jean24 a écrit:Corondar a écrit:Et pas plus en 2018 qu'en 2016, je ne comprends la pertinence de retirer éventuellement les résultats californiens pour améliorer l'analyse du résultat global ?
Oui, la Californie est désormais une terre bleue horizon hostile aux républicains, qui garantit un matelas d'élus confortables aux démocrates. Tout comme la douzaine d'états ultra rouges du Sud et de l'ouest intérieure sont désormais des terres hostiles aux démocrates, qui garantissent un matelas d"élus confortables aux républicains. La seule différence c'est que les démocrates arrivent à ce résultat avec un seul état (le plus peuplé de l'Union), là où les républicains en ont besoin d'une dizaine pour égaler le poids californien.
Voilà tout est dit, un seul Etat permet de donner une majorité aux démocrates, ce même Etat leur donne le vote populaire. C'est tout c'est une analyse, ça montre le poids énorme de cet Etat dans la vie politique américaine et le retard républicain dans ce même Etat.
En l’occurrence, non, un seul état ne permet pas de donner la majorité aux démocrates. Comme rappelé par Vaulti, les démocrates sont nettement devant en voix même sans la Californie. Si vous retirez totalement la Californie du paysage, la répartition des sièges à proportion des états n'est plus la même. Les démocrates auraient probablement une majorité des sièges dans cette hypothèse.
Les démocrates performent dans plusieurs états différents, dans différents électorats et dans différentes régions (seul le Sud reste insensible à la poussée démocrate, Géorgie exceptée).
Là où je continue à trouver cette analyse (raisonner sans la Californie) d'un intérêt limité, c'est que si vous retirez la Californie de l'équation tout en y laissant les états rouges vifs du Sud et de l'intérieur (qui à eux tous représentent au moins autant que la Californie, voire plus), vous créez forcément un biais d'analyse favorable aux républicains (puisque vous retirez l'un des éléments principaux de la base démocrate mais que vous laissez la base républicaine intacte dans le même temps). C'est pour cela que je reste sceptique face à l'exercice...
jean24 a écrit:Corondar a écrit:Pour l'Ohio de plus en plus rouge, je suis totalement d'accord avec vous. Par contre le Michigan et l'Arizona ? L'Arizona est clairement de moins en moins rouge (ou de plus en plus bleu ?), quant au Michigan, si il peut être disputé, de là à dire qu'il est plus rouge, j'irais pas jusque là (en tout cas les résultats républicains sur ces midterms dans cet état là sont franchement mauvais).
Ok, pour l'Arizona, j'ai clairement écrit trop vite, je suis un peu moins d'accord pour le Michigan. L'Arizona, restera un toss-up ce qui n'avantagera pas les démocrates en 2024 s'ils n'arrivent pas à transformer l'Arizona en Etat bleu.
Mais du coup sur le Michigan plus rouge, vous vous basez sur quoi ? L'élection présidentielle de 2016 ? Encore une fois les scores de Trump dans les Grands Lacs ne sont pas sensiblement supérieurs comparativement aux scores des candidats républicains dans les années 1980 et 2000 dans les mêmes états (Reagan aussi faisait la bascule et W. Bush en était très proche). C'est plus le score de la candidate démocrate qui était faible par rapport aux standards. Les résultats républicains dans le Michigan sur ces midterms ne plaident pas du tout pour une poussée rouge dans cet état (qui a toujours été de tendance bleue mais à enjeu).
Pour l'Arizona, sur ces élections de midterms il est déjà bleu (bascule du siège sénatorial et majorité absolue des suffrages pour les démocrates à la Chambre en voix et en sièges). Cela ne veut pas dire qu'il basculera aux mains des démocrates lors de la présidentielle. Mais pour moi l'essai est déjà transformé : c'est désormais un swing state que les républicains vont devoir investir pour espérer le conserver. C'est une mauvaise nouvelle pour le GOP.
jean24 a écrit:Corondar a écrit:Autant je suis incapable de faire des prédictions sur la prochaine présidentielle à venir (beaucoup trop d'incertitudes sur le candidat démocrate et sur le contexte économique), autant sur le vote à la Chambre, je suis déjà prêt à parier que les démocrates conserveront leur majorité, et qu'ils grappilleront quelques sièges.
Déjà , il y a un constat politique difficile à évacuer depuis les deux dernières années : les électeurs démocrates se mobilisent très fortement, et de manière très inhabituelle, y compris sur des midterms. J'ai du mal à voir de nombreux districts où les républicains peuvent viser la bascule en 2020 : quelques districts ayant basculé de manière "inattendue" cette année (Oklahoma 05 ? Utah 04 ? Caroline du Sud 01 ?), les rares districts ruraux encore démocrates si les sortants se retirent (au Minnesota notamment ?). A l'inverse, les républicains ont désormais un vrai problème sur les zones péri urbaines, et ils leur restent encore pas mal de plumes potentielles à perdre dans ces zones là sur 2020 (surtout si les démocrates continuent à se surmobiliser).
Le gerrymandering va continuer à les protéger bien sur, mais leur gerrymanderng de 2010-2012 semble désormais un petit peu daté : des zones péri-urbaines qu'ils considéraient comme acquises sont désormais tangentes ou pro-démocrates. Les républicains vont devoir revoir leurs coups de ciseaux sur les découpages de 2020-2022 si ils veulent redonner un peu de force à leur bouclier. Mais sur 2020, ils auront le même découpage qu'en 2018. Et avec une participation supérieure, ça va être compliqué de seulement stabiliser la situation.
Autant je ne parierai pas qu'en 2020 la chambre basculera républicain, autant je suis presque sur que les démocrates perdront des sièges. Il faudrait au minimum garder le même score au national que cette année pour gagner autant de sièges (soit 8,6%, presque un record), et des vagues ça n'arrive pas tous les ans. Énormément de courses ont été serrées (moins de 5% d'écart), donc soit le score reste semblable, et les démocrates peuvent encore espérer des gains, mais chaque point en moins sont des sièges qu'ils perdront. Si comme vous j'étais sur que les démocrates allaient encore progresser, vu le gerrymandering, je donnerai Trump perdant avec moins de 200 grands électeurs sans hésiter une seule seconde.
Vous vous concentrez sur les dizaines de districts que les démocrates ont empoché de peu, je me concentre sur les dizaines de districts que les républicains ont conservé de peu : ça en dit long sur nos analyses à tous deux :). Blague à part, je pense réellement que les républicains vont être confrontés au même problème en 2020 qu'en 2018 : pas mal de sortants qui ne rempileront pas (plus que côté démocrates). Et ça les obligera de nouveau à défendre plus de sièges en position moins confortable.
Ce que je constate c'est que les républicains subissent une contraction de plus en plus grande de leur base : ils ne sont plus majoritaires que chez les ruraux et les blancs (et encore, pas tous). J'ai du mal à les voir empocher beaucoup de sièges avec une coalition électorale aussi réduite. Après peut-être qu'en 2020 ils auront repris du poil de la bête et reconquis des parts de marché dans des électorats tangents ? Mais là aussi, j'ai peut-être tort de penser que les démocrates continueront à maintenir le même delta dans la participation partisane que celle observée ces 2 dernières années...Et historiquement parlant les démocrates se mobilisent plus sur une année de présidentielle que sur une année de midterms. Là aussi j'ai peut-être tort de m'appuyer sur ce postulat historique...
Pour la présidentielle, tant qu'on ne connait pas l'identité du candidat démocrate je vous avoue qu'il est difficile de se prononcer. Là aussi peut-être que j'anticipe un peu trop sur un retournement de croissance et de conjoncture (vu le yoyo des cours de bourse depuis 6 mois et l'explosion des faillites agricoles dans le même temps, je ne suis pas le seul ceci dit...), mais je pense que le contexte économique dans deux ans sera moins favorable que celui des midterms pour les républicains.
Quant au vote populaire, les élections de 2016 et 2018 m'ont plutôt appris qu'il était hasardeux d'essayer de déterminer des résultats au niveau des états (ou des circonscriptions) à partir de cet indicateur macro-électoral. Mais là aussi je peux me tromper...
Sinon, niveau midterms, le district 21 de Californie a été officiellement annoncé comme basculant : le sortant républicain Valadao a concédé sa défaite. On notera la remontée incroyable du candidat démocrate Cox, qui était annoncé par tous comme battu au lendemain de l'élection. Au niveau de l'état dans son ensemble c'est vraiment la bérézina pour les républicains : ils ne gardent que 7 districts sur 53, leur candidat au poste de gouverneur (qui claironnait sur tous les toits qu'il avait ses chances grâce à l'initiative référendaire sur les taxes pétrolières) rassemble désormais moins de 38% des voix (3 millions de voix de retard sur le démocrate, et le compteur tourne toujours en sa défaveur), et ils ne possèdent plus aucun poste dans l'exécutif local. Rappelons qu'il y a 25 ans les républicains controlaient 25 des districts de l'état ainsi que le poste de gouverneur. Du coup le parti républicain de Californie déprime sec :
https://www.nytimes.com/2018/12/06/us/c ... terms.htmlJe suis d'accord avec beaucoup des républicains qui s'expriment dans cet article : à mon avis le GOP local n'a pas d'alternative dans cet état. Si il s'éloigne du credo trumpien il perd ce qu'il lui reste de base, si il reste dans le credo trumpien il n'a aucune chance d'attirer des indépendants ou des démocrates modérés. 44% des électeurs de l'état se déclarent désormais démocrates, 24% se déclarent républicains et 27% se déclarent indépendants. L'équation me parait insoluble. Je pense qu'au prochain cycle électoral, les républicains ne seront sans doute même plus en capacité de se qualifier pour la générale au poste de gouverneur, et que les quelques districts qu'ils gardent de peu sur cette fournée seront en danger (les districts 50 et 22 notamment).
Quant au 09 de Caroline du Nord, ça a l'air bien parti pour l'annulation et le revote : le GOP local a mis la pression sur le comité local qui doit valider le résultat, malgré de nouveaux indices indiquant des comportements plus que louches de manipulation des votes par correspondance dans 2 comtés par l'équipe du candidat républicain "victorieux". Seuls 2 des 4 membres républicains sont revenus sur leurs votes : par 7 voix (4 démocrates, 2 républicains et 1 indépendant) contre 2 le comité a maintenu son refus de valider les résultats, reportant tout nouveau vote à après le 17 décembre (où doit se tenir de nouvelles expertises et interrogatoires pour évaluer la crédibilité des résultats). Mais le caucus démocrate de la Chambre a déjà fait savoir qu'il refuserait de reconnaître l'élection du candidat républicain en janvier (chose tout à fait légal si la Chambre estime que le vote n'est pas légal : il y a eu des précédents où la Chambre avait refusé de valider l'élections d'élus sécessionnistes ou issus d"états pratiquant la ségrégation, la constitution lui garantissant ce droit). Bref, que ce soit au niveau du comité local ou de la Chambre, le siège devrait être déclaré vacant, obligeant l'état de Caroline du Nord à organiser une nouvelle élection pour pourvoir le siège. Sur la rentrée de janvier, on aura donc 235 sièges démocrates contre 199 républicains, et 1 siège vacant...