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La vie politique américaine

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Re: La vie politique américaine

Messagede Tirnam » Mer 1 Avr 2020 14:07

Breitbart comme source ? Vraiment ?

Et bon l'argument des démocrates fait sens pour moi. Vous recevez de l'aide des contribuables ? Ces derniers sont en droit, par le biais de leur représentants, d'y mettre des conditions.

Et bon ce n'est pas comme si les Républicains étaient si innocents. C'est bien au Texas qu'on utilise la pandémie pour interdire l'avortement ? Trump a bien drastiquement réduit les normes environnementales pour les constructeurs de voiture ? Là aussi on peut se demander quel lien avec la pandémie ?
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Mer 1 Avr 2020 14:22

guillaume44 a écrit:Sans vouloir vous offenser, Trump n'a pas vraiment le pouvoir de confiner les américains chez eux. Cette situation se décide au niveau des gouverneurs.


Pourquoi m'offenseriez vous en disant cela ? Trump pourrait, si il le souhaitait, imposer certaines choses aux états, le président disposant d'un arsenal législatif lui permettant d'imposer aux états des situations d'exception. A l'heure actuelle Trump résiste toujours farouchement à avoir recours de manière forte et généralisée au Defense Production Act (DPA), qui pourrait lui accorder des pouvoirs exceptionnels dans la gestion de la crise.
https://www.politico.com/news/2020/03/2 ... ies-150583
Il ne le fait pas pour tout un tas de raisons, mais ce n'est pas du tout ce qu'on peut lui reprocher le plus. Etant donnée la forte décentralisation des USA, il n'est pas du tout aberrant que ce soit l'échelon des états qui gère les situations de confinement. Après tout, ils sont plus à même de déterminer eux mêmes leurs besoins et leurs carences. Mais, déjà, premier problème : quand un gouverneur tient un discours sur la réalité de terrain dans son état qui ne convient pas au story telling trumpien, ce dernier devient un ennemi qu'il faut ridiculiser et punir (c'est ce que j'ai mis en avant avec le cas de Gretchen Whitmer au Michigan).
Mais le plus gros problème de la gestion trumpienne de la crise ne se situe pas là. Et ce n'est pas là dessus que j'ai mis l'accent dans mon message, je suis surpris que vous soyez passé à côté du coup...
Le gros problème des actions de Trump, c'est que depuis le début de l'épidémie, il n'a cessé d'en réduire la gravité, et qu'il a tout de suite placé la lutte contre l'épidémie en opposant l'aspect sanitaire (sauver des vies en clair) et le volet économique (empêcher l'économie d'entrer en récession). Qu'on essaye de faire les deux, ce serait bien. Par contre opposer l'un et l'autre, en décidant de sacrifier le premier afin de sauver le second, c'est un choix. Un choix grave et criminel, qui en plus est en train d'échouer : les USA auront la récession et un bilan humain et sanitaire catastrophique.
Trump, en continuant pendant de longs mois à minimiser la gravité du virus, a créé tout un tas de comportements dangereux dont on voit déjà les conséquences : le virus se propage plus rapidement au sein des états rouges que des états bleus, car l'électorat républicain (qui considère désormais son président plus comme un gourou ou un demi dieu que comme un homme politique) est moins sensibilisé aux gestes barrières que l'électorat démocrate (des études l'ont démontré), et Trump, ainsi que la majorité des républicains minimisent, encore aujourd'hui, la gravité de l'épidémie.
https://www.nytimes.com/2020/03/15/opin ... virus.html
Quand vous dites que Trump a réagi au quart de tour, c'est objectivement faux.
Un super PAC pro Biden vient de publier une vidéo compilant de manière très cruelle les déclarations officielles de Trump sur le début d'année sur le sujet, avec en parallèle un décompte des cas. C'est très putassier et anxiogène (à l'image de ce qu'est désormais le paysage politique américain en somme), mais c'est hélas cruel de réalisme.
https://youtu.be/hl6T2XxNtM0
Dans les conséquences immédiates (et mortelles) de tout ça, j'ai mis dans mon post le cas de cette université en Virginie, mais il y en a hélas des dizaines d'autres. Tout comme ce couple d'Arizona, qui a pris au pied de la lettre les déclarations de Trump annonçant que la chloroquine était "un don du ciel". Problème : ils ont pris le mauvais médicament.
https://www.francetvinfo.fr/sante/malad ... 83957.html
Les discours imprécis et à géomètrie variable de Trump, en temps normal, ne sont pas forcément graves. Actuellement, c'est une réalité, ils ont des conséquences. Des gens sont contaminés et certains meurent à cause des discours irresponsables de Trump et de beaucoup de républicains, qui le disent pour certains avec beaucoup de franchise : la mort des plus faibles est un moindre mal, et ça ne justifie pas de risquer l'économie américaine (je ne remets pas la déclaration publique du lieutenant gouverneur républicain du Texas, vous la retrouverez dans un de mes posts précédents). L'acceptation du réel de Trump sur tout ça n'est hélas que très récente. Je vous mets un petit compilé des interventions de Trump et leur évolution.
https://edition.cnn.com/2020/03/31/poli ... index.html
https://edition.cnn.com/2020/03/31/medi ... index.html
https://edition.cnn.com/2020/03/31/poli ... index.html
Enfin, c'est très bien de rappeler que les lacunes béantes du système de santé jouent un rôle majeur dans la catastrophe qui s'annonce. Mais qui, depuis 12 ans, lutte ardemment contre les projets démocrates de réformer ce système ? Qui, depuis 4 ans, attaque régulièrement l'obamacare (maigre système de santé qui a réussi à exister malgré les oppositions précédentes) en en réduisant la portée et la couverture ? Qui depuis toujours refuse que le système de santé américain devienne digne d'un pays riche ?
Comme j'aime à le répéter, gouverner c'est prévoir. Après l'épidémie Ebola, l'administration Obama avait mis en place un organisme étatique devant à l'avenir encadrer, gérer, et financer ce genre d'épidémie. Qui en 2018 a supprimé tout ça ? Qui a réduit massivement les financements du CDC (organisme fédéral luttant contre les maladies infectieuses) depuis qu'il est arrivé en fonction ? Un indice, ça comment par "Tr" et ça finit par "ump". Et, là aussi, on ne peut que constater le double langage de Trump : en 2014, pendant l'épidémie d'Ebola, Trump agonisait Obama pour ne pas avoir cloué au sol tous les vols. 6 ans plus tard, Trump a l'air nettement moins pressé de réduire l'activité économique aérienne, et pourtant le COVID-19 est une pandémie qui tuera plus que ne l'a fait ébola.

guillaume44 a écrit:Concernant cette crise, Trump, comme à son habitude, à démarré au quart de tour, pendant que les démocrates étaient occupés à leurs gros mensonges concernant l'impeachment. Pire, ils ont bloqué un projet de loi de 2000 milliards de dollars d'investissement au sénat en y ajoutant des mesures libérales n'ayant strictement rien à voir avec la crise.

https://www.breitbart.com/politics/2020 ... standards/

Franchement, qu'est ce qu'à avoir l'extension des crédits d'impôts sur les éoliennes, les panneaux solaires, l'augmentation des pouvoirs des syndicats lors des négociations collectives et des normes d'utilisation des carburants pour les compagnies aériennes.




Les démocrates n'ont pas bloqué le projet de loi : ils l'ont amendé pendant une semaine en essayant d'y inclure des gardes fous à l'utilisation des fonds. Car oui, le délai n'est pas du aux chevaux de Troie financiers que comportent désormais tous les projets de lois économiques américains depuis des années (rassurez vous, les élus républicains aussi ont inclus des provisions économiques dans cette loi pour satisfaire leurs lobbies et leurs électeurs dans leurs circonscriptions, un peu comme certains états rouges qui profitent de la pandémie pour limiter le droit à l'avortement).
https://www.fastcompany.com/90483112/he ... mulus-bill
https://www.francetvinfo.fr/sante/malad ... 85871.html
Non, si les démocrates ont fait du chantage pendant une semaine c'est pour obtenir deux éléments : une aide plus importante pour le financement des allocations chômage (le premier projet de lois proposé par McConnell faisait la part belle aux aides aux entreprises, mais était fort chiche sur le financement du chômage), et intégrer des systèmes de contrôle à l'utilisation des fonds par l'exécutif (les démocrates voulaient notamment éviter que le groupe hôtelier Trump ne reçoive beaucoup plus d'aides que d'autres, et que les fonds ne puissent être utilisés pour d'autres projets que le soutien aux secteurs touchés par la crise, comme construire le mur par exemple). Je ne remets pas les liens, je les ai déjà mis plus haut dans mon post sur le vote de cette loi.
Par contre, je vais en ajouter un autre. Si les démocrates ont eu gain de cause sur le financement du chômage, ils se sont déjà faits avoir sur le volet contrôle des fonds et lutte contre la corruption. En effet, Trump dans un mouvement désormais classique chez lui, vient tout simplement d'annoncer qu'il n'appliquerait pas cette partie de la loi : il a déclaré qu'il ne mettrait pas en place les garde fous écrits dans la loi. Evidemment, on peut s'attendre à une suite judiciaire.
https://www.politico.com/news/2020/03/2 ... ght-152560

guillaume44 a écrit:Une autre preuve de cynisme et d'intolérance de Pelosi et de Schumer est qu'il y a encore 5-6 jours, ils refusaient d'être dans la même pièce que Donald Trump. Je retrouverai le lien dans le Figaro.


C'est le risque quand vous passez des années entières à agonir d'injures et d'insultes des personnes : ces dernières refusent de vous voir et de vous serrer la main (pour rappel, lors de son dernier discours de l'état de l'union, Trump a refusé de serrer la main que Pelosi lui tendait pourtant, et, à la fin du discours, Pelosi a déchiré méthodiquement les pages du discours présidentiel face caméra).
https://www.lepoint.fr/monde/une-person ... 833_24.php
Mais je suis étonné que cela semble vous étonner ? C'est là une conséquence recherchée par Trump : cliver, afin de faire de la politique une guerre totale. C'est comme ça qu'il fonctionne depuis 4 ans. Vous ne le découvrez pas aujourd'hui quand même ? Quand Pelosi et Schumer refusent de voir Trump, ils jouent son jeu et font exactement ce que le président veut qu'ils fassent, car cela sert ses intérêts auprès de sa base, pardon, de ses adeptes. Et Pelosi et Schumer aussi peuvent dire à leur base : "Voyez comme nous luttons contre le mal absolu qu'est Donald Trump." C'est là désormais l'essence de le politique américaine : diaboliser l'adversaire jusqu'à la nausée. Et si Trump n'a pas inventé ce travers, il l'a élevé à un niveau jamais atteint auparavant.
Dernière édition par Corondar le Mer 1 Avr 2020 21:42, édité 2 fois.
Raison: Schumer au lieu de McConnell
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Re: La vie politique américaine

Messagede Eco92 » Mer 1 Avr 2020 15:35

Corondar a écrit:Les discours imprécis et à géomètrie variable de Trump, en temps normal, ne sont pas forcément graves. Actuellement, c'est une réalité, ils ont des conséquences. Des gens sont contaminés et certains meurent à cause des discours irresponsables de Trump et de beaucoup de républicains, qui le disent pour certains avec beaucoup de franchise : la mort des plus faibles est un moindre mal, et ça ne justifie pas de risque l'économie américaine.

En accord avec ce que j'ai pu lire, je réagis juste sur un point. Bon vous aviez bien dit que ses discours ne sont "pas forcément graves" indiquant que parfois ils le sont et dans les élucubrations trumpienne jusqu'ici l'effet le plus net a été la très nette hausse des agressions racistes, antisémites et homophobes. Rien de surprenant avec cette parole libérée. On rapellera que durant la campagne Trump a d'abord accepté le soutien du KKK, indiquant ne pas avoir d'opinion arrêté, et qu'il a mis sur un pied d'égalité les néo-nazis & suprémacistes blancs et les militants antiracistes, qui ont pourtant eu une morte directement liée aux événement commentés. https://www.lefigaro.fr/international/2018/11/14/01003-20181114ARTFIG00064-etats-unis-hausse-des-crimes-racistes-antisemites-et-homophobes-en-2017.php

J'imagine qu'on pourrait trouver des équivalents d'autres déclarations (sur l'environnement notamment) aux conséquences mortelles.

A mon sens, là où c'est différent aujourd'hui c'est d'une part car c'est en effet plus facile à quantifier, plus immédiat, mais aussi parce que les trumpiens eux-mêmes vont être touchés. Les états rouges le sont plus, les suiveurs forcenés du président tombent malades. Bien sur New-York est très touché mais on voit quand même la différence de perception par le public du gouverneur démocrate et le président.

Le bilan pourrait cette fois réellement toucher Trump pour cela, alors que la non condamnations des meurtres racistes sont finalement passé comme si de rien n'était. Parce que ses propres troupes seront au centre de ces conséquences mortelles (troupes qui sont plus rarement des afro-américains, latinos ou LGBT) et, aussi bien sûr, parce que l'impact économique a réduit à néant son argument central jusqu'ici (la baisse du chômage et la bonne santé économique). D'autant plus qu'en ne cessant de s'adresser des 10/10 pour la gestion de crise Trump ne s'aide pas vraiment.
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Mer 1 Avr 2020 21:16

Eco92 a écrit:En accord avec ce que j'ai pu lire, je réagis juste sur un point. Bon vous aviez bien dit que ses discours ne sont "pas forcément graves" indiquant que parfois ils le sont et dans les élucubrations trumpienne jusqu'ici l'effet le plus net a été la très nette hausse des agressions racistes, antisémites et homophobes. Rien de surprenant avec cette parole libérée. On rapellera que durant la campagne Trump a d'abord accepté le soutien du KKK, indiquant ne pas avoir d'opinion arrêté, et qu'il a mis sur un pied d'égalité les néo-nazis & suprémacistes blancs et les militants antiracistes, qui ont pourtant eu une morte directement liée aux événement commentés. https://www.lefigaro.fr/international/2018/11/14/01003-20181114ARTFIG00064-etats-unis-hausse-des-crimes-racistes-antisemites-et-homophobes-en-2017.php

J'imagine qu'on pourrait trouver des équivalents d'autres déclarations (sur l'environnement notamment) aux conséquences mortelles.


En effet, si j'ai écrit "pas forcément graves" c'est parce qu'il y a à boire et à manger dans les propos de Trump. Et clairement, sur les conséquences de ses discours, il y aurait beaucoup à dire.
Une étude universitaire datant de plus d'un an (conduite par 3 professeurs-chercheurs d'une université texane enquêtant sur l'impact des discours politiques sur les courants suprématistes blancs) a ainsi montré une hausse de 226% des crimes de haine dans les comtés ayant hébergé pendant la campagne des rallies de Trump, en comparaison avec les comtés n'ayant pas reçu de discours trumpien. Cela laisse songeur...
https://www.vox.com/2019/3/24/18279807/ ... ationalism

guillaume44 a écrit:Une autre preuve de cynisme et d'intolérance de Pelosi et de Schumer est qu'il y a encore 5-6 jours, ils refusaient d'être dans la même pièce que Donald Trump. Je retrouverai le lien dans le Figaro.


J'aimerais revenir là dessus par contre. Outre que, vu comment Trump qualifie Pelosi et Schumer dans ses discours et ses tweets depuis désormais plusieurs années, les leaders du caucus démocrate au Congrès devraient être particulièrement masochistes pour continuer à s'infliger des conférences en tête à tête (qui, bien souvent s'apparentent à de pures opérations de relations publiques avec photos à la clef, lesquelles finiront relayées par le président dans de nouveaux tweets dépeignant les leaders démocrates comme des moutons lui mangeant dans la main) avec Trump (qui, encore une fois, n'a même plus la courtoisie de leur faire répercuter les briefings d'informations sensibles depuis désormais un moment, ce qui, dans le cas du Speaker, 3e personnage de l'état est plus que problématique), il y a surtout un autre élément à relever.
Depuis le premier jour de son élection, Trump se désintéresse ostensiblement et publiquement de tout ce qui ressemble de près ou de loin au travail législatif. Il n'est pas du tout le premier président à ne pas être fan des arcanes législatives (dans l'après guerre, le seul président qui adorait barboter et manipuler les arcanes du pouvoir législatif, cela devait être Lyndon Johnson, qui, de par son expérience passée en la matière, fut d'ailleurs l'un des présidents les plus prolifiques en matière de textes de lois votés). Plusieurs de ses prédécesseurs étaient dans ce cas là, mais tous, contrairement à Trump, avaient au moins un "monsieur Congrès" (souvent le chief of staff, mais pas toujours), en charge de répercuter la parole présidentielle, et de coordonner un minimum (du moins d'essayer) les débats entre le législatif et l'exécutif.
Dans l'administration Trump, point de tout ça, et pour cause : personne ne gère vraiment l'agenda législatif depuis le début. Ou plutôt, tout le monde tente de le gérer, ce qui revient à dire que personne ne le fait du coup...
Même dans les 2 premières années du mandat, lorsque les républicains étaient majoritaires dans les 2 chambres, c'était criant : les leaders du caucus républicain au Congrès ne savaient pas vers qui se tourner pour obtenir la parole de l'exécutif sur les textes de lois (vu le turn over incessant de la West Wing, et l'incompétence flagrante de certains, on les comprend). C'était au mieux cacophonique et ça partait dans tous les sens. Du coup, Paul Ryan (le Speaker républicain de l'époque) et Mitch McConnell avaient pris l'habitude de s'organiser dans leur coin, et de ne répercuter à Trump le projet qu'une fois celui-ci ficelé pour obtenir sa signature. Et cela avait pour effet indésirable de rendre certains élus républicains frileux, ne sachant jamais à l'avance ce que le chef suprême voulait ou non (et là aussi, ça c'est vu sur l'échec retentissant de l'abolition de l'obamacare).
Bref, si déjà les élus républicains du Congrès ont bien du mal à coopérer avec la Maison Blanche républicaine, il me parait très illusoire d'imaginer, surtout dans le contexte partisan actuel, de voir une relation de coopération meilleure entre les élus démocrates du Congrès et la Maison Blanche républicaine.
Pour prendre l'exemple de la dernière loi en date d'aide à l'économie (c'est en fait le 3e projet d'aide adopté sur les dernières semaines) post coronavirus qui vient d'être ratifiée c'est aussi très net : le texte de loi initialement proposé était signé 100% Mitch McConnell et les législateurs républicains du Congrès. La Maison Blanche n'est pas intervenue. Et quand les démocrates ont posé des conditions, ils ont donc discuté avec la personne réellement en charge du dossier, Mitch McConnell. On ne voit du coup pas trop pourquoi les leaders démocrates du Congrès perdraient leur temps dans une brève rencontre avec le président, qui ne manquera pas à cette occasion de les insulter ou de les ridiculiser, alors que ce dernier ne joue aucun rôle dans l'élaboration de l'agenda législatif en question...
https://edition.cnn.com/2020/03/19/poli ... index.html
De tout cela, on ne peut qu'en venir à la conclusion que Pelosi et Schumer ne sont ni masochistes ni stupides (en tout cas, ils priorisent l'efficacité dans la gestion de leur temps et de leur agenda législatif en s'adressant à la personne en charge côté républicain, Mitch McConnell donc, pas Donald Trump). Ils n'agissent en tout cas guère différemment de Ryan et McConnell 2 ans plus tôt, c'est juste que contrairement à eux, ils ne sont pas obligés de se coltiner la séance photo avec le président, puisque eux ne la mettront pas sur leurs affiches de campagne :).
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Re: La vie politique américaine

Messagede Galaad » Jeu 2 Avr 2020 11:45

Corondar a écrit:Concrètement, le dossier est traité au niveau des états, puisque le gouvernement central refuse toujours de s'investir réellement massivement dans le dossier. Du coup c'est à la carte : 32 états ont des situations de confinement fortes (proches de celles qu'on expérimente en Europe), et 18 n'en ont pas ou des restrictions nettement plus souples.
https://www.nytimes.com/interactive/202 ... order.html
Pour ces 18 états là c'est très variable : cela peut aller d'une restriction pour les personnes fragiles médicalement (cas de la Géorgie) à une quarantaine de 14 jours pour toute personne rentrant dans l'état mais dispensant les résidents de l'état (cas de la Floride).
On est un peu obligés de constater que parmi les 18 états les plus souples, 16 sont dirigés par des gouverneurs républicains, et 2 par des gouverneurs démocrates (Maine et Pennsylvanie).
Le site fivethirtyeight a publié une analyse très intéressante sur tout ça : si les états bleus (plus peuplés, plus urbains, et plus ouverts aux populations étrangères via des gros nœuds de communication) sont logiquement ceux qui enregistrent le plus grand nombre de cas, la maladie se répand proportionnellement plus vite dans les états rouges (le Texas a ainsi vu son nombre de cas augmenter de près de 300% sur la semaine dernière).
https://fivethirtyeight.com/features/th ... e-problem/
Pour le coup, le discours trumpien de relativisation des mesures de confinement au nom d'une supposée sauvegarde économique semble diffuser en partie chez les républicains (pas tous, certains gouverneurs républicains sont aussi à la pointe en matière de confinement, c'est notamment le cas de De Wine en Ohio). On a ainsi vu le doyen (très républicain et ouvertement pro Trump) de l'université catholique liberty de Virginie, Jerry Falwell Jr, annuler purement et simplement le confinement de son université. Il a annoncé la reprise des cours, et à demandé à tous les étudiants et les professeurs de revenir (sous peine de sanction sans raison valable, la peur du virus étant exclue des raisons valables). Mouvement qui a rendu furieuses les autorités de la ville voisine.
https://www.politico.com/news/magazine/ ... mic-152467
Bilan des courses : on signale déjà une douzaine de nouveaux cas de coronavirus au sein de la population de la faculté ces derniers jours.
https://jezebel.com/jerry-falwell-jr-s- ... Ljeap3MfI0
Bref, on peut craindre que les chiffres observés aux USA sur les derniers jours ne soient que le début du drame.


Sur Mike DeWine, je rajouterais qu'il a été le premier gouverneur à demander la fermeture des écoles publiques, ce qui a poussé les gouverneurs des autres états à le faire. Et ce, avant même que l'Ohio soit massivement touché par l'épidémie. C'est également l'un des premiers à avoir repousser l'organisation des primaires de son état, malgré un jugement défavorable d'un tribunal de l'état. Donc non seulement il y a des Républicains qui ne suivent pas Trump, mais il y a également des Républicains qui suivent la stratégie opposée de Trump en ce qui concerne le coronavirus.

Il y a un autre gouverneur républicain qui a pris des mesures fortes, c'est Larry Hogan, gouverneur (certes modéré et même libéral sur les questions sociétales, et qui n'a jamais été trop favorable à Trump) du Maryland. Il a également ouvertement critiqué Trump et les mesures prises par son administration pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, qualifiant la communication de celle-ci de "confuse". Il a également publié avec Gretchen Witmer, gouverneur du Michigan et nouvelle bête noire de Trump, un éditorial listant tous les points où le gouvernement fédéral n'a pas suffisamment aidé les états à lutter contre l'épidémie.

Il y a également un gouverneur démocrate dont la gestion de la crise du coronavirus a été désastreuse, c'est David Ige, gouverneur de Hawaii. Il avait tout d'abord chargé son lieutenant gouverneur, Josh Green, médecin urgentiste, de la gestion de la crise. Puis quand celui-ci a appelé à des mesures fortes pour lutter contre le coronavirus, il l'a mis de côté, en demandant aux membres de son cabinet de ne pas communiquer avec lui et en l'excluant de ses conférences de presse.

Son état étant également très touristique, et donc pour ne pas pénaliser l'économie, il a fortement tardé à mettre en place une quarantaine pour les arrivants, et a finalement décidé la mise en place d'un confinement qui exclue les pratiques de la nage et du surf.


Vous avez cependant raison, de nombreux gouverneurs républicains de "red states", notamment dans le Sud et dans les Plaines, ont tardé à prendre des mesures voir ont minimisé la menace ou ont incité les gens à sortir de chez eux, sans doute par esprit de contradiction et pour alimenter la thèse selon laquelle les libéraux, qu'ils voient comme un ennemi, exagéreraient l'étendue de la menace. Il y a des exemples assez déplorables. Et encore, le mot est assez faible, surtout quand on sait que comme gouverneur leur parole porte une certaine autorité, en particulier auprès des électeurs les plus âgés généralement favorables aux Républicains. Or ce sont eux qui sont les plus à risques. Pour citer les cas les plus dangereux, on a notamment :

- Kevin Stitt, gouverneur de l'Oklahoma, qui, le 14 mars, a publié sur les réseaux sociaux une photo de lui avec sa famille dînant au restaurant, avec en commentaire " C'est plein ce soir ! ". Le lendemain, il a déclaré l'état d'urgence. Deux jours après, il a maintenu qu'il continuerait à dîner au restaurant avec sa famille et qu'il incitait les citoyens de l'Oklahoma à faire de même.

- Kay Ivey, gouverneur de l'Alabama, qui a critiqué son lieutenant gouverneur, lui aussi un républicain, qui a prévenu d'un risque très élevé concernant le manque de lits d'hôpitaux disponibles dans l'état pour faire face à l'épidémie de coronavirus, en disant qu'il "n'aidait pas en ne proposant pas de solution". Evidemment, il proposait des solutions. Elle a également déclaré que " nous ne sommes pas la Louisiane, nous ne sommes pas l'état de New York, nous ne sommes pas la Californie " pour justifier l'absence de confinement.

- Jim Justice, gouverneur de la Virginie de l'Ouest, qui lui aussi a incité à les gens à aller au restaurant. Je cite : " Aller dans les épiceries. Si vous vous allez à Bob Evans (chaîne de restaurant), allez à Bob Evans et mangez ". Puis le lendemain, il a interdit aux restaurants de servir. Sa communication a elle aussi été catastrophique. Il a minimisé la menace, mais a cependant fini par prendre des mesures de confinement.

Certains d'entre eux, notamment le Mississippi hier, ont finalement pris des mesures de confinement en voyant l'étendue de la menace, mais très tard. D'autres n'ont toujours rien fait et comme vous dites, cela risque d'alourdir le bilan. Je rajouterais que ces états du Sud sont généralement les plus pauvres des Etats-Unis, ce qui les rendent encore plus vulnérables à l'épidémie de coronavirus, et ce qui rend l'attitude de leur gouverneur très dangereuse.
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Re: La vie politique américaine

Messagede Tirnam » Jeu 2 Avr 2020 13:47

6,6 millions de demandes d'indemnisation chômage la semaine dernière. Nouveau triste record qui explose celui de la semaine précédente (3,3 millions).
Soit près de 10 millions de chômeurs en plus en deux semaines. Rien qu'avec ces chiffres (probablement sous-estimés parce que tout le monde ne peut pas prétendre à une indemnisation chômage) on arrive à environ 10% de taux de chômage.
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Jeu 2 Avr 2020 16:25

Tirnam a écrit:6,6 millions de demandes d'indemnisation chômage la semaine dernière. Nouveau triste record qui explose celui de la semaine précédente (3,3 millions).
Soit près de 10 millions de chômeurs en plus en deux semaines. Rien qu'avec ces chiffres (probablement sous-estimés parce que tout le monde ne peut pas prétendre à une indemnisation chômage) on arrive à environ 10% de taux de chômage.


C'est là qu'on se dit que le délai de quelques jours imposé par les démocrates pour intégrer dans le dernier projet de loi de finances des provisions plus larges pour mieux financer l'assurance chômage dans les mois à venir n'était peut-être pas du temps totalement perdu ?

Et remercions Trump de se contenter de bloquer uniquement le volet contrôle et lutte contre la corruption du projet, et pas son volet chômage ?
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Re: La vie politique américaine

Messagede Alambic » Ven 3 Avr 2020 08:14

Tirnam a écrit:6,6 millions de demandes d'indemnisation chômage la semaine dernière. Nouveau triste record qui explose celui de la semaine précédente (3,3 millions).
Soit près de 10 millions de chômeurs en plus en deux semaines. Rien qu'avec ces chiffres (probablement sous-estimés parce que tout le monde ne peut pas prétendre à une indemnisation chômage) on arrive à environ 10% de taux de chômage.

Et c'est pas encore terminé...

En France, on a 20% des emplois au chômage partiel du fait du coronavirus. Aux Etats-Unis, pas de chômage partiel mais 150 Mn d'emplois donc, si on applique le même pourcentage, ça fait 30 Mn d'emplois potentiellement supprimés par l'épidémie. Ce chiffre de 20% est probablement une borne supérieure pour plusieurs raisons : 1/ la structure de l'économie et notamment sa dépendance au tourisme (probablement plus forte en France) et 2/ le chômage partiel est plus flexible d'un point de vue organisationnel que le licenciement (car moins "définitif"), ce qui fait sans doute que, toutes choses égales par ailleurs, si on n'a pas de chômage partiel comme option, on licencie en moyenne moins qu'on aurait mis au chômage partiel. A ça, il faut rajouter que tout le monde n'est pas éligible au chômage aux Etats-Unis. Donc, globalement, plutôt que 30 Mn d'emplois détruits, on a peut être un intervalle entre 15 et 25 Mn. Donc, vu les 10 Mn déjà détruits, ça laisse encore 5 Mn à 15 Mn d'emplois à détruire dans les prochaines livraisons des statistiques. Il y a notamment 15 Mn d'emplois aux Etats-Unis rien que dans l'hospitality industry où l'impact peut être de quasi 100% donc 5 Mn d'emplois encore à détruire me semble bien un minimum...
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Re: La vie politique américaine

Messagede Tirnam » Ven 3 Avr 2020 14:05

700 000 emplois détruits au mois de mars. Première fois en 10 ans qu'on observe une destruction d'emplois, le taux de chômage monte à 4,4%. Le chiffre peut paraître léger par rapport aux 10 millions de de demandes d'indemnisation mais les données sont récoltées principalement en début de mois, l'impact se fera véritablement sentir dans les chiffres d'avril.
https://www.nytimes.com/2020/04/03/busi ... eport.html

Le New York Times estime que le taux de chômage actuel est de 13%, un niveau jamais atteint depuis la Grande Dépression.
https://www.nytimes.com/2020/04/03/upsh ... ion=Footer
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Ven 3 Avr 2020 19:46

Cela commence de plus en plus à ressembler à une grosse catastrophe outre Atlantique. Sur les 24 heures dernières heures, le bilan officiel (qui comme chez nous ne reprend pas tous les décès liés au virus, notamment dans les maisons de retraite, mais, surtout, aux USA beaucoup mourront sans même avoir eu affaire au système de santé, à domicile) fait état de 1200 décès. Certains hôpitaux se déclarent déjà submergés. On parle de plus en plus d'un bilan pouvant aller de 100 à 250 000 décès officiels d'ici à la fin de la pandémie.
Au niveau de l'état central, ça a toujours pas l'air d'être ça. Alors que le VP Pence était déjà officiellement en charge de la coordination, Trump vient d'annoncer que le travail allait être doublonné, son gendre, Kushner, prenant la tête d'un nouveau comité de contrôle de l'épidémie en lien avec la FEMA (en plus donc de sa casquette faisant déjà de lui le monsieur "crise opioïde" et "paix au Proche Orient" de cette administration). Les talents de couteau suisse du gendre du président (qui n'a pour rappel aucune expérience, qu'elle soit politique ou administrative) sont décidément hors du commun...
Je ne suis pas persuadé que créer deux comités de supervision de l'épidémie dirigés par deux personnes différentes soit une idée géniale par contre.
https://www.politico.com/news/2020/04/0 ... nse-160553
Les conférences de presse du président continuent à ressembler à un épisode de la quatrième dimension (lors de la dernière que j'ai regardée en direct, Trump nous parlait des talents de basketteur du Dr Fauci, au milieu des annonces sur le virus). Apparemment, Trump estime que la priorité des priorités est que ce soit sa signature qui figure sur les chèques d'aides que recevront des millions d'Américains de la part du gouvernement central d'ici quelques dizaines de semaines suite au vote d'un plan d'aide par le Congrès la semaine dernière.
https://www.msnbc.com/rachel-maddow-sho ... s-n1173021
Enfin, au moins Trump semble avoir enfin pris la mesure du danger, et semble enfin disposé à avoir recours un peu plus fortement au Defense Production Act.
https://edition.cnn.com/2020/04/02/poli ... index.html
Par contre, on perd toujours beaucoup de temps à incendier les gens qui sur le terrain lancent des signaux d'alerte. Après la gouverneure du Michigan, c'est au tour du capitaine Crozier du porte-avions USS Roosevelt d'en faire les frais. Ce dernier avait demandé un peu trop publiquement l'évacuation de ses hommes du navire (plusieurs cas ont été détectés à bord) vers des hôpitaux en capacité de les accueillir, le capitaine dénonçant au passage son manque de moyens malgré des demandes répétées. Il vient d'être relevé de son commandement, et a quitté le navire sous une pluie d'applaudissements de ses hommes.
https://edition.cnn.com/2020/04/02/poli ... index.html
Et Trump nous annonce désormais que grâce à lui, on va sauver 2 millions de vies, et qu'il est vraiment trop doué dans la gestion de la crise.
https://www.politico.com/news/2020/04/0 ... ved-160814
Et, clairement, beaucoup de remontées, aussi bien du terrain que de l'administration, dessinent un tableau très sombre de la situation, aussi bien sur le front sanitaire qu'économique.
https://edition.cnn.com/2020/04/02/poli ... index.html
https://www.politico.com/news/2020/04/0 ... nch-161106
https://www.politico.com/news/2020/04/0 ... nse-162403
https://www.cnn.com/2020/04/02/politics ... index.html
Et Trump continue à diffuser de fausses informations médicales lorsqu'il part dans ses tirades improvisées.
https://www.cnn.com/2020/04/02/politics ... index.html
De plus en plus de fonctionnaires dénoncent les carences chroniques de cette administration ou des centaines (milliers ?) de poste dans les directions et les coordinations ne sont toujours pas pourvus plus de 3 ans après l'entrée en fonction de la nouvelle administation.
Les démocrates du Congrès envisagent déjà d'ouvrir des commissions d'enquêtes dès que possible pour enquêter sur tout ça (sur le modèle des commissions d'enquêtes post 11/09 ou post Katrina).
https://www.nytimes.com/2020/04/02/us/p ... trump.html
https://edition.cnn.com/2020/04/02/poli ... index.html
Pelosi et McConnell annoncent déjà un 4e plan d'aides économiques à venir dans les semaines à venir. La Speaker a d'ores et déjà annoncé que les démocrates réclameraient deux éléments majeurs pour voter tout texte : un package massif sur l'aide sociale et médicale, ainsi qu'un plan d'aides électorales pour permettre aux états de mettre en place d'éventuels systèmes de vote par correspondance pour les élections de l'automne.
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