Soyons honnête : ça ne valait pas le coup de se réveiller à 5h36 (mais mon corps voulait le résultat, avant même mon réveil).
Au sein des enseignements : le mode de scrutin reste le grand allié des partis au pouvoir, qui promettent tous la proportionnelle et l'oublient... et pour cause !
Avec 41,2 % la CAQ de François Legault (une sorte de parti de droite économique, "bon père de famille" avec ce que ça porte de côté "à la papa" ou "mononc", nationaliste mais pas indépendantiste), dont la campagne fut mauvaise et le slogan simple "Continuons", obtient... 71,2 % des sièges, soit 89 sur 125. Cela pourrait encore bouger à la marge mais plus tellement.
Les 4 principaux partis d'oppositions sont tous à moins de deux points d'écart : de 14,9 % pour Québec solidaire, qui est deuxième, à 13,1 % pour les conservateurs. Les scores en sièges varient de 23 à 0 et c'est le troisième parti en voix qui a le plus nombre de siège.
Il s'agit du parti libéral du Québec (centre-droit ou gauche selon les élections, cette fois plutôt gauche, pro-Canada et souvent vote de réserve des anglophones), qui montre la solidité de leurs fiefs Montréalais, notamment anglophones. Viau comme St-Henri-St-Anne, menacés, restent dans la besace, avec une bonne avance pour la cheffe Dominique Anglade. Avec 14,4 % l'efficacité de leur vote leur donne 23 sièges : 20 sont à Montréal, 3 dans sa grande couronne. Le pire est évité mais l'idée d'un parti libéral gagnant le Québec semble loin, et il se cornérise absolument comme parti des montréalais non-francophones (à noter le relatif faible score des deux parti pro-anglophones/allophones, qui ne dépassent jamais 5 %, sauf Balamara Holmes mais rien qui ne menace les libéraux). Le parti est quatrième en voix, ça ne change pas son statut d'opposition officielle, mais c'est la première fois que le parti n'est i premier ni deuxième depuis... sa fondation en 1867.
Québec solidaire, qui se rêvait opposition officielle, réussi donc à être n° 2 en voix (14,9 %), déjà une place symbolique mais à l'impact faible. Leur score de 2018 baisse mais ils gardent 10 sièges. Toutefois, d'autres symboles : c'est la première fois de son histoire que QS perd un siège, le très serré en 2018 Rouyn-Noranda-Témiscamingue. La jeune députée Emilise Lessard-Thérien est largement battue dans ce qui était le siège le plus rural du parti, l'élection d'un nouveau député à Montréal ne compense pas totalement la perte. Au moins le siège de Sherbrooke est conservé pour rester hors de Montréal et Québec, mais quelques sièges cibles (Saint-François, Ungava...) hors des deux grandes villes échappent au parti, malgré une très belle augmentation dans le cas d'Ungava.
Le Parti québécois obtient 3 sièges et l’élection de leur chef : un gain et un retour à Montréal donc, alors que partout ailleurs c'est la débandade. La bonne campagne de Paul-Saint-Pierre-Plamondon et un coup du destin (QS a du annuler sa candidature) donnent un air de victoire au pire résultat de l'histoire du PQ : il faut dire qu'il y a peu on lui donnait 7% et un siège. Curieusement, ils peuvent faire la fête avec leur troisième place (14,6 %) et ce nombre d'élus qui triple les estimations de juin, mais reste sept de moins qu'en 2018. Le chef du PQ peut s'offrir le luxe d'être le seul candidat à faire un gain sur la CAQ dans tout le Québec.
Le parti conservateur du Québec (droite libertarienne anti-mesures sanitaires) échoue a obtenir un siège malgré un score élevé de 13,1 %. La chef est défait de plus de 6000 voix das Chauveau mais dans les Beauce c'est très serré. Ils ne vont pas me manquer c'est sur, mais on rappelle que les jeunes votent majoritairement Québec solidaire et Parti conservateur.
Je vois mal comment une pub sur l'importance de voter pourra les convaincre tant le mode de scrutin semble sauter à pied joint sur leurs votes. C'est l'enseignement principal me semble-t-il.
Je serai étonné, malgré les scores historiquement catastrophiques, que les chefs du PQ ou du PLQ démissionnent, car ils semblent avoir, pour reprendre une expression de Rachel Garrat-Valcarcel, "sauvé des meubles" plutôt que "sauver les meubles", dans un contexte où il fallait une sacrée abnégation pour prendre les places de leaders de ces partis.
Pour les mouvements en scores brut cela donne (résultat 2018, puis différentiel victoire/défaite par rapport à 2018 car la CAQ avait gagné en partielle) :
- CAQ : 89 sièges (+15), 16 gains, une défaite (par le PQ)
- PLQ : 23 sièges (-9), 9 défaites
- QS : 10 sièges (=), un gain (sur un siège libéral en 2018), une défaite.
- PQ : 3 sièges (-7), 8 défaites, un gain (sur la CAQ)
- PCQ : 0 siège (=), deux défaites serrés dans les Beauce avec possibles recomptage.
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