Le plus gros morceau de la soirée était Montréal et la succession de Valérie Plante, élue à la grande surprise des médias il y a huit ans, réélue nettement en 2021, avec un programme de gauche et écologiste. Luc Raboui, un de ses fidèles, avait été désigné pour tenter de la remplacer, l'opposition héritée du ministre libéral Coderre avait désignée une autre ex-ministre fédérale, Soraya Matinez Ferrada. Lorsqu'elle s'est lancée j'avais trouvé le paris risqué et m'était demandé si elle ne regrettait pas, quand soudain Carney a rerendu la marque libérale sexy, son choix, mais les sondages l'ont vite porté, avec un certain retour en arrière sur des politiques menées, même si elle ne jette pas tout du mandat Plante, loin de là . Craig Sauvé, ex conseiller élu dans la majorité Plante, a candidaté avec son propre parti après son exclusion, sur une ligne bien à gauche, risquant de diviser le vote.
In fine, la candidature ne peut en être accusé, avec 43 % des voix la gagnante devance de huit points Luc Rabouin, certes Craig Sauvé obtient 9% mais cela ne se serait pas intégralement reporté. Gilbert Thibodeau (Action Montréal) a fini troisième, avec 10 %.
Mme Martinez Ferrada obtient la majorité des sièges aux conseil avec 34 des 65 sièges. La majorité peut paraître serrée (un siège), mais si Projet Montréal (de M. Rabouin) obtient un score honorable de 25 sièges, les six sièges restants se répartissent sur des candidats de parti locaux (liés à des quartiers) majoritairement alliés à la gagnagte. Le fait qu'elle n'ai pas besoin d'eux pour sa majorité de base est plutôt une bonne nouvelle pour elle. Elle ne pourra cependant se passer de son opposition sur les projets demandant les 2 tiers du conseil.
Enfin, il est à noter qu'une de ses première prises de parole l'a liée à la mairesse sortante, expliquant que Mme Plante avait brisé un premier plafond de verre en étant la première femme à la tête de la métropole, plafond qu'elle a poursuivie en en brisant un autre puisqu'elle devient la première immigrée (et racisée) élue à la tête de Montréal. Elle est en effet née au Chili avant d'arriver au Québec enfant.
https://information.tv5monde.com/terrie ... al-2797009https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/22 ... e-montrealDans la 2e ville et Capitale nationale, pas de sujet par contre, le maire sortant Bruno Marchand a été réélu de manière écrasante. La campagne tournait autour du projet de tramway et de la volonté écologique du maire. Il y avait un certain goût de revanche à droite car en 2021 Bruno Marchand avait d'abord été déclaré perdant, amenant son adversaire à prononcer son discours de victoire, avant de finalement gagner le vote par 0,4% (800 voix). Au Québec je rappelle que les conseillers sont élus uninominalement, et Marchand n'avait pas de majorité au conseil pour son parti, il a plutôt bien mené son conseil et ses alliances, entre une droite plus ouverte (l'ex député ADQ Gosselin) et une élue de gauche écolo plus vindicative (TRansition Québec), mais c'était loin d'être une sinécure.
Alors que la droite et les anti-tramways appelaient à corriger l'erreur de 2021 les électeurs ont été clairs : il obtient cette fois 49,42%, avec sept concurrents (dont au moins quatre structurés en parti réel avec de nombreux candidats). Stéphane Lachance, ex candidat du parti conservateur du Québec revandiquant l'étiquette "anti tramway", réussi son pari en arrivant 2e avec 20% alors que le parti inexistant aupparavant. L'ex-ministre libéral Sam Hamad ne reçoit que 13,76 % et les sortants Claude Villeneuve (qui représentait le parti de l'ex-maire historique Régis Labeaume) et Jackie Smith (le parti Transition Québec) reçoivent 7,48 % et 4,12 %.
Sur le plan du conseil en lui même c'est aussi très confortable. Marchand et son parti Québec forte et fière n'avaient que 6 sièges en 2021, il en a désormais 18, y compris dans des zones de banlieues soit disant hostiles. De son côté le parti Respect Citoyen de Stéphane Lachance a fait son entrée au conseil avec trois sièges, tous les autres partis ont échoué à y entrer ou rester, la liste de Sam Hamad n'obtient aucun siège, Québec d'abord et Transition Québec, deux partis qui siégeaient au conseil municipal jusqu'alors, sont rayés de la carte. Le moins que l'on puisse dire c'est que Marchand a une très confortable majorité avec 85% des sièges.
Les listes d'oppositions ont principalement voulu faire de l'élection un référendum sur le tramway, il semble ma foi plié.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/22 ... rie-quebecA Laval, 3e ville de la province, le maire Boyer est largement réélu et gagne 17 des 22 sièges quand à Longueuil (5e) Catherine Fournier obtenait 88,8 % des voix et l'intégralité des sièges. A Gatineau (4e) la mairesse élue en 2021 avait démissionné en cours de mandat notamment face à un climat du conseil (elle était minoritaire je crois) jugé malsain, une partielle avait eu lieu en 2024 et vu la victoire de la 2e de la course précédente, Maude Marquis-Bissonnette, qui a été réélue un an plus tard avec 51,14 % (bien qu'ayant été derrière durant une bonne partie du dépouillement) et une bonne majorité (11 sièges sur 19) de conseillers. Elle se présentait en « guerrière du tramway » contre un adversaire partisan d’un nouveau pont dans l’Est. Les médias soulignent une large victoire des maires progressistes et défendant les transports doux, avec une exception montréalaise.
https://lactualite.com/politique/les-gr ... uvel-elan/Enfin, j'avais évoqué la démission surprise d'une ministre pour se présenter à Saguenay. Andrée Laforêt a échoué par 232 votes face à son rival Luc Boivin. Elle demande un recomptage judiciaire mais il semble que le parti soit perdu. Comme cela se fait au Québec dans ce cas, elle avait du démissionner de son mandat de députée pour se présenter.
https://lactualite.com/actualites/mairi ... udiciaire/