de Hashemite » Jeu 21 Avr 2011 15:51
Commençons avec les partis...
Parti conservateur (PCC): L'actuel parti conservateur date de 2003, issu d'une fusion entre les progressistes-conservateurs (PC) et l'Alliance canadienne. La tradition conservatrice remonte bien sur bien avant cela, mais commençons avec les conservateurs de la Confédération en 1867. Le parti conservateur de John A. Macdonald, père de la confédération, était au départ une alliances des catholiques ultramontains du Québec (les bleus) et les conservateurs de l'Ontario (dont beaucoup étaient des protestants du Orange Order) avec comme figures proéminentes John A. Macdonald et Georges-Etienne Cartier du Québec. Mis a part 1873-1878, les conservateurs dirigent le Canada entre 1867 et 1896. Mais la mort de Macdonald en 1891, les querelles religieuses (notamment au Manitoba des 1890) ou l’exécution de Louis Riel détruira des 1896 la coalition conservatrice qui renaîtra seulement en 1911 avec l'opposition au libre-échange avec les USA comme cheval de bataille. La crise de la conscription en 1917, impopulaire au Québec, détruira pour longtemps le parti conservateur qui après 1917 ne gagnera qu'au plus une dizaine des 60-70 sièges québécois (avec une pointe a 24 en 1930). Les conservateurs, mis a part l'interlude désastreuse de 1930-1935, perdent le pouvoir en 1921 et le regagnent en 1957. En 1942, un nouveau chef, John Bracken, ex-premier ministre progressiste du Manitoba devient chef du parti et change le nom du parti au "parti progressiste-conservateur" (PC). John Diefenbaker, leader populiste et charismatique, gagne contre tout espoir les élections de 1957 et remporte en 1958 une majorité écrasante... mais des 1963 il perd le pouvoir et sera expulsé de la chefferie en 1967. Les conservateurs reviennent au pouvoir en 1979, mais seulement pour une interlude de six mois, et perdent en 1980 mais gagnent une majorité écrasante en 1984 avec Brian Mulroney. Mulroney gagne au Québec avec une coalition incluant les nationalistes québécois grace a un discours promettant de "remettre le Québec dans le Canada" (les libéraux rapatrient la constitution en 1982 malgré l'opposition du Quebec). Mais les refontes constitutionnelles de Meech et Charlottetown (1987 et 1992 respectivement) qui visent a reconnaître le Québec comme société distincte tombent a l'eau... mais Mulroney sera réélu en 1988 dans une élection axée sur le libre-échange. Corruption, Charlottetown, nouvelle taxe (une sorte de TVA), corruption, usure du pouvoir détruisent le PC et Mulroney cède la place a Kim Campbell en 1993.
En 1993, deux nouveaux partis émergent qui détruisent la coalition ouest-québec du PC. A l'Ouest le Reform Party, populiste de droite, qui canalisent les vieux sentiments de 'Western alienation'. Au Québec le Bloc Québécois, expression au niveau fédéral du parti souverainiste provincial PQ, est fondé par Lucien Bouchard ex-ministre de Mulroney. Résultat: le PC passe de 169 sieges a... 2 sieges en 1993. Le Bloc avec 54 devient opposition officielle, le Reform prend 52 sieges. La division de la droite entre PC modérée et Reform puis Alliance plus radicale assurent des majorités libérales ente 1993 et 2004.
En 2003, sous la houlette de Stephen Harper (chef de l'Alliance depuis peu) et Peter MacKay (nouveau chef du PC en 2003), les deux formations fusionnent pour former le PCC. A la surprise générale, les libéraux sont minoritaires et non majoritaire en 2004. En 2006, après le scandale des commandites/Adscam, le PCC rentre au pouvoir. L'actuel parti conservateur est dominé par les 'Alliancistes' de l'ouest et l'actuel PCC est bien plus a droite que les PC de Mulroney, Joe Clark ou Stanfield.
Parti libéral (PLC): En 1867, les libéraux sont un parti divisé entre factions: les anti-confédérationistes en Nouvelle-Ecosse, les rouges anti-cléricaux du Quebec et les réformateurs protestants (et souvent anti-catholique) de George Brown en Ontario. Les libéraux de cette époque s'opposent a l'impérialisme britannique, au protectionnisme du National Policy des conservateurs et soutiennent le libre-échange avec les USA en 1891 (formule perdante). C'est véritablement seulement avec le québécois Wilfrid Laurier que les libéraux s'implantent au pouvoir en 1896, mais ils perdent le pouvoir sur le thème du libre-échange en 1911. Ils le regagnent en 1921 avec William Lyon Mackenzie King, fin stratège et manipulateur qui fait du parti libéral le "parti naturel du gouvernement". Les libéraux gouvernent de 1935 a 1957, de 1963 a 1979 et de 1980 a 1984. La formule gagnante vient d'une base extrêmement solide au Québec, un soutien fort en Ontario et ailleurs avec les catholiques/francophones et autres. Ils isolent les conservateurs en premier en Ontario et puis dans l'Ouest. Pierre Trudeau devient premier ministre en 1968. Trudeau, homme plutôt de gauche au sein du parti, a une vision 'fédéraliste' du pays (en France, on dirait plus centralisatrice) de 10 provinces égales. Il s'oppose a un statut distinct pour le Québec et rapatrie la constitution contre le veto québécois en 1982. Mais il est haï dans l'Ouest pour le bilinguisme officiel et puis la politique énergétique NEP qu'il mène. Il se retire en 1984, son successeur perd l'élection de 1984 dans un raz-de-marré sans précédent. Meech et les refontes constitutionnelles de Mulroney divisent le parti entre les proches de Trudeau et les proches de son successeur John Turner (plus décentralisateur). Les libéraux reviennent au pouvoir en 1993 avec Jean Chrétien et gardent le pouvoir jusqu'en 2006 avec des gouvernements majoritaires jusqu'en 2004. Chrétien se retire en 2003 en faveur de son rival Paul Martin, architecte du déficit-zéro. La fronde Chrétien-Martin est une constante des premières années du 21eme siècle. Suite a la défaite de 2006, les libéraux choisissent comme chef le désastreux Stéphane Dion puis en 2009 l'actuel chef, Michael Ignatieff, intellectuel.
Nouveau parti démocratique (NPD): Le NPD est né en 1962 mais il date véritablement de 1931 et de la formation du CCF (Cooperative commonwealth federation). Le CCF est l'expression d'un vieux 'socialisme des Prairies' et s'implante notamment en Saskatchewan ou il forme en 1944 le premier gouvernement socialiste en Amérique du nord. Le CCF puis le NPD parvient a devenir l’éternel troisième acteur de la scène politique qui forme un caucus stable et constructif mais qui jamais ne parvient a former l'opposition officielle. Les meilleurs résultats sont en 1984 et 1988 sous le populaire chef Ed Broadbent, mais les années 1993-2004 sont une traversé du désert avec la déconfiture des vieilles bases des prairies. Sous Jack Layton, chef populaire et compétent, le NPD progresse depuis 2004 avec 36 sièges en 2008. La Saskatchewan n'est plus un fief du NPD au niveau fédéral, mais le NPD se réoriente vers les milieux urbains progressistes et le Québec ou le NPD est très faible jusqu'en 2008.
Bloc québécois: Le Bloc date de 1991. Il est l'expression sur la scène fédérale du parti souverainiste provincial, le PQ (au pouvoir 76-85, 94-03) et l'intention d'origine est d’être un parti temporaire avant la probable victoire du OUI au référendum de 1995. En 1993, il obtient presque 50% des voix au Québec et 54/75 sièges. Mais après la défaite sur un fil de 1995, le Bloc se transforme en défenseur des intérêts du Québec mais ne parvient pas a enrayer des pertes en 1997 (44 sièges) et en 2000 (38 sièges, les libéraux devancent le Bloc en voix sur la province). Mais le scandale des commandites relance le Bloc en 2004 et 2006 (54 et 51 sièges). Ils gagnent 49 sièges sur 75 en 2008.
Le nationalisme québécois date véritablement des années 1960, avec le réveil national du Québec lors de la 'révolution tranquille' qui sort le Québec de la 'grande noirceur' ultramontaine conservatrice du passée. Des la victoire des libéraux provinciaux en 1960 sous le slogan de 'maître chez nous'; il y a une vague rapide de sécularisation, d'éducation et de réveil national (nationalisation de l’électricité) qui culmine avec la naissance du mouvement souverainiste mené par René Lévesque du PQ (qui gagne les élections provinciales de 1976). Le PQ est modérée mais il y eut aussi l'expression violente du nationalisme en 1970 durant la crise d'Octobre ou le mouvement terroriste souverainiste FLQ prend en otage un attaché commercial britannique James Cross (d'origine irlandaise...) et le ministre du travail provincial Pierre Laporte. Laporte fut assassinée, qui mènera Trudeau a imposer les mesures de guerre au Québec en 1970.
Le PQ organise un référendum sur l'indépendance en 1980 mais le NON l'emporte 60-40 grâce notamment a Trudeau qui fait campagne pour le NON. Un gouvernement péquiste mené par Jacques Parizeau organise un référendum en 1995 ou une bonne campagne du OUI et une mauvaise campagne du NON donne le OUI une avance de 53-47 quelques jours avant... le NON l'emporte de justesse 50.6-49.4. Le PQ perd le pouvoir en 2003 mais devrait remporter les élections de 2012/2013 au Québec... même si l'option souverainiste est sans doute morte.
Parti vert: Les verts obtiennent 6.78% au scrutin de 2008 mais aucun député. Le PVC est beaucoup plus a droite que ses confrères européens ou américains.
... une note...
Les partis fédéraux n'existent pas sur la scène provinciale - en général. Le NPD a des liens avec les NPD provinciaux, le PLC a des liens avec les libéraux provinciaux sauf au Quebec, Ontario, Alberta et C-B. Il n'y a aucun lien officiel entre les partis conservateurs provinciaux et le PCC. La plupart des partis provinciaux s'appellent encore progressistes-conservateurs (PC)... C'est un peu comme si, en France, chaque région avait ses propres partis avec presque aucun lien avec les partis centraux...
Par province, les partis PROVINCIAUX sont (en ordre de force actuelle, en gras partis avec représentation actuelle)
Terre Neuve/Labrador: PC, libéraux, NPD
Ile du Prince Edouard: libéraux, PC, NPD, Verts
Nouvelle-Ecosse: NPD, libéraux, PC, Verts
Nouveau Brunswick: PC, libéraux, NDP, Verts
Québec: PLQ (libéraux, anti-indépendance), PQ (gauche souverainiste), ADQ (droite autonomiste), QS (gauche du PQ, souverainiste), Verts
Ontario: libéraux, PC, NPD, Verts
Manitoba: NPD, PC, libéraux, Verts
Saskatchewan: Saskatchewan Party (droite conservatrice), NPD, libéraux (quasiment mort), Verts
Alberta: PC, libéraux, Wildrose Alliance (droite du PC, libertaire régionaliste), NPD, Alberta Party (centriste)
C-B: libéraux (droite), NPD, conservateurs (droite plus radicale), Verts
Yukon: Yukon Party (droite), libéraux, NPD
TNO/Nunavut: aucun parti
Je commencerais avec Terre Neuve. Je répondrais bien a vos questions en même temps.