manudu83 a écrit:jojomarg a écrit:Sinon à part ça, Trump qui soutenait Apple devant la cour suprême pour un problème d'abus de position dominante (avec l'appstore) a été débouté et c'est Kavanaugh qui s'est rangé avec les libéraux et a rédigé lui même l'avis de la cour.
A ce propos, comment expliquer la position étonnante de Kavanaugh, pourtant considéré comme un fervent conservateur lors de sa nomination par Trump ?
Kavanaugh est dans ses premiers pas beaucoup moins conservateur que ne l'espérait les partisans de Trump.
Il a botté en touche (avec Roberts) et avec les juges libéraux sur une tentative de recours sur l'avortement.
il rédige un avis avec les libéraux sur les lois anti trust.
il a cependant voté avec la majorité conservatrice mais en rédigeant sa propre analyse sur un cas de peine de mort.
Il est parti pour être plus centriste que prévu.
Un grand classique de la vie judiciaire américaine : des juges conservateurs nommés pour leur conservatisme qui se révèlent moins conservateurs qu'attendus dans leurs jugements. L'inverse (un juge libéral plus conservateur que prévu) étant plus rare.
Dans le cas de Kavanaugh, il n'est pas impossible que son accession controversée au siège ainsi que sa perception publique d'homme inféodé à Trump ne le poussent à la modération pour soigner son image. Quant à Roberts, il est de notoriété publique qu'il tient beaucoup, en tant que chief justice, à maintenir l'image impartiale et neutre politiquement de la SCOTUS. Ce dernier penche parfois pour des votes avec les libéraux sur certains sujets, en partie pour éviter cette image partisane.
Concernant le procès contre Apple, précisons que la décision de la SCOTUS autorise simplement les poursuites contre la compagnie dans ce dossier juridique. Elle ne présuppose rien du jugement à venir concernant l'affaire au regard des lois relatives au monopole. Mais on constatera qu'en la matière, les rôles se sont inversés entre démocrates et républicains. Il y a plusieurs décennies les républicains étaient farouchement opposés aux monopoles industriels pour des raisons de libéralisme économique, là où les démocrates, dans une logique plus étatiste (et corporatiste aussi), n'y étaient pas forcément opposés. Aujourd'hui, les positions se sont inversées : beaucoup de républicains défendent des situations monopolistiques au nom d'une supposées efficacité économique mondialisée, alors que la plupart des démocrates dénoncent le poids des grands groupes industriels qui abuseraient de leurs positions, au détriment des consommateurs.
La perception partisane de la SCOTUS devrait être testée assez prochainement, avec tous les dossiers sur le feu (offensive généralisée de plusieurs états rouges contre l'avortement, décisions attendues sur le gerrymandering politique, voire sur la lutte entre l'exécutif et le législatif, notamment sur les prérogatives d'investigation de ce dernier et les déclarations fiscales du président...).