guillaume44 a écrit:
Je suis tout de même surpris que la plupart des chroniqueurs sur ce site disent l'électorat féminin, urbains, jeunes, et issus des minorités votent en majorité démocrate. Ne resterait donc au GOP que seules les habitants des campagnes, des croyants et des personnes âgées bref pas grand monde....
A mon sens, c'est une ineptie, En 2016 Trump a tout de même raflé 41% de l'électorat féminin (dont 53% des femmes blanches la catégorie la plus nombreuses),entre 35 et 40% des 18-29 ans (dont 47% pour les 19-29 ans parmi les blancs la catégorie la plus nombreuse)... Mieux, Trump est même arrivée en tête dans les banlieues urbaines (50% contre 45% contre Hillary Clinton...)
https://en.wikipedia.org/wiki/United_St ... mographics
Ce passage mériterait d'être encadré pour en faire un cas d'école. Donc, vous nous dites que certains contributeurs du forum ont tort de considérer que la majorité (majorité ne veut pas dire totalité) des femmes, des jeunes, des urbains et des minorités votent démocrates, et plus loin vous nous donnez des chiffres qui indiquent que Trump a bien obtenu une minorité des votes parmi les femmes, les jeunes, les minorités et les urbains. Vous ne voyez pas là comme un petit problème de contradiction interne dans votre argumentaire ? Les démocrates sont majoritaires chez les femmes (vous pouvez séparer les femmes blanches des femmes issues des minorités si vous voulez, quand on fait le total, les démocrates sont majoritaires chez les femmes), chez les jeunes, chez les urbains (je vous invite à aller jeter un œil pour essayer de trouver à quel rang en taille de population se situe le premier centre urbain à avoir voté Trump en 2016) et chez les minorités. C'est là une évolution électorale majeure des 30 dernières années aux USA.
Quand vous dites que les habitants des campagnes, les croyants et les vieux (cœur de cible du GOP depuis là aussi au moins 30 ans) représenteraient "pas grand monde", vous êtes sérieux ou c'est un troll ? Non seulement ces 3 catégories de personnes représentent beaucoup de monde aux USA, mais comme en plus ils se mobilisent nettement plus que les jeunes et les minorités c'est là un gros plus pour les républicains. Je note d'ailleurs que si vous ciblez bien les minorités comme point fort éventuel de la coalition électorale démocrate (ou pas, d'ailleurs, puisque la contradiction interne de votre argumentaire rend obscure votre point de vue personnel quant au fait qu'une majorité des minorités voteraient démocrate), vous ne citez pas les blancs du côté de la coalition électorale républicaine (je les rajoute aux vieux, aux ruraux et aux croyants : eux aussi votent majoritairement républicain).
Et ce sont bien ces réalités là qui font que Trump est "loin d'être largué". Comme quoi on peut arriver aux bonnes conclusions avec une démonstration erronée.
guillaume44 a écrit:Corondar a écrit:Ah ça, désormais plus de doute : les nominations à la SCOTUS sont clairement des guerres idéologiques partisanes. Et oui, cela a commencé lorsque la majorité républicaine du Sénat a dénié au président démocrate d'alors le droit de nommer un juge à la Cour Suprême, contrairement au droit constitutionnel. Depuis ça a empiré : Trump a nommé successivement deux juges conservateurs, pas centristes pour un sou, et les républicains et démocrates font de ces nominations des enjeux idéologiques pour complaire à la base. Quant aux principes constitutionnels et juridiques, tout le monde s’assoit dessus.
Je ne remonterais pas plus loin car n'ayant peut-être pas suffisamment la culture pour mais l'élection de George W Bush en 2000 avait déjà donné le ton sur le caractère politique de la Scotus. C'est réellement à partir de ce moment là , que beaucoup d'américains (moi aussi d'ailleurs) ont compris que les convictions politiques de ces 9 juges jouaient beaucoup dans leurs décisions et qu'elle a perdu de sa crédibilité selon moi.
Je suis également daccord avec Corondar que l'attitude des républicains de 2015 à 2016 pour la non-nomination du juge Merrick Garland à la SCOTUS en 2016 fut un acte d'une mauvaise foi évidente pour ne pas dire plus.
En 2000, nul doute que certains juges aient eu des arrières pensées politiques. Mais ils se sont aussi prononcés en faveur de l'option qui limitait au maximum le risque d'un chaos politique long et pénible à dénouer. Car si ils avaient tranché en faveur de Gore, celui ci n'était pas élu pour autant. Se serait ouvert un très long processus de recompte et de chicanerie judiciaire au niveau des cours de Floride. Et l'argument avancé pour soutenir Bush (le respect de l'égalité et de l'équité des suffrages devant la loi) était constitutionnellement défendable et valable.
En 2015 et 2016, le caucus sénatorial concernant la nomination d'un juge à la SCOTUS par le président n'a pas été de mauvaise foi. Il a tout simplement bafoué et enfreint et l'esprit et la lettre de la constitution américaine. Pour des gens issus d'un parti qui prétend défendre l'esprit et la lettre de la constitution en question en rejetant une protection sociale pour tous et en soutenant un droit intégral à tous de disposer d'un arsenal de guerre à domicile, c'est assez perturbant je trouve. Là aussi j'y vois comme une sévère contradiction interne à l'argumentaire.
Edit : pour faire un peu de politique fiction, si en 2000 la SCOTUS avait tranché en faveur de Gore, ce serait ouvert un long processus de recompte et de guerre juridique en Floride concernant le résultat, puisque cette décision aurait consisté à refiler la patate chaude aux instances judiciaires et politiques de l'état de Floride (pour la partie politique, rappelons que le gouverneur d'alors était le frère d'un des des deux requérants). On peut supposer que ce scénario aurait mis de longs mois avant d'aboutir à déclarer un vainqueur, au mieux. Dans l'intervalle, les mandats de président et de VP de Clinton et de Gore auraient été à leur terme légal. Plus de président et de VP disponibles donc (il n'y a aucune base légale juridique ou constitutionnelle à prolonger les mandats dans ce genre de situation).
On se serait retrouvé dans un imbroglio constitutionnel assez coton : considère t on qu'il y a vacances du pouvoir aux rangs 1 et 2 de l'ordre constitutionnel de succession présidentiel, ou considère t on que le collège électoral présidentiel issu des élections est dans l'incapacité de délivrer les 270 voix de majorité à l'un des candidats ? Dans le premier cas, le speaker de l'époque, le républicain Dennis Hastert aurait du assurer l'intérim. Dans le second cas, la Chambre des représentants (à majorité républicaine) aurait du élire le président entre Bush et Gore, le Sénat (alors partagé à 50/50, avec plus aucun VP pour trancher une égalité) aurait du élire le VP entre Cheney et Lieberman. La SCOTUS aurait certainement du se prononcer de nouveau pour dire quelle interprétation avait son assentiment. Personnellement j'aurais penché plutôt pour la première option. A mon avis (qui ne vaut pas tripette en la matière), tant que la Floride n'a pas certifié ses résultats, on peut pas vraiment considérer le collège électoral présidentiel comme réuni (et puis si on part là dessus ça ouvre une autre question : si on exclut éventuellement les résultats de Floride, est ce qu'il faut recalculer le chiffre de la majorité à atteindre au sein du collège pour être élu président ? si oui, en virant les grands électeurs de Floride et en recalculant la majorité, alors Gore est élu) . Et puis la première option avait l'avantage d'épargner un psychodrame politico-médiatico-procédural de plus à la Chambre et surtout au Sénat. Mais la seconde option était certainement très valable aussi constitutionnellement parlant.
Cette longue digression de politique fiction pour en arriver à un élément potentiellement troublant (et ayant un vague écho avec le climat actuel) : Dennis Hastert, le Speaker républicain de l'époque, a depuis été condamné en 2015 à 15 mois de prison pour avoir plaidé coupable d'abus sexuels sur mineurs commis plusieurs décennies plus tôt lorsqu'il était professeur et entraîneur dans un lycée.