Avant de faire un point sur la politique nationale, je me permets des remarques sur trois gouverneurs (deux démocrates et un républicain) qui sont actuellement confrontés à des situations compliquées, enfin surtout l'un des trois je dirais :
1) commençons par le gouverneur de Californie, Gavin Newsom.
Pour ce dernier, c'est assez simple. La Californie possède une loi qui permet de destituer éventuellement son gouverneur via un référendum d’initiative populaire. Pour se faire, il faut réunir les signatures valides d'1.5 millions d'électeurs Californiens. Les républicains ont déjà tenté plusieurs fois de réunir ces signatures contre Newsom sur différents sujets depuis son élection, la dernière tentative en date étant la sixième au cours des deux dernières années. Le dernier sujet retenu pour ce référendum de destitution étant la politique de lutte contre le Covid du gouverneur, que les républicains jugent trop liberticide et contraignante. Il reste encore un mois aux républicains pour collecter des signatures, ils annoncent déjà les avoir. On ne sait pas si c'est vrai, les signatures ne seront examinées qu'à la fin du délai.
Si jamais le GOP californien devait bien avoir réussi à collecter ces 1.5 millions de signatures (pour mémoire, lors des élections de 2018, le candidat républicain avait obtenu 4.7 millions de voix, contre 7.7 millions pour Newsom), alors les Californiens seront appelés aux urnes pour se prononcer sur deux questions : êtes vous favorables à la destitution du gouverneur, et, si oui, par qui voudriez vous le remplacer ? La dernière fois qu'un référendum de ce genre avait eu lieu en Californie, c'était en 2003, et cela avait abouti à la destitution du gouverneur démocrate de l'époque (Davis), qui fut destitué par plus de 55% des électeurs, et son successeur élu fut Schwarzenegger (avec un peu plus de 48% des voix).
Mais même si on devait en arriver là , je pense que Newsom ne risquerait pas vraiment de perdre son poste. Bien qu'en baisse, sa popularité tourne toujours autour des 50% à l'heure actuelle, et si sa politique de lutte contre le Covid a pu créer des mécontentements, il semble garder le soutien des électeurs démocrates de son état, qui représentent une part bien plus importante des électeurs Californiens qu'en 2003. Surtout, pour qu'une destitution aboutisse, il faudrait que les républicains parviennent à proposer un candidat crédible alternatif, ce qui, dans le paysage politique californien actuel serait une gageure.
Bref, le risque de voir Newsom destitué me semble tout de même limité, et quand bien même, je vois mal les démocrates perdre le poste dans la foulée ? On verra déjà dans un mois si les républicains ont bien collecté les 1.5 millions de signatures nécessaires...
https://www.nbcnews.com/politics/meet-t ... e-n1258093https://www.cbsnews.com/news/gavin-news ... -governor/2) le second gouverneur contesté est Cuomo à New-York.
Pour lui la situation est nettement plus complexe et moins claire à l'heure actuelle, mais potentiellement nettement plus dangereuse.
Cuomo et/ou son administration seraient suspectés d'avoir altéré et retardé l'intégration de certains décès dus au Covid dans le bilan de l'état lors des premiers mois de la pandémie (au printemps 2020). C'est assez technique, mais si j'ai bien suivi, les patients des EHPAD hospitalisés dans un premier temps puis renvoyés dans leurs EHPAD avant d'y décéder auraient été dans un premier temps non intégrés dans les bilans officiels (leur réintégration dans les chiffres aurait été plus tardive, au cours de l'été ou de l'automne).
Les républicains accusent le gouverneur d'avoir minimisé les chiffres, Cuomo et son administration niaient toute volonté de manipulation, mettaient en avant un couac administratif (à une époque où le gouverneur dit qu'il y avait une urgence dans l'action) réparé par la suite. Mais depuis des versions divergentes sont apparues au sein des équipes du gouverneur, certains parlant de chiffres truqués pour contourner d'éventuelles menaces de l'administration Trump (qui à l'époque menaçait de faire le tri entre les états qu'elle aiderait ou non à lutter contre le Covid). Bref, l'affaire est assez embrouillée (je ne suis pas certain de tout comprendre sur qui a fait quoi, qui savait quoi et à quel moment...). Ce qui est certain désormais c'est qu'il y a tout un tas d'enquêtes ouvertes (au sein des assemblées locales de New-York, du FBI et des attorney de l'état) pour démêler le vrai du faux. Les républicains de l'état appellent déjà à l'impeachment du gouverneur (les républicains confirment que l'impeachment dépend de l'étiquette politique du suspect :) ), les démocrates soutiennent les enquêtes.
Pour l'heure, il est difficile de savoir sur quoi toutes ces enquêtes vont déboucher. Si vraiment on découvre une magouille diligentée par le gouverneur pour camoufler les chiffres cela pourrait en effet avoir de fâcheuses conséquences pour lui. Je dirais surtout que cela entache son bilan (qui jusque là était plutôt jugé très positivement par ses administrés), et peut du coup rendre une future campagne de réélection compliquée. Les démocrates disposant de super majorités dans les assemblées locales, il faudrait que les enquêtes débouchent sur du lourd pour aboutir à une destitution ?
https://www.nbcnews.com/news/us-news/u- ... e-n12582073) le troisième gouverneur dans la tourmente est celui du Texas, Greg Abbott.
Son état est confronté, comme une très large partie du pays, à une tempête de neige historique, avec des températures glaciales. Or, le Texas est un état qui a fait le choix d'une énergie peu chère (en réduisant les réglementations et les contraintes sur les producteurs d'énergie), ce qui a eu pour conséquence de mettre très bas les contraintes au niveau des installations qui produisent l'électricité. Les fournisseurs d'électricité de l'état ont donc largement sous-investi pour protéger leurs installations des contraintes du froid, l'état étant supposément peu affecté par les rigueurs de l'hiver. C'était hélas sans compter sur le dérèglement climatique, et le Texas subit désormais des pannes massives d'électricité (contrairement à tout un tas d'autres états qui subissent actuellement les mêmes conditions climatiques). Et le Texas étant un état qui pratique très peu la coopération avec d'autres états il n'est également pas en situation d'importer suffisamment d'électricité depuis des états frontaliers qui ont des surplus. Bilan : des millions de Texans se retrouvent privés de chauffage en pleine tempête de neige avec des températures glaciales.
https://www.texastribune.org/2021/02/17 ... ter-storm/https://www.theguardian.com/us-news/202 ... nter-stormLes républicains locaux, et le gouverneur le premier, sont désormais fortement critiqués pour les choix énergétiques faits par l'état.
Au niveau de la politique nationale, l'administration Biden et les démocrates du Congrès semblent pour l'heure se concentrer essentiellement sur le plan d'aides économiques et à la lutte contre le Covid.
https://edition.cnn.com/2021/02/18/poli ... index.htmlDans un second temps, les projets suivants seraient le fameux plan d'aides aux infrastructures (qui seraient couplé au développement des énergies renouvelables ?), la réforme de l'immigration et de la couverture santé (pour cette dernière, l'administration Biden a d'ores et déjà relancé les inscriptions à l'Obamacare que l'administration Trump avait limitées).
https://www.rollcall.com/2021/01/21/but ... t-economy/https://edition.cnn.com/2021/02/18/poli ... index.htmlBiden ayant défendu ces projets lors d'un town hall au Wisconsin.
https://edition.cnn.com/2021/02/16/poli ... index.htmlDu côté des républicains, les élus à Washington DC semblent de plus en plus divisés sur la conduite à tenir face à Trump : allégeance ou critique ?
https://edition.cnn.com/2021/02/18/poli ... index.htmlAu niveau local, quasiment tous les élus ayant condamné Trump lors de l'impeachment (à la Chambre et au Sénat) ont quasiment tous été censurés par les partis républicains de leurs états respectifs (si je ne dis pas de bêtise seul le GOP de l'Utah n'a pas pris de mesures contre Romney ?). Précisons que ces censures sont des mesures symboliques qui n'ont pas de conséquences concrètes (mais on peut supposer que ces élus auront tous des adversaires trumpistes lors de leurs prochaines primaires ?).
https://www.newsweek.com/mitt-romney-fa ... ht-1569606