de SALVAT » Jeu 18 Juin 2020 20:40
L’ex-procureure qui a poursuivi François Fillon sème le doute
À quelques jours du jugement dans cette affaire, Éliane Houlette, ancienne patronne du parquet national financier, déclare avoir été victime de pressions hiérarchiques.
Devant la commission de l’Assemblée nationale, Éliane Houlette a déclaré que le parquet général s’était ingéré dans l’action publique au moment de l’affaire Fillon.
De «très, très nombreuses demandes» du parquet général qui s’ingérait «au quotidien dans l’action publique». Elles étaient «d’un degré de précision ahurissante […] Je les ai ressenties comme une énorme pression». Rarement un ex-haut magistrat a autant étalé ses états d’âme qu’Éliane Houlette, entendue le 10 juin dernier par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale consacrée aux«obstacles à l’indépendance du pouvoir judiciaire». Elle évoquait la façon dont elle a vécu l’affaire qui précipita la chute de François Fillon, lors de la dernière élection présidentielle. C’est elle, en tant que procureur national financier, de 2014 à 2019, qui déclencha les poursuites contre l’ancien candidat de la droite.
Son audition devant les parlementaires exhale un parfum de règlements de comptes. L’ex-patronne du parquet national financier (PNF), aujourd’hui à la retraite, charge le parquet général d’alors, tenu par Catherine Champrenault, une proche de Ségolène Royal dont la nomination fut pilotée personnellement par François Hollande. La création du PNF en 2014, au détour de l’affaire Cahuzac, avait été perçue par quelques connaisseurs comme la mise en place d’une machine de guerre judiciaire. Les étranges confidences de l’ex-procureur Houlette laissent à penser qu’il n’y avait pas besoin de «cabinet noir». À l’entendre, le pouvoir savait en temps réel et décidait de tout.
Qui était ministre de la Justice? Le socialiste Jean-Jacques Urvoas, condamné depuis par la Cour de justice de la République (CJR), dans une autre affaire, où son appétit pour les enquêtes en cours l’a conduit à transmettre imprudemment des informations à un député ami. Le directeur des Affaires criminelles et des grâces (DACG) de l’époque, poste clé, était Robert Gelli, qui fit son service militaire avec Hollande, dit ne pas être son ami, et vient d’être bombardé ministre de la Justice de Monaco.
"le parquet général voulait des «remontées d’informations» le plus vite possible sur les derniers actes d’investigation, des demandes qui lui étaient parfois adressées pour «les actes de la veille», et qu’elle devait synthétiser «avant 11 heures le lendemain».etc etc
Puis un nouveau désaccord éclatera quant aux termes du communiqué de presse. On y désignait François Fillon quasiment comme coupable".
Le Figaro. J-Marc Leclercq
Intéressant tableau de La HOLLANDIE
Bertrand SALVAT