Eco92 a écrit:Eco92 a écrit:Nouveau-Brunswick :
Le gouvernement n'a pas encore déclenché d'élection générale mais le Parti progressiste conservateur dirigé par le premier ministre Blaine Higgs a tenu cinq cérémonies d’investiture samedi. Il s'agit de ténor du parti, élus sans opposition : Blaine Higgs lui même dans la circonscription de Quispamsis, le ministre de la Santé Hugh Flemming dans la circonscription de Rothesay, le député Gary Crossman dans la circonscription de Hampton, le ministre de l'Éducation Dominic Cardy dans la circonscription de Fredericton-Ouest-Hanwell et la ministre du Développement économique et des Petites Entreprises Mary Wilson dans Oromocto-Lincoln-Fredericton.
Ces désignations indiquent pour le moins des élections prochaines. Higgs a cependant refusé de dire si le déclenchement aurait lieu avant les élections partielles prévues en octobre dans trois circonscriptions vacantes (Baie-de-Shediac-Dieppe, Sainte-Croix et Sussex-Fundy-St. Martins). Cela paraîtrait toutefois logique, difficile de justifier le coût financier de ces partielles pour avoir une générale un mois après.
Depuis Blaine Higgs a tenté de proposer une coalition avec tous les partis d'opposition, demandant leur soutien jusqu'en 2022, un engagement donc à ne pas faire tomber le gouvernement pour cause de pandémie. Chose qui semblait un peu surprenante et sorti du chapeau, de fait un accord n'a pas été possible. Pour les analystes, la proposition de Higgs était surtout un moyen de se montrer en homme responsable prêt à faire passer la province avant la politique (ce qui est exactement l'angle d'attaque du premier ministre) quand l'opposition veut surtout tenir des élections en Pandémie.
Higgs a donc annoncé des élections le 14 septembre, les trois oppositions indiquant que pour leurs parts elles s'opposent à des élections dans le mois qui vient, elles ne feront pas de motions de défiances et accusent le gouvernement de petite politique... En tous les cas une dissolution (gouvernementale donc, enfin par le lieutenant gouverneur mais à la demande du gouvernement) va avoir lieu. La campagne durera 28 jours, la plus courte durée légale.
Le gros enjeu est de savoir si un parti aura une majorité ou non.
Pour rappel il y a deux ans, aucun parti n'est sorti avec la majorité, le parti vert avait accepté de soutenir les libéraux sortant mais il manquait toujours un siège. De leur côté les conservateurs avaient pu prendre le pouvoir avec le soutien de "l'Alliance des gens", parti anti-bilinguisme. En cours de mandats quelques départs d'élus on fait tomber même cette maigre majorité (toujours sous condition), notamment la démission du vice-premier ministre et seul député francophone conservateur Robert Gauvin.
Parmi les questions donc :
- Le nouveau chef libéral Kevin Vickers, héros de la fusillade d'octobre 2014 à Ottawa, anglophone mais bilingue plus à l'aise que Higgs en français, réussira-t-il à redonner le pouvoir à son parti ?
- De son côté Higgs réussira-t-il à se maintenir ?
- Pour les verts et l'alliance les enjeux sont autres : ils ont trois sièges chacun, il s'agit dans leurs cas de rester indispensables à une coalition, les verts étant plus frontalement dans cette démarche.
- Quid de Robert Gauvin ? S'il est acquis qu'il se représentera dans une autre circonscription (acadienne a priori) il reste à savoir si ce sera en tant que libéral ou indépendant, les libéraux ont indiqué être très ouverts à sa candidature.
En tous les cas la réponse sera rapide, j'imagine qu'on aura bientôt des projections.
https://www.acadienouvelle.com/actualites/2020/08/17/les-neo-brunswickois-convies-aux-urnes-le-14-septembre/
Résultats détaillés ici https://ici.radio-canada.ca/elections-nouveau-brunswick-2020/resultats
C'est donc une victoire sans appel pour Blaine Higgs, qui obtient 27 sièges, soit une large et solide majorité. D'autant plus nette que la participation n'a guère variée par rapport à une élection générale classique (65,9 % contre 67,13 % en 2018), même si le vote par anticipation a été bien plus massivement utilisé que d'habitude.
Voici les résultats, pour bien les lire il faut savoir que seuls les libéraux et progressistes-conservateurs avaient présentés 49 candidats, les Verts 47, L'Alliance des gens (droite anti-bilinguisme) 36 et le NPD (sociaux-démocrates) 33. Le NPD était notamment assez absent du nord francophone, le parti qui n'a plus de chefs depuis 2018 (le chef intérimaire Mackenzie Thomason, 23 ans, est toujours en poste faute de candidats au dernier congrès, le suivant ayant été annulé à cause de la pandémie). Se présentaient aussi 4 candidat de KISS (Keep It Simple Solutions, droite) et 9 indépendants.
Progressistes-conservateurs : 39,41 % (+7,52 %), 27 sièges (+7), majorité absolue)
Libéraux : 34,36 % (-3,44 %), 17 sièges (-3 sièges)
Verts : 15,41 % (+3,53 %), 3 sièges (=)
Alliance : 8,95 % (- 3,63 %), 2 sièges (-1)
NPD : 1.51%
Aucun sortant conservateur ou vert n'ont été défait, trois sortants libéraux et un de l'Alliance l'ont été. L'ex vice-premier ministre Robert Gauvin a été réélu facilement sous l'étiquette libérale quand le nouveau chef Kevin Vickers a échoué à entrer à l'assemblée nationale, il a donc démissionné du poste dès les résultats. La baisse de l'alliance se fait nettement au profit des conservateurs, j'ignore si les verts ont concurrencés fortement les libéraux et donc "divisés" le vote de gauche. Sans doute, il faudrait que je regarde mieux la carte.
Une chose certaine est que l'enjeu linguistique n'est pas apaisé avec cette majorité, il suffit de regarder la carte des résultats :
En rouge les sièges libéraux, en bleu les sièges conservateurs. Le nord est la zone où habitent le plus de francophone (l'acadie historique), qui représente globalement un tiers de la population. On constate un vote nettement polarisé. D'ailleurs, si les conservateurs ont réussi à faire élire un candidat vedette acadien face à un sortant libéral, il reste le seul francophone des 27 élus de son caucus, tout comme Robert Gauvin en 2018. De leurs côtés les libéraux ont fait élire quasi-uniquement des francophones ce qui n'est pas bon signe non plus. On approche d'une rupture peu réconciliable.
Pour qui a regardé le débat des chefs en français c'était assez éloquent. Sur cinq chefs, tous anglophones, seuls Kevin Vickers (Libéraux) et David Coon (Verts) s'exprimaient directement en français sans passer par la traduction simultanée. Et pour Vickers, si c'était courageux et signe de respect, sa compréhension restait difficile sur certaines subtilités (il a ainsi confondu culture et agriculture dans la question d'une spectatrice... j'aurai du mal à en vouloir à un des rares à avoir joué le jeu mais forcément ça a été pointé).
Le seul parti qui semble naviguer entre les deux électorats (l'alliance étant un parti clairement anglophones, sa priorité étant la baisse des droits liés au bilinguisme pour des raisons économiques) est le parti Vert, qui obtient de ses scores moyens % également dans les deux zones. Il a actuellement un chef anglophone, mais parfaitement bilingueet un acadien ex-dirigeant de la société de défense des francophones comme député. Seulement, ils n'arrivent que modérément à élargir leur cercle à ce jour et à convaincre de leur crédibilité.
Et de leurs côtés les conservateurs prouvent qu'on peut gagner une majorité en se passant des francophones.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1733853/clivage-francophones-anglophones-nord-sud-elections-nouveau-brunswick