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L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Kerxizor » Dim 11 Oct 2020 23:19

Il y a une hypothèse qui circule reprise par Laurence Haïm qui voudrait que Trump si il est battu démissionne et demande à Mike Pence de lui accorder un pardon présidentiel. Si je crois l'hypothèse exagérée car Pence ne ferait jamais un acte qui pourrait le mettre en porte à faux pour la suite, je pense que Trump pourrait quand même démissionner et laisser Pence assurer la transition présidentielle à sa place pour s'éviter l'humiliation d'avoir à assister à la cérémonie d'investiture de Joe Biden. Dans ce cas Mike Pence deviendrait Président officiellement ? Et potentiellement ancien président.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Dim 11 Oct 2020 23:42

Kerxizor a écrit:Il y a une hypothèse qui circule reprise par Laurence Haïm qui voudrait que Trump si il est battu démissionne et demande à Mike Pence de lui accorder un pardon présidentiel. Si je crois l'hypothèse exagérée car Pence ne ferait jamais un acte qui pourrait le mettre en porte à faux pour la suite, je pense que Trump pourrait quand même démissionner et laisser Pence assurer la transition présidentielle à sa place pour s'éviter l'humiliation d'avoir à assister à la cérémonie d'investiture de Joe Biden. Dans ce cas Mike Pence deviendrait Président officiellement ? Et potentiellement ancien président.


Cette hypothèse me parait extrêmement hasardeuse et tirée par les cheveux :
1) Vous parlez d'une grâce présidentielle pour quelles poursuites éventuelles ? Si il s'agit de l'enquête en cours sur les déclarations fiscales et d'éventuelles fraudes liées à ces déclarations, l'investigation en question est menée par les bureaux de l'Attorney General de l'état de New-York. Ce ne sont pas des investigations fédérales, le pardon présidentiel n'aurait donc aucun effet au niveau de la justice des états.
Le seul volet où un pardon présidentiel pourrait peut-être clore d'éventuelles poursuites au niveau fédéral, ce serait dans le dossier dit du stormygate, où un pardon présidentiel pourrait éventuellement passer l'éponge sur l'aspect fraude électorale, mais dans le volet fraude fiscale toujours, cela ne protégerait pas Trump d'éventuelles poursuites au niveau des états...
2) Techniquement, rien n'interdit à un président de s'auto-pardonner. Il n'est écrit nul part que c'est interdit en tout cas, et j'ai la faiblesse de penser que si une SCOTUS avec 6 membres conservateurs devait se prononcer sur la question, l'avis aurait des chances raisonnables de conclure qu'en effet, rien ne l'interdit...
3) Techniquement toujours, rien n'oblige le sortant à assister à la passation de pouvoir du nouveau président élu. Alors certes, ce serait contre tous les usages de ne pas y assister, mais cela fait déjà un moment que Trump bafoue tous les usages de sa fonction (il n'a pas publié ses déclarations fiscales contrairement à tous ses prédécesseurs depuis Carter, il a transformé la Maison Blanche en annexe de campagne où il tient des meetings partisans, il ne prend même plus la peine de présenter devant le Sénat les nombreux membres par intérim de son administration pour une ratification formelle, il approprie des fonds non votés par le Congrès pour financer des projets voulus par l'exécutif mais non ratifiés par le législatif, et j'en oublie beaucoup d'autres...).
A priori, l'angle retenu par Trump en cas de défaite serait de nier toute légitimité au processus électoral : c'est très clair, si Trump perd ce sera parce qu'il y aura eu magouille du côté des démocrates. Abdiquer au profit de Pence ce serait reconnaître la défaite en quelque sorte ? Mais on va déjà voir si Trump perd ou pas ?
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Jean-Philippe » Lun 12 Oct 2020 07:55

Il y a un problème qui revient régulièrement : Trump bafoue la loi (meeting dans le jardin de la Maison Blanche, utilisation des moyens humains de l'Etat pour faire compagne...), mais il ne semble y avoir aucune suite. Comment cela s'explique t-il ? Il y a des poursuites engagées ou pas ? Qui pour les mener ? Comment peut-on mettre des limites à un président qui s'en affranchit allègrement ?
Cela me rappelle un peu comment Hitler a progressivement détricoté le traité de Versailles, en profitant de l'inaction des autres puissances. Heureusement qu'il ne reste (normalement) que 3 mois à Trump pour abaisser la fonction présidentielle.

L'un des signes les plus clairs que Trump commence à être lâché par le GOP (je dis bien "commence"), est que certains élus ou candidats très trumpistes cessent de s'en réclamer. Ainsi, la sénatrice de l'Arizona Martha McSally, en grande difficulté dans les sondages, évite de dire qu'elle soutient Trump pendant le débat alors qu'on lui demandait si elle était fière de la façon dont elle a soutenu Trump.
"Je suis fier de me battre pour l'Arizona chaque jour", a t-elle déclaré évasivement (source).
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede manudu83 » Lun 12 Oct 2020 08:07

En 1868 le président Johnson qui avait échappé de justesse à un impeachment n'avait, il me semble, pas participé à la passation de pouvoir pour Grant.

Ceic dit, Trump est loin encore d'avoir perdu, depuis 1948, l'alternance a été souvent sur un bloc de 8 ans, Trump est sortant, possède une base mobilisée, une stratégie que contrairement à d'autre je trouve cohérente :mobiliser son camp en particulier dans les états clés tout en essayant de démobiliser l'électorat démocrate(faire passer Biden pour un communiste auprès des indépendants, le faire passer pour un mou auprès de la frange la plus libérale).

Edit : je viens de vérifier pour Johnson : "Le 3 mars, Johnson organisa une grande réception publique à la Maison-Blanche à l'occasion de son dernier jour de présidence. Grant fit savoir qu'il ne souhaitait pas être dans la même calèche que l'ancien président, comme cela était la coutume et Johnson refusa de se rendre à la cérémonie d'investiture. Malgré les tentatives de Seward pour le faire changer d'avis, Johnson passa la matinée du 4 mars à régler les affaires de dernière minute avant de quitter la Maison-Blanche peu après midi pour se rendre dans la résidence d'un ami"
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Lun 12 Oct 2020 11:33

Jean-Philippe a écrit:Il y a un problème qui revient régulièrement : Trump bafoue la loi (meeting dans le jardin de la Maison Blanche, utilisation des moyens humains de l'Etat pour faire compagne...), mais il ne semble y avoir aucune suite. Comment cela s'explique t-il ? Il y a des poursuites engagées ou pas ? Qui pour les mener ? Comment peut-on mettre des limites à un président qui s'en affranchit allègrement ?
Cela me rappelle un peu comment Hitler a progressivement détricoté le traité de Versailles, en profitant de l'inaction des autres puissances. Heureusement qu'il ne reste (normalement) que 3 mois à Trump pour abaisser la fonction présidentielle.

L'un des signes les plus clairs que Trump commence à être lâché par le GOP (je dis bien "commence"), est que certains élus ou candidats très trumpistes cessent de s'en réclamer. Ainsi, la sénatrice de l'Arizona Martha McSally, en grande difficulté dans les sondages, évite de dire qu'elle soutient Trump pendant le débat alors qu'on lui demandait si elle était fière de la façon dont elle a soutenu Trump.
"Je suis fier de me battre pour l'Arizona chaque jour", a t-elle déclaré évasivement (source).


Déjà, Trump ne bafoue pas forcément la loi par ses pratiques : il peut bafouer l'esprit de la loi, ou des pratiques communément admises mais non contraignantes (c'est le cas avec la non publication de ses déclarations fiscales par exemple).
Ensuite, énormément des lois ou pratiques enfreintes par Trump doivent normalement être investiguées par le Sénat. Or, depuis 2014 et le basculement de la majorité sénatoriale aux mains des républicains, il est très clair que la majorité républicaine ne fait valoir son rôle de contrôle et d'investigation de l'exécutif uniquement lorsque cet exécutif est démocrate.
Par contre, de très nombreuses initiatives de Trump sont en fait très efficacement contrées par le système judiciaire ou par les états fédérés. On en a peu parlé mais récemment, de nombreux arrêtés judiciaires ont clairement grandement limité les champs d'exercice du pouvoir des très nombreux membres par intérim de cette administration (ils ne peuvent plus modifier les nominations au sein de leur ministère, beaucoup de leurs décrets n'ont pas force de lois, ils ne sont pas intégrés dans l'ordre de succession...). D'ailleurs, une très grande partie du legs de Trump est le fruit de décrets présidentiels qui pourront être annulés très facilement et très rapidement par le premier président démocrate venu.
Si les élus républicains sont aussi peu prompts à condamner l'exercice plus que tendancieux de Trump c'est tout simplement parce qu'ils sont bien conscients que Trump marche sur l'eau auprès de leur base électorale. Et il n'y a pas grand chose que les élus républicains peuvent faire contre ça : les électeurs républicains vivent désormais dans une réalité alternative, nourrie par Fox et Breitbart. Un exemple : suite à l'enquête sur le coup de fil entre Trump et le président ukrainien, 50% des électeurs républicains sont persuadés que Trump n'a jamais prononcé le nom de Biden lors du fameux appel. Et pourtant, il suffit de lire la retranscription de l'appel (retranscription transmise par Trump et certifiée 100% authentique par lui pourtant) pour savoir de quoi il retourne.
Enfin, j'aimerais rappeler que les démocrates ont bien tracé une ligne rouge concernant les pratiques et l'exercice du pouvoir de Trump : ils l'ont impeaché :).

manudu83 a écrit:Ceic dit, Trump est loin encore d'avoir perdu, depuis 1948, l'alternance a été souvent sur un bloc de 8 ans, Trump est sortant, possède une base mobilisée, une stratégie que contrairement à d'autre je trouve cohérente :mobiliser son camp en particulier dans les états clés tout en essayant de démobiliser l'électorat démocrate(faire passer Biden pour un communiste auprès des indépendants, le faire passer pour un mou auprès de la frange la plus libérale).


Je suis d'accord avec vous sur un point : Trump est loin d'avoir déjà perdu.
Par contre, en effet, nous divergeons sur la cohérence de la stratégie de Trump. Déjà, un paradoxe évident : j'ai du mal à comprendre comment Biden peut à la fois être un vieillard sénile et impotent et un dangereux dictateur communiste simultanément :). Je ferais la même remarque concernant le débat Pence-Harris : le VP a tenté de décrire Harris à la fois comme une dangereuse anarchiste voulant le chaos dans les rues, tout en la dépeignant comme une ancienne AG de Californie trop sévère envers les délinquants (amis de la cohérence bonjour :) ). Ensuite, en 2016, les critiques de Trump se concentraient uniquement sur Clinton. Aujourd'hui, dans la bouche du président, tout le monde est communiste ces dernières semaines : Biden, Harris, Black lives matter, les médias, les Californiens, les New-Yorkais. Là aussi, la contradiction me parait évidente : comment Biden peut être trop communiste pour les indépendants, mais pas assez pour l'aile gauche des démocrates ? Les angles d'attaque retenus par Trump contre Biden me paraissent nettement moins efficaces et cohérents que ceux retenus contre Clinton il y a 4 ans. Rappelons aussi qu'une présidence avec un sortant, c'est toujours un référendum sur le sortant. Trump tente d'en faire un référendum sur Biden, mais il est très clair que cette option ne marche pas vraiment.
Enfin, concernant la stratégie de Trump avec sa base, ce n'est pas l'utilité de cette stratégie que je remets en cause. C'est son exclusivité que je critique. On l'a complètement oublié, mais en 2016, Trump passait pour un candidat transgressif qui rendait flou les divisions entre politiques démocrates et politiques républicaines. J'aimerais rappeler quelques éléments de la campagne 2016 :
1) Trump était alors perçu comme le candidat un peu plus pro-palestinien et Clinton la candidate plus pro-israélienne
2) Trump défendait la hausse du salaire minimum (à un niveau moins élevé que les démocrates, mais quand même :) )
3) Trump prétendait avoir un plan solide de développement des infrastructures et un nouveau plan de sécurité sociale
Trump a complètement abandonné toutes ces prétentions transgressives, et il a complètement redéfini de manière très claire les lignes de partage entre un agenda démocrate et un agenda républicain. Là aussi, il faut tout de même rappeler d'où vient Trump : c'est un ancien démocrate qui se déclarait pro-choice. Il existait un autre chemin pour Trump : tenter d'être un président trans-parti. Il a opté pour être le président d'un camp contre un autre.
Mais il est désormais certain (et ce depuis au moins 4 ans déjà :) ) que sa base lui est totalement acquise et dévouée. Il ne peut plus la perdre, et, pourtant, il continue à ne s'adresser qu'à elle (sur le masque, la distanciation sociale et la gestion du Covid c'est très clair). Généralement, tous les présidents se recentrent après les midterms. Trump ne l'a pas fait, et ça se voit.
L'autre gros souci de la stratégie de Trump, c'est qu'elle mobilise autant la base démocrate que sa propre base, et, là aussi, ça se voit depuis 4 ans (Trump a réussi l'exploit de faire en sorte que les démocrates se mobilisent plus sur des élections spéciales et intermédiaires que les républicains, chapeau l'artiste), et ça se voit beaucoup dans cette campagne (les candidats démocrates nagent désormais dans un océan de cash financé par les petits dons de leurs électeurs qui n'ont qu'un seul objectif : virer Trump).
D'ailleurs, dans les dernièrs sondages (bien sur on peut dire que ce ne sont que des sondages), Biden obtient plus de 95% des voix démocrates, Trump est lui plus près des 90% côté républicains (signe qu'il existerait peut-être un poil plus de place pour des républicains anti-Trump que des démocrates anti-Biden ?).
Personnellement, si je considère désormais que Biden a plus de chances de gagner la présidentielle que Trump, ce n'est pas seulement parce qu'il y a du chômage, ce n'est pas seulement parce qu'il y a 220 000 morts du Covid aux USA, ce n'est pas seulement parce que Trump aura toujours été un président majoritairement impopulaire, ce n'est pas seulement parce beaucoup de ses promesses de campagne de 2016 ne se sont pas concrétisées (pas de mur, pas de fin de l'immigration, le déficit commercial avec la Chine n'a jamais été aussi élevé, les USA sont toujours le gendarme du monde...). C'est surtout parce qu'il commet à mon sens tout un tas d'erreurs de stratégie de campagne : il mène l'exacte même campagne qu'en 2016. Je peux me tromper complètement, mais, à mon sens, ce qui marche pour un candidat neuf non sortant opposé à la candidate la plus détestée de l'histoire électorale américaine ne peut pas marcher à l'identique pour un sortant devenu le président le plus clivant de l'histoire moderne américaine face à un candidat nettement moins clivant et ayant un bilan de sortant.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Tirnam » Lun 12 Oct 2020 18:02

La moyenne des sondages donnent désormais un avantage de plus de 10 points à Joe Biden que ce soit sur RCP ou fivethirtyeight.com.
C'est l'écart le plus grand depuis le début de l'année 2020.
C'est l'avance la plus grande pour un candidat depuis la 2nde campagne de Clinton en 1992.
Biden obtient à l'heure actuel le plus haut niveau de soutien pour un candidat de l'opposition depuis l'apparition des sondages en 1936.
https://edition.cnn.com/2020/10/11/poli ... index.html

Je sais bien que rien n'est jamais terminé avant que le dernier bulletin soit mis dans l'urne mais honnêtement, qu'est-ce qui pourrait bien faire changer les choses ? Certainement pas des événements classiques de campagne.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Mar 13 Oct 2020 01:58

Tirnam a écrit:La moyenne des sondages donnent désormais un avantage de plus de 10 points à Joe Biden que ce soit sur RCP ou fivethirtyeight.com.
C'est l'écart le plus grand depuis le début de l'année 2020.
C'est l'avance la plus grande pour un candidat depuis la 2nde campagne de Clinton en 1992.
Biden obtient à l'heure actuel le plus haut niveau de soutien pour un candidat de l'opposition depuis l'apparition des sondages en 1936.
https://edition.cnn.com/2020/10/11/poli ... index.html

Je sais bien que rien n'est jamais terminé avant que le dernier bulletin soit mis dans l'urne mais honnêtement, qu'est-ce qui pourrait bien faire changer les choses ? Certainement pas des événements classiques de campagne.


Et ce n'est guère plus encourageant pour Trump au niveau des derniers sondages par états. Biden est aussi donné en hausse dans quasiment tous les swing states.
Traditionnellement on constate plutôt un resserrement du rapport de force à l'approche de l'élection. Alors certes, il reste encore 3 semaines avant le jour J, mais normalement, si on suit les standards habituels, ce resserrement aurait largement dû commencer à s'opérer. Pour le moment il n'en est rien.
Pour que Trump puisse l'emporter, il faut absolument que les écarts entre les deux candidats s'amenuisent. Il faut aussi qu'un nombre très élevé de bulletins par correspondance soit invalidé. Il faut aussi une très forte mobilisation de l'électorat républicain le jour du vote (en espérant que plusieurs états ne connaîtront pas à ce moment là des pics de contamination ou des conditions météorologiques compliquées, les deux pouvant limiter le vote à l'urne). Il faut également que l'électorat démocrate se démobilise un peu, peut-être en anticipant trop la victoire (mais ça, honnêtement, vu le niveau de rejet de Trump chez l'électorat démocrate, j'y crois pas trop) ?
Quant à une éventuelle surprise d'octobre favorable à Trump, il faudrait un élément d'envergure biblique. Dans ce genre de situation, il me vient souvent en mémoire une citation très célèbre d'un non moins célèbre politicien américain, Edwin Edwards (si le cœur vous en dit, je vous invite à aller jeter un œil sur la bio du bonhomme, c'était un sacré numéro, il est d'ailleurs toujours vivant, ancien gouverneur, entre autres postes électifs, de Louisiane, qui finit jugé et condamné pour corruption), qui en son temps fut très connu pour livrer de bons mots, à la presse ou lors de débats. En 1983, la veille de l'élection pour un 3e mandat (non consécutif) de gouverneur de Louisiane (qu'il remporta), il déclara aux journalistes cette phrase devenue célèbre outre-Atlantique : "La seule manière pour moi de perdre cette élection, ce serait d'être surpris au lit soit avec une fille morte, ou un garçon en vie." C'était assez cynique et macabre, mais c'était cruellement réaliste sur les non-dits de l'Amérique puritaine, et, étant donné le passif déjà chargé du bonhomme au moment où il prononça cette phrase, c'était sans doute pas tout à fait faux. Je pense que pour qu'une surprise d'octobre puisse entamer réellement l'avance de Biden, il faudrait sans doute quelque chose de cet acabit là, en effet.
On atteint désormais près de 10 millions de suffrages déjà émis, et le compteur tourne tous les jours. Plus il y a de bulletins émis pendant le momentum de Biden, mieux c'est pour sa campagne.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Tirnam » Mer 14 Oct 2020 21:00

J'ai l'impression que les sondages par Etat commencent à s'accorder avec une moyenne nationale en faveur de Biden de l'ordre de 11-12 points. Dans le Michigan, Wisconsin et Pennsylvanie on voit pas mal de sondages qui convergent vers 7-10 points d'avance pour Biden, en Caroline du Nord et en Floride Biden semble prendre quelques points d'avance (environ 4, 5 points). Et dans des Etats traditionnellement républicains là aussi on assiste à un reflux marqué de Trump : 7 points d'avance dans des récents sondages dans l'Indiana et le Montana, 15 points "seulement" en Virginie-Occidentale. Dans les prochains jours le New York Times va publier des sondages en Caroline du Sud et l'Alaska, deux Etats qui, en cas de raz-de-marée Biden, peuvent devenir vulnérables.

On a aussi des sondages dans des circonscriptions qui vont également dans le même sens : +21 pour Biden dans la 10è de Virginie (+10 pour Clinton en 2016), +9 pour Biden dans la 22e du Texas (+8 pour Trump en 2016), +4 pour Biden dans la 1ère de New York (+12 pour Trump en 2016), +15 dans la 1ere de Pennsylvanie (+1 pour Clinton en 2016) ...

Du côté du vote anticipé on est toujours sur une participation exceptionnelle, dernier exemple en date : plus d'un million de votants pour le premier jour de vote anticipé au Texas.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Mer 14 Oct 2020 22:28

Tirnam a écrit:Du côté du vote anticipé on est toujours sur une participation exceptionnelle, dernier exemple en date : plus d'un million de votants pour le premier jour de vote anticipé au Texas.


Il faut s'arrêter un instant sur cet élément : si les tendances observées jusqu'ici au niveau du vote anticipé (aussi bien sur le vote par courrier que sur le vote à l'urne anticipé) se maintiennent jusqu'au jour du vote, et si la participation à l'urne le jour J est bonne, on pourrait atteindre un cru de participation historique selon les standards US. Tous les voyants sont au vert pour que l'on dépasse le taux de participation de 2008 (58% à l'époque). Les modèles prévoient un taux de participation possible jusqu'à 65% (rappelons qu'aux USA ce taux est calculé sur la population en âge de voter et non sur la population inscrite), ce qui nous ferait remonter à 1908 pour trouver un taux équivalent ! On serait sur une hausse de la participation de 10 points par rapport à il y a 4 ans.
Si cela devait se confirmer, le cru présidentiel serait en terme de participation aussi historique que celui des midterms d'il y a 2 ans. Cela reste hypothétique pour le moment, mais si cela se confirmait on tournerait autour des 160 millions de suffrages exprimés (soit près de 23 millions de voix de plus qu'il y a 4 ans). Même si on part sur une participation solide mais un poil moins historique (autour des 60%), on tournerait quand même autour des 150 millions de suffrages exprimés. Et les votes par courrier pourraient représenter pas loin de 50% du total.
Cette participation massive par anticipation se retrouve dans presque tous les états. En Géorgie, certaines personnes font la queue plusieurs heures (surtout dans les quartiers afro-américains, où les autorités républicaines ont massivement réduit le nombre des bureaux de vote) pour pouvoir glisser un bulletin dans l'urne. Mais même dans des états sans enjeu on constate le même phénomène.
https://apnews.com/article/election-202 ... a8ef780003
https://edition.cnn.com/2020/10/13/poli ... index.html
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Jean-Philippe » Jeu 15 Oct 2020 08:07

Biden a levé 383 millions de dollars en septembre contre 365 en août (source). Dans les jours qui ont suivi la mort de RBG, sa campagne a récolté 100 millions via ActBlue, la plateforme de collecte de fonds en ligne largement utilisée du parti. Le soir du premier débat, il a encore gagné 10 millions de dollars de 21 heures à minuit.

Nous aurons les chiffres pour Trump d'ici le 20 octobre. En août pour rappel, ce dernier a récolté 210 millions.

Après un resserrement fin août, l'écart entre les courbes devient abyssal (j'exagère à peine étant donné que Biden est face au président sortant) : même la Géorgie est classée comme basculant sur cette page très fréquemment mise à jour de Fivethirtyeight avec notamment un dernier sondage avec Biden à +7 de l'Université de Quinnipiac, jugé fiable.
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