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L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Ven 25 Sep 2020 14:25

Eco92 a écrit:
Corondar a écrit:Quelques remarques : il semble se confirmer que la liste des swing states se soit allongée, exclusivement au détriment de Trump. Voire que des états comme l'Ohio, l'Iowa, le Texas et la Géorgie seraient réellement en jeu serait une très mauvaise nouvelle pour Trump si cela se confirme.

Pour l'Ohio je me doute que ça ne fait pas l'élection, mais le soutien de Kasich à Biden ne pourrait-il pas expliquer l'obtention d'un ou deux % finalement nécessaires pour remporter l'état ? Ou bien son influence dans son état est-elle désormais nulle ? Il l'avait tout de même emporté ici aux primaires de 2016.


Comme je l'avais signalé à l'époque, ce soutien ne peut pas faire de mal à Biden, mais je doute que Kasich ait à lui seul un poids électoral si important qu'il pourrait apporter l'état au démocrate.
Le site de Larry Sabato continue sa série d'articles sur les états clefs, et il vient de publier sa contribution sur l'Ohio, ça tombe bien :).
https://centerforpolitics.org/crystalba ... play-ohio/
L'article rappelle que cet état a désormais un penchant républicain certain (une population majoritairement blanche et peu diplômée, avec des électeurs issus des minorités moins nombreux que la moyenne US), mais qu'il est fort probable que Trump n'y ait plus l'avance qu'il pouvait avoir face à Clinton il y a 4 ans. L'article met deux éléments en avant : Trump pourra difficilement faire mieux cette année qu'il y a 4 ans dans les campagnes et les villes moyennes, et il y a de fortes chances qu'il fasse nettement moins dans les zones de banlieues de Cincinnati et Dayton.
Précisons qu'un autre site de référence, FiveThirtyEight, semble nettement plus enclin que moi à penser que l'Ohio pourrait voter pour Biden : ce site donne aujourd'hui à Biden 52% de chances de l'emporter en Ohio. Cela me parait beaucoup personnellement. Le site donne, par comparaison, seulement 37% de chances à Biden de l'emporter en Iowa. Il me semble que ce dernier est plus élastique que l'Ohio, et quitte à imaginer un des deux états voter Biden, j'arriverais plus facilement à m'imaginer l'Iowa le faire que l'Ohio ?
Après, aussi bien pour l'Iowa que l'Ohio, ce ne sont pas les états qui feront l'élection cette année. Si l'un des deux ou les deux devaient voter pour Biden, cela jouerait non pas sur sa victoire, mais seulement sur son ampleur (si Trump perd l'un de ces états, c'est que Biden est élu très largement). Ce qui est gênant pour Trump, c'est qu'il ne pourra sans doute pas considérer ces états comme acquis, et qu'il va devoir leur consacrer du temps et de l'argent. En 2016, dans les dernières semaines du scrutin, Trump avait largement ignoré ces deux états qui lui semblaient acquis (ce qui fut bien le cas). Cette année, il n'est pas dit qu'il puisse se permettre ce luxe...
Un autre état dont on parle peu, et où les derniers sondages sont très mauvais pour Trump, c'est le Maine. Là aussi, en début d'année l'état apparaissait comme une cible potentielle réelle pour le président sortant. Si il faisait un tabac dans le district 02 et ne perdait le district 01 qu'avec un écart moyen, il pouvait peut-être espérer l'emporter. Aujourd'hui plus personne n'y croit, et même l'électeur du district 02 semble clairement en jeu pour Biden.
Les derniers sondages au niveau de l'état donnent une avance moyenne de 15 points à Biden (en 2016, Clinton n'avait que 3 points d'avance sur Trump). Dans le district 01, Biden dispose actuellement d'une avance moyenne de 23 points (Clinton en avait un peu moins de 15 le jour du vote), dans le district 02 l'avance moyenne de Biden serait de 4 points (11 points d'avance pour Trump en 2016). Ce qui complique un peu la situation pour Trump dans cet état c'est que la sénatrice sortante républicaine semble désormais très menacée par son adversaire démocrate, et que, contrairement à il y a 4 ans, le Maine pratique désormais un système de vote préférentiel à l'irlandaise...
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Sam 26 Sep 2020 12:35

Pour ceux qui voudraient mettre en perspective l'impopularité de Trump, et son impact éventuel dans les intentions de vote, je répercute la dernière enquête de Civiqs, en date du 20 septembre. Au global, cette enquête trouve Trump à 42% d'approbation et 55% de désapprobation (ce qui correspond à peu près à sa moyenne actuelle). Mais le gros plus de ce sondeur c'est qu'il livre des données de popularité sur les 50 états.
https://civiqs.com/results/approve_pres ... e&map=true
Sans surprise, son impopularité est abyssale dans les états très bleus. Plus grave, il y a énormément de swing states où il est aussi majoritairement impopulaire (Grands Lacs, Nevada, Floride...). On notera qu'il y a même plusieurs états normalement rouges où ce n'est guère fameux (Alaska, Montana, Utah...).
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Marcy » Sam 26 Sep 2020 19:29

Je ne suis pas un spécialiste de la politique américaines, mais la situation de Donald Trump me fait plus penser à celle de Jimmy Carter, lui aussi président sortant en 1980 (49 grands électeurs contre... 489 à Ronald Reagan) qu'à celle du même Donald Trump en 2016.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Eco92 » Sam 26 Sep 2020 22:09

Quel que soit le futur électoral de Trump je doute beaucoup qu'il ait la même image que Carter après son/ses mandats... Certes ont est parfois largement réhabilité une fois battu mais moi qui suis né bien après le mandat Carter j'ai surtout l'image d'une sorte de "super diplomate de la paix" et il me semble à ce titre assez populaire. J'imagine mal Trump dans ce rôle !
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede jojomarg » Dim 27 Sep 2020 01:25

Marcy a écrit:Je ne suis pas un spécialiste de la politique américaines, mais la situation de Donald Trump me fait plus penser à celle de Jimmy Carter, lui aussi président sortant en 1980 (49 grands électeurs contre... 489 à Ronald Reagan) qu'à celle du même Donald Trump en 2016.


La comparaison Carter/Trump me semble délicate, tant les images des présidents Carter et Trump à la fin de leur mandat me semblent différentes.

En 1980, la situation pour Carter était (en simplifiant grandement) la suivante :

-Image personnelle : image assez consensuelle (pas de scandale le concernant directement au cours de son mandat)

- Situation économique : très dégradée en raison du second choc pétrolier de 1979 et de la politique monétaire très restrictive de la Fed.

- Politique étrangère : le gros point noir du bilan Carter aux yeux de l'opinion. Le président payait sa supposée mollesse face aux ennemis extérieurs des USA (apogée militaire de l'URSS dans les années 1970 et crise des otages à l'ambassade des États-Unis en Iran).

-Leadership au sein de son parti: très contesté au sein du parti démocrate, Carter manqua de perdre les primaires face à Ted Kennedy.

-Sondages : en septembre, Carter et Reagan sont au coude à coude dans les sondages. Reagan ne prend l'avantage que grâce au débat où il surpasse le président sortant. L'ampleur de l'écart final entre les 2 candidats est cependant totalement inattendu.

Sur ces 5 points, la situation de Trump me semble aujourd'hui à l'opposé de celle de Carter (à part peut-être pour la situation économique).

Eco92 a écrit:Quel que soit le futur électoral de Trump je doute beaucoup qu'il ait la même image que Carter après son/ses mandats... Certes ont est parfois largement réhabilité une fois battu mais moi qui suis né bien après le mandat Carter j'ai surtout l'image d'une sorte de "super diplomate de la paix" et il me semble à ce titre assez populaire. J'imagine mal Trump dans ce rôle !


Difficile à dire... nos visions des grandes figures historiques sont parfois très différentes de celles des contemporains!
Pour reprendre l'exemple du président de Carter, on se souvient de lui pour sa contribution décisive à l'accord de paix israelo-egyptiens. Toutefois, on tend à oublier que c'est ce même président qui arma les combattants islamistes en Afghanistan à partir de 1979 et qui lança la grande politique de réarmement américaine, poursuivie ensuite par Reagan.

Bref, l'histoire est sélective et peut-être nos petits enfants se rappelleront-ils de Trump comme un "apôtre de la paix", pacificateur du Moyen-Orient et de la péninsule coréenne ;)
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Dim 27 Sep 2020 02:31

Marcy a écrit:Je ne suis pas un spécialiste de la politique américaines, mais la situation de Donald Trump me fait plus penser à celle de Jimmy Carter, lui aussi président sortant en 1980 (49 grands électeurs contre... 489 à Ronald Reagan) qu'à celle du même Donald Trump en 2016.


Cela dépend sur quel élément vous voulez faire vos comparaisons je dirais... Vous voulez parler de popularité, d'intentions de votes ou de l'anticipation du résultat électoral à venir ?
Au niveau de la courbe de popularité, Trump reste un cas presque unique parmi les présidents américains. De tous les présidents post seconde guerre mondiale, il est le seul à avoir été majoritairement impopulaire pendant la totalité de son premier mandat. Il n'a jamais connu de période où son ton d'approbation aura dépassé son taux de désapprobation, que ce soit pendant la campagne de 2016 ou la totalité de son mandat depuis sa prise de fonction. Si on essayait de faire une moyenne de la popularité de tous les présidents depuis 1945 sur l'ensemble de leur premier mandat, il est certain que Trump serait le dernier du classement.
Mais, par contre, il est aussi sans doute le président qui aura connu le moins de variation dans son solde d'image, pas de grand écart entre ses périodes de pic de popularité et ses bas-fonds d'impopularité. Depuis qu'il est en fonction, le solde d'image de Trump (l'écart entre les bonnes et les mauvaises opinions) aura toujours oscillé entre -5 et -15. Aucun de ses prédécesseurs les plus immédiats (depuis les années 1980) n'aura connu sur son premier mandat une ligne aussi stable dans son image. Pour trouver des présidents avec des courbes relativement linéaires il faut remonter à des présidents ultra populaires sur l'ensemble de leur premier mandat (Eisenhower, Nixon, Kennedy...), et encore, même eux ont connu des pics et des creux plus marqués.
Tout cela matérialise deux choses : Trump marche sur l'eau auprès de sa base (qui le soutient contre vents et marées avec une passion égale, que le contexte soit positif ou négatif), mais il clive énormément tous les électeurs qui ne font pas parti de cette base.
Et donc, pour rester dans les comparaisons avec les autres présidents, je dirais qu'à l'instant T de la campagne, la situation de Trump se situe à mi chemin entre Bush père et Carter d'un côté (2 présidents sortants battus) et Bush fils et Obama de l'autre (2 présidents sortants réélus). En terme d'impopularité, il se situe entre ces deux situations. Ce qui est certain c'est qu'il n'est absolument pas dans la situation d'un Nixon, d'un Reagan ou d'un Clinton (qui faisaient tous trois offices de grands favoris à l'obtention d'un second mandat).
Trump a fait le pari qu'il pouvait être réélu en misant tout sur sa base et en ignorant de nombreux électorats tangents. Il fait aussi le pari que, malgré son statut de président, il pourra faire de cette élection un référendum contre Biden plutôt que pour ou contre le sortant. Réponse en novembre ?
Par contre, si on parle de résultat possible de l'élection à venir par rapport aux élections précédentes, le paysage politique américain est aujourd'hui beaucoup trop clivant et partisan pour imaginer pouvoir revoir des landslides au niveau du collège électoral proches de ceux que l'on pouvait observer il y a encore 30 ou 40 ans. Je ne vois pas trop par quel miracle un candidat (qu'il soit démocrate ou républicain) pourrait espérer dépasser les 400 grands électeurs. Même si Biden devait être le jour du vote dans la fourchette haute de son avance moyenne dans le vote populaire (entre 8 et 10 points d'avance sur Trump, soit un écart très proche de celui qu'avait Reagan sur Carter en 1980), jamais il n'arriverait à s'approcher des 500 grands électeurs (489 pour Reagan en 1980). A l'heure actuelle, je dirais qu'un candidat démocrate lambda peut très difficilement tomber sous les 200 grands électeurs, et qu'un candidat républicain lambda peut très difficilement tomber sous les 150 grands électeurs.
Par contre, en terme d'écart dans le vote populaire, en nombre de voix, il est tout à fait possible que Trump accuse, pour un président sortant, un retard plus marqué que beaucoup de ses prédécesseurs défaits. En 1992, Bush père avait 5.8 millions de voix de retard sur Clinton. En 1980, Carter avait 8.5 millions de voix de retard sur Reagan. En 1976, Ford (que j'ai toujours beaucoup de scrupules à inclure dans la liste des présidents sortants vu les modalités pour le moins hors normes de son accession à la fonction) avait 1.7 millions de voix de retard sur Carter. Cette année cela dépendra grandement du taux général de participation (très complexe à évaluer cette année, avec le vote par correspondance et l'impact de la Covid sur le vote à l'urne ?) et de l'écart final entre les deux candidats. Je vois mal comment Trump pourrait être en tête du vote populaire.
Et reste toujours l'inconnue majeure : jusqu'où la distorsion du suffrage indirect et du winner takes all peut-elle aller ? Jusqu'où le collège électoral peut-il battre le suffrage populaire ? Car oui, même avec plusieurs millions se voix de retard, Trump peut quand même être réélu. En 2016, avec un peu moins de 3 millions de voix de retard sur Clinton il a quand même gagné. Peut-il rééditer l'exploit avec 4 millions de voix de retard ? 6 millions ? 7 millions ? 8 millions ?
Personnellement, je continue à penser que si Trump veut avoir une chance, il faut que d'ici au 03 novembre, il réduise sensiblement l'écart avec Biden dans les intentions de votes nationales. Réduire au maximum l'écart sous la barre des 5 points me semble un impératif. Et même avec "seulement" 3 ou 4 points de retard sur Biden, Trump ne serait pas pour autant certain d'empocher les 270 grands électeurs.

Eco92 a écrit:Quel que soit le futur électoral de Trump je doute beaucoup qu'il ait la même image que Carter après son/ses mandats... Certes ont est parfois largement réhabilité une fois battu mais moi qui suis né bien après le mandat Carter j'ai surtout l'image d'une sorte de "super diplomate de la paix" et il me semble à ce titre assez populaire. J'imagine mal Trump dans ce rôle !


Alors ça, c'est coton comme analyse à faire :). Je rejoins jojomarg sur le fait que c'est très compliqué...
En 1980, le bilan général de Carter était plombé auprès de ses contemporains par deux éléments majeurs : la crise économique relative aux chocs pétroliers et la crise des otages en Iran. C'est clairement là dessus qu'il perd.
Avec le temps, son mandat a été mis en perspective et un peu réhabilité (au moins en partie) : objectivement, il avait assez peu de responsabilités dans les deux points noirs en question. Avec le recul, son action pour la paix au Moyen Orient a été saluée. Son image d'homme honnête et d'une administration d'une grande probité trancha pas mal avec ses prédécesseurs (Nixon, pas besoin d'expliquer pourquoi :), et Ford, qui fut, avec beaucoup d'excès, dépeint comme l'héritier de Nixon, en grande partie à cause de la grâce présidentielle...) et son successeur (niveau barbouzeries en tout genre, les années Reagan c'était pas mal :) ). Image qu'il cultiva pendant plusieurs décennies après la fin de son mandat.
Quant à Trump, je suis jamais fan de faire des bilans historiques à chaud :). Encore plus quand on ne sait même pas encore si il fera un ou deux mandats :).
En terme de politique étrangère, je dirais que, là comme ça, ça a l'air très pauvre ? Le rapprochement avec la Corée du Nord a tout du pétard mouillé (objectivement les USA n'y ont rien gagné, la Corée du Nord n'y a rien concédé). Au niveau du Moyen-Orient, il aura été un président républicain très classique : pro-Israël et anti-Iran, très proche de l'Arabie Saoudite. La nouveauté c'est un penchant très pro-russe, mais plus de façade que sur le fond (là aussi j'ai du mal à voir des conséquences importantes) ? Pas de big bang de l'OTAN. Il a annulé le seul legs intéressant des années Obama en faisant marche arrière sur le début d'ouverture avec Cuba. On peut lui être reconnaissant de ne pas avoir ouvert une nouvelle guerre à l'étranger (ce qui lui fait un point commun avec Obama :) ), contrairement à certains de ses prédécesseurs. C'est déjà beaucoup, mais ça en dit long sur le niveau d'attentes qu'on peut avoir envers l'Amérique aujourd'hui :).
Quant au bilan intérieur, je dirais que c'est encore plus difficile à évaluer sans le recul du temps long. Le gros souci c'est que, à priori, sur son premier mandat, il est fort probable que les historiens le jugent surtout sur la hausse des divisions internes du pays et la gestion du coronavirus ? Dans les deux cas, je ne suis pas certain qu'il soit perçu très positivement ? On en reparle dans 10 ans ? :)
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Tirnam » Dim 27 Sep 2020 10:00

Les sondages nationaux continuent de donner une large et très stable avance à Joe Biden, en moyenne 7 points d'avance pour Biden, une moyenne un peu faussée par la présence d'instituts peu reconnus et fiables.
Les instituts les plus sérieux donnent une avance davantage proche des 10 points. Comme par exemple le dernier sondage ABC News/Washington Post, 10 points d'avance ici pour Biden (comme pour Marquette et Quinnipiac), avec surtout Biden bien au dessus des 50%. Par comparaison le même sondage ABC/WaPo donnait 2 points d'avance à Clinton fin septembre 2016.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Dim 27 Sep 2020 10:40

Tiens, je me rends compte qu'au niveau du bilan éventuel du premier mandat de Trump, je suis complètement passé à côté de l'élément qui sera sans doute au final le plus pérenne et le plus impactant : la nomination de 3 juges conservateurs à la Cour Suprême (pour le 3e c'est en cours, mais la probabilité d'élection parait tout de même très élevée :) ).
Déjà, petite contextualisation historique : avec cette future majorité de 6 à 3 en faveur des conservateurs, la couleur de la SCOTUS serait certainement la plus à droite depuis les années 1930 (au milieu des années 1950, après 20 ans de présidences démocrates ininterrompues entre 1932 et 1952, tous les juges avaient été nommés par un président démocrate, mais les profils des juges de l'époque restaient moins politiques qu'aujourd'hui). Ce qui est notable surtout, au delà du simple fait d'être des juges conservateurs, c'est que les 3 juges nommés par Trump se revendiquent tous d'un tropisme religieux marqué.
Mais sur cet aspect là du bilan, c'est là où on atteint les limites de la nécessité du temps long.
Déjà, il est toujours difficile de savoir comment va se comporter un juge une fois nommé. Certains juges présentés comme très conservateurs ont eu à l'usage des votes plus équilibrés qu'attendus (on a déjà eu quelques exemples avec les deux premiers juges nommés par Trump). Ensuite, on ne peut pas savoir combien de temps va durer cette majorité conservatrice (des décès précoces et impromptus de plusieurs juges conservateurs sous une présidence démocrate future sont aussi possibles ?).
Enfin, et c'est là où on a besoin du temps long pour juger de ce genre de bilan : cette majorité conservatrice sera t elle perçue comme un actif ou un passif ? Est ce que cela va antagoniser encore plus les divisions internes à la société américaine ?
Est ce que derrière les démocrates vont augmenter le nombre de juges ?
Dernier point : peu importe comment sera perçu ce legs, j'ai tout de même un peu plus tendance à le mettre au crédit (ou au passif donc ?) de McConnell que de Trump. Ce sont plutôt les manœuvres politiciennes du sénateur du Kentucky qui ont rendu possible la préemption de 2 des 3 sièges en question que les éventuelles actions de Trump ?
Par contre, il faut quand même s'arrêter quelques instants sur ce constat un peu surréaliste : jusque dans les années 2000, Trump était un playboy milliardaire (ayant fait un caméo dans un film pour adulte, et ayant gagné plusieurs razzies awards :) ), bon client des tabloïds et de la presse à scandale pour ses frasques maritales, gourou de la gestion des pertes et des banqueroutes, démocrate revendiqué et pro-choice à l'époque. En à peine une demie douzaine d'années il sera donc devenu l'égérie de la droite conservatrice et religieuse, qui lui aura offert la SCOTUS la plus à droite depuis plusieurs décennies. C'est face à ce genre de tableau surréaliste qu'on sait que l'Amérique reste réellement un pays à part :).
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Mar 29 Sep 2020 00:33

Les surprises d'octobre sont précoces cette année : après la mort de RBG, on a eu droit aux déclarations fiscales de Trump, enfin... Pour être précis, il s'agit de ses déclarations d'impôts entre 2000 et 2017, que le New York Times a réussi à se procurer (le journal refuse de divulguer sa source, il précise seulement que cette source avait accès à ces déclarations de manière légale...). Evidemment Trump crie au complot et à la fake news, mais bon, on peut penser ce qu'on veut du NYT, ce n'est pas le genre de journal à publier ce genre de choses sans être certain de son coup.
Et donc, qu'y avait-il dans ses déclarations d'impôts que Trump ne voulait pas qu'on voit ? Et bien, beaucoup de choses en fait :
1) déjà une confirmation, Trump est un très mauvais gestionnaire qui perd beaucoup plus d'argent qu'il n'en gagne. La plupart de ses investissements immobiliers depuis 2000 ont été des gouffres financiers (en cumulé, ses propriétés immobilières et son organisation ont perdu près de un milliard de dollars sur les 15 dernières années). En fait, les activités réellement lucratives de Trump sur la période concernent quasi exclusivement ses activités de star de la télé-réalité en lien avec le show the apprentice (près de 500 millions de gains sur la même période)...
2) par contre, Trump et ses avocats fiscalistes semblent très doués pour "rentabiliser" ces banqueroutes. En effet, Trump a bénéficié de près de 73 millions de remboursements de prêts et taxes divers en compensation de ses banqueroutes, et ce sont ces déductions fiscales qui ont bien fait l'objet d'un audit de l'IRS. Audit dont la résolution ne semble pas encore actée par les services fiscaux américains : si Trump devait être sanctionné par cet audit, il encourrait une sanction de près de 100 millions de dollars...
3) Trump et son groupe ont contracté pour faire face à cette hémorragie un nombre très élevé d'emprunts auprès de tout un tas de banques étrangères (Trump est débiteur de près de 300 millions de dollars d'emprunts divers)...
4) "grâce" à toutes ces banqueroutes, Trump a pu jouir d'une optimisation fiscale tout bonnement hors norme (sur les 15 années fiscales obtenues par le NYT, Trump a été exonéré d'impôt fédéral pendant 10 d'entre elles, et sur les années 2016 et 2017, Trump aura payé en tout et pour tout 750$ d'impôt fédéral par an, soit 1 500 $ sur les deux premières années de son mandat présidentiel)...
Evidemment les démocrates s'en donnent à cœur joie pour dénoncer une pratique de gestion immobilière qui fleure bon le système de Ponzi. L'élément qui semble le plus imprimer c'est l'optimisation fiscale assez incroyable pour un milliardaire : la campagne Biden fait déjà imprimer des badges et stickers "Je paye plus d'impôts que Donald Trump" :).
https://www.nytimes.com/interactive/202 ... taxes.html
https://edition.cnn.com/2020/09/28/poli ... index.html
Depuis 48 heures, Biden est en boucle : il présente l'élection à venir comme un combat entre Scranton (la banlieue de Pennsylvanie dont il est originaire) et Park Avenue (célèbre rue de New-York où se situe la Trump Tower, symbole du business new-yorkais et mondial).
https://edition.cnn.com/2020/09/28/poli ... index.html
Il fait peu de doutes que le sujet sera abordé lors du débat de demain...
Concernant ce débat, Biden l'a préparé en amont. Trump a opté pour la même stratégie qu'il y a 4 ans : aucune préparation particulière.
Il semblerait par contre que certains au sein de la campagne Trump commencent à se rendre compte que Trump a peut-être été trop excessif dans sa propension à dépeindre Biden comme un vieillard sénile inapte au débat, et que le risque d'avoir placé la barre trop bas pour juger de l'éventuelle prestation de ce dernier est réel. Depuis 48 heures, certains membres de la campagne Trump tentent donc de dire que Biden n'est pas forcément si catastrophique que ça en débat.
https://abcnews.go.com/Politics/trump-t ... d=73264525
https://apnews.com/article/election-202 ... 28161740a1

Sinon, rien à voir, mais pour rester dans l'analyse sondagière et sociologique, il y a peut-être un élément qui joue aussi dans la plutôt bonne tenue de Biden dans les sondages du Wisconsin et de Pennsylvanie : 34% des habitants du premier état sont des catholiques Blancs, 30% des habitants du second. Or, Biden est lui même un catholique Blanc, très pratiquant (il va à la messe tous les dimanches depuis toujours). Si certains Catholiques penchent côté républicains par opposition à l'avortement, il semblerait néanmoins que ce ne soit pas le cas de tous, et plusieurs études semblent indiquer que Biden enregistrerait au sein de cette communauté des intentions de votes supérieures à celles de Clinton il y a 4 ans.
https://www.mcclatchydc.com/news/politi ... 87170.html
https://news.gallup.com/poll/12091/trac ... state.aspx
https://www.pewforum.org/fact-sheet/pub ... -abortion/
Enfin, concernant les votes par courrier, les chiffres continuent à indiquer des records à venir : près de 30 millions de bulletins ont déjà été envoyés, et près de 40 millions supplémentaires sont attendus dans les semaines à venir (pour rappel, en 2016; le chiffre final a atteint les 50 millions de bulletins par courrier).
https://us.cnn.com/2020/09/25/politics/ ... index.html
Cet afflux massif concerne presque tous les états sans exception. Certains ont déjà dépassé à cette date le total des bulletins par courrier de 2016 (Arizona, Pennsylvanie, Michigan, Minnesota, Wisconsin...). D'autres s'attendent à dépasser les chiffres de 2016 d'ici au 03 novembre (Iowa, Ohio, Géorgie, Caroline du Nord).
Les chiffres donnent le tournis : en 2016, à cette même date, la Caroline du Nord ne comptait que 85 000 demandes de votes par courrier : aujourd'hui l'état en recense déjà plus d'un million. En 2016, l'Arizona enregistrait en tout 2 millions de votes par courrier : fin septembre l'état a déjà reçu 3 millions de demandes. Mais le chiffre le plus impressionnant vient de Pennsylvanie : en 2016, cet état avait comptabilisé 287 000 votes par courrier. Cette année, l"état a déjà reçu 2 170 000 demandes !
Face à cet afflux massif attendu, plusieurs cours de justice au niveau des états viennent de prolonger les délais de réception de ces bulletins : en Pennsylvanie, les bulletins reçus jusqu'au 06 novembre, au Michigan, ce sera jusqu'au 17 novembre, au Wisconsin ce sera le 09 novembre et pour la Caroline du Nord ce sera jusqu'au 12 novembre.
Tous ces arrêtés judiciaires sont tous susceptibles d'appels et de saisies de cours suprêmes (dans les états ou à la SCOTUS).
https://fivethirtyeight.com/features/wh ... ion-night/
C'est déjà le cas au Wisconsin par exemple.
https://apnews.com/article/election-202 ... f1082cf198
Sauf écart large dans plusieurs états, il devient de plus en plus probable que plusieurs états soient dans l'incapacité de déclarer un vainqueur dans la nuit du 03 au 04 novembre ?

Enfin, Brad Parscale, l'ancien directeur de campagne de Trump (démis de ses fonctions suite à l'échec du meeting de Tulsa, mais maintenu dans ses fonctions de directeur des opérations digitales de la campagne, bien que son rôle exact depuis dans la campagne était un peu flou), vient d'être hospitalisé en Floride, après ce qui ressemblerait à un épisode dépressif. Sa femme aurait appelé la police indiquant que son mari aurait formulé des intentions suicidaires en étant armé.
https://edition.cnn.com/2020/09/28/poli ... index.html
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Eco92 » Mar 29 Sep 2020 08:59

Corondar a écrit:Concernant ce débat, Biden l'a préparé en amont. Trump a opté pour la même stratégie qu'il y a 4 ans : aucune préparation particulière.
Il semblerait par contre que certains au sein de la campagne Trump commencent à se rendre compte que Trump a peut-être été trop excessif dans sa propension à dépeindre Biden comme un vieillard sénile inapte au débat, et que le risque d'avoir placé la barre trop bas pour juger de l'éventuelle prestation de ce dernier est réel. Depuis 48 heures, certains membres de la campagne Trump tentent donc de dire que Biden n'est pas forcément si catastrophique que ça en débat.

Corentin Sellin en parlait dans un court fil twitter, j'ai trouvé ça très intéressant. Il expliquait que d'ordinaire les candidats avaient tendance à montrer le débat comme un moment difficile, demandant de la préparation, histoire de pouvoir préparer leur "victoire" potentielle. Le seul cas présenté était Bush/Gore pour indiquer que le fait d'avoir présenté Bush en débile léger avait aidé le candidat républicain qui était apparu capable d'articuler des phrases. Le risque est un peu le même à peindre Biden, qui a tenu les débats démocrates sans mal, en sénile.

Corondar a écrit:Sinon, rien à voir, mais pour rester dans l'analyse sondagière et sociologique, il y a peut-être un élément qui joue aussi dans la plutôt bonne tenue de Biden dans les sondages du Wisconsin et de Pennsylvanie : 34% des habitants du premier état sont des catholiques Blancs, 30% des habitants du second. Or, Biden est lui même un catholique Blanc, très pratiquant (il va à la messe tous les dimanches depuis toujours).

Trump le dépeint pourtant en anti-religieux notoire qui va détruire les églises, c'est assez marrant en effet quand on compare leur historique religieux (mais de fait sa base en sera convaincue et les faits ne changeront rien).
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