Municipales 2020 Ã Paris

[Eco92]

Je souscrit à une part de votre analyse mais nuancerai sur le fait qu'une campagne différente aurait pu changer le score EELV. Je pense sincèrement que le discours flou de la "coalition climat de Simmonet à Villani", traduit par "allions nous à Villani" (et il faut dire que Belliard n'a pas clairement arrêté le bouzin) a plutôt fait fuir certains électeurs tangent vers Hidalgo (voire LFI mais peu je pense), les électeurs EELV tentés par Villani s'étant sans doute contenté de voter pour lui in fine. Cela n'aurait toutefois pas changé la face du résultat mais peut-être pu avoir un score à 12/13 %. Cette déclaration sur Villani est à peu près la seule chose que l'électeur peu porté sur la politique a pu entendre d'EELV durant la campagne je le crains.

[K.V]

J'ai personnellement une autre lecture du score des écologistes parisiens, et dans les villes de maires sortant(e)s socialistes. Et je prendrai Grenoble en contrepoint à mon sens pertinent (idéopole, PS depuis très longtemps, et surtout ayant basculé EELV).

Il est incontestable que la stratégie "drapeau vert" des écologistes dans ces villes est un échec. A Lille, Nantes, Rennes et Paris, qui sont les cas emblématiques, la liste EELV termine derrière le PS (on pourrait rajouter Rouen ou Villeurbanne). On notera toutefois la différence entre Paris et les trois autres, c'est que dans les trois autres, les scores de EELV et LFI ajoutés sont à hauteur du score de la maire socialiste sortante. A Paris, même l'addition Belliard+VIllani+Simonet rend encore 6 points à Hidalgo (on peut discuter l'addition de Villani, mais en candidat intellectuel, plutôt écolo, centriste un peu à gauche, son électorat me semble faire partie de l'électorat potentiel d'une liste écolo).

Cette différence à mon sens tient à plusieurs éléments. D'abord les écologistes parisiens ont pesé, et convaincu Hidalgo d'aller sur leurs positions. La piétonnisation des Berges, en ce sens, est symbolique. Et le bashing anti-Hidalgo en a fait en négatif une héroine anti-bagnole, limitant l'attrait potentiel d'une liste écolo. Ensuite le débauchage de Najdovski, adjoint écolo aux déplacements, est fort bien joué, renforçant l'image de fait sectaire de Belliard. Et puis la campagne des écolos parisiens, se tirant régulièrement une balle dans le pied (allo la coalition climat?) n'a vraiment pas aidé...

Enfin, dernière chose, pour moi dans un combat à l'intérieur d'un camp (ici la gauche), celui qui apparaît comme son représentant "légitime", "naturel", pour battre l'autre camp part avec une longueur d'avance. Il n'y a qu'avec une conjonction de facteurs que le représentant "légitime" peut être dépassé: bilan écolo médiocre, leader socialiste usé ou non sortant, unité de "l'autre gauche", chef de file de "l'autre gauche" crédible.

C'est cette conjonction de facteurs qui explique la bascule de Grenoble en 2014, et signe que la stratégie d'union EELV-LFI aurait sans doute permis la bascule de Rennes et Nantes (et je parle même pas de Lille, qu'Aubry va peut être réussir à perdre quand même). Et on notera, au vu de Grenoble 2020, qu'une fois un nouveau leader "légitime", "naturel" de la gauche établi (EELV par exemple), l'électorat "de gauche" peut se rassembler massivement derrière lui, comme le faisait l'électorat jusque là derrière les socialistes.

Et quand ces facteurs ne sont pas là (Hidalgo a un bilan écolo correct, fin de premier mandat, autre gauche divisée, Belliard pas bon), c'est impossible. Quand ils sont là partiellement (Aubry usée et peu écolo, bilan écolo médiocre à Rennes (vélo) et Nantes (NDDL)), ça passe pas loin, et ça aurait pu basculer avec les vents forts nationaux pro-écolos de 2020, si seulement il y avait pas eu une liste LFI à coté (et le meilleur moyen pour l'éviter, c'est l'alliance EELV-LFI).

Ce pavé dépasse Paris, mais Paris est un bon exemple de ce que peut réussir le parti socialiste quand il travaille bien...

[stephed]

Plusieurs contributeurs l'ont aussi rappelé, il faut voir aussi que le sympathisant/électeur d'EELV à Paris est trés "pro-Hidalgo", peut-être même davantage que l'électorat PS classique.

Et que toutes ces histoires d'alliances mais peut-être pas ou alors avec Cédric Villani et/ou les sondages qui donnaient Rachida Dati en tête ou a égalité au 1er tour ont sans doute conduit certains d'entre eux sur Hidalgo dés le 1er tour.

[stephed]

12 ème arrondissement:

le journaliste de Médiapart David Perrotin révèle que la député Laetitia Avia (candidate sur la liste de Sandrine mazetier Rem) aurait utilisé ses assistants parlementaires pour travailler sur sa campagne municipale ainsi que sa permanence parlementaire pour tenir meeting, ce qui est interdit par le code électoral

https://www.mediapart.fr/journal/france ... _article=1

En cas de faits avérés par la justice, le risque est l'invalidation des comptes de campagne et une éventuelle inéligibilité de la tête de liste.

[stephed]

12 ème arrondissement:

le journaliste de Médiapart David Perrotin révèle que la député Laetitia Avia (candidate sur la liste de Sandrine mazetier Rem) aurait utilisé ses assistants parlementaires pour travailler sur sa campagne municipale ainsi que sa permanence parlementaire pour tenir meeting, ce qui est interdit par le code électoral

https://www.mediapart.fr/journal/france ... _article=1

En cas de faits avérés par la justice, le risque est l'invalidation des comptes de campagne et une éventuelle inéligibilité de la tête de liste.

Sur RTL, la journaliste Pauline de Saint-Rémy indique que les équipes de Rachida Dati (LR) ont soumis ces faits au Procureur, au Parquet National Financier et à la commission des comptes de campagne.

[pierrep]

J'ai personnellement une autre lecture du score des écologistes parisiens, et dans les villes de maires sortant(e)s socialistes. Et je prendrai Grenoble en contrepoint à mon sens pertinent (idéopole, PS depuis très longtemps, et surtout ayant basculé EELV).

Il est incontestable que la stratégie "drapeau vert" des écologistes dans ces villes est un échec. A Lille, Nantes, Rennes et Paris, qui sont les cas emblématiques, la liste EELV termine derrière le PS (on pourrait rajouter Rouen ou Villeurbanne). On notera toutefois la différence entre Paris et les trois autres, c'est que dans les trois autres, les scores de EELV et LFI ajoutés sont à hauteur du score de la maire socialiste sortante. A Paris, même l'addition Belliard+VIllani+Simonet rend encore 6 points à Hidalgo (on peut discuter l'addition de Villani, mais en candidat intellectuel, plutôt écolo, centriste un peu à gauche, son électorat me semble faire partie de l'électorat potentiel d'une liste écolo).

Cette différence à mon sens tient à plusieurs éléments. D'abord les écologistes parisiens ont pesé, et convaincu Hidalgo d'aller sur leurs positions. La piétonnisation des Berges, en ce sens, est symbolique. Et le bashing anti-Hidalgo en a fait en négatif une héroine anti-bagnole, limitant l'attrait potentiel d'une liste écolo. Ensuite le débauchage de Najdovski, adjoint écolo aux déplacements, est fort bien joué, renforçant l'image de fait sectaire de Belliard. Et puis la campagne des écolos parisiens, se tirant régulièrement une balle dans le pied (allo la coalition climat?) n'a vraiment pas aidé...

Enfin, dernière chose, pour moi dans un combat à l'intérieur d'un camp (ici la gauche), celui qui apparaît comme son représentant "légitime", "naturel", pour battre l'autre camp part avec une longueur d'avance. Il n'y a qu'avec une conjonction de facteurs que le représentant "légitime" peut être dépassé: bilan écolo médiocre, leader socialiste usé ou non sortant, unité de "l'autre gauche", chef de file de "l'autre gauche" crédible.

C'est cette conjonction de facteurs qui explique la bascule de Grenoble en 2014, et signe que la stratégie d'union EELV-LFI aurait sans doute permis la bascule de Rennes et Nantes (et je parle même pas de Lille, qu'Aubry va peut être réussir à perdre quand même). Et on notera, au vu de Grenoble 2020, qu'une fois un nouveau leader "légitime", "naturel" de la gauche établi (EELV par exemple), l'électorat "de gauche" peut se rassembler massivement derrière lui, comme le faisait l'électorat jusque là derrière les socialistes.

Et quand ces facteurs ne sont pas là (Hidalgo a un bilan écolo correct, fin de premier mandat, autre gauche divisée, Belliard pas bon), c'est impossible. Quand ils sont là partiellement (Aubry usée et peu écolo, bilan écolo médiocre à Rennes (vélo) et Nantes (NDDL)), ça passe pas loin, et ça aurait pu basculer avec les vents forts nationaux pro-écolos de 2020, si seulement il y avait pas eu une liste LFI à coté (et le meilleur moyen pour l'éviter, c'est l'alliance EELV-LFI).

Ce pavé dépasse Paris, mais Paris est un bon exemple de ce que peut réussir le parti socialiste quand il travaille bien...

Mais notez que l'alliance EELV-LFI est un repoussoir pour bon nombre d’électeurs EELV purement écologistes et peu enclins à soutenir des alliés de Mélenchon aux discours ambigus et couramment productivistes ...

[pierrep]

12 ème arrondissement:

le journaliste de Médiapart David Perrotin révèle que la député Laetitia Avia (candidate sur la liste de Sandrine mazetier Rem) aurait utilisé ses assistants parlementaires pour travailler sur sa campagne municipale ainsi que sa permanence parlementaire pour tenir meeting, ce qui est interdit par le code électoral

https://www.mediapart.fr/journal/france ... _article=1

En cas de faits avérés par la justice, le risque est l'invalidation des comptes de campagne et une éventuelle inéligibilité de la tête de liste.

Je ne chercherais pas spécialement à défendre la députée Avia que je ne connais pas mais par contre je ne ferais qu'une confiance très mesurée aux trouvailles de Médiapart qui est un média de parti pris qui s'est mis en tête de poursuivre de sa vindicte le premier pro-Macron venu et qui en plus aime à s'acharner sur une proie déjà atteinte.

[K.V]

Mais notez que l'alliance EELV-LFI est un repoussoir pour bon nombre d’électeurs EELV purement écologistes et peu enclins à soutenir des alliés de Mélenchon aux discours ambigus et couramment productivistes ...

Ben en fait non. Les résultats électoraux à Grenoble par exemple montrent une fongibilité quasi parfaite des deux électorats, où il font ensemble le total des scores qu'ils font quand ils sont séparés (j'utilise Grenoble parce qu'on a là 6 ans de recul sur ces alliances, avec des élections où ils sont parfois ensemble (municipales 2014, départementales 2015) et parfois séparés (européennes 2014 et 2019, législatives 2017). Il y a une vraie différence là dessus entre l'avis des éditocrates et l'avis des militants des deux partis, où ces incompatibilités sont nombreuses, et l'avis des électeurs, où cette incompatibilité ne joue qu'à la marge...

[Eco92]

Attention à ce développement de la "grenobloise" qui est un peu exceptionnelle dans la pratique. En 2014 l'alliance PG-EELV à Rennes donnait un score bien moindre par exemple, à Toulouse là il y a ça avec un espoir c'est l'union globale qui porte le plus, enfin en 2015 la reproduction du modèle grenoblois aux régionales a plutôt indiqué un échec total de ces unions avec pour rappel :
- Auvergne-Rhône-Alpes (région de Grenoble) : 6,90 % EELV+PG (5,39% pour le PCF) contre +17% pour EELV seul en 2010 et 6,39 % pour le FDG en Rhônes-Alpes et 10,69 % pour EELV et 14,24% pour le FDG en Auvergne.
- PACA : 6,54 % pour EELV+FDG contre 10,92 % pour EELV et 6,11 % pour le FDG en 2010 (mais 4,05 % pour l'AEI contre 2,12 % en 2010)
- Nord-Pas-de-Calais : 4,83 % pour la liste EEVL+PG+ND et 5,32 % (PCF) contre 10,34 % (EELV-AEI) et 10,78 % (FDG) en NPDC + 9,98 % (EELV), 5,35 % (FDG) et 6,20 % au dissident PCF Gremetz en Picardie.
- Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : 10,26 % pour la plus large alliance d'EELV (EELV+FDG complet+POC) contre contre 9,12 % (EELV) et 8,60 % (FDG+NPA) en Languedoc-Roussillon + 13,46 % (EELV) et 6,91 M (FDG) en Midi-Pyrénées.

Je peux vous assurer que ces comparatifs ont refroidis les ardeurs des deux côtés. Et ce n'est pas qu'une affaire de politicaillerie, il semble qu'il soit bien plus efficace, quand il n'y a pas de récit local fort comme c'était le cas à Grenoble avec une historicité de l'opposition vert-PS, une structure d'asso politique locale forte (ADES) et un pouvoir fatigué, en terme de victoire de faire venir ses électeurs derrière soi au premier tour pour les rassembler au second.

Après les situations étaient tellement différentes par régions en 2015, et le contexte n'avait rien à voir avec 2010, dur d'en tirer des analyses absolues, d'autant que des listes autonomes ont fait des flop, des listes d'unions aussi, etc. Il reste que globalement les listes autonomes s'en tirent mieux alors que les alliances EELV+PG étaient censées nous amener plus haut que jamais, d'ailleurs en 2014 des sondages les donnaients à +15% en Nord Pas de Calais et certains imaginaient voir Onesta menacer réellement le PS en Occitanie... Il est certes le seul à passer les 10 % mais de peu et très loin de menacer le PS.

[Ramdams]

Cela vaut ce que ça vaut comme témoignage, mais étant plutôt un sympathisant écologiste, je peux témoigner que les alliances entre EELV et LFI peuvent être très rédhibitoires pour les électeurs écologistes que je connais... et encore plus j'ai l'impression pour les électeurs "insoumis", qui reprochent aux écologistes de faire trop de compromissions avec la gauche "caviar", le centre, voire avec la droite. Alors que c'est dans l'ADN des Verts d'être des réformistes et partisans des changements en douceur, plus dans le registre d'un "groupe de pression", là où LFI préfère la radicalité (et ce n'est pas un gros mot) et les évolutions en profondeur. Il y a bien des lignes internes à EELV qui prônent un écologisme plus "activiste" mais elles ne sont pas majoritaires.

Les incompatibilités sont là, il ne faut pas les nier et les reports de voix de la gauche radicale vers EELV sont très imparfaits, au regard de la tentation d'abstention ou de report vers d'autres listes de gauche plus "sociale". Ce qui fait dire par exemple à Martine Aubry que les électeurs écolos sont des "jeunes en bonne santé", avec une situation confortable. Ces incompatibilités entre électeurs LFI et EELV sont sans doute encore plus marquées à Paris.