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La vie politique américaine

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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Sam 6 Oct 2018 04:06

Après cet aparté de modération, j'ai fini par lire le post de Guillaume en entier. Réinjectons donc un peu de politique dans ce site dont c'est la vocation première. Je vais essayer d'apporter des précisions et corrections.

guillaume44 a écrit:

Je suis tout de même surpris que la plupart des chroniqueurs sur ce site disent l'électorat féminin, urbains, jeunes, et issus des minorités votent en majorité démocrate. Ne resterait donc au GOP que seules les habitants des campagnes, des croyants et des personnes âgées bref pas grand monde....

A mon sens, c'est une ineptie, En 2016 Trump a tout de même raflé 41% de l'électorat féminin (dont 53% des femmes blanches la catégorie la plus nombreuses),entre 35 et 40% des 18-29 ans (dont 47% pour les 19-29 ans parmi les blancs la catégorie la plus nombreuse)... Mieux, Trump est même arrivée en tête dans les banlieues urbaines (50% contre 45% contre Hillary Clinton...)

https://en.wikipedia.org/wiki/United_St ... mographics


Ce passage mériterait d'être encadré pour en faire un cas d'école. Donc, vous nous dites que certains contributeurs du forum ont tort de considérer que la majorité (majorité ne veut pas dire totalité) des femmes, des jeunes, des urbains et des minorités votent démocrates, et plus loin vous nous donnez des chiffres qui indiquent que Trump a bien obtenu une minorité des votes parmi les femmes, les jeunes, les minorités et les urbains. Vous ne voyez pas là comme un petit problème de contradiction interne dans votre argumentaire ? Les démocrates sont majoritaires chez les femmes (vous pouvez séparer les femmes blanches des femmes issues des minorités si vous voulez, quand on fait le total, les démocrates sont majoritaires chez les femmes), chez les jeunes, chez les urbains (je vous invite à aller jeter un œil pour essayer de trouver à quel rang en taille de population se situe le premier centre urbain à avoir voté Trump en 2016) et chez les minorités. C'est là une évolution électorale majeure des 30 dernières années aux USA.
Quand vous dites que les habitants des campagnes, les croyants et les vieux (cœur de cible du GOP depuis là aussi au moins 30 ans) représenteraient "pas grand monde", vous êtes sérieux ou c'est un troll ? Non seulement ces 3 catégories de personnes représentent beaucoup de monde aux USA, mais comme en plus ils se mobilisent nettement plus que les jeunes et les minorités c'est là un gros plus pour les républicains. Je note d'ailleurs que si vous ciblez bien les minorités comme point fort éventuel de la coalition électorale démocrate (ou pas, d'ailleurs, puisque la contradiction interne de votre argumentaire rend obscure votre point de vue personnel quant au fait qu'une majorité des minorités voteraient démocrate), vous ne citez pas les blancs du côté de la coalition électorale républicaine (je les rajoute aux vieux, aux ruraux et aux croyants : eux aussi votent majoritairement républicain).
Et ce sont bien ces réalités là qui font que Trump est "loin d'être largué". Comme quoi on peut arriver aux bonnes conclusions avec une démonstration erronée.


guillaume44 a écrit:
Corondar a écrit:Ah ça, désormais plus de doute : les nominations à la SCOTUS sont clairement des guerres idéologiques partisanes. Et oui, cela a commencé lorsque la majorité républicaine du Sénat a dénié au président démocrate d'alors le droit de nommer un juge à la Cour Suprême, contrairement au droit constitutionnel. Depuis ça a empiré : Trump a nommé successivement deux juges conservateurs, pas centristes pour un sou, et les républicains et démocrates font de ces nominations des enjeux idéologiques pour complaire à la base. Quant aux principes constitutionnels et juridiques, tout le monde s’assoit dessus.


Je ne remonterais pas plus loin car n'ayant peut-être pas suffisamment la culture pour mais l'élection de George W Bush en 2000 avait déjà donné le ton sur le caractère politique de la Scotus. C'est réellement à partir de ce moment là, que beaucoup d'américains (moi aussi d'ailleurs) ont compris que les convictions politiques de ces 9 juges jouaient beaucoup dans leurs décisions et qu'elle a perdu de sa crédibilité selon moi.

Je suis également daccord avec Corondar que l'attitude des républicains de 2015 à 2016 pour la non-nomination du juge Merrick Garland à la SCOTUS en 2016 fut un acte d'une mauvaise foi évidente pour ne pas dire plus.


En 2000, nul doute que certains juges aient eu des arrières pensées politiques. Mais ils se sont aussi prononcés en faveur de l'option qui limitait au maximum le risque d'un chaos politique long et pénible à dénouer. Car si ils avaient tranché en faveur de Gore, celui ci n'était pas élu pour autant. Se serait ouvert un très long processus de recompte et de chicanerie judiciaire au niveau des cours de Floride. Et l'argument avancé pour soutenir Bush (le respect de l'égalité et de l'équité des suffrages devant la loi) était constitutionnellement défendable et valable.
En 2015 et 2016, le caucus sénatorial concernant la nomination d'un juge à la SCOTUS par le président n'a pas été de mauvaise foi. Il a tout simplement bafoué et enfreint et l'esprit et la lettre de la constitution américaine. Pour des gens issus d'un parti qui prétend défendre l'esprit et la lettre de la constitution en question en rejetant une protection sociale pour tous et en soutenant un droit intégral à tous de disposer d'un arsenal de guerre à domicile, c'est assez perturbant je trouve. Là aussi j'y vois comme une sévère contradiction interne à l'argumentaire.

Edit : pour faire un peu de politique fiction, si en 2000 la SCOTUS avait tranché en faveur de Gore, ce serait ouvert un long processus de recompte et de guerre juridique en Floride concernant le résultat, puisque cette décision aurait consisté à refiler la patate chaude aux instances judiciaires et politiques de l'état de Floride (pour la partie politique, rappelons que le gouverneur d'alors était le frère d'un des des deux requérants). On peut supposer que ce scénario aurait mis de longs mois avant d'aboutir à déclarer un vainqueur, au mieux. Dans l'intervalle, les mandats de président et de VP de Clinton et de Gore auraient été à leur terme légal. Plus de président et de VP disponibles donc (il n'y a aucune base légale juridique ou constitutionnelle à prolonger les mandats dans ce genre de situation).
On se serait retrouvé dans un imbroglio constitutionnel assez coton : considère t on qu'il y a vacances du pouvoir aux rangs 1 et 2 de l'ordre constitutionnel de succession présidentiel, ou considère t on que le collège électoral présidentiel issu des élections est dans l'incapacité de délivrer les 270 voix de majorité à l'un des candidats ? Dans le premier cas, le speaker de l'époque, le républicain Dennis Hastert aurait du assurer l'intérim. Dans le second cas, la Chambre des représentants (à majorité républicaine) aurait du élire le président entre Bush et Gore, le Sénat (alors partagé à 50/50, avec plus aucun VP pour trancher une égalité) aurait du élire le VP entre Cheney et Lieberman. La SCOTUS aurait certainement du se prononcer de nouveau pour dire quelle interprétation avait son assentiment. Personnellement j'aurais penché plutôt pour la première option. A mon avis (qui ne vaut pas tripette en la matière), tant que la Floride n'a pas certifié ses résultats, on peut pas vraiment considérer le collège électoral présidentiel comme réuni (et puis si on part là dessus ça ouvre une autre question : si on exclut éventuellement les résultats de Floride, est ce qu'il faut recalculer le chiffre de la majorité à atteindre au sein du collège pour être élu président ? si oui, en virant les grands électeurs de Floride et en recalculant la majorité, alors Gore est élu) . Et puis la première option avait l'avantage d'épargner un psychodrame politico-médiatico-procédural de plus à la Chambre et surtout au Sénat. Mais la seconde option était certainement très valable aussi constitutionnellement parlant.
Cette longue digression de politique fiction pour en arriver à un élément potentiellement troublant (et ayant un vague écho avec le climat actuel) : Dennis Hastert, le Speaker républicain de l'époque, a depuis été condamné en 2015 à 15 mois de prison pour avoir plaidé coupable d'abus sexuels sur mineurs commis plusieurs décennies plus tôt lorsqu'il était professeur et entraîneur dans un lycée.
Dernière édition par Corondar le Sam 6 Oct 2018 11:27, édité 3 fois.
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Re: La vie politique américaine

Messagede ploumploum » Sam 6 Oct 2018 21:47

B.Kavanaugh confirmé comme juge à la SCOTUS par 50 pour/48 contre

Lisa Murkowski (GOP/Alaska) n'a pas voté (bien que présente) afin de "compenser" l'absence de Steve Daines (GOP/Montana; parti au mariage de sa fille)

https://www.nytimes.com/2018/10/06/us/p ... e=Homepage
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Sam 6 Oct 2018 22:18

ploumploum a écrit:B.Kavanaugh confirmé comme juge à la SCOTUS par 50 pour/48 contre

Lisa Murkowski (GOP/Alaska) n'a pas voté (bien que présente) afin de "compenser" l'absence de Steve Daines (GOP/Montana; parti au mariage de sa fille)

https://www.nytimes.com/2018/10/06/us/p ... e=Homepage


L'arrangement avait filtré : si Daines avait été présent on aurait eu un 51/49, où seuls Murkowski et Manchin n'auraient pas suivi leur caucus respectif. Si Murkowski avait voté non on aurait eu 50/49, ça n'aurait rien changé.
Par contre, entre la fin du filibuster et les désormais nominations partisanes, on est réellement en train d'assister à un bouleversement radical du rôle et de la perception de la SCOTUS. Cela ne devrait pas arranger l'extrême division du pays. Le risque étant que la SCOTUS finisse par être perçue comme une institution décrédibilisée. Je rappelle qu'il ait arrivé par le passé à deux occasions que les institutions politiques du pays ne suivent pas un arrêté de la Cour suprême. Dans les années 1820 et 1830, les présidents Jackson puis Van Buren ont tout simplement ignoré un arrêt de la Cour qui stipulait l'impossibilité pour le pouvoir fédéral d'exproprier les tribus indiennes de leurs terres. Dans les années 1950 et 1960, les états du Sud se sont affranchis d'appliquer un arrêté anti ségrégation rendu par la Cour en en 1954 (notamment au niveau de l'accès à l'éducation).
Le risque avec cette évolution de la SCOTUS existe à mon avis que, si elle est désormais perçue comme à ce point partisane et biaisée, le pouvoir fédéral ou fédéré ne saisisse la tentation de s'affranchir de tout ou partie de ses arrêtés.
Ce qui est certain en tout cas, c'est que l'évolution à laquelle on assiste est en contradiction flagrante avec l'intention constitutionnelle des pères fondateurs concernant la SCOTUS.
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Re: La vie politique américaine

Messagede ligerien » Dim 7 Oct 2018 06:28

Une analyse assez intéressante : https://fivethirtyeight.com/features/ho ... eme-court/.

Elle décrit un juge Roberts au centre, coincé entre 4 libéraux marqués et 4 conservateurs marqués.
Et du coup, un centre de gravité de la cour, certes côté conservateur, mais pas tant que ça an regard de l'histoire post-45.
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Re: La vie politique américaine

Messagede ploumploum » Dim 7 Oct 2018 14:47

Corondar a écrit:Par contre, entre la fin du filibuster et les désormais nominations partisanes, on est réellement en train d'assister à un bouleversement radical du rôle et de la perception de la SCOTUS. Cela ne devrait pas arranger l'extrême division du pays. Le risque étant que la SCOTUS finisse par être perçue comme une institution décrédibilisée. Je rappelle qu'il ait arrivé par le passé à deux occasions que les institutions politiques du pays ne suivent pas un arrêté de la Cour suprême. Dans les années 1820 et 1830, les présidents Jackson puis Van Buren ont tout simplement ignoré un arrêt de la Cour qui stipulait l'impossibilité pour le pouvoir fédéral d'exproprier les tribus indiennes de leurs terres. Dans les années 1950 et 1960, les états du Sud se sont affranchis d'appliquer un arrêté anti ségrégation rendu par la Cour en en 1954 (notamment au niveau de l'accès à l'éducation).
Le risque avec cette évolution de la SCOTUS existe à mon avis que, si elle est désormais perçue comme à ce point partisane et biaisée, le pouvoir fédéral ou fédéré ne saisisse la tentation de s'affranchir de tout ou partie de ses arrêtés.
Ce qui est certain en tout cas, c'est que l'évolution à laquelle on assiste est en contradiction flagrante avec l'intention constitutionnelle des pères fondateurs concernant la SCOTUS.


Je peux me tromper sur la question mais je me demande si les USA ne sont pas en train de voir les limites (ou du moins s'y approcher) d'un système institutionnel basé plus sur des traditions orales ou des législations écrites juridiquement faibles (simples lois) que sur une législation écrite forte (Constitution). Autrement dit, avoir une Constitution longue et détaillée serait plus utile et sécurisant pour éviter ce qu'on a vu ces dernières semaines voire ces derniers mois.
Car comment peut-on raisonnablement accepter que la Cour Suprême, la plus haute juridiction du pays, soit régie par une simple loi et donc facilement modelable ? Car oui, ce qu'a fait le GOP en abaissant la majorité de confirmation est tout simplement impossible en France et dans d'autres démocraties européennes sans une réforme constitutionnelle....

Hier, ce sont les républicains qui ont opportunément changé les règles du jeu. Qu'en sera t-il demain si jamais les Démocrates ont l'occasion de rechanger les règles ? Iront-ils jusqu'à augmenter le nombre de Juges membres pour inverser le rapport de force* ? Et après, le GOP pourrait-il faire de même ? etc, etc...on distingue là le potentiel danger pour les systèmes juridique et démocratique du pays.

* de mémoire, F.D. Roosevelt avait sérieusement envisagé de procéder à une telle réforme face au blocage récurrent de la Cour sur certaines de ses réformes (New-Deal en premier), mais le temps a fait son œuvre...
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Dim 7 Oct 2018 16:48

ploumploum a écrit:
Corondar a écrit:Par contre, entre la fin du filibuster et les désormais nominations partisanes, on est réellement en train d'assister à un bouleversement radical du rôle et de la perception de la SCOTUS. Cela ne devrait pas arranger l'extrême division du pays. Le risque étant que la SCOTUS finisse par être perçue comme une institution décrédibilisée. Je rappelle qu'il ait arrivé par le passé à deux occasions que les institutions politiques du pays ne suivent pas un arrêté de la Cour suprême. Dans les années 1820 et 1830, les présidents Jackson puis Van Buren ont tout simplement ignoré un arrêt de la Cour qui stipulait l'impossibilité pour le pouvoir fédéral d'exproprier les tribus indiennes de leurs terres. Dans les années 1950 et 1960, les états du Sud se sont affranchis d'appliquer un arrêté anti ségrégation rendu par la Cour en en 1954 (notamment au niveau de l'accès à l'éducation).
Le risque avec cette évolution de la SCOTUS existe à mon avis que, si elle est désormais perçue comme à ce point partisane et biaisée, le pouvoir fédéral ou fédéré ne saisisse la tentation de s'affranchir de tout ou partie de ses arrêtés.
Ce qui est certain en tout cas, c'est que l'évolution à laquelle on assiste est en contradiction flagrante avec l'intention constitutionnelle des pères fondateurs concernant la SCOTUS.


Je peux me tromper sur la question mais je me demande si les USA ne sont pas en train de voir les limites (ou du moins s'y approcher) d'un système institutionnel basé plus sur des traditions orales ou des législations écrites juridiquement faibles (simples lois) que sur une législation forte (Constitution). Autrement dit, avoir une Constitution longue et détaillée serait plus utile et sécurisant pour éviter ce qu'on a vu ces dernières semaines voire ces derniers mois.
Car comment peut-on raisonnablement accepter que la Cour Suprême, la plus haute juridiction du pays, soit régie par une simple loi et donc facilement modelable ? Car oui, ce qu'a fait le GOP en abaissant la majorité de confirmation est tout simplement impossible en France et dans d'autres démocraties européennes sans une réforme constitutionnelle....

Hier, ce sont les républicains qui ont opportunément changé les règles du jeu. Qu'en sera t-il demain si jamais les Démocrates ont l'occasion de rechanger les règles ? Iront-ils jusqu'à augmenter le nombre de Juges membres pour inverser le rapport de force* ? Et après, le GOP pourrait-il faire de même ? etc, etc...on distingue là le potentiel danger pour les systèmes juridique et démocratique du pays.

* de mémoire, F.D. Roosevelt avait sérieusement envisagé de procéder à une telle réforme face au blocage récurrent de la Cour sur certaines de ses réformes (New-Deal en premier), mais le temps a fait son œuvre...


Je suis d'accord avec toi. On atteint là les limites du droit constitutionnel US. Et oui, le prochain mouvement à redouter est celui de l'augmentation du nombre de juges. Certains démocrates (qui en ont un peu marre d'être les dindons des dérives républicaines en la matière visiblement) parlent de plus en plus de faire passer le nombre de juges de 9 à 12 dès qu'ils seraient en situation de nommer les 3 juges supplémentaires. Si on en arrivait là, je pense qu'on pourrait parler de totale désintégration du système politique.
On verra déjà ce que vont donner les 2 années à venir au niveau des pratiques des états et des arrêts de la Cour : est ce que les états républicains vont se lancer dans tout un arsenal de lois partisanes (limitation du droit à l'avortement, législation visant à limiter la participation des électeurs démocrates, gerrymandering politique, législations anti LGBT...), et est ce que la SCOTUS soutiendra d'éventuels mouvements de ce genre ? Si oui, les états démocrates vont entrer en résistance face à la SCOTUS je pense. Et si les démocrates (plutôt quand...) reviennent au pouvoir, se lanceront ils dans des manœuvres du type de celles pratiquées par les républicains ? Il faudra voir si Roberts devient le nouveau Kennedy parmi les juges...
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Re: La vie politique américaine

Messagede guillaume44 » Dim 7 Oct 2018 19:41

ploumploum a écrit:Hier, ce sont les républicains qui ont opportunément changé les règles du jeu. Qu'en sera t-il demain si jamais les Démocrates ont l'occasion de rechanger les règles ? Iront-ils jusqu'à augmenter le nombre de Juges membres pour inverser le rapport de force* ? Et après, le GOP pourrait-il faire de même ? etc, etc...on distingue là le potentiel danger pour les systèmes juridique et démocratique du pays.


Ce sont les démocrates qui ont chanté les règles du jeu dans un premier temps en 2013 pour mettre fin à la pratique du Filibuster engagé de manière systématique par les républicains pour faire de l'obstruction. A la base, cette pratique consistait à demander un vote des 3/5 (60 voix) pour des votes jugés cruciaux mais les républicains l'ont utilisé systématiquement pour bloquer la nomination des juges fédéraux, des projets de lois d'Obama (Un projet de loi sur la rénovation des écoles maternelles et un projet sur les infrastructures de mémoire au motif de l’excès de déficits)... Mais pas de bol pour eux, le sénat a basculé rouge en 2014 empêchant par la même occasion la nomination des juges fédéraux et les projets de lois de Barack Obama (Avec une chambre rouge, ces projets de lois ne seraient pas de toute façon pas passés).

En revanche, les nominations des juges à la cour suprême devaient rester à 60 voix et là c'est Mitch McConnell qui a abaissé le seuil à 50 sénateurs en Avril 2017.

Sur Wikipédia, il est indiqué que la pratique du Filibuster a été engagé 168 fois dont la moitié rien que sous la présidence Obama.

Concernant le juge Roberts, je ne miserais pas une pièce pour qu'il remplace la voix de Kennedy. Mis à part le vote sur l'Obamacare dont il était contre à titre personnel mais a voté pour sa mise en œuvre car elle ne présentait pas d'éléments anti-constitutionnels, sa voix a toujours été dans le camps conservateur (me semble-t'il ?)
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Dim 7 Oct 2018 21:17

guillaume44 a écrit:
ploumploum a écrit:Hier, ce sont les républicains qui ont opportunément changé les règles du jeu. Qu'en sera t-il demain si jamais les Démocrates ont l'occasion de rechanger les règles ? Iront-ils jusqu'à augmenter le nombre de Juges membres pour inverser le rapport de force* ? Et après, le GOP pourrait-il faire de même ? etc, etc...on distingue là le potentiel danger pour les systèmes juridique et démocratique du pays.


Ce sont les démocrates qui ont chanté les règles du jeu dans un premier temps en 2013 pour mettre fin à la pratique du Filibuster engagé de manière systématique par les républicains pour faire de l'obstruction. A la base, cette pratique consistait à demander un vote des 3/5 (60 voix) pour des votes jugés cruciaux mais les républicains l'ont utilisé systématiquement pour bloquer la nomination des juges fédéraux, des projets de lois d'Obama (Un projet de loi sur la rénovation des écoles maternelles et un projet sur les infrastructures de mémoire au motif de l’excès de déficits)... Mais pas de bol pour eux, le sénat a basculé rouge en 2014 empêchant par la même occasion la nomination des juges fédéraux et les projets de lois de Barack Obama (Avec une chambre rouge, ces projets de lois ne seraient pas de toute façon pas passés).

En revanche, les nominations des juges à la cour suprême devaient rester à 60 voix et là c'est Mitch McConnell qui a abaissé le seuil à 50 sénateurs en Avril 2017.

Sur Wikipédia, il est indiqué que la pratique du Filibuster a été engagé 168 fois dont la moitié rien que sous la présidence Obama.

Concernant le juge Roberts, je ne miserais pas une pièce pour qu'il remplace la voix de Kennedy. Mis à part le vote sur l'Obamacare dont il était contre à titre personnel mais a voté pour sa mise en œuvre car elle ne présentait pas d'éléments anti-constitutionnels, sa voix a toujours été dans le camps conservateur (me semble-t'il ?)


Ploumploum et moi parlions bien du filibuster à la SCOTUS. Rappelons que sous l'ère Bush, le système fonctionnait encore correctement. Le filibuster a (avait) pour but d'obliger majorité et opposition à trouver des terrains d'entente. En bref, le président doit essayer de nommer des gens acceptables pour une partie de l'opposition, et une partie de l'opposition est incitée à opter pour le moindre mal ou à négocier (je vote pour X en échange d'un texte de loi pour réformer Y). Jusqu'à l'élection d'Obama ça fonctionnait bon gré mal gré.
Après 2008, les républicains sont entrés dans une opposition frontale et totale (sous la pression du tea party). Si les démocrates ont supprimé le filibuster sur les nominations de l'exécutif et du judiciaire, c'était parce qu'ils devaient bien faire fonctionner l'exécutif élu par le peuple américain malgré l'obstruction. Même sous Bush les démocrates utilisaient avec parcimonie cette arme nucléaire. Les républicains n'ont pas eu cette pratique. Et le caucus démocrate a tenu à maintenir le filibuster pour la SCOTUS, jugeant que cet échelon là nécessitait impérativement un minimum de consensus. Normalement l'exécutif et le législatif sont censés se mettre d'accord à deux sur un candidat de consensus (ni trop à gauche ni trop à droite). Les républicains ont supprimé le filibuster pour que le camp majoritaire (eux aujourd'hui, un autre demain) puisse faire élire le candidat partisan de son choix.
Pour Roberts je ne sais pas. L'avenir nous le dira. Ce qui est certain c'est que, historiquement parlant, il est assez fréquent que certains juges conservateurs évoluent au cours de leur mandature vers un positionnement plus centriste. L'inverse (un juge libéral qui glisserait vers un penchant plus conservateur) est beaucoup plus rare.
La grosse incertitude c'est la suite du processus. Après 2 nominations à la SCOTUS il n'y a plus de doute : les républicains poussent leur logique jusqu'au bout en nommant des juges conservateurs (ça ma foi) mais surtout très orienté et partisan, dans le cas de Kavanaugh c'était criant, indépendamment des accusations dont il a fait l'objet. Concernant ce dernier d'ailleurs, on l'a peu dit, mais il était ardemment soutenu par le clan Bush (normal : c'est le juge qui a chapeauté pour l'exécutif de l'époque la validation des procédures de torture...). Et il semble bien que W ait fait un gros lobbying auprès de la sénatrice Collins (qui, suite à son vote, relaye le story telling en vogue dans la majorité du GOP, Trump excepté, à savoir que Ford et Kavanaugh disant tous deux la vérité, mais que Ford n'a pas été agressé par Kavanaugh et qu'elle confond de bonne foi avec un autre lycéen). Comme quoi, Bush et Trump peuvent parfois être d'accord...
Mais est ce que derrière les républicains dans les états vont essayer de pousser encore plus cet avantage à la SCOTUS ? Je serais assez tenté de dire oui. D'autant qu'au niveau des nominations de juges dans les cours fédérales, si les démocrates avaient supprimé le filibuster, Obama avait maintenu une pratique (non écrite) du Sénat : le président ne nommait un juge dans la cour d'un état que si il avait l'assentiment des 2 sénateurs de l'état en question. Pour les états où les 2 sénateurs étaient du même parti, cela garantissait que le juge soit de la couleur dominante de l'état. En cas de représentation bipartisane de l'état, le président devait trouver un candidat pas trop clivant pour complaire au second sénateur. Trump et McConnell se sont aussi affranchis de cette pratique pour les juges des cours fédérales (et ils ont ainsi nommé des juges très conservateurs même dans des cours fédérales très libérales, enfin pour ceux qui n'ont pas été retoqué pour cause de CV ostensiblement trop légers).
Plus largement, sans se limiter à la SCOTUS, on verra déjà les pratiques démocrates si ils regagnent du terrain dans les assemblées locales et les postes de gouverneurs. Si oui, avec le recensement de 2020, on verra si ils se contentent simplement de redessiner des cartes plus neutres, ou si eux aussi partent dans un gerrymandering, mais en leur faveur cette fois. Et si la SCOTUS se met à censurer les gerrymandering démocrates tout en validant les gerrymandering républicains, au moins on sera fixés :).
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Re: La vie politique américaine

Messagede guillaume44 » Mar 9 Oct 2018 15:34

Selon le site The Hill le concurrent de Politico Nikki Haley aurait démissionné de son poste d'ambassadrice à l'ONU.
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Jeu 11 Oct 2018 22:13

guillaume44 a écrit:Selon le site The Hill le concurrent de Politico Nikki Haley aurait démissionné de son poste d'ambassadrice à l'ONU.


Annonce inattendue et timing un peu étrange : juste après le scandale Kavanaugh-Ford et quelques semaines avant les midterms. Une femme issue des minorités qui quitte l'administration de Trump : un symbole qui s'en va. Sur le fond elle était assez raccord avec les orientations de la diplomatie trumpienne (en plus modérée peut-être ?), sur la forme par contre, elle n'hésitait pas à se montrer assez critique avec les zigzags trumpiens. Tout le monde s'interroge sur son successeur. Trump a murmuré le nom d'Ivanka : cette dernière a annoncé publiquement qu'elle n'était pas intéressée.
Sinon, grosse nouvelle de fond, qui en plus vient du seul média honnête et digne de confiance en trumpie, à savoir Fox News. La chaîne va arrêter de diffuser les rallies de Trump pour cause d'audiences en chute libre. Outre que cela devrait faire enrager le Donald (pour qui les taux d'audience sont au moins aussi importants que la taille des mains), comme ça vient de Fox c'est difficile d'en dire du mal, et, surtout, quelques semaines avant les midterms ça tombe mal : ça fait perdre de la publicité gratuite.
https://www.politico.com/story/2018/10/ ... ews-891621
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