions et dans le cadre de la préparation des élections européennes, nous avons pu constater que les problèmes pouvaient surgir très rapidement. »
Trois demandes sont formulées :
- La possibilité de tenir de véritables débats contradictoires (une manière inquiétante d'admettre que ce n'est pas le cas depuis 2017) ;
- La possibilité pour les militants de proposer des textes au vote pour « trancher la ligne politique et les contre-pouvoirs internes permettant de la valider » ;
- Qu'une assemblée constituante du mouvement soit actée pour la rentrée.
Manuel Bompard a reçu l'info en expliquant que c'était un débat tout à fait normal, qu'il ne se sentait pas visé et que tout allait très bien.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/06/une-note-interne-a-la-france-insoumise-denonce-un-fonctionnement-dangereux-pour-l-avenir-du-mouvement_5472180_823448.html