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La vie politique au Canada

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Re: La vie politique au Canada

Messagede Eco92 » Mer 16 Sep 2020 07:38

Eco92 a écrit:
Eco92 a écrit:Nouveau-Brunswick :
Le gouvernement n'a pas encore déclenché d'élection générale mais le Parti progressiste conservateur dirigé par le premier ministre Blaine Higgs a tenu cinq cérémonies d’investiture samedi. Il s'agit de ténor du parti, élus sans opposition : Blaine Higgs lui même dans la circonscription de Quispamsis, le ministre de la Santé Hugh Flemming dans la circonscription de Rothesay, le député Gary Crossman dans la circonscription de Hampton, le ministre de l'Éducation Dominic Cardy dans la circonscription de Fredericton-Ouest-Hanwell et la ministre du Développement économique et des Petites Entreprises Mary Wilson dans Oromocto-Lincoln-Fredericton.

Ces désignations indiquent pour le moins des élections prochaines. Higgs a cependant refusé de dire si le déclenchement aurait lieu avant les élections partielles prévues en octobre dans trois circonscriptions vacantes (Baie-de-Shediac-Dieppe, Sainte-Croix et Sussex-Fundy-St. Martins). Cela paraîtrait toutefois logique, difficile de justifier le coût financier de ces partielles pour avoir une générale un mois après.

Depuis Blaine Higgs a tenté de proposer une coalition avec tous les partis d'opposition, demandant leur soutien jusqu'en 2022, un engagement donc à ne pas faire tomber le gouvernement pour cause de pandémie. Chose qui semblait un peu surprenante et sorti du chapeau, de fait un accord n'a pas été possible. Pour les analystes, la proposition de Higgs était surtout un moyen de se montrer en homme responsable prêt à faire passer la province avant la politique (ce qui est exactement l'angle d'attaque du premier ministre) quand l'opposition veut surtout tenir des élections en Pandémie.
Higgs a donc annoncé des élections le 14 septembre, les trois oppositions indiquant que pour leurs parts elles s'opposent à des élections dans le mois qui vient, elles ne feront pas de motions de défiances et accusent le gouvernement de petite politique... En tous les cas une dissolution (gouvernementale donc, enfin par le lieutenant gouverneur mais à la demande du gouvernement) va avoir lieu. La campagne durera 28 jours, la plus courte durée légale.
Le gros enjeu est de savoir si un parti aura une majorité ou non.
Pour rappel il y a deux ans, aucun parti n'est sorti avec la majorité, le parti vert avait accepté de soutenir les libéraux sortant mais il manquait toujours un siège. De leur côté les conservateurs avaient pu prendre le pouvoir avec le soutien de "l'Alliance des gens", parti anti-bilinguisme. En cours de mandats quelques départs d'élus on fait tomber même cette maigre majorité (toujours sous condition), notamment la démission du vice-premier ministre et seul député francophone conservateur Robert Gauvin.
Parmi les questions donc :
- Le nouveau chef libéral Kevin Vickers, héros de la fusillade d'octobre 2014 à Ottawa, anglophone mais bilingue plus à l'aise que Higgs en français, réussira-t-il à redonner le pouvoir à son parti ?
- De son côté Higgs réussira-t-il à se maintenir ?
- Pour les verts et l'alliance les enjeux sont autres : ils ont trois sièges chacun, il s'agit dans leurs cas de rester indispensables à une coalition, les verts étant plus frontalement dans cette démarche.
- Quid de Robert Gauvin ? S'il est acquis qu'il se représentera dans une autre circonscription (acadienne a priori) il reste à savoir si ce sera en tant que libéral ou indépendant, les libéraux ont indiqué être très ouverts à sa candidature.
En tous les cas la réponse sera rapide, j'imagine qu'on aura bientôt des projections.
https://www.acadienouvelle.com/actualites/2020/08/17/les-neo-brunswickois-convies-aux-urnes-le-14-septembre/


Résultats détaillés ici https://ici.radio-canada.ca/elections-nouveau-brunswick-2020/resultats

C'est donc une victoire sans appel pour Blaine Higgs, qui obtient 27 sièges, soit une large et solide majorité. D'autant plus nette que la participation n'a guère variée par rapport à une élection générale classique (65,9 % contre 67,13 % en 2018), même si le vote par anticipation a été bien plus massivement utilisé que d'habitude.

Voici les résultats, pour bien les lire il faut savoir que seuls les libéraux et progressistes-conservateurs avaient présentés 49 candidats, les Verts 47, L'Alliance des gens (droite anti-bilinguisme) 36 et le NPD (sociaux-démocrates) 33. Le NPD était notamment assez absent du nord francophone, le parti qui n'a plus de chefs depuis 2018 (le chef intérimaire Mackenzie Thomason, 23 ans, est toujours en poste faute de candidats au dernier congrès, le suivant ayant été annulé à cause de la pandémie). Se présentaient aussi 4 candidat de KISS (Keep It Simple Solutions, droite) et 9 indépendants.

Progressistes-conservateurs : 39,41 % (+7,52 %), 27 sièges (+7), majorité absolue)
Libéraux : 34,36 % (-3,44 %), 17 sièges (-3 sièges)
Verts : 15,41 % (+3,53 %), 3 sièges (=)
Alliance : 8,95 % (- 3,63 %), 2 sièges (-1)
NPD : 1.51%

Aucun sortant conservateur ou vert n'ont été défait, trois sortants libéraux et un de l'Alliance l'ont été. L'ex vice-premier ministre Robert Gauvin a été réélu facilement sous l'étiquette libérale quand le nouveau chef Kevin Vickers a échoué à entrer à l'assemblée nationale, il a donc démissionné du poste dès les résultats. La baisse de l'alliance se fait nettement au profit des conservateurs, j'ignore si les verts ont concurrencés fortement les libéraux et donc "divisés" le vote de gauche. Sans doute, il faudrait que je regarde mieux la carte.

Une chose certaine est que l'enjeu linguistique n'est pas apaisé avec cette majorité, il suffit de regarder la carte des résultats :
Eh79p1TXkAANzgS.jpg


En rouge les sièges libéraux, en bleu les sièges conservateurs. Le nord est la zone où habitent le plus de francophone (l'acadie historique), qui représente globalement un tiers de la population. On constate un vote nettement polarisé. D'ailleurs, si les conservateurs ont réussi à faire élire un candidat vedette acadien face à un sortant libéral, il reste le seul francophone des 27 élus de son caucus, tout comme Robert Gauvin en 2018. De leurs côtés les libéraux ont fait élire quasi-uniquement des francophones ce qui n'est pas bon signe non plus. On approche d'une rupture peu réconciliable.

Pour qui a regardé le débat des chefs en français c'était assez éloquent. Sur cinq chefs, tous anglophones, seuls Kevin Vickers (Libéraux) et David Coon (Verts) s'exprimaient directement en français sans passer par la traduction simultanée. Et pour Vickers, si c'était courageux et signe de respect, sa compréhension restait difficile sur certaines subtilités (il a ainsi confondu culture et agriculture dans la question d'une spectatrice... j'aurai du mal à en vouloir à un des rares à avoir joué le jeu mais forcément ça a été pointé).

Le seul parti qui semble naviguer entre les deux électorats (l'alliance étant un parti clairement anglophones, sa priorité étant la baisse des droits liés au bilinguisme pour des raisons économiques) est le parti Vert, qui obtient de ses scores moyens % également dans les deux zones. Il a actuellement un chef anglophone, mais parfaitement bilingueet un acadien ex-dirigeant de la société de défense des francophones comme député. Seulement, ils n'arrivent que modérément à élargir leur cercle à ce jour et à convaincre de leur crédibilité.

Et de leurs côtés les conservateurs prouvent qu'on peut gagner une majorité en se passant des francophones.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1733853/clivage-francophones-anglophones-nord-sud-elections-nouveau-brunswick
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Re: La vie politique au Canada

Messagede Eco92 » Ven 25 Sep 2020 17:51

Plus surprenant pour moi qui n'avait pas trop suivi les dernières évolutions là-bas, la Colombie-Britannique entre en élections anticipées. Le vote aura lieu le 24 octobre. Surprenant car rien, contrairement au Nouveau-Brunswick, ne semblait le nécessiter, et que nous sommes toujours en pandémie. Certes les élections dans la province sus-citée ce sont bien passées mais le premier ministre n'avait clairement plus de majorité ce qui est un peu différent de la Colombie-Britannique.

Pour rappel du contexte en 2017 les résultats étaient été les suivant ;
Le Parti libéral (centre droit) était sortant depuis 2001 et a obtenu 40,36 % et 43 députés, or il en fallait 44 pour une majorité absolue. Le Nouveau Parti Démocratique (centre-gauche) est arrivé deuxième avec un score quasi égal (40,28 %) mais 41 députés, le parti vert obtenant le premier caucus de son histoire au Canada avec 16,84  % et 3 députés. Les conservateurs, alors sans chef et avec seulement dix candidats, étaient des figurants.
Chose très rare au Canada, les libéraux, qui avaient le plus grand nombre de siège, ne sont pas resté au pouvoir. Une alliance a été formé entre le NPD et les verts pour que les néodémocrate prenne le pouvoir, une idée tr-ès mal vécue par les libéraux mais parfaitement légale (et, à mes yeux vu les scores assez légitime). Afin d'assurer l'élection du premier ministre John Horgan, le NPD et les verts ont élu président de l'Assemblée (ce dernier ne prenant pas part au vote, cela fait une voix en moins et chaque voix comptait) au libéral Darryl Plecas, aussitôt exclu de son parti pour avoir accepté le siège.

Depuis la province se gouverne assez bien, les verts ne sont pas en coalition et se considèrent d'opposition, votant parfois contre le gouvernement, mais votant les budgets chaque année. Le leader historique (premier député élu, dès 2013) des verts, Andrew Weaver (un climatologue qui a travaillé pour le GIEC), a annoncé son retrait graduels de la vie politique en janvier pour raisons familiales. Graduel car il est resté député mais a quitté le poste de chef, a annoncé qu'il ne se représenterait pas, puis a quitté le caucus vert pour siéger en indépendant (a priori pour ne plus avoir d'obligation de représentations, un député indépendant ayant moins de place dans les commission, en tout cas c'est ce qui est dit et il semble toujours s'entende avec ses collègues verts, assez mystérieuse stratégie pour moi). Sonia Fustereau, députée, a été élue cheffe ensuite. Quoiqu'il en soit les verts ont indiqué toujours considérer le deal de 2017 valable et Weaver a aussi dit qu'il continuerait à le suivre. L'annonce d'aller en élection les a donc étonné car en terme de majorité rien n'a changé.

Horgan invoque, lui, l'importance d'un gouvernement majoritaire pendant la crise sanitaire.

Au rang des programme la santé évidemment, avec une autre crise sanitaire liée à la drogue (les verts défendent une légalisation encadrée, les autres projets sont plutôt axé prévention et contrôle), la question des garderies à 10$ que le NPD remet en avant (mais c'était une promesse de 2017...) ou l'accueil des réfugiés.

Pour ce qui est des méthodes de vote, le vote postal et par anticipations (à partir du 15) sont possibles, tout comme le vote par téléphone pour des personnes à risques (je n'avais jamais vu ça). Les sondages semblent donner une bonne avance au NPD et peu d'évolution pour les verts, par contre les libéraux chutent, sans doute concurrencé par des conservateurs revigorés.

Sondage Insights West du jour :
NPDCB 42%
PLCB 29%
PVCB 16%
PCCB 12%


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1735591/election-vote-colombie-britannique-question-reponse
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1736359/garderie-opioides-surdoses-surrey-maple-ridge-programme-campagne
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Re: La vie politique au Canada

Messagede Eco92 » Mar 29 Sep 2020 22:21

Élections en Saskatchewan
Après les élections anticipées au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique, et alors qu'il pourrait s'en déclencher à Terre-Neuve-et-Labrador, la Saskatchewan entre en élection, le premier ministre Scott Moe (Parti saskatchewanais) arrivant au terme du mandat débuté en 2016 par Brad Wall, lui même élu en 2007 et 2011. Il avait alors mis fin à plus de 10 ans de gouvernement NPD.

La scène locale est quasiment bipartisane entre le Parti saskatchewanais, sorte de parti conservateur local qui est à la pointe de la lutte contre la taxe carbone fédérale, et le Nouveau parti démocratique, qui a été régulièrement au pouvoir dans la province. C'est notamment dans cette province rurale souvent moqué pour son aspect réac qu'avait été élu Tommy Douglas en 1944, devant un des premier chef de gouvernement de gauche en Amérique du Nord (pour l’ancêtre du NPD, le Parti social démocratique du Canada).

Sur cet élection a priori l'enjeu est faible en tant que tel, Moe est populaire et devrait être facilement réélu mais le NPD pourrait regagner des sièges ici où là, notamment dans les villes.

Les partis libéraux, verts et progressistes-conservateurs (qui existe malgré tout) devront sans doute faire de la figuration. En 2016 les libéraux provinciaux avaient obtenu 3,59 % (ce qui était une augmentation de plus de trois points !), les verts 1,83 % et les progressistes-conservateurs 1,28 %.

De son côté, Brad Wall et le Parti saskatchewanais récoltaient 62,36 % (pour un troisième mandat !) et 51 sièges contre 30,20 % et 10 sièges au NPD.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1734845/elections-provinciales-vote-octobre-scott-moe-ryan-meili
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Re: La vie politique au Canada

Messagede Eco92 » Lun 5 Oct 2020 06:57

Le Parti Vert du Canada a changé de chef hier, après 13 ans sous la direction d'Elizabeth May, qui a été très populaire mais a déçue lors de la dernière campagne. Alors qu'un vent favorable portait les verts, auquel les premiers sondages offraient une dizaine de députés, la campagne centriste et des débats en français trop faibles (alors même qu'il y a 5 ans elle avait impressionné en passant d'un unilinguisme anglophone à une capacité à débattre en français, ce qui avait été salué, l'état de son français 4 ans plus tard avec déçu) ont fait terminer la campagne à trois sièges, soit un seul de plus qu'en 2015, avec certes une première victoire sur la façade Atlantique, et un caucus intégralement anglophone.

Les défis à venir pour la nouvelle cheffe sont nombreux : réaffirmer l'intérêt d'un tiers partis dans ce système, ouvrir la base au-delà des militants et d'une certaine couche de la population (en gros les milieux favorisés ou les étudiants), à la diversité ethnique et sociale, affirmer le bilinguisme et confirmer que le parti n'est pas qu'un parti de Vancouver et de la Colombie Britannique.

C'est la Torontoise Annamie Paul qui a été élue cheffe hier soir, avec une large avance. Elle avait le soutien officieux de May et avait le mérite de remplir de nombreuses cases : résidant à Toronto (Ontario), elle n'incarnait ni l'aile la plus à gauche ni la plus centriste (l'ancien maire libéral de Winnipeg Glen Murray a ainsi été défait assez fortement), est assez neuve en politique après une expérience internationale, notamment à la CPI. Elle a résidé en Belgique et parle assez correctement français, nettement mieux que Mme May en tous cas, et parle également espagnol et catalan.

Fille d'immigrée venus des Caraïbes, elle est la première femme noire à accéder à la tête d'un parti fédéral. Sauf erreur de ma part (le sujet est moins abordé dans les articles), c'est aussi la première juive à diriger un parti fédéral au Canada.

Candidat dans Toronto-Centre en 2015, elle avait fini 4e, largement distancée par le ministre libéral Bill Morneau (57,37 %), suivi du candidat NPD (22,27 %) puis conservateur (12,13 %). Avec 7,07 % elle avait cependant multiplié le score vert de 2015 (2,61 %). Hasard de calendrier, la démission de M. Morneau suite au scandale UNIS fait qu'une partielle va avoir lieu dans Toronto-Centre dans quelque semaines. Mme Paul y est évidemment candidate mais, même s'il est probable que le score libéral baisse avec le départ d'une figure, il reste quasi-impossible qu'elle soit élue, cela lui donnera cependant une présence médiatique.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1738465/chefferie-partie-vert-canada
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Re: La vie politique au Canada

Messagede MiniM » Lun 5 Oct 2020 15:48

Première femme juive, mais pas premier juif (c'est David Lewis du NPD).
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Re: La vie politique au Canada

Messagede Eco92 » Lun 5 Oct 2020 16:25

J'avais bien pensé à femme juive (en disant juste "juive" ce qui pouvait prêter à confusion) mais me demandait justement si elle n'était pas aussi la première personne juive tout court, merci pour la précision.
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Re: La vie politique au Canada

Messagede Eco92 » Mar 27 Oct 2020 08:25

Eco92 a écrit:Plus surprenant pour moi qui n'avait pas trop suivi les dernières évolutions là-bas, la Colombie-Britannique entre en élections anticipées. Le vote aura lieu le 24 octobre. Surprenant car rien, contrairement au Nouveau-Brunswick, ne semblait le nécessiter, et que nous sommes toujours en pandémie. Certes les élections dans la province sus-citée ce sont bien passées mais le premier ministre n'avait clairement plus de majorité ce qui est un peu différent de la Colombie-Britannique.

[...]

Depuis la province se gouverne assez bien, les verts ne sont pas en coalition et se considèrent d'opposition, votant parfois contre le gouvernement, mais votant les budgets chaque année. Le leader historique (premier député élu, dès 2013) des verts, Andrew Weaver (un climatologue qui a travaillé pour le GIEC), a annoncé son retrait graduels de la vie politique en janvier pour raisons familiales. Graduel car il est resté député mais a quitté le poste de chef, a annoncé qu'il ne se représenterait pas, puis a quitté le caucus vert pour siéger en indépendant (a priori pour ne plus avoir d'obligation de représentations, un député indépendant ayant moins de place dans les commission, en tout cas c'est ce qui est dit et il semble toujours s'entende avec ses collègues verts, assez mystérieuse stratégie pour moi). Sonia Fustereau, députée, a été élue cheffe ensuite. Quoiqu'il en soit les verts ont indiqué toujours considérer le deal de 2017 valable et Weaver a aussi dit qu'il continuerait à le suivre. L'annonce d'aller en élection les a donc étonné car en terme de majorité rien n'a changé.

Horgan invoque, lui, l'importance d'un gouvernement majoritaire pendant la crise sanitaire.
[...]
Sondage Insights West du jour :
NPDCB 42%
PLCB 29%
PVCB 16%
PCCB 12%


L'élection a donc eu lieu.
NPDCB 45 % (55 sièges, +14)
PLCB 35,4 % (29 sièges, -14)
PVCB 15,3 % (3 sièges, =)
PCCB 2,4 % (0 siège)

La dynamique des résultats est proche de celles des sondages avec une nuance sur les conservateur, il était attendu qu'ils chutent par rapport à ce sondage : sur 87 sièges ils n'ont pu présenter, entre autre à cause d'une campagne inattendue et rapide, que 17 candidats. Ce très faible nombre de candidat leur donne évidemment un très faible score, qui profite sans surprise aux libéraux. Ces derniers obtiennent tout de même le pire score de leur histoire récente (il faut remonter à 1991). Après avoir annoncé qu'il attendrait les résultats définitif, le leader libéral Andrew Wilkinson a fini par reconnaître sa défaite et a annoncé sa démission en tant que chef.

On trouve également un principe de distorsion pour le score des verts, en légère baisse, il est à noter toutefois qu'ils n'ont présenté que 74 candidats sur 87, contre 83 sur 87 en 2017. La moyenne par circo où ils sont présents n'a donc pas du baisser. Ils conservent d'ailleurs 3 sièges, ce alors que leur ex leader a quitté le parti et soutenait le NPD dans sa circonscription (que les verts ont perdu). Le fait que les verts se maintiennent sur un score quasi équivalent à 2017 avec un NPD qui explose est une surprise, d'autant qu'il y a un gain de siège totalement inattendu avec Jeremy Valeriote dans West Vancouver-Sea to Sky, première circonscription que les écologistes gagnent hors de l'île de Vancouver ("le continent" disent les médias). Son score serré l'a un temps donné incertain, mais il est a priori bien élu et il est notable de voir qu'avant dimanche peu de médias s'intéressaient à ce candidat (peu de portraits etc.) qui n'était pas considéré comme dans une circonscription "à suivre". Après, ils n'ont plus la balance du pouvoir et auront sans doute un pouvoir plus faible, être clairement dans l'opposition les rendra cependant plus visibles.

John Horgan, premier ministre sortant, est largement réélu et cette fois sans la moindre crainte d'être minoritaire : avec 55 sièges il mène largement la danse. Il annoncera son gouvernement dans une dizaine de jour car la loi électorale permet des dépouillements jusqu'à 13 jours après l'élection, il est possible que des sièges serrés changent encore de parti mais a priori la tendance ne pourrait ainsi favoriser que le NPD (possiblement il pourrait avoir 57 sièges). C'est la première fois qu'un premier-ministre NPD est réélu en Colombie-Britannique.

Avec 52,40 %, la participation est en baisse (61,18 % en 2017, 57,10 % en 2013) sans être terriblement basse dans un contexte de pandémie.

Je vous met la carte de Radio-Canada qui permet de voir en rouge les libéraux sur de grandes circonscriptions, donc rurales, quand le NPD et les verts sont plutôt à l'Ouest dans des circos densément peuplées.

carte.jpg


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1744500/elections-taux-participation-vote-bas-faible-pandemie
https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/boulevard-du-pacifique/segments/entrevue/206909/analyse-elections-campagne-provinciale-breguet
https://ici.radio-canada.ca/elections-colombie-britannique-2020/resultats
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1744383/andrew-wilkinson-liberal-cb-demission
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Re: La vie politique au Canada

Messagede Eco92 » Mar 27 Oct 2020 15:52

Eco92 a écrit:C'est la Torontoise Annamie Paul qui a été élue cheffe hier soir, avec une large avance. [...]

Candidate dans Toronto-Centre en 2015, elle avait fini 4e, largement distancée par le ministre libéral Bill Morneau (57,37 %), suivi du candidat NPD (22,27 %) puis conservateur (12,13 %). Avec 7,07 % elle avait cependant multiplié le score vert de 2015 (2,61 %). Hasard de calendrier, la démission de M. Morneau suite au scandale UNIS fait qu'une partielle va avoir lieu dans Toronto-Centre dans quelque semaines. Mme Paul y est évidemment candidate mais, même s'il est probable que le score libéral baisse avec le départ d'une figure, il reste quasi-impossible qu'elle soit élue, cela lui donnera cependant une présence médiatique.


Ce quasi a tout de même été surpris hier ! Deux partielles ont en effet eu lieu, dans deux châteaux forts libéraux et dans Toronto-Centre la nouvelle cheffe verte termine deuxième avec 32,7 % des suffrages. Si la candidate vedette libérale Marci Ien a été confortablement élue avec 42 % c'est plus de 15 points de moins qu'en 2019. Le NPD, troisième avec 17 %, va forcément être accusé d'avoir empêchée la victoire de la cheffe verte, alors que les verts n'avaient pas présenté de candidats en Colombie Britannique quand Jagmeet Singh s'y était présenté.

Dans York-Centre ce fut encore plus tendu, alors que la circonscription est libérale depuis 1962, mais était passée conservatrice de 2011 à 2015, montrant une fragilité. Ya'ara Saks a un temps été donné perdante avant qu'au fil de la soirée, après de nombreuses interversions, la victoire soit assurée. Elle ne gagne ce^pendant qu'avec 45,70 % contre 41,82 % au candidat conservateur. Les autres font quasiment de la figuration, dont le chef du Parti populaire, le québecois et ex-député Maxime Bernier, qui obtient 3,56 % et termine tout de même devant la candidate verte.

Dans les deux cas la victoire finale est libérale, mais les analystes sont tous clairs : même si Trudeau peut respirer ce sont de mauvais résultats et de mauvaises nouvelles, peu rassurantes en cas d'élection générale.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1744530/partielles-a-toronto-un-message-preoccupant-pour-justin-trudeau
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Re: La vie politique au Canada

Messagede Eco92 » Dim 1 Nov 2020 13:00

Eco92 a écrit:Élections en Saskatchewan
Après les élections anticipées au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique, et alors qu'il pourrait s'en déclencher à Terre-Neuve-et-Labrador, la Saskatchewan entre en élection, le premier ministre Scott Moe (Parti saskatchewanais) arrivant au terme du mandat débuté en 2016 par Brad Wall, lui même élu en 2007 et 2011. Il avait alors mis fin à plus de 10 ans de gouvernement NPD.

La scène locale est quasiment bipartisane entre le Parti saskatchewanais, sorte de parti conservateur local qui est à la pointe de la lutte contre la taxe carbone fédérale, et le Nouveau parti démocratique, qui a été régulièrement au pouvoir dans la province. C'est notamment dans cette province rurale souvent moqué pour son aspect réac qu'avait été élu Tommy Douglas en 1944, devant un des premier chef de gouvernement de gauche en Amérique du Nord (pour l’ancêtre du NPD, le Parti social démocratique du Canada).

Sur cet élection a priori l'enjeu est faible en tant que tel, Moe est populaire et devrait être facilement réélu mais le NPD pourrait regagner des sièges ici où là, notamment dans les villes.

Les partis libéraux, verts et progressistes-conservateurs (qui existe malgré tout) devront sans doute faire de la figuration. En 2016 les libéraux provinciaux avaient obtenu 3,59 % (ce qui était une augmentation de plus de trois points !), les verts 1,83 % et les progressistes-conservateurs 1,28 %.

De son côté, Brad Wall et le Parti saskatchewanais récoltaient 62,36 % (pour un troisième mandat !) et 51 sièges contre 30,20 % et 10 sièges au NPD.


L'élection a donc eu lieu, j'ai tardé à la relayer car le vote postal laissaient des inconnues sur certaines circonscriptions clefs.

Pas sur le gagnant de l'élection : Scott Moe a bien remporté très largement l'élection, pour la première fois sur son nom mais offrant un 4e mandat à son parti. Avec 61,8 % le premier ministre n'a vu son score baisser que de 0,5 % par rapport à 2016, avec une campagne axée sur les trois F :"Food, fuel et fertilizer", soit "Nourriture, carburant et engrais". Comme on peut l'imaginer avec le slogan cela s'appuie très massivement sur les zones rurales. Comme à chaque fois, une excellente carte de Radio-Canada (mais pas mise à jour depuis les derniers rebondissements) : https://ici.radio-canada.ca/elections-saskatchewan-2020/resultats

Je ne copie/colle pas la carte car en version miniature ça ne donne pas grand chose : mis à part deux très grandes circonscription du nord, tout paraît vert, en effet le NPD ne gagnent que des toutes petites (en surfaces) circo, soit les zones urbaines. Il faut donc zoomer pour les voir, et comme il y avait 8 circonscriptions en attente de résultat quand la carte a été généré elle est par ailleurs fausse sur quelques endroits. Intéressant toutefois de voir que le NPD embarque le très urbain et le très vaste et dépeuplé du nord, ce qui n'est pas si surprenant puisqu'il s'agit de circonscriptions où les autochtones ont plus de poids, et donc des fiefs de gauche. Les deux députés sortants, réélus, sont d'ailleurs issus des premières nations. Le NPD fait élire également la première députée autochtone dans Saskatoon, le Parti saskatchewanais n'a aucun élu issu des premières nations.

Cette très large victoire permet à Scott Moe de valider son attitude offensive face au gouvernement fédéral, il a d'ailleurs fait un discours fortement engagé sur l'autonomie et l'indépendance alimentaire, ce alors qu'un des faits politiques du scrutin a été la troisième place du Parti Buffalo, ex-"Wexit Party Saskatchewan", qui défend la rupture de la province et de l'Alberta du Canada, notamment pour combattre la taxe carbone. En ne présentant que 17 candidats sur 61 circonscription, le Parti Buffalo a obtenu 2,9 % des suffrages, contre 2,4 % au Parti vert, qui avait 60 candidats ! Une concurrence qui a pu faire perdre pas mal de voix à Scott Moe dont la quasi constance est d'autant plus impressionnante. La présence de ce parti, devançant le NPD dans plusieurs circonscriptions, va forcément pousser le Parti saskatchewanais à encore plus de discours pro-autonomie .

Paradoxalement Ryan Meili n'a pas à rougir du résultat final, sans pouvoir se glorifier. In fine il aura réussi à ne pas faire baisser le NPD, et même à le faire progresser : donné à 11 sièges le soir de l'élection, le vote postal dans des scrutins très serré le ferait passer à 13 sièges, soit trois gains net. Ryan Meili lui-même est passé très proche de la défaite dans Saskatoon Meewasin et était donné battu de 83 voix, les derniers articles semblent lui donner une victoire grâce au vote postal, son adversaire a reconnue sa défaite. Il devient ainsi le premier chef du NPD à être réélu dans sa circonscription depuis 2007, rompant une série dont il a failli être le troisième. Cette victoire personnelle et les gains en sièges pourrait assurer sa place de chef.

Ce décalage a aussi vu Tina Beaudry-Mellor, ministre de l’Enseignement supérieur, être finalement défaite par la jeune Aleana Young, qui a accouché le jour de l'élection. Dans un contexte d'écrasante victoire du premier ministre le NPD peut donc se satisfaire de quelques gains et d'avoir une victoire symbolique sur une ministre. Ils ont perdu une sortante mais battu quelques autres députés sortants, une tête haute possible sans fanfarroner donc. Leurs appuis et gains, exceptés les deux circos du nord évoquées plus haut, sont toutes urbaines et ils ont perdus la circonscription rurale de Prince Albert Northcote après une lutte serrée (c'est une circonscription qui varie régulièrement). Mais en terme de verre à moitié plein ou vide disons que le NPD a connu bien pire et qu'il n'est pas menacé financièrement ou dans son rôle d'opposition, de là à réincarner une possible majorité il y a du travail.

En terme de représentativité, on était loin de la parité à la dissolution (16 femmes sur 61), et on est encore plus loin désormais avec 9 ou 10 femmes élues.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1745186/ryan-meili-npd-scott-moe-election-circonscription-saskatchewan
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1745452/ryan-meili-aleana-young-npd-scott-moe-election-circonscription
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1744712/parti-buffalo-wexit-election-wade-sira
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1744387/elections-provinciales-scott-moe-ryan-meili-parti-saskatchewanais
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Re: La vie politique au Canada

Messagede Eco92 » Sam 14 Nov 2020 17:43

Eco92 a écrit:John Horgan, premier ministre sortant, est largement réélu et cette fois sans la moindre crainte d'être minoritaire : avec 55 sièges il mène largement la danse. Il annoncera son gouvernement dans une dizaine de jour car la loi électorale permet des dépouillements jusqu'à 13 jours après l'élection, il est possible que des sièges serrés changent encore de parti mais a priori la tendance ne pourrait ainsi favoriser que le NPD (possiblement il pourrait avoir 57 sièges). C'est la première fois qu'un premier-ministre NPD est réélu en Colombie-Britannique.


Le dépouillement été réellement terminé il y a quelques jours. Avec des changements !

Au lendemain de l'élection j'écrivais :

Eco92 a écrit:L'élection a donc eu lieu.
NPDCB 45 % (55 sièges, +14)
PLCB 35,4 % (29 sièges, -14)
PVCB 15,3 % (3 sièges, =)
PCCB 2,4 % (0 siège)


La répartition actuelle des sièges à l'Assemblée législative est de 57 sièges pour le Nouveau Parti démocratique, de 28, pour les libéraux, et de 2, pour les verts.


Eco92 a écrit:Le fait que les verts se maintiennent sur un score quasi équivalent à 2017 avec un NPD qui explose est une surprise, d'autant qu'il y a un gain de siège totalement inattendu avec Jeremy Valeriote dans West Vancouver-Sea to Sky, première circonscription que les écologistes gagnent hors de l'île de Vancouver ("le continent" disent les médias). Son score serré l'a un temps donné incertain, mais il est a priori bien élu et il est notable de voir qu'avant dimanche peu de médias s'intéressaient à ce candidat (peu de portraits etc.) qui n'était pas considéré comme dans une circonscription "à suivre". Après, ils n'ont plus la balance du pouvoir et auront sans doute un pouvoir plus faible, être clairement dans l'opposition les rendra cependant plus visibles.


Il y a en effet 660 000 bulletins de vote par correspondance qui ont été intégré, et cela a permis la réélection à 41 voix du député libéral sortant face au candidat vert, annoncé député durant un mois mais qui a vu son résultat historique de premier député vert élu hors de l'île de Vancouver être finalement écarté. https://www.nsnews.com/news/in-a-surprise-twist-liberals-hold-on-to-west-vancouver-sea-to-sky-by-41-votes-1.24235356

In fine, avec d'autres petits mouvements par ailleurs le NPD est 57 sièges (+2 par rapport aux annonces), 28 pour les libétaux (-1) et 2 pour le Parti vert (-1). On constate donc que la défaite du vert s'est fait au profit d'un libéral quand deux défaites libérales sur le fil ont permi l'élection d'un député néodémocrate.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1748220/john-horgan-election-resultat-vert-npd-liberal
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