La vie politique en Israël

[Eco92]

Sur ce scrutin, pas expert mais quelques notions :
- Une liste doit passer 3,25% pour avoir des élus, ensuite c'est la proportionnelle pure
- La Knesset a 120 députés, celui qui arrive en tête a peu de chance d'avoir 61 élus (il y a plus de 20 listes), il faut donc former une coalition ;
- Si les sondages ont donné le Likoud (droite extrême désormais...) et le parti Blanc Bleu (centre-droit) au coude à coude, le premier serait avantagé par ses alliances avec d'autres partis d'extrême droite ;
- La gauche est en effet morcellée, à peine spectatrice, elle part divisée et les travaillistes sont menés par un ex-ministre de Nétanyahou, une dizaine de siège serait un exploit , rare parti à défendre encore la solution a deux états, tente simplement de rester au Parlement ;
- Un parti centriste existe (Koulanou, du ministre des finances Moshe Kahlon), potentiel allié des Blanc bleu, mais n'est pas sur de passer le seuil ;
- Les partis représentant les arabes d'Israël (tout de même 20% de la population) partent séparés après avoir menés des listes unies, ce qui pourrait démobiliser ;
- Les partis des ultra-juifs (dont les seules combats sont la non-conscriptions pour les leurs et le maintien de leur système éducatif) et l'extrême droite, qui s'est alliée afin de s'assurer de passer les seuils sous pression du premier-ministre (qui leur a accordé de beaux ministères en échange dans un projet d'alliance), sont des forces d'appoint qui pourraient faire la différence et sauver Nétanyahou ;
- Un nouveau venu un peu inclassable, sorte de libertarien messianique (il est entré en politique sur le rejet des accords d'Oslo, défend l'annexion de la Cisjordanie mais pose la légalisation du cannabis comme base à toute coalition), Moshe Feiglin, ex député du Likoud, est la surprise de la campagne et ne s'est pas positionné pour des alliances, il pourrait arbitrer avec 5/6 députés.

En tous les cas, le sortant étant cerné par des affaires, le président pourrait décider de nommer quelqu'un d'autre du Likoud, ou n'importe qui semblant mieux placé pour obtenir le soutien de 61 députés. Rien n'oblige le président, notoirement en conflit avec Nétanyahou bien qu'issu lui aussi du Likoud, à nommer celui qui a mené la liste en tête. Il y a une quarantaine de jours après les élections pour former une majorité, période durant laquelle de nombreux scénarios sont théorisables.

A noter : les urnes commencent à être dépouillées, le vote étant clos depuis 50 minutes. Les sondages de sortie d'urnes semblent contradictoires mais donner une courte avance au parti Bleu blanc de M. Gantz, qui aurait 36/37 sièges, quand M. Nétanyahou en obtiendrait de 33 à 36. Cependant le sortant (qui avait fixé l'objectif de 40 sièges sans quoi ce serait une défaite) a annoncer que le bloc de droite avait obtenu une "nette victoire" et qu'il allait débuter la constitution de sa nouvelle coalition pour son cinquième mandat.

Rappelons nous que la dernière fois la gauche avait été donnée gagnante le soir et que finalement le Likoud avait eu 6% d'avance. Alors avec des résultats serrés autant dire qu'on est dans le vide.

https://www.courrierinternational.com/article/legislatives-israel-resultats-contradictoires-dans-une-election-extremement-serree

[Eco92]

Voici les estimations de la chaîne israélienne Channel 13 (mais d'autres donnent des résultats différents), notons
que 5 partis ont le nombre minimum de députés, passant donc le seuil d'une relative justesse, ils pourraient se retrouver hors de la Knesset assez facilement. On note que Moshe Feiglin que je présentais (suite aux sondages) comme la possible surprise n'est a priori pas à l'Assemblée. Enfin, le choix de classer le Likoud à l'extrême droite mais personnel mais semble conforme à sa pratique du pouvoir comme à sa campagne (se terminant par la promesse de l'annexion de la Cisjordanie) :

Likoud (Benyamin Netanyahou, extrême droite) : 36

Bleu Blanc (Benny Gantz , centre-droit) : 36

Parti travailliste (Avi Gabbay , centre gauche) : 7

Judaïsme unifiée de la Torah (Yaakov Litzman, droite, ultraorthodoxes ashkénazes) : 7

Hadash - Ta'al (Ayman Odeh, mêle un parti de défense des arabes israélien et l'extrême-gauche non-sioniste) : 7

Sha'as (Aryé Dery, droite/centre-droit, ultraorthodoxes séfarades et mizrahim) : 7

Union des droites (Rafi Peretz, extrême droite religieuse) : 4

Nouvelle droite (Droite voire extrême droite) : 4

Meretz (Tamar Zandber , gauche sioniste, pour deux états) : 4

Koulanou (Moshe Kahlon, centre-droit) : 4

Israel Beitenou (Avigdor Liberman, extrême droite russophone) : 4

[Eco92]

Le taux de participation au scrutin est de 71,40 %.

En attente de la décantation des résultats, alors que Ganz avait été donné en tête de près de 8 sièges au début de la soirée, l'égalité actuelle a refroidit l'ambiance.

L'Union des droites avait déjà scellé son accord avec le premier ministre, l'alliance des divers petits partis d'extrême droite leur a sans doute permis d'atteindre le seuil et d'assurer cette marge en siège pour Netanyahou. Le Sha'as a d'ors et déjà indiqué qu'il soutiendra la coalition de droite et le premier ministre.

De son côté Moshe Kahlon (Koulanou) a déclaré qu'il attendrait les résultats définitifs pour se prononcer quand les Travaillistes se sont rangés derrière les Bleu Blanc, Avi Gabbay déclarant "Je ferai tout pour que Gantz réussisse à former un gouvernement".

(source https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/politique/1554836941-liveblog-la-liste-blanc-bleu-arrive-en-tete-du-scrutin-avec-33-mandats-estimations)

[Anarkour]

Sur 97% du dépouillement

- Likud (Nétanyahou) : 1 065 044 voix, 26,27%, 35 sièges (+5)

- Bleu et Blanc (Centre-droit Gantz-Lapid) : 1 051 986v 25,94%, 35s (+24)

- Shas (Ultra-ortho. sépaharade) : 247 330v 6,10%, 8 (+1)

- Judaïsme unifié de la Torah (Ultra-ortho. ashkénaze) : 239 607v 5,91%, 8 (+2)

- Hadas'h-Ta'al (Socialiste-arabe israélien) : 187 856v 4,63%, 6 (0)

- Travailliste (Gabbay) : 180 851v 4,46%, 6 (-13)

- Yisrael Beitenou (National conservateur, pro russophone) : 167 926v 4,14%, 5 (0)

- Droite Unie (Extrème-droite pro colons) : 148 333v 3,66%, 5(0)

- Meretz (sionisme social démocrate) : 147 528v 3,64%, 4 (-1)

- Koulanou (droite sociale) : 144 154v 3,56%, 4 (-6)

- Liste Arabe Unie-Balad (Arabe israélien) : 140 186v 3,46% 4 (-3)

Listes soutenant Nétanyahou : 46,09% et 61 sièges
Gantz : 42.13% et 55 sièges
Koulanou (5 sièges) ne s'est pas prononcé

[Pullo]

Le résultat des élections du 9 avril (cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Élections_législatives_israéliennes_de_2019 ) ne fait que confirmer le glissement à droite de l'opinion publique en Israël depuis plus de dix ans, à la suite de la Seconde Intifada. Comme l'écrivait une journaliste en novembre 2018, la large domination de la droite à la Knesset était prévisible :

By around 2007, this process was complete. The political map has hardly changed since then. Currently, the portion of all Israelis who call themselves right wing stands at around 46 percent — among the Jewish population, that’s just over half. The number of self-defined centrists is roughly one-quarter, and the portion of left-wingers is stable at about one-fifth (about 14 to 15 percent of the Jewish population). Overall, most polls show a slight plurality of right-wingers, versus the center-left bloc.

Given that, the Knesset is a roughly fair representation of the citizens who vote in national elections. Of 120 seats, the right and religious coalition has 12 more seats than the center, left and Arab opposition parties combined — 66 to 54.

Source

Mediapart cite une étude qui va dans le même sens :

Au bout du compte, le scrutin ne fait que refléter l’état d’un pays qui a complètement basculé à droite depuis plusieurs décennies. Les enquêtes hors période électorale de l’Israel Democracy Institute indiquent, selon les derniers chiffres, que 56 % des Israéliens se déclarent de droite, contre seulement 12 % de gauche (et 26 % au centre), un déséquilibre unique au sein des démocraties contemporaines.

Source

Etrange coïncidence, les chiffres cités plus haut correspondent :
- pour la droite, à l'addition des voix du Likoud, des deux partis ultra-orthodoxes, de Israel Beytenou, de la Droite Unie, de Koulanou, de la Nouvelle Droite et de Zehout (55,3%, 65 sièges) ;
- pour la gauche, à l'addition des voix du Meretz et des deux partis arabes (11,8%, 14 sièges) ;
- pour le centre, au score de Bleu et Blanc (26%, 35 sièges).

Ce qui étonnant, ce n'est pas la prochaine reconduction de Netanyahu, mais le fait qu'on soit étonné par cette reconduction, à cause des casseroles (pour ne pas dire la batterie de cuisine) que le personnage traîne, sans parler de sa politique en général...

[Fabien]

Le résultat des élections du 9 avril (cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Élections_législatives_israéliennes_de_2019 ) ne fait que confirmer le glissement à droite de l'opinion publique en Israël depuis plus de dix ans, à la suite de la Seconde Intifada. Comme l'écrivait une journaliste en novembre 2018, la large domination de la droite à la Knesset était prévisible :

By around 2007, this process was complete. The political map has hardly changed since then. Currently, the portion of all Israelis who call themselves right wing stands at around 46 percent — among the Jewish population, that’s just over half. The number of self-defined centrists is roughly one-quarter, and the portion of left-wingers is stable at about one-fifth (about 14 to 15 percent of the Jewish population). Overall, most polls show a slight plurality of right-wingers, versus the center-left bloc.

Given that, the Knesset is a roughly fair representation of the citizens who vote in national elections. Of 120 seats, the right and religious coalition has 12 more seats than the center, left and Arab opposition parties combined — 66 to 54.

Source

Mediapart cite une étude qui va dans le même sens :

Au bout du compte, le scrutin ne fait que refléter l’état d’un pays qui a complètement basculé à droite depuis plusieurs décennies. Les enquêtes hors période électorale de l’Israel Democracy Institute indiquent, selon les derniers chiffres, que 56 % des Israéliens se déclarent de droite, contre seulement 12 % de gauche (et 26 % au centre), un déséquilibre unique au sein des démocraties contemporaines.

Source

Etrange coïncidence, les chiffres cités plus haut correspondent :
- pour la droite, à l'addition des voix du Likoud, des deux partis ultra-orthodoxes, de Israel Beytenou, de la Droite Unie, de Koulanou, de la Nouvelle Droite et de Zehout (55,3%, 65 sièges) ;
- pour la gauche, à l'addition des voix du Meretz et des deux partis arabes (11,8%, 14 sièges) ;
- pour le centre, au score de Bleu et Blanc (26%, 35 sièges).

Ce qui étonnant, ce n'est pas la prochaine reconduction de Netanyahu, mais le fait qu'on soit étonné par cette reconduction, à cause des casseroles (pour ne pas dire la batterie de cuisine) que le personnage traîne, sans parler de sa politique en général...

Le continuel glissement à droite d'Israël est même plus ancien que cela. Déjà, la victoire de Begin en 77, mettant fin à presque 30 ans de règne travailliste avait marqué un premier tournant. L'incontestable virage date de 2003, début de l'actuel règne de "Bibi"quand les travailliste, leur dissidence, et le Meretz avaient été réduits à une trentaine de sièges sur 120. Mais on en percevait déjà les prémisses en 2001 (triomphe de Sharon à l'élection du PM, à l'époque au suffrage universel direct), et même 1999; quand la victoire de Barak (travailliste très droitier) à ce même scrutin avait coïncidé avec la poussée du centre et des religieux à la Knesset, au détriment des travaillistes et du Meretz ( n'obtenant que 33 sièges contre 43).
Il faut aussi souligner que l'ancrage à gauche des travaillistes n'a toujours été que très relatif. Ainsi, c'est avec les partis religieux que Ben Gourion puis Golda Meir avaient choisi de gouverner avec les religieux, alors que sur le papier, une majorité de gauche sioniste était possible...
Ne pas oublier aussi que même sous le second mandat de Saint Yitzhak Rabin, poursuivi par Saint Shimon Peres après son assassinat, la colonisation s'est poursuivie de plus belle!

[Fabien]

Il peut y avoir de multiples raisons à l'extrême droitisation d'Israël. La poussée des ultra-orthodoxes est alimentée par leur démographie galopante. Par ailleurs, il n'est guère étonnant que ce pays qui bafoue en toute impunité maintes résolutions de l'ONU, pratique la colonisation à outrance, et loin d'être montré du doigt pour cela, est plus que jamais protégé, choyé et chouchouté par les pays occidentaux en vienne à se persuader de sa supériorité morale, de l'infériorité du peuple qu'il opprime, et vote en conséquences pour les partis qui reflètent ce genre de valeurs...
Les israéliens sont cohérents. Ceux qui ne le sont pas sont ceux qui, chez nous, se disent de gauche, ou même simplement démocrate ou humaniste et continuent à défendre ce pays.

[PhB]

Il peut y avoir de multiples raisons à l'extrême droitisation d'Israël. La poussée des ultra-orthodoxes est alimentée par leur démographie galopante. Par ailleurs, il n'est guère étonnant que ce pays qui bafoue en toute impunité maintes résolutions de l'ONU, pratique la colonisation à outrance, et loin d'être montré du doigt pour cela, est plus que jamais protégé, choyé et chouchouté par les pays occidentaux en vienne à se persuader de sa supériorité morale, de l'infériorité du peuple qu'il opprime, et vote en conséquences pour les partis qui reflètent ce genre de valeurs...
Les israéliens sont cohérents. Ceux qui ne le sont pas sont ceux qui, chez nous, se disent de gauche, ou même simplement démocrate ou humaniste et continuent à défendre ce pays.

D'autres causes peuvent expliquer, en amont, cette radicalisation délétère.
Géographiquement, Israël est un minuscule pays entouré de puissants voisins hostiles dont les régimes sont souvent dictatoriaux (ou peu s'en faut). Plusieurs guerres, victorieuses pour Israël, ont été nécessaires pour que ces voisins se résignent à tolérer, bon gré mal gré, la présence de cet "intrus" sur le sol multisacré de Palestine (sacré pour les Juifs, les Chrétiens, les Musulmans...).
Même si l'ONU a voté la création de cet état à cet endroit.
Que je sache, ce n'est pas Israël qui a lancé les hostilités.
Quand on ajoute à cette histoire tourmentée celle de la Shoah et de l'extermination quasi réussie des Juifs en Europe il y a seulement 75 ans, mais aussi les pogroms, ghettos et autres exactions dont les juifs ont été victimes tout au long de l'histoire euro-méditerranéenne, depuis le haut moyen-âge et jusque dans les régimes soviétiques, on peut comprendre une certaine inclination à la paranoïa...
Bien entendu, les intérêts bien compris des dictateurs cités plus haut et de certains hommes politiques israéliens (ou d'ailleurs ; les États-Unis sont un très bon exemple) les conduisent à attiser ces sentiments de rejet, avec de multiples avantages :
* ça permet de fanatiser mener les foules (qui a dit que l'intelligence d'une foule est celle de son élément le plus faible ?)
* ça permet de passer au second plan des revendications aussi irrationnelles que la liberté, l'égalité, la fraternité, la démocratie et autres billevesées comme le droit de manger à sa faim
* accessoirement ça évite que d'aucuns s'intéressent aux prévarications dont beaucoup de dirigeants se rendent coupables au proche et moyen-orient
* c'est un système binaire beaucoup plus facile à manipuler que de subtiles tentatives de faire la paix et vivre ensemble. D'ailleurs pourquoi faire la paix avec son ennemi mortel ? (attendez... on me glisse dans l'oreillette qu'il n'est possible de faire la paix qu'avec un ennemi, sinon la paix est déjà établie avec les amis !?)
* en bref ça permet à quelques-uns de conquérir et conserver confortablement le pouvoir, que ce pouvoir soit politique, économique, médiatique ou religieux (à noter que, dans le lot, certains ultras religieux, musulmans, juifs ou chrétiens, sont sincèrement fanatisés et n'attendent que la disparition des mécréants d'en face). Et aujourd'hui les réseaux "sociaux" numériques facilitent le travail de manipulation des populations.
George Orwell était visionnaire dans "1984".
Bien évidemment, les Palestiniens spoliés de leurs terres et de leurs droits sont les premiers perdants de cette histoire. Mais qui s'en soucie ? Qui rêve encore que tous les habitants des terres situées entre Jourdain et Méditerranée puissent vivre démocratiquement en liberté et en paix avec leurs voisins ? En deux pays séparés, voire au sein d'un même pays, pour les plus incorrigibles ?
La focalisation à outrance sur le conflit israélo-palestinien et son exacerbation sans cesse renouvelée sont un outil de pouvoir bien commode.
En attendant, le jour où le rapport de force militaire s'inversera, je ne donne pas cher d'Israël ni de ses habitants. Si j'étais citoyen de ce pays, je militerais pour obtenir au plus vite un vrai accord équilibré de paix durable.

[Fabien]

Israël "entouré de voisins hostiles", cela fait bien longtemps que ce n'est plus le cas. L'Egypte a normalisé ses relations avec l'état hébreux depuis les accords de Camp David (1978), au point de se faire le complice de Tel Aviv pour transformer Gaza en prison à ciel ouvert, la Jordanie l'a fait également, le Liban est bien trop faible et trop occupé à maintenir un semblant d'unité et éviter le retour de la guerre civile pour représenter une quelconque menace...

Le seul pays à ne pas avoir officiellement renoncé à la lutte contre Israël, c'est la Syrie de la dynastie Assad. Et j'ai cru comprendre qu'ils avaient d'autres chats à fouetter en ce moment, comme une terrible guerre civile à terminer, un pays en ruines à reconstruire par exemple... sans compter que même à l'époque où le pays était en paix, cela faisait bien longtemps que sa lutte contre israël se limitait à la simple rhétorique. Idem pour un voisin plus lointain, l'Iran, dont les diatribes anti-Israéliennes ne restent que cela, de la rhétorique non-suivie d'effet.

Par ailleurs, l'armée israélienne est une des plus puissantes au monde, le pays est protégé de façon inconditionnelle par les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, mais pas que... La vérité est que la façon dont Israël se fantasme et se décrit en citadelle assiégée est complètement irrationnelle, tout comme l'est l'absurde argument suivant lequel ils n'auraient pas, côté palestinien, de partenaire pour faire la paix, alors que l'autorité palestinienne pousse la complaisance envers israël jusqu'à maintenir sa coopération sécuritaire!

Sans vouloir faire de la psychologie de bas étage, il me semble que ce récit délirant permet aux israéliens de ne pas voir ce qu'ils sont devenus: un peuple cruel et égoïste, geignant comme si on l'assassinait à la moindre petite égratignure alors qu'il est indifférent aux souffrances qu'il inflige aux palestiniens quand il n'en est pas fier, bafouant sans vergogne le droit international, et qui ne peut se comporter ainsi que grâce à ses puissants protecteurs.

Avec le résultat de ces élections, les choses sont claires pour tout observateur de bonne foin si tant est qu'elle ne l'aient pas déjà été avant: nous avons affaire à un pays d'extrême-droite, bigot, raciste, ultra-nationaliste, qui ne veut pas la paix, et ne s'en cache même plus, tout comme il ne fait même plus semblant de pas piétiner le droit international. Avec l'annexion prévue des territoires occupés, Israël va pleinement devenir un pays d'apartheid. Les gens qui ont lutté contre ce terrible régime en Afrique du Sud, qui savent tout de même de quoi ils parlent, font eux-même le rapprochement depuis un moment déjà, et ce sera encore plus légitime. Hélas, nos gouvernement nous interdisent de traiter Israël, à qui ils continuent à accorder une protection exhorbitante, comme on a traité l'Afrique du Sud de l'apartheid.

Soit dit en passant, Israël, cette soit-disant "seule démocratie du proche-orient" fut un grand ami de ce régime, tout comme il l'était globalement d'une impressionnante brochette d'états dictatoriaux, oppressifs, perpétuant le crime de masse. Le tout bien sûr au nom de la lutte contre le communisme...

[Pullo]

En effet, pour les raison que Fabien a citées, cela fait longtemps que les Etats arabes voisins d'Israël ont cessé d'être une menace sérieuse pour sa sécurité.

Le scrutin du 9 avril a plus ou moins avalisé l'enterrement de la solution à deux Etats, morte depuis l'assassinat d'Itzhak Rabin, et l'annexion à plus ou moins long terme de la Cisjordanie. Malgré la poursuite de la colonisation de la Cisjordanie sous son gouvernement, Rabin était le seul qui avait l'autorité morale suffisante pour imposer la solution à deux Etats. Presque 25 ans après, la présence des 600 000 colons la rend impossible. Regardons les choses en face. Si un Premier ministre, même de droite, annonce le démantèlement des colonies de Cisjordanie, soit il sera assassiné par un extrémiste, soit il devra faire face à une rébellion armée des colons, qui pourrait bien tourner à la guerre civile. Je n'exagère pas. C'est un risque qu'il faut prendre en compte.

Et il y a aussi la forme politique de l'Etat d'Israël. Fabien disait que par leur vote, les Israéliens avaient opté pour un Etat d'apartheid. Je le rejoins d'autant plus que la mobilisation contre la loi qui fait d'Israël l'Etat-nation des seuls juifs (et non celui de tous ses citoyens, comme dans une démocratie normale) n'a pas été très forte. Quelle que soit la démographie (des Palestiniens, des juifs ultra-orthodoxes...), ou la situation internationale (les USA seront-ils toujours le grand frère protecteur d'Israël ?), l'apartheid, qu'il soit officiel ou officieux, ne durera pas éternellement. Non seulement les Palestiniens traités en sous-citoyens réclameront d'être considérés comme des citoyens à part entière, mais il y aura de plus en plus de juifs d'Israël pour critiquer les discriminations, le racisme et le déni de démocratie dont les Palestiniens font l'objet. Comme l'Afrique du Sud, Israël devra sortir de l'Etat d'apartheid pour devenir l'Etat de tous ses citoyens...