de Marcy » Lun 4 Mai 2020 20:24
Je poursuis avec la Corse, où les analyses sont d'autant plus difficiles que le PRG n'a pas, à ma connaissance, d'outils de communication où il listerait quels sont ses élus.
En Haute-Corse, la bataille fait à nouveau rage à Bastia au sein de la famille radicale de gauche : après son échec de 2014 (32,5% au premier tour, 44,6% en duel au deuxième tour contre 55,4% pour les nationalistes), Jean Zuccarelli tentait à nouveau de l'emporter dans ce bastion familial, fort de 46 000 habitants - son grand-père, aussi prénommé Jean, ayant été maire de 1968 à 1989, puis son père Emile de 1989 à 2014 (avec une interruption entre 1997 et 2000, quand il était ministre). Jean Zuccarelli était à nouveau soutenu par le PCF (qui conserve un certain poids à Bastia) et se revendiquait du soutien du groupe radical au conseil municipal de Bastia, quand la fédération PRG de Haute-Corse soutenait la liste DVG menée par Jean-Sébastien de Casalta (non encarté), également soutenu par François Tatti (suspendu du PRG après avoir mené une liste autonome aux municipales de 2014, puis rejoint la liste nationaliste, et devenu président de la communauté d'agglomération de Bastia ; François Tatti a créé son propre mouvement, le Mouvement corse démocrate). La liste Casalta accueillait en cinquième position José Martelli, président délégué du PRG de Haute-Corse.
Au final, comme ailleurs en Corse, les nationalistes n'ont pas percé : le maire sortant Pierre Savelli a recueilli 30,43%, devant Jean-Sébastien de Casalta (20,02%), Jean Zuccarelli (13,83%) et une troisième liste de gauche, soutenue par LREM, menée par Julien Morganti (12,42%). Si elle s'unit, la gauche peut l'emporter.
Dans le reste du département, Anthony Alessandrini, qui avait été élu président de la fédération départementale en 2016 (à l'issue d'une élection boycottée par les partisans de la famille Zuccarelli), en réunissant alors selon lui 200 votants sur 330 inscrits, et succédant alors à son père, Alexandre, a été réélu à Antisanti (550 habitants). Le site national du PRG indique toujours le nom du père comme président de fédération...
Le PRG de Haute-Corse avait tenté un rapprochement avec LREM, qui avait échoué à la veille des élections territoriales de décembre 2017, pour lesquelles le PRG n'avait pas présenté de liste pour la première fois : le PRG de Haute-Corse n'avait alors pas donné de consignes de vote.
Sur les 7 maires PRG élus en 2014 dans les communes de plus de 1 000 habitants, la déperdition au profit de LREM a été limitée à Marie-Hélène Padovani (qui a succédé à son père Jean-Jacques Padovani), maire de San Martino du Lota (2 900 habitants, dans la communauté d'agglomération de Bastia), réélue avec 70,3% le 15 mars. Un autre maire PRG a rejoint la liste nationaliste de Gilles Simeoni aux élections teritoriales de 2017 : Guy Armanet a été réélu (69,3%) maire de Santa Maria di Lota (autre commune de la communauté d'agglomération de Bastia, 1 700 habitants).
Les cinq autres mairies de PRG de 2014 sont restées dans la mouvance radicale de gauche. La plus importante jusqu'en 2014 (hors Bastia), Furiani (5 600 habitants, toujours dans l'agglomération [CA] de Bastia - la cinquième commune de la CA, Ville-di-Pietrabugno, étant ancrée à droite) avait pour maire François Vendasi, ennemi de la famille Zuccarelli ; en 2014, il avait cependant passé la main à un socialiste, Pierre Michel Simonpietri, réélu en 2020 au premier tour avec le score de 81,7 %. . Parmi ces cinq communes, je n'ai pas le détail de la sensibilité (PRG officiel ou proximité avec la famille Zuccarelli ?) mais je parierais pour une proximité avec la fédération départementale, les forces de la famille Zuccarelli étant centrées sur Bastia : Séverin Mendori à Linguizetta (1 100 habitants), François Tiberi à Ventiseri (2 500 habitants) et Balthazar Federici à Venzolasca (1 800 habitants) ont été réélus sans opposition ; à Penta-di-Casinca (3 400 habitants), Yannick Castelli a été réélu avec 84,3%, et San Nicolao (2 000 habitants) Marie-Thérèse Olivesi a été réélue dès le premier tour avec 54,3%, malgré la présence de deux autres listes.
Le PRG de Haute-Corse, que d'aucuns donnaient en perdition en 2017, résiste donc très bien lors du premier tour de ces municipales.
En Corse du Sud, où la présence radicale est moins forte, la perte par la gauche d'Ajaccio en 2014 a eu des conséquences directes sur le fonctionnement de la fédération. Le site national du PRG indique comme président de fédération François Pieri, ancien adjoint au maire de Simon Renucci (jusqu'en 2014), mais François Pieri semble s'être retiré politiquement.
Le maire d'Olmeto (1 300 habitants), José-Pierre Mozziconacci, est passé à LREM. Elu DVG à Eccicca-Suarella (1 200 habitants) en 2014, où il avait succédé au PRG Paul Pellegrinetti (37 ans de mandat au compteur), Pierre Poli a figuré sur la liste Simeoni aux élections territoriales. Il a été réélu sans opposition en 2020, le troisième sur sa liste étant Antoine Pellegrinetti. Une autre commune avait été perdue par le PRG en 2014 : après le retrait de Paul-François Scarbonchi, le nationaliste Jean Biancucci a été élu maire à Cuttoli-Corticchiato (2 000 habitants), et réélu sans opposition en 2020.
Le PRG municipal en Corse-du-Sud se concentre donc sur deux derniers bastions :
- Propriano (3 700 habitants), où l'ancien conseiller général Paul-Marie Bartoli avait pris acte - en la déplorant - de l'absence de liste de gauche aux élections territoriales de 2017 pour soutenir la liste de droite (sur laquelle figurait l'une de ses conseillères municipales, tout en prétendant que ceci n'avait pas impacté sa consigne de vote aux élections territoriales) ; il a été réélu dès le 15 mars 2020 avec 73,5%, face à une liste régionaliste ;
- Appietto (1 800 habitants), où François Faggianelli l'a emporté sans opposition ; il est en poste depuis 2001, excepté une courte période de quelques mois en 2014, où sa femme (Caroline) avait été maire, alors qu'il purgeait une peine d'inéligibilité résultant de l'invalidation de ses comptes de campagne.
En Corse du Sud, les liens personnels sont prédominants, comme dans le nord du département, ce qui expliquait les très larges réélections du sénateur PRG Nicolas Alfonsi (2001-2014), qui avait été maire de Piana de 1962 à 2001, récemment décédé du Covid19. A Ajaccio, il avait soutenu au premier tour des municipales l'une des deux listes de gauche à ce scrutin, conduite par le communiste Etienne Bastelica (6%) - l'autre liste de gauche était menée par Patricia Curcio (PG ; 1,78%). Hostile aux nationalistes-régionalistes, Nicolas Alfonsi s'appuyait sur des réseaux tissés au cours de sa longue carrière politique - il avait été élu député pour la première fois en 1973 - alors que le radicalisme est traditionnellement mieux implanté dans le nord de la Corse, mais reste une force politique majeure que LREM n'a pas réussi à remplacer comme sensibilité de centre-gauche sur l'échiquier politique, et que les nationalistes-régionalistes n'ont qu'assez faiblement entamée - à l'exception notable de Bastia, où l'issue des municipales n'apparaît à ce jour pas très favorable pour la famille régionaliste.
Mise à jour du 16 mai 2020 à 2h25 : correction de l'étiquette du maire de Furiani (PS et non PRG) depuis 2014, Pierre Michel Simponpietri.
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Marcy le Sam 16 Mai 2020 01:29, édité 6 fois.