cevenol30 a écrit:N'oublions pas que le parti communiste n'était pas au pouvoir avant le Maïdan, c'était surtout le "Parti des Régions" dont certaines sections se sont désolidarisées au moment où ça a mal tourné.
En tous cas, le parti communiste a(urait) approuvé un massacre que, complot ou pas, il n'a pas lui-même commandé...
Dans l'autre sens, l'extrême-droite (Svoboda et Pravy Sektor principalement) n'a pas apprécié la ratification par le parlement de Kiev de l'accord de Minsk qui consacre quelque peu la partition du pays, les manifestations devant le Parlement ont été dures mais l'accord est passé. De fait (comme souvent les révolutionnaires dans une révolution) ils se retrouvent marginalisés et les évènements ne se passent pas pas comme ils voudraient. Les milices sont sommées de rentrer dans l'armée régulière (donc de perdre leur autonomie politique) et y rechignent mais comme Porochenko tient à son pouvoir, elles finiront bien par s'y plier.
Il faudra donc voir le poids électoral de ces mouvements si tant est qu'ils se présentent (à la présidentielle, ils n'y étaient pas). A mon avis, il sera(i)t assez bas...
Bref, il faudrait savoir qui se présente.
La partition de l'Ukraine est largement liée à ce que Moscou a compris quant à l'impossibilité de garder dans son orbite les Ukrainiens de l'ouest et du centre, qui veulent être détachés de l'ex-empire russe mal démantelé. La non-participation des populations de l'Est aux élections acte de fait que le pouvoir à Kiev reste anti-Moscou.
En Russie, le problème ethnique est avec les Caucasiens notamment les Tchétchènes (il y a eu, personne ne l'ignore, deux guerres totalisant plusieurs années, à part ça tout va bien) et même l'opposition nationaliste leur est fort hostile. Il est vrai que par contre avec d'autres minorités y compris musulmanes (Tatars) les choses semblent bien se passer. La différence pouvant être que les minorités dont les territoires autonomes sont enclavés au sein de la Russie fédérative (ex-RSFSR) peuvent se satisfaire de leur autonomie et ont plus intérêt à jouer le jeu.
De notre côté, nos points de vue sont influencés par les clivages français à propos de la Russie poutinienne: très bien vue très à droite (FN, UPR,...) peut-être parce qu'elle leur ressemble, plus rejetée au centre et à gauche entre parce que modèle anti-démocratique (ou de dictature "soft" encore plus dangereuse car moins inacceptable) et à nouveau relativement bien vue parfois très à gauche, plutôt par anti-américanisme et nostalgie de l'URSS que pleine adhésion. De toute façon, le paradoxe est un peu là -bas aussi: un Poutine bien à droite (son parti en tous cas) avec un capitalisme peu éthique soutenant des "Républiques Populaires" de Donetsk et Lougansk...
Oui, les communistes n'étaient en effet pas au pouvoir. Pour ce qui est de feu le Parti des régions, c'était un regroupement de clans et de clientèles assez hétérogène, surtout centré sur la défense des intérêts des russophones. Il n'avait pas de véritable unité politique: ses représentants à l'assemblée parlementaire du conseil de l'Europe siégeaient dans des groupes différents, des socialistes au groupe "démocrate" (droite dure) en passant par les libéraux! Cette faible cohérence explique qu'ils n'aient pas cherché à jouer les héros quand les milices exigeaient un changement de pouvoir, armes à la main. Et on peut penser qu'au fond, ce parti n'avait pas de véritable assise populaire, était plutôt soutenu par intérêt et par défaut. Ce qui expliquerait à mon sens que le coup d'état du Maïdan ait pu réussir, là où sur un scénario assez similaire la tentative de coup d'état contre Chavez avait échoué du fait de la mobilisation populaire (
ruinant au passage pour 10 ans les plans de l'opposition et de ses amis de Washington, comme quoi ce genre de tentative, c'est quitte ou double...)
Par ailleurs, le gouvernement ukrainien n'a jamais proposé de véritable autonomie à caractère permanent pour le Donbass. Mais il a en effet fait quelques concessions essentiellement destinées à conserver le soutien des européens. Elles sont surtout de facade, mais c'est encore trop pour l'extrême-droite. Et à cet égard ces élections pourront quand même permettre de mesurer l'équilibre des forces au sein du régime.
Sur la lecture française des évènements, c'est tout de même loin d'être aussi simple que ce que vous décrivez. Bon nombre de personnalités PS ou UMP se sont démarquées de l'hystérie anti-russe ambiante.
Et il y a une différence fondamentale entre les positions du FN et celles des gens "très à gauche"
(dont certains, comme les néo-communistes et néo-trotskistes d'Ensemble sont farouchement russophobes, soit dit en passant...). Le premier soutient en effet Poutine tant dans sa politique extérieure qu'intérieure par indéniable affinité idéologique. Les seconds n'ont pas de sympathie pour lui et ses idées. Ils récusent simplement la lecture "otanienne" des évènements ukrainiens.
Par ailleurs, même si les sympathies idéologiques de Poutine vont plutôt chez nous à des partis de la droite dure, le bonhomme est avant tout un pragmatique. Ainsi, le parti russophone letton, notoirement soutenu par le grand voisin, est plutôt de gauche. Pour le Donbass, on imagine que le président russe ne voit pas forcément d'un très bon oeil les accents marxisants qu'adoptent à l'occasion les insurgés. Mais les deux "républiques populaires" sont loin d'être monolithiques, il y a aussi des tendances traditionalistes, et au-delà de l'affichage et du discours, elles se sortent guère du cadre capitaliste. Et quoi qu'il en soit, cela ne fera certainement pas oublier à Poutine qu'il serait suicidaire pour lui, tant sur le plan de la politique intérieure qu'au niveau géopolitique, de "lâcher" purement et simplement un Donbass qu'il a toujours nié contrôler directement.