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Etats-Unis : Les Midterm elections de 2018

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Re: Etats-Unis : Les Midterm elections de 2018

Messagede Corondar » Lun 15 Oct 2018 18:11

manudu83 a écrit:Je continue a être particulièrement circonspect sur les chances des démocrates y compris à la chambre.
Les derniers sondages locaux ne sont pas particulièrement positifs, et il n'y a pas de vrais moteurs dans la campagne démocrate.
Quand on regarde en qualitatif, les électeurs républicains sont plus motivés que les démocrates (ratio registered/likely dans les états avec enregistrement).


En tout cas, concernant les districts à la Chambre, les sondages que je vois passer depuis 2 ou 3 mois sont assez raccords avec mes pronostics personnels et mes cartes. Ceux donnant les républicains en tête sont dans des districts que je donne comme favorables au GOP, et ceux donnant les démocrates en tête sont dans des districts que je donne comme favorables au parti de l'âne. Et j'arrive quand même à une trentaine de bascule pour les démocrates. Si je devais m'en tenir uniquement aux sondages, mes pronostics seraient même un peu frileux, puisque certains sondages indiquent que les démocrates auraient même des chances raisonnables dans des districts très rouges (03 de Virginie Occidentale, 02 du Kansas, 04 de l'Utah...) que je mets sans hésiter dans la colonne sur pour le GOP.
Pour le moteur de la campagne, que ce soit chez les démocrates ou les républicains, désormais en politique US on ne motive plus sa base par des raisons de voter pour, mais plus par excitation à l'idée de se payer l'ennemi du camp adverse. Au delà de ça, côté démocrates l'axe principal des candidats c'est la protection sociale pour tous et la hausse des salaires, côté républicains c'est la bonne santé économique (par la baisse des impôts) et le rejet de l'immigration. Au delà de ça, il n'y a pas vraiment d'autres sujets abordés.
Par contre, pour les enquêtes qualitatives, ça m'intéresse : vous faites référence à quelles enquêtes ? Toutes celles que j'ai vues passer continuent à montrer un enthousiasme supérieur côté démocrates. La dernière en date, publiée par le washington post, donne plutôt des espoirs au camp démocrate. 81% des démocrates se déclarent enthousiastes pour les élections, contre 79% des républicains. Vous me direz, 2% c'est rien...sauf que par rapport à il y a 4 ans, si on compare avec la même enquête, c'est le jour et la nuit. En 2014, 75% des républicains se déclaraient motivés (hausse de 4 points, dans la marge d'erreur), alors que seuls 63% des démocrates se déclaraient enthousiastes (hausse de 18 points, largement au dessus de la marge d'erreur). Rappelons également qu'un plus grand nombre d'électeurs se déclarent démocrates que républicains désormais. La même enquête indique un enthousiasme plus grand chez les jeunes et les minorités, deux groupes clefs pour les démocrates. Les indépendants aussi semblent plus motivés. Et dans les derniers scrutins, les indépendants penchaient nettement plus côté démocrates (je parle là bien des scrutins des derniers mois, pas des sondages).
https://www.washingtonpost.com/politics ... 7ced162c71
Mais comme souvent ces midterms devraient connaitre une participation anémique. Gagnera celui qui mobilisera le plus. Chez moi je continue à penser que les démocrates devraient avoir un petit boost de ce côté là. Réponse début novembre...
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Re: Etats-Unis : Les Midterm elections de 2018

Messagede Relique » Lun 15 Oct 2018 18:27

J'ai l'impression (vu de loin, si on veut faire référence à un de nos anciens contributeurs) que cette fin de campagne montre en fait que le parti démocrate reste un parti sans leader et sans allant.

Comme tout le monde, j'avais bien compris l'énorme défi des démocrates aussi bien au sénat qu'à la chambre: au sénat, ils avaient une carte presque impossible; à la chambre, le même redécoupage (sauf en Pennsylvanie maintenant !) produit les mêmes effets (la concentration géographique des électeurs démocrates également, pas seulement le gerrymandering).

Les démocrates peuvent toutefois réussir une des choses les plus importantes pour l'avenir: les postes de gouverneurs. Peut-être que les partis démocrates étatiques sont en meilleure forme qu'auparavant.

Par contre, au niveau fédéral, il me semble que les démocrates n'ont ni purgé les divisions de leur dernière primaire (qui étaient tout de même très profonde idéologiquement), ni retenu la leçon de la dernière présidentielle. Il faut dire que c'est toujours le camp "conformiste" qui règne au parti démocrate (celui qui avait donné une avance phénoménale pour Hillary Clinton chez les "superdelegates"). En cela, Bernie Sanders a totalement échoué, il me semble, à "noyauter" le parti démocrate pour y faire mieux représenter ses idées. En règle générale, les primaires ont vu les victoires des candidats plus "mainstream", proches de l'establishment (à part deux ou trois défaites très médiatisées mais, à mon avis, peu représentatives).

C'est en cela que je pense de plus en plus que le Sénat restera républicain (c'était quelque chose d'évident en 2016 et Corondar a raison de rappeler que le fait que cela ne l'ait pas été pendant un an était un sacré avertissement pour le GOP), et que la chambre peut également rester Républicaine (ce qui, malgré le découpage de 2010, serait tout de même décevant pour les démocrates vu le nombre de républicains ne se représentant pas, le découpage en Pennsylvanie et l'abandon du leader GOP).

Et en 2020, Trump me semble avoir encore des chances de gagner selon le choix des démocrates. Des candidats comme la sénatrice de Californie Kamala Harris, celle de New York Kirsten Gillibrand ou le sénateur du New Jersey Cory Booker me semblent être exactement le genre de candidats capables, comme Hillary Clinton, de perdre dans le Michigan, dans le Wisconsin ou en Pennsylvanie face à Trump...

Evidemment, se prononcer sur 2020 est bien sûr précoce ! Mais en 2016, on pouvait se demander comment Trump réussirait un "second hold up", ou plutôt comment les démocrates pourraient perdre aussi bêtement deux fois de suite !
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Re: Etats-Unis : Les Midterm elections de 2018

Messagede Corondar » Lun 15 Oct 2018 19:00

Relique a écrit:J'ai l'impression (vu de loin, si on veut faire référence à un de nos anciens contributeurs) que cette fin de campagne montre en fait que le parti démocrate reste un parti sans leader et sans allant.

Comme tout le monde, j'avais bien compris l'énorme défi des démocrates aussi bien au sénat qu'à la chambre: au sénat, ils avaient une carte presque impossible; à la chambre, le même redécoupage (sauf en Pennsylvanie maintenant !) produit les mêmes effets (la concentration géographique des électeurs démocrates également, pas seulement le gerrymandering).

Les démocrates peuvent toutefois réussir une des choses les plus importantes pour l'avenir: les postes de gouverneurs. Peut-être que les partis démocrates étatiques sont en meilleure forme qu'auparavant.

Par contre, au niveau fédéral, il me semble que les démocrates n'ont ni purgé les divisions de leur dernière primaire (qui étaient tout de même très profonde idéologiquement), ni retenu la leçon de la dernière présidentielle. Il faut dire que c'est toujours le camp "conformiste" qui règne au parti démocrate (celui qui avait donné une avance phénoménale pour Hillary Clinton chez les "superdelegates"). En cela, Bernie Sanders a totalement échoué, il me semble, à "noyauter" le parti démocrate pour y faire mieux représenter ses idées. En règle générale, les primaires ont vu les victoires des candidats plus "mainstream", proches de l'establishment (à part deux ou trois défaites très médiatisées mais, à mon avis, peu représentatives).

C'est en cela que je pense de plus en plus que le Sénat restera républicain (c'était quelque chose d'évident en 2016 et Corondar a raison de rappeler que le fait que cela ne l'ait pas été pendant un an était un sacré avertissement pour le GOP), et que la chambre peut également rester Républicaine (ce qui, malgré le découpage de 2010, serait tout de même décevant pour les démocrates vu le nombre de républicains ne se représentant pas, le découpage en Pennsylvanie et l'abandon du leader GOP).

Et en 2020, Trump me semble avoir encore des chances de gagner selon le choix des démocrates. Des candidats comme la sénatrice de Californie Kamala Harris, celle de New York Kirsten Gillibrand ou le sénateur du New Jersey Cory Booker me semblent être exactement le genre de candidats capables, comme Hillary Clinton, de perdre dans le Michigan, dans le Wisconsin ou en Pennsylvanie face à Trump...

Evidemment, se prononcer sur 2020 est bien sûr précoce ! Mais en 2016, on pouvait se demander comment Trump réussirait un "second hold up", ou plutôt comment les démocrates pourraient perdre aussi bêtement deux fois de suite !


Pour le parti démocrate, sans leader c'est certain. Sans allant, ça me parait un poil excessif quand on voit le niveau de mobilisation (réel) de sa base, et leurs résultats électoraux des 2 dernières années.
Concernant leurs divisions, certaines demeurent, là aussi c'est indéniable. Mais pas plus que du côté du GOP je pense. Les partis américains ont toujours été des auberges espagnoles où les extrêmes peuvent se côtoyer.
Par contre je diverge un peu avec toi concernant l'orientation idéologique du parti. Sanders a gagné sur un point : le glissement à gauche toute du parti est désormais assez marqué. Presque tous les démocrates se réclament désormais d'un système de couverture santé pour tous (par rapport aux années Obama l'évolution est saisissante), tous réclament désormais un état providence plus marqué, tous (à quelques exceptions près) se positionnent désormais comme des libéraux sur les questions sociétales. Les seuls éléments où on continue à percevoir des tensions idéologiques c'est sur l'immigration et le protectionnisme (mais ces deux éléments divisent aussi le GOP).
Quant aux primaires démocrates de 2016, j'aimerais tordre le coup à certains clichés ayant la vie dure : Sanders perd indépendamment du noyautage du parti par Clinton (en 2008 aussi le parti penchait pour elle, et Obama a quand même gagné, le risque de voir les super délégués être décisifs était d"ailleurs bien plus grand en 2008 qu'en 2016). Il perd nettement le vote populaire et la course aux délégués, pour une seule raison : son discours était social, et pas racial. Les électeurs afro-américains ne sont (n'étaient ?) pas prêts à acheter ce discours là, et ont voté en masse pour Clinton (qui elle embrassait la question raciale, avec beaucoup d'arrières pensées et de calculs évidents). Si les primaires démocrates de 2008 et 2016 ont prouvé une chose, c'est bien celle là : vous ne gagnez pas la nomination démocrate sans le soutien des afro-américains. C'est ça qui a fait perdre Clinton en 2008 (en plus des Afro-Américains, Obama avait aussi raflé les jeunes), et c'est ce qui a fait perdre Sanders en 2016 (lui n'avait que les jeunes).
Quant à 2020, d'accord avec un élément que Relique relaye : il est beaucoup trop tôt pour avoir la moindre idée de ce à quoi ça pourrait ressembler :). Je suis déjà incapable de savoir qui les démocrates vont nominer, et, surtout, je suis incapable de savoir dans quel contexte économique auront lieu les élections de 2020. Si en 2020, l"économie US continue à bien se porter, alors Trump sera le favori (aux USA, c'est plutôt la norme pour les présidents sortants, c'est un classique historique, tout comme les midterms difficiles pour le camp présidentiel, schéma historique qui joue aussi dans ma perception du scrutin à venir d'ailleurs).
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Re: Etats-Unis : Les Midterm elections de 2018

Messagede manudu83 » Lun 15 Oct 2018 19:38

Corondar a écrit:
manudu83 a écrit:Je continue a être particulièrement circonspect sur les chances des démocrates y compris à la chambre.
Les derniers sondages locaux ne sont pas particulièrement positifs, et il n'y a pas de vrais moteurs dans la campagne démocrate.
Quand on regarde en qualitatif, les électeurs républicains sont plus motivés que les démocrates (ratio registered/likely dans les états avec enregistrement).



Par contre, pour les enquêtes qualitatives, ça m'intéresse : vous faites référence à quelles enquêtes ? Toutes celles que j'ai vues passer continuent à montrer un enthousiasme supérieur côté démocrates. La dernière en date, publiée par le washington post, donne plutôt des espoirs au camp démocrate. 81% des démocrates se déclarent enthousiastes pour les élections, contre 79% des républicains. Vous me direz, 2% c'est rien...sauf que par rapport à il y a 4 ans, si on compare avec la même enquête, c'est le jour et la nuit. En 2014, 75% des républicains se déclaraient motivés (hausse de 4 points, dans la marge d'erreur), alors que seuls 63% des démocrates se déclaraient enthousiastes (hausse de 18 points, largement au dessus de la marge d'erreur). Rappelons également qu'un plus grand nombre d'électeurs se déclarent démocrates que républicains désormais. La même enquête indique un enthousiasme plus grand chez les jeunes et les minorités, deux groupes clefs pour les démocrates. Les indépendants aussi semblent plus motivés. Et dans les derniers scrutins, les indépendants penchaient nettement plus côté démocrates (je parle là bien des scrutins des derniers mois, pas des sondages).
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Mais comme souvent ces midterms devraient connaitre une participation anémique. Gagnera celui qui mobilisera le plus. Chez moi je continue à penser que les démocrates devraient avoir un petit boost de ce côté là. Réponse début novembre...


C'est deux enquêtes Emerson une sur le nevada, l'autre je sais plus, sur les gouverneurs, qui indiquait que si l'on considérait les personnes sures d'aller voter et celles déclarant simplement vouloir aller voter, les républicains étaient gagnants nettement sur la premiere catégorie et quasi à égalité si on ajoute la deuxième catégorie

Edit : et ce phénomène a couté le Wisconsin à Clinton en 2016
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Re: Etats-Unis : Les Midterm elections de 2018

Messagede Relique » Lun 15 Oct 2018 20:13

Corondar, sur les super délégués, je ne disais pas que cela avait coûté l'élection à sanders. Mon argument était seulement d'illustrer la mainmise de Clinton et de son courant sur l'appareil du parti démocrate.

Il me semble qu'après sa défaite, sanders avait encouragé ses supporteurs à s'engager dans le parti démocrate pour réussir à contester cette mainmise en interne. Et en cela, à mon avis, il a échoué.

Je comprends tout à fait ton point de vue sur l'idée que le parti démocrate est plus à gauche.

J'ai sûrement une analyse différente. Pour moi, Nancy Pelosi n'est pas une figure de gauche. La "gauchisation sociétale " est pour moi la vraie impasse des démocrates. La question du protectionnisme, du financement électoral (et donc l'emprise des milieux financiers) sont beaucoup plus des marqueurs de gauche.

Par contre je t'accorde tout à fait l'argument sur la santé ! Il y a eu une vraie évolution en un an et demi à peine ! C'est largement du, à mon avis, au succès de la réforme plus qu'à Bernie Sanders (et aussi au fait qu'il s'agit peu ou proue du seul bilan des huit ans d'Obama)
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Re: Etats-Unis : Les Midterm elections de 2018

Messagede Corondar » Mar 16 Oct 2018 17:58

Relique a écrit:Corondar, sur les super délégués, je ne disais pas que cela avait coûté l'élection à sanders. Mon argument était seulement d'illustrer la mainmise de Clinton et de son courant sur l'appareil du parti démocrate.

Il me semble qu'après sa défaite, sanders avait encouragé ses supporteurs à s'engager dans le parti démocrate pour réussir à contester cette mainmise en interne. Et en cela, à mon avis, il a échoué.

Je comprends tout à fait ton point de vue sur l'idée que le parti démocrate est plus à gauche.

J'ai sûrement une analyse différente. Pour moi, Nancy Pelosi n'est pas une figure de gauche. La "gauchisation sociétale " est pour moi la vraie impasse des démocrates. La question du protectionnisme, du financement électoral (et donc l'emprise des milieux financiers) sont beaucoup plus des marqueurs de gauche.

Par contre je t'accorde tout à fait l'argument sur la santé ! Il y a eu une vraie évolution en un an et demi à peine ! C'est largement du, à mon avis, au succès de la réforme plus qu'à Bernie Sanders (et aussi au fait qu'il s'agit peu ou proue du seul bilan des huit ans d'Obama)


Le glissement à gauche me semble beaucoup plus large que le seul volet couverture santé. Les démocrates se réclament désormais ouvertement de l'état providence : ils défendent désormais sans réserve Medicare et Medicaid (ce ne fut pas toujours le cas), préconisent sans ambages des hausses d'impôts pour les plus riches (jusqu'à récemment c'était pas dit aussi franchement), demandent des investissements étatiques à gogo (infrastructures, investissements dans l'éducation et la santé notamment), défendent une hausse du salaire minimum (là aussi, jusqu'à il y a peu, ça divisait beaucoup les démocrates entre eux, ce n'est plus vraiment le cas désormais). Même sur le contrôle des systèmes bancaires et financiers ils ont pas mal évolué.
Quant aux questions sociétales, je peux me tromper, mais je pense que ce marqueur là est beaucoup plus efficient aux USA pour établir l'échelle gauche-droite que les questions économiques, sur lesquelles les Américains sont plus "plastiques" que les Européens. Les vrais clivages politiques sont avant tout sociétaux aux USA (avortement, place de la religion, droit des armes, peine de mort, droit des LGBT, débats autour des 1er et 2e amendements...), et, dans une moindre mesure, constitutionnels (état fédéral contre états fédérés). Les clivages économiques existent, mais sont plus flous, et, surtout, divisent autant à l'intérieur des deux grands partis qu'entre les partis.
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Re: Etats-Unis : Les Midterm elections de 2018

Messagede Relique » Mar 16 Oct 2018 20:18

Je suis d'accord pour dire que les clivages principaux sont sociétaux.

Je parlais plutôt de ma vision personnelle de la gauche. Le système économique et politique états-unien me terrifie parfois ! J'ai du mal à y voir des politiques aux idées un minimum semblables aux miennes ! Je trouve assez dérangeant le culte de l'économie de marché allié à une vision géopolitique dérangeante et en effet un culte des "libertés individuelles" qui me semble aller largement à l'encontre de l'idée philosophique de liberté. On se trouve plutôt au niveau de la "liberté" "loi de la jungle" des marchés "libres" que de la "liberté sociale" ("la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres").
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Re: Etats-Unis : Les Midterm elections de 2018

Messagede Tirnam » Ven 19 Oct 2018 12:17

La participation pourrait atteindre un niveau jamais vu depuis plus de 50 ans pour des élections de mi-mandat.
Michael McDonald, professeur à l'université de Floride, estime que le niveau final de la participation pourrait se situer entre 45% et 50%. 4 indicateurs vont dans ce sens :
- une forte participation aux élections spéciales
- une forte participation aux primaires
- un fort degré de motivation dans les sondages
- le nombre de vote par anticipation (qui a déjà commencé dans de nombreux Etats) est en forte hausse par rapport à 2014. (Quasiment le double de votant par rapport à la même période de 2014 en Virginie, le triple en Géorgie, ...)
https://www.npr.org/2018/10/18/65825588 ... um=twitter

On peut aussi analyser en détail qui vote par anticipation : au Kansas les électeurs démocrates font jeu égal avec les électeurs républicains, dans la Géorgie l'électorat qui vote par anticipation actuellement est beaucoup moins blanc que l'électorat qui avait voté par anticipation en 2014, dans l'Iowa la participation des démocrates dépasse largement celle des républicains, en Floride la participation des républicains dépasse celle des démocrates mais de manière beaucoup moins nette qu'en 2014, ...
De bonnes nouvelles sur le papier pour les démocrates, sur le papier, il me semble qu'en 2016 les indications venant du vote par anticipation semblaient aller dans la direction de Clinton, on connait la suite ...
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Re: Etats-Unis : Les Midterm elections de 2018

Messagede Fabien » Ven 19 Oct 2018 13:38

Corondar a écrit:
Relique a écrit:Corondar, sur les super délégués, je ne disais pas que cela avait coûté l'élection à sanders. Mon argument était seulement d'illustrer la mainmise de Clinton et de son courant sur l'appareil du parti démocrate.

Il me semble qu'après sa défaite, sanders avait encouragé ses supporteurs à s'engager dans le parti démocrate pour réussir à contester cette mainmise en interne. Et en cela, à mon avis, il a échoué.

Je comprends tout à fait ton point de vue sur l'idée que le parti démocrate est plus à gauche.

J'ai sûrement une analyse différente. Pour moi, Nancy Pelosi n'est pas une figure de gauche. La "gauchisation sociétale " est pour moi la vraie impasse des démocrates. La question du protectionnisme, du financement électoral (et donc l'emprise des milieux financiers) sont beaucoup plus des marqueurs de gauche.

Par contre je t'accorde tout à fait l'argument sur la santé ! Il y a eu une vraie évolution en un an et demi à peine ! C'est largement du, à mon avis, au succès de la réforme plus qu'à Bernie Sanders (et aussi au fait qu'il s'agit peu ou proue du seul bilan des huit ans d'Obama)


Le glissement à gauche me semble beaucoup plus large que le seul volet couverture santé. Les démocrates se réclament désormais ouvertement de l'état providence : ils défendent désormais sans réserve Medicare et Medicaid (ce ne fut pas toujours le cas), préconisent sans ambages des hausses d'impôts pour les plus riches (jusqu'à récemment c'était pas dit aussi franchement), demandent des investissements étatiques à gogo (infrastructures, investissements dans l'éducation et la santé notamment), défendent une hausse du salaire minimum (là aussi, jusqu'à il y a peu, ça divisait beaucoup les démocrates entre eux, ce n'est plus vraiment le cas désormais). Même sur le contrôle des systèmes bancaires et financiers ils ont pas mal évolué.
Quant aux questions sociétales, je peux me tromper, mais je pense que ce marqueur là est beaucoup plus efficient aux USA pour établir l'échelle gauche-droite que les questions économiques, sur lesquelles les Américains sont plus "plastiques" que les Européens. Les vrais clivages politiques sont avant tout sociétaux aux USA (avortement, place de la religion, droit des armes, peine de mort, droit des LGBT, débats autour des 1er et 2e amendements...), et, dans une moindre mesure, constitutionnels (état fédéral contre états fédérés). Les clivages économiques existent, mais sont plus flous, et, surtout, divisent autant à l'intérieur des deux grands partis qu'entre les partis.



S'il en allait autrement que ce que vous dites ici, je doute que qu'on verrait nombre de territoires parmi les plus riches voter Démocrate, et maintes zones pauvres voter républicain...
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Re: Etats-Unis : Les Midterm elections de 2018

Messagede Corondar » Ven 19 Oct 2018 17:27

Fabien a écrit:
Corondar a écrit:
Relique a écrit:Corondar, sur les super délégués, je ne disais pas que cela avait coûté l'élection à sanders. Mon argument était seulement d'illustrer la mainmise de Clinton et de son courant sur l'appareil du parti démocrate.

Il me semble qu'après sa défaite, sanders avait encouragé ses supporteurs à s'engager dans le parti démocrate pour réussir à contester cette mainmise en interne. Et en cela, à mon avis, il a échoué.

Je comprends tout à fait ton point de vue sur l'idée que le parti démocrate est plus à gauche.

J'ai sûrement une analyse différente. Pour moi, Nancy Pelosi n'est pas une figure de gauche. La "gauchisation sociétale " est pour moi la vraie impasse des démocrates. La question du protectionnisme, du financement électoral (et donc l'emprise des milieux financiers) sont beaucoup plus des marqueurs de gauche.

Par contre je t'accorde tout à fait l'argument sur la santé ! Il y a eu une vraie évolution en un an et demi à peine ! C'est largement du, à mon avis, au succès de la réforme plus qu'à Bernie Sanders (et aussi au fait qu'il s'agit peu ou proue du seul bilan des huit ans d'Obama)


Le glissement à gauche me semble beaucoup plus large que le seul volet couverture santé. Les démocrates se réclament désormais ouvertement de l'état providence : ils défendent désormais sans réserve Medicare et Medicaid (ce ne fut pas toujours le cas), préconisent sans ambages des hausses d'impôts pour les plus riches (jusqu'à récemment c'était pas dit aussi franchement), demandent des investissements étatiques à gogo (infrastructures, investissements dans l'éducation et la santé notamment), défendent une hausse du salaire minimum (là aussi, jusqu'à il y a peu, ça divisait beaucoup les démocrates entre eux, ce n'est plus vraiment le cas désormais). Même sur le contrôle des systèmes bancaires et financiers ils ont pas mal évolué.
Quant aux questions sociétales, je peux me tromper, mais je pense que ce marqueur là est beaucoup plus efficient aux USA pour établir l'échelle gauche-droite que les questions économiques, sur lesquelles les Américains sont plus "plastiques" que les Européens. Les vrais clivages politiques sont avant tout sociétaux aux USA (avortement, place de la religion, droit des armes, peine de mort, droit des LGBT, débats autour des 1er et 2e amendements...), et, dans une moindre mesure, constitutionnels (état fédéral contre états fédérés). Les clivages économiques existent, mais sont plus flous, et, surtout, divisent autant à l'intérieur des deux grands partis qu'entre les partis.



S'il en allait autrement que ce que vous dites ici, je doute que qu'on verrait nombre de territoires parmi les plus riches voter Démocrate, et maintes zones pauvres voter républicain...


Sachant que, concernant la pensée collective américaine, nombreux sont les Américains, y compris chez les plus pauvres, qui croient fermement qu'un système très ouvert et avec un minimum d'intervention étatique (le fameux "laisser faire",avec le mythe des USA comme terre de liberté d'entreprendre) est le système le plus juste, celui qui permet à tous d'avoir une chance d'auto-promotion (c'est d'ailleurs aussi pour ça que la question de l'immigration est perçue différemment par beaucoup là bas par rapport à l'Europe, et que cette question divise aussi à l'intérieur des partis). Et vous avez suffisamment d'exemples aux USA de personnes issues d'un milieu social pauvre ou médian qui sont devenus milliardaires pour entretenir ce mythe tenace. Rajoutez à ça un fond protestant de prédestination divine, et vous avez votre cocktail ricain. Avec beaucoup de gens (y compris parmi les moins riches) qui vous diront que si quelqu'un est pauvre c'est qu'il l'a mérité...
Quant aux nombreux membres démocrates issus de l'élite qui sont désormais favorables à un système de protection sociale (en tout cas plus développé qu'il ne l'est actuellement aux USA), il n'est pas impossible non plus qu'il y ait une part de cause religieuse dans cette évolution, avec une forme d'aumône chrétienne...
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