Pullo a écrit:Le départ de John Kelly du poste de Chief of Staff était pressenti de longue date. Il devient officiel :
http://www.rfi.fr/ameriques/20181208-et ... on-blancheL'administration Trump pulvérise les records de turn-over dans les postes à responsabilités...
Ça se complique : apparemment, avant de renvoyer Kelly, Trump ne s'était pas assuré que son candidat de remplacement accepterait le poste. Le choix du président se portait sur Nick Ayers, l'actuel Chief of Staff du VP Mike Pence. Ce dernier, bien que très jeune (36 ans) et ambitieux décline donc l'un des postes les plus influents de DC (Chief of Staff c'est un peu l'équivalent de premier ministre chez nous...).
https://edition.cnn.com/2018/12/09/poli ... index.htmlEt il semblerait bien que Trump n'ait pas vraiment prévu de plan B.
https://www.nytimes.com/2018/12/10/us/p ... trump.htmlDu coup les rumeurs vont bon train. Les noms de plusieurs membres actuels de l'administration (confirmant que cette administration a du mal à recruter en dehors de son propre cercle) ont circulé : Mulvaney (secrétaire au Budget), Mnuchin (secrétaire au trésor) et Lighthizer (représentant au Commerce), mais tous ont fait savoir qu'ils préféraient rester à leur poste actuel.
https://www.politico.com/newsletters/mo ... aff-448664Du coup, la rumeur Meadows (chef du freedom caucus à la Chambre, l'aile droite du GOP) enfle. Lui est prêt à quitter son poste avec joie (maintenant que la Chambre a basculé, il n'aura plus de Speaker républicain à martyriser :) ). Par contre, je ne suis pas certain que son profil plaide pour le poste : c'est un des élus les plus détestés au Congrès qui y a une liste d'ennemis longue comme le bras.
Je ne résiste pas à l'envie de vous relayer la une du New York Daily News, qui est assez drôle, puisque le journal a publié une annonce pleine page :
"Aide recherchée. Doit être malléable, sans connaissance, servile, pour exercer le poste de Chef de Cabinet.
Responsabilités : maintenir le portable toujours chargé pour les tempêtes de tweets matinales.
Compétences requises : parler russe couramment.
Intégrité préférable mais pas indispensable."
J'avoue, ça m'a fait rire.
Blague à part, si Trump semble autant galérer à trouver un remplaçant, c'est sans doute parce que le futur titulaire du poste va devoir faire face à tout un tas de retombées judiciaires en cascade.
En effet, sur ce front là , les derniers chefs d'accusation publiés par les équipes Mueller, notamment contre Manafort et Cohen, ont considérablement assombri l'actualité de l'administration.
Concernant Cohen, ce dernier dit que Trump a bien continué à traiter d'affaires commerciales et financières entre son groupe et les Russes, y compris après qu'il ait obtenu l'investiture républicaine (contrairement à ce que le président a toujours dit). Plus grave, il confirme que les paiements faits à d'anciennes maîtresses de Trump pour acheter leur silence provenaient bien des finances de Trump. Ce dernier, après avoir tout nié en bloc pendant des mois (les relations, les paiements), avait évolué (il n'était pas au courant des paiements, et l'argent était celui de son avocat). Nouveau changement de ligne : il était bien au courant des paiements, c'est bien son argent, mais tout cela est une affaire privée n'ayant rien à voir avec sa carrière politique.
https://www.washingtonpost.com/politics ... ad99e1bce0Tout cela serait un peu plus crédible (et encore, à peine...) si ça avait été la ligne de défense de départ. Demain on aura peut-être une autre version. Arrêtons nous 5 minutes sur de la politique fiction : si en 1998, Kenneth Starr avait découvert que Clinton avait essayé d'acheter le silence de Monica Lewinsky contre de l'argent, que ce serait-il passé ?
En tout cas, l'infraction aux lois de financement de campagne semble de plus en plus avéré.
Quant à Manafort et au volet russe, on en est désormais à 14 membres de l'entourage et/ou de la campagne Trump à avoir eu des contacts fréquents avec des Russes (officiels ou citoyens privés au passé trouble) pendant la campagne et la transition, soit pour discuter affaire, politique ou éléments contre Clinton. Un tel niveau de contact entre une campagne présidentielle et un pays étranger est sans précédent, indépendamment du fait que tout le monde ait passé beaucoup de temps à nier la réalité de ces échanges.
https://www.washingtonpost.com/politics ... 82aef88234https://www.washingtonpost.com/graphics ... 442dcc583bBref, Mueller n'a pas encore livré son rapport qu'on est déjà dans un tableau assez original.
Et, cerise sur le gâteau, le NYT vient de révéler que Jared Kushner, entretient des contacts téléphoniques réguliers avec le prince saoudien MBS, y compris après l'assassinat du journaliste Khashoggi, donnant des conseils au chef d'état sur comment gérer les retombées de l'affaire.
https://edition.cnn.com/2018/12/08/poli ... index.htmlLà aussi, arrêtons nous un instant sur de la politique fiction : si en 2014 les commissions d'enquête républicaines avaient découvert que Clinton parlait avec le gouvernement libyen après Benghazi sur comment gérer les retombées de l'affaire, que ce serait il passé ?
En tout cas, mon petit doigt me dit que dès janvier les démocrates auront sans doute tout un tas d'idée concernant des commissions d'enquêtes à ouvrir...
Et, pendant ce temps là , on en oublierait presque que le monde politique continue de tourner.
Le caucus démocrate a annoncé que la première loi qu'il comptait soumettre à la nouvelle Chambre serait une loi de moralisation de la vie politique, avec à la clef un financement pour moderniser les procédures et la sécurité du vote. Le projet prévoit entre autres de créer un financement publique des campagnes, de contrôler et de sanctionner plus fortement les liens entre lobbies et politique, et de créer une agence en charge de la sécurité du vote et devant chapeauter les procédures d'inscription électorale. Les démocrates se frottant déjà les mains à l'avance à l'idée de voir les républicains refuser de soutenir un tel projet...
44 anciens sénateurs (démocrates et républicains) viennent de signer une tribune commune appelant McConnell, le leader de la majorité républicaine au Sénat, à abandonner sa vision partisane du fonctionnement de la haute assemblée, et l'enjoigne de revenir à un fonctionnement plus bipartisan.
https://www.washingtonpost.com/opinions ... d380d618a1On peut résumer la tribune ainsi : le pays avant le parti...
La SCOTUS vient de donner une victoire au planning familial : plusieurs états rouges avaient tenté de supprimer les financements que reçoit le planning familial via les programmes sociaux créés par les démocrates. Ces tentatives ayant été déboutées par les cours des états en question, les associations conservatrices avaient plaidé leur dossier pour que le SCOTUS se prononce à ce sujet. Par 6 voix (les 4 juges libéraux plus le chief justice Roberts et le petit nouveau Kavanaugh, qui a des gages à donner...) contre 3, la SCOTUS a décliné de se saisir du dossier, validant de facto les arrêts judiciaires précédents. Les états rouges ne pourront donc plus menacer de couper les vivres au planning familial via les programmes sociaux.
https://edition.cnn.com/2018/12/10/poli ... index.htmlQuant au GOP, suite à la débâcle électorale des midterms (au niveau du vote populaire à la Chambre, les démocrates ont désormais 10 millions de voix d'avance et 8.5 points de plus que les républicains, et avec la perte de 40 sièges on est quand même sur un record depuis 1974 pour l'équipe républicaine en année de midterms), ça commence un peu à tanguer.
Après la défaite de 2012, le GOP avait tenu à émettre un rapport post défaite pour isoler les causes et essayer d'y remédier (avec un certain succès vu les victoires de 2014 et 2016 ?). Cette année, ce serait plutôt "tout va très bien madame la marquise". Certains élus républicains (dont certains battus de novembre) appellent leur parti à essayer d'analyser les causes de la défaite et d'essayer d'en tirer des conséquences :
https://thehill.com/homenews/house/4206 ... ric-lossesJe ne suis pas certain que cet appel soit entendu...