de Genaro Flores » Lun 22 Fév 2016 18:50
Quand l’espoir fait vivre…
Je confirme les propos de « cevenol30 ». Au vu des prévisions divulguées cette nuit par deux instituts de sondages (52,3% de Non contre 47,7% de Oui pour Ipsos ; 51% de Non contre 49% de Oui pour Equipos Mori), le gouvernement veut encore croire à un succès du Oui.
Le vice-président Álvaro García Linera déclare ainsi qu’« il est hautement probable que ces premiers chiffres s’en trouveront modifiés de manière radicale ». En effet, l’apport des suffrages émanant des aires rurales éloignées, traditionnellement favorables à Evo Morales, mais aussi de l’étranger, pourrait, selon lui, inverser la tendance. Pour conforter ses dires, il évoque d’ailleurs un précédent, celui de l’élection présidentielle du 11 octobre 2014 pour laquelle les premières enquêtes sondagières donnèrent 59,70% à Morales avant de totaliser 61,36% en comptabilisant les paysans des zones enclavées et les émigrés. On pourrait citer trois autres consultations nationales qui ont vu Morales atteindre un meilleur score au décompte final : les élections générales de 2005 (51,10% puis 53,70%) ; le référendum révocatoire de 2008 (63,10% puis 67,40%) ; enfin, les élections générales de 2009 (62,50% puis 64,22%).
Selon les chiffres du tribunal suprême électoral (TSE), 258 990 Boliviens vivent en dehors du territoire national, soit 3,9% des 6 502 069 inscrits. 84% de ces émigrés, soit 218 086 personnes, ont élu domicile en Argentine (116 568), en Espagne (70 148) et au Brésil (31 370). A partir des données du gouvernement, l’équipier de Morales a révélé hier que le Oui a rassemblé près de 80% des voix en Argentine et 80% au Brésil, ce qui accroîtrait de 0,5% le score du oui en intégrant seulement deux pays dans le décompte final. Un Oui qui augmenterait également, toujours selon García Linera, en raison de l’appui des communautés rurales isolées et des quartiers périphériques des grandes villes (entre 80 et 90% de Oui). Autant d’électeurs non pris en compte dans les études réalisées dimanche par les deux instituts de sondage que sont Ipsos et Equipos Mori. Du coup, il escompte une hausse du Oui comprise entre 2 et 3%.
Aussi, l’ex-dirigeant de l’Armée de guérillera Túpac Katari conseille aux opposants de réfréner leur enthousiasme, dans une claire allusion aux festivités qu’ils ont organisées dans plusieurs villes à l’annonce de la victoire du non. « Les cris de joie pourraient bien se convertir en pleurs », a-t-il précisé. N’empêche, l’opposition n’en démord pas en soulignant que l’avance dont elle bénéficie dans les résultats partiels est irrattrapable.
Concernant l’avenir de Morales, on peut dire qu’a aucun moment il n’a lié son maintien à la tête de l’Etat au résultat du référendum. Lors d’une conférence de presse qu’il a donnée ce matin pendant près d’une heure, il a déclaré qu’il y avait encore beaucoup à faire d’ici 2019 afin d’empêcher les partisans du non d’accéder au pouvoir.
Sinon, il attend les résultats finaux avec beaucoup de sérénité après avoir rappelé qu’il reste à vérifier le décompte dans les campagnes où le gouvernement bénéficie d’un large soutien, tout en reconnaissant : « Evidemment, on ne nous aime pas beaucoup dans les villes ».
Par ailleurs, il a dénoncé les mensonges proférés par ses opposants à travers les réseaux sociaux qui ont nui à la campagne électorale. En oubliant de dire que ce vecteur de communication était le seul moyen, pour ses détracteurs, de se faire entendre, les services publics médiatiques alimentant servilement la seule propagande gouvernementale...
Enfin, il souhaite que sa succession en 2019 soit du seul ressort des mouvements sociaux, intériorisant par ricochet sa... défaite ! Une défaite qui, même s’il n’en a rien laissé paraître, doit lui faire très mal en raison du lien charnel qu’il a tissé, et durant plus de dix ans, avec son électorat...
Au terme de son troisième mandat, prévu le 22 janvier 2020, il retournera dans cette jungle de Chapare qu’il découvrit en 1982 avec sa famille après avoir quitté ses terres nourricières de l’Altiplano, frappé alors par l’une des pires sécheresses de son histoire. Progressant rapidement dans la hiérarchie syndicale, il s’emparera, en 1993, de la présidence de la Coordination des producteurs de coca du tropique de Cochabamba. A vrai dire, les prémices d’une renversante épopée...
G.F.
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Genaro Flores le Lun 29 Fév 2016 14:33, édité 14 fois.