Raph a écrit:Avec la victoire sur le fil du candidat républicain dans le 13e district de Californie, la composition de la chambre des représentants est désormais connue: 222 sièges pour les Républicains contre 213 pour les Démocrates, soit exactement l'inverse de l'assemblée sortante.
En effet, et l'on notera que c'est la deuxième fois d'affilée que les électeurs américains livrent un résultat statistiquement original : le rapport de force à la Chambre est le même en inversé entre 2020 et 2022, alors que le résultat était le même en inversé pour le collège présidentiel entre 2016 et 2020.
Les résultats sont donc désormais quasiment définitifs partout :
1) Ã la
Chambre, on a donc 222 sièges pour les républicains (+9) et 213 pour les démocrates.
Ces derniers connaissent déjà une vacance, suite au décès de Donald McEachin, représentant du 04e district de Virginie (des suites d'un cancer à 61 ans). Une élection spéciale est prévue le 21 février pour pourvoir le siège (qui est très bleu et très Afro-Américain, les démocrates le conserveront sans peine). On aura donc un rapport de force de 222 à 212 lors de l'élection du Speaker, pour laquelle l'aile droite du caucus républicains semble décidée à faire des siennes. Les démocrates tenteront-ils d'offrir le poste de Speaker à un républicain centriste plutôt qu'au très à droite McCarthy ? Réponse début janvier.
A cet échelon là , les républicains empochent environ 54.5 millions de voix (50.6%) et les démocrates environ 51.5 millions de voix (47.8%). Mais, comme je l'avais signalé précédemment, les républicains étaient présents seuls ou face à des indépendants dans un plus grand nombre de districts que les démocrates seuls ou face à des indépendants (le GOP engrangeant ce différentiel bonus dans 17 districts au détriment des démocrates). Si on retire ce bonus aux candidats républicains, l'écart entre les républicains et les démocrates est plutôt de l'ordre de 1 million de voix, soit un rapport de force de 50.5/49.5 pour le GOP. Ce qui explique le résultat global nettement plus serré que prévu entre les 2 partis.
En réalité, les démocrates et les républicains font quasiment jeu égal entre les gains et les pertes dans la quasi totalité des états, à 3 exceptions près : Califorine (+1 pour le GOP), Floride (+4 pour le GOP) et New-York (+4 pour le GOP). C'est dans ces 3 états là que les gains républicains (9 sièges net) se sont constitués). On notera que dans ces 3 états là , la poussée républicaine se construit essentiellement autour d'une démobilisation de l'électorat démocrate (surtout en Floride et à New-York) et d'un gerrymandering soit très favorable aux républicains (Floride) soit peu favorable aux démocrates (Californie et New-York).
Surtout, on a désormais 18 élus républicains dans des districts ayant voté Biden en 2020, contre seulement 5 élus démocrates dans des districts ayant voté Trump en 2020. Avec le gerrymandering et l'ultra polarisation du spectre politique on a de moins en moins de districts bipartisans. Par contre, avec cette situation là et étant donné que les prochaines élections seront en 2024 en même temps que la présidentielle (plus forte mobilisation de l'électorat démocrate donc), le parti de l'âne est très favori pour récupérer la majorité de la Chambre des représentants dans 2 ans...
2) au
Sénat, sur l'échelon du vote populaire, c'est l'inverse de la Chambre : les démocrates ont un peu moins de 1 million de voix d'avance sur les républicains (pour un rapport de force de 49.7/48.7), mais avec de fortes disparités selon les états.
On l'a déjà signalé, c'est la première fois depuis près d'un siècle que tous les sortants sont réélus. On notera aussi qu'à l'exception du Wisconsin, tous les états ont voté pour un sénateur de la même couleur politique que le candidat présidentiel victorieux dans leur état en 2020.
Le Nevada (D+0.8) et le Wisconsin (R+1) auront été les sièges les plus disputés de la série. Plus loin derrière on trouve la Géorgie (D+2.8) et la Caroline du Nord (R+3). L'Arizona et la Pennsylvanie étant à la limite de la définition du swing state (D+4.9). Et l'Ohio (R+6.6) aura été plus disputé que le New Hampshire et le Colorado.
Sur cet échelon là , la claque républicaine est très visible.
3) pour les postes de gouverneurs, les démocrates finissent avec un gain net de +2, pour un rapport de force final de 26/24 en faveur des républicains. Mais le GOP ne parvient pas à récupérer les swing states majeurs du Michigan, du Wisconsin ni de Pennsylvanie. Plus grave encore, il perd aussi l'état pivot d'Arizona. Au moins il garde très facilement la Floride et la Géorgie, et parvient à faire basculer le Nevada.
Ici, le plus inquiétant étant le recul des républicains dans beaucoup d'assemblées locales.
Les républicains ont un immense problème sur les bras avec le vote anticipé. Certains tirent la sonnette d'alarme sur le sujet, mais Trump et ses fidèles (notamment en Arizona) continuent à tirer à boulet rouge sur le vote anticipé (coupable désigné pour "justifier" la défaite de 2020). Et puis, surtout, cela fait 2 ou 3 ans que les républicains font voter un maximum de lois pour entraver le vote anticipé dans plusieurs états (les démocrates ayant depuis fait de la pédagogie auprès de leur base pour prendre en compte ces barrières). Bref, si les républicains veulent réinvestir le vote anticipé il va falloir se retrousser les manches et affronter Trump sur le terrain du mensonge de la "fraude"...
https://www.politico.com/news/2022/12/0 ... g-00072956