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L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Mar 7 Mai 2019 01:44

guillaume44 a écrit:Je serai moins dithyrambique sur Joe Biden. J'admet que c'est un ressenti personnel mais il me fait penser à John Kerry cad une personne bien élevée, riche et issue de la côte Est (alors qu'il n'est pas de cette région).
En général, les américains préfèrent les candidats "authentiques" comme le furent Reagan, Clinton, W Bush et Trump.
Selon moi, le meilleur candidat contre Trump serait O Rourke.

1. Je ne crois pas en Biden pour les raisons évoquées ci-dessus.
2. Bernie Sanders C'est du déjà vu et il a du mal à se renouveler je trouve.
3. Quand à Buttigieg, je le trouve trop tendre. S'il affronte Trump. Il aura la malédiction du candidat parlant la langue française (Dixit Mitt Romney et John Kerry) :) :)

En tout état de cause, le parti démocrate me semble favori pour cette présidentielle. Une carte électorale, une démographie favorables et une absence de réforme d'envergure côté républicain.
Leur seul gros boulet sera le green new deal qu'ils ont décidé d'accrocher volontairement à leur pied. Ce projet de loi devrait rendre Le Minnesota, le Colorado et le Nevada en jeu étant donné que ce sont des gros états producteurs de gaz schiste.


La modération rappelle à toutes fins utiles, que l'ajout de sources pour appuyer son propos serait appréciable. Cela éviterait peut-être de relayer des informations totalement fausses (le Nevada et le Minnesota seront ravis de découvrir qu'ils ont des gisements de gaz de schiste en vous lisant, ce qui ne veut pas dire qu'ils ne seront pas disputés en 2020, mais surement pas pour une raison inexistante).

Pour le reste, j'avais pas l'impression que mon propos était dithyrambique envers Biden. Je le trouve plutôt factuel. Que ce soit concret ou théorique, il est difficilement contestable que Biden est un candidat qui peut concurrencer Trump sur le créneau du vote col bleu dans le Midwest. Je vous confirme que votre perception de Biden est très personnelle et très éloignée de la perception qu'en a l'Américain moyen. Biden est issu d'une famille très modeste (son père vendait des voitures dans une petite concession), né en Pennsylvanie, et absolument pas perçu comme un membre de l'élite côtière du nord est.
Il est perçu (avec une once de raison à mon sens, ne serait ce que par son franc parler et ses gaffes) comme un regular Joe comme on dit aux USA. A cet égard, il est beaucoup moins issu de l'élite côtière que ne l'est Trump en réalité (même si il est perçu différemment par beaucoup).
Et vu comment depuis l'annonce de sa candidature Trump attaque comme un bœuf Biden dans ses tweets, j'ai l'impression que le président américain partage mon point de vue en ce qui concerne Biden comme un concurrent potentiel auprès de cet électorat là.
Après Biden a aussi des handicaps et des défauts : il est à mon avis un meilleur candidat de générale que de primaires, si il peut viser des états du Midwest et des Grands Lacs, il est sans doute moins attractif que certains candidats (Harris, O Rourke, Buttigieg...) sur d'autres états potentiellement à enjeu (Caroline du Nord, Arizona, Géorgie...) ou sur certains électorats démocrates (les jeunes et les minorités), il est une machine à gaffes ambulante (plus que Trump, ça reste à démontrer cela dit), son âge (qui là aussi est un handicap pour les primaires mais pas vraiment pour la générale face à Trump).
Enfin, je suis en totale désaccord avec vous concernant votre perception des démocrates comme étant les favoris pour 2020. Si tel était le cas, ce serait en totale contradiction avec la réalité historique du paysage politique US : le président sortant est quasiment toujours le favori aux USA. Il y a eu très peu d'exceptions. Même ceux qui ont perdu (Bush père, Ford et Carter) faisaient généralement office de favori lors du démarrage de la campagne officielle après les conventions des partis (c'est peut-être un peu moins vrai pour Carter, mais c'est aussi une construction à posteriori). En ce qui me concerne, je pense qu'il est pour l'heure difficile de juger de qui est le favori tant qu'on ne sait pas qui sera le candidat démocrate et comment il sortira des primaires. Mais si au moment de l'élection de 2020 l'économie américaine est toujours florissante, j'aurai beaucoup de scrupule à ne pas donner à Trump le statut de favori. Et si il ne l'est pas c'est alors qu'il y a un gros problème.

Concernant la campagne, Biden connait un boost post annonce, comme d'autres candidats avant lui. Mais son boost est nettement plus fort que celui qu'avaient connu ceux qui l'ont précédé. Il est désormais crédité de 35 à 40% des intentions de vote auprès de l'électorat démocrate, très loin devant Sanders (qui est lui à la baisse, et désormais talonné pour la seconde place par le trio Warren-Harris-Buttigieg). Tout cela est évidemment très conjoncturel et appelé à se tasser, mais il peut au moins se prévaloir de partir de plus haut que tous ses concurrents démocrates.
https://www.realclearpolitics.com/epoll ... -6730.html
En tout cas, il continue sur la stratégie entrevue lors de son annonce de candidature : il tape sur Trump, qui le lui rend bien. La stratégie semble claire : accréditer précocement l'idée d'une affiche inéluctable. Je ne sais pas si ça marchera pendant tout le processus des primaires.Et gare au retour du bâton du candidat qui donnerait l'impression d'avoir déjà gagné les primaires. Pour l'heure ça a l'air de fonctionner. Mais tant que les débats n'ont pas démarré, tout cela reste très hypothétique et sujet à évolution.
https://www.axios.com/2020-presidential ... e0486.html

Autre élément à noter : certains états très bleus où les démocrates possèdent le trifecta (Californie, Washington et New Jersey) sont en train de faire voter des lois obligeant les candidats à vouloir concourir aux primaires des deux grands partis dans leurs états à révéler leurs déclarations fiscales. En cas de non révélation, la candidature du candidat aux primaires de l'état serait invalidée. C'est en Californie que le projet semble le plus avancé et le plus susceptible de rentrer en vigueur rapidement. Si la loi passe, Trump devra soit révéler sa feuille d'impôts, soit zapper les primaires dans les états en question (rappelons qu'il y a déjà un candidat républicain déclaré pour contester la nomination à Trump, Bill Weld, qui se frotte déjà les mains à l'idée d'empocher tous les délégués de Californie sans se fouler), soit contester les lois en question devant les tribunaux.
L'autre souci potentiel est que tout cela pourrait avoir pour effet de démobiliser un peu plus l'électorat républicain pour la générale derrière. Pour la présidentielle ce n'est pas très grave (c'est pas comme si Trump avait la moindre chance de remporter la Californie ou le New Jersey), mais pour les autres élections au sein de l'état (élections locales et à la Chambre) ça pourrait être assez dévastateur pour les élus républicains. Et si ces états décident de passer ce genre de lois aussi pour la générale, ce serait carrément très problématique pour le GOP. Qui devrait contester devant les tribunaux, mais ces derniers sont notoirement rétifs à l'idée d'intervenir dans le droit électoral des états. L'autre solution simple ce serait que Trump fasse comme tous les candidats à la présidentielle depuis 30 ans et livre ses déclaration fiscales. Mais ça je pense qu'on peut écarter l'hypothèse...
https://www.apnews.com/880e9ce35f884f059eecb2b68c8997a0
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede PhB » Mar 7 Mai 2019 07:29

guillaume44 a écrit:En tout état de cause, le parti démocrate me semble favori pour cette présidentielle. Une carte électorale, une démographie favorables et une absence de réforme d'envergure côté républicain.

Une carte électorale favorable aux Démocrates !? Avec plusieurs millions de voix d'avance, ils ont été sévèrement battus aux dernières présidentielles, à cause de cette même carte électorale.
Je veux bien admettre que les Démocrates aient progressé depuis, mais prétendre qu'un système électoral puisse être favorable à un parti qui perd les élections en emportant une large majorité des voix relève de l'aveuglement, de l'auto-persuasion ou de la propagande mensongère.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede myckilem » Mar 7 Mai 2019 10:29

Et ce alors que ce n'est pas un cas unique dans l'histoire récente des USA ^^.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede guillaume44 » Mer 8 Mai 2019 12:08

PhB a écrit:Une carte électorale favorable aux Démocrates !? Avec plusieurs millions de voix d'avance, ils ont été sévèrement battus aux dernières présidentielles, à cause de cette même carte électorale.
Je veux bien admettre que les Démocrates aient progressé depuis, mais prétendre qu'un système électoral puisse être favorable à un parti qui perd les élections en emportant une large majorité des voix relève de l'aveuglement, de l'auto-persuasion ou de la propagande mensongère.


Oui je confirme la carte électorale est très favorable au parti démocrate. Sur les 5 états ayant le plus grands nombres d'électeurs 3 sont surs de voter bleu : La Californie (55 GE), New-York (29 GE), et Illinois (20 GE) soit 104 GE
contre seulement 1 pour le GOP : le Texas (38 GE)

La Floride reste la mère de tous les swing state avec 29 GE.

Avant l'élection de 2016, le mur bleu démocrate comprenait 242 GE sur pour eux en partant des 6 dernières élections présidentielles depuis 1992

https://en.wikipedia.org/wiki/Blue_wall_(politics)

Ainsi George W Bush fut longtemps considéré comme " a math accident" suite à ses élections d'extrême justesse en 2000 et même en 2004. Malgré ses 3 millions de voix d'avances il ne s'est imposé que d'un peu plus de 100 000 voix dans l'Ohio lors de cette élection. Ce fut un accident de maths dans la mesure ou il n'a pas cassé le mur bleu.

Les mid-terms de 2018 indique que ce fameux mur bleu se soit reconstitué d'où mon avis que le parti démocrate est nettement favori en 2020.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede jean24 » Mer 8 Mai 2019 13:18

guillaume44 a écrit:Oui je confirme la carte électorale est très favorable au parti démocrate. Sur les 5 états ayant le plus grands nombres d'électeurs 3 sont surs de voter bleu : La Californie (55 GE), New-York (29 GE), et Illinois (20 GE) soit 104 GE
contre seulement 1 pour le GOP : le Texas (38 GE)

Et encore, le Texas peut passer démocrate !

Il n'y a aussi qu'à voir les Etats que chaque parti peut essayer de faire basculer par rapport à 2016. Pour les démocrates ils peuvent espérer gagner : Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin, Floride, Arizona, Géorgie, Texas et Iowa soit 144 grands électeurs.
Pour les républicains, ils peuvent pas viser grand chose, avec de grandes largesses d'analyse ils pourraient espérer batailler dans le New-Hampshire, le Minnesota, le Nevada, le Maine, le Colorado et la Virginie, soit 44 grands électeurs (et encore, si ils arrivent à rendre compétitif qu'un tiers de ces Etats ce sera pas mal !).

Autrement dit cette présidentielle n'aura rien de normal, et vu le nombre de candidats coté démocrate je crois qu'il se sont tous dis la même chose : "c'est à cette présidentielle et pas à une autre que je peux gagner !"
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede PhB » Mer 8 Mai 2019 13:49

guillaume44 a écrit:
PhB a écrit:Une carte électorale favorable aux Démocrates !? Avec plusieurs millions de voix d'avance, ils ont été sévèrement battus aux dernières présidentielles, à cause de cette même carte électorale.
Je veux bien admettre que les Démocrates aient progressé depuis, mais prétendre qu'un système électoral puisse être favorable à un parti qui perd les élections en emportant une large majorité des voix relève de l'aveuglement, de l'auto-persuasion ou de la propagande mensongère.
Oui je confirme la carte électorale est très favorable au parti démocrate. Sur les 5 états ayant le plus grands nombres d'électeurs 3 sont surs de voter bleu : La Californie (55 GE), New-York (29 GE), et Illinois (20 GE) soit 104 GE
contre seulement 1 pour le GOP : le Texas (38 GE)

Oui, bien évidemment, et d'ailleurs la Terre est plate...
Prenons ces trois états bleus "sûrs" :
Californie 37,3 M habitants en 2010
New-York 19,4 M
Illinois 12,8 M
Soit au total 68,5 M habitants et donc 22,5 % de la population états-unienne (308,7 M hab)
Source : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Démographie_des_États-Unis

Maintenant, les grands électeurs :
55+29+20=104 des 538 grands électeurs, soit 19,3 % seulement de ceux-ci.
Où l'on constate que les états démocrates sont notablement sous-représentés dans le collège des grands électeurs (environ -15% de représentation pour ces 3 états).
À l'inverse, on constatera que les états les moins peuplés sont très majoritairement républicains et surreprésentés.
guillaume44 a écrit:La Floride reste la mère de tous les swing state avec 29 GE.

Avant l'élection de 2016, le mur bleu démocrate comprenait 242 GE sur pour eux en partant des 6 dernières élections présidentielles depuis 1992

https://en.wikipedia.org/wiki/Blue_wall_(politics)

Ainsi George W Bush fut longtemps considéré comme " a math accident" suite à ses élections d'extrême justesse en 2000 et même en 2004. Malgré ses 3 millions de voix d'avances il ne s'est imposé que d'un peu plus de 100 000 voix dans l'Ohio lors de cette élection. Ce fut un accident de maths dans la mesure ou il n'a pas cassé le mur bleu.

Les mid-terms de 2018 indique que ce fameux mur bleu se soit reconstitué d'où mon avis que le parti démocrate est nettement favori en 2020.

C'est plutôt de "Red Wall" qu'on devrait parler, au vu de la surreprésentation des électeurs républicains.

Ceci dit, je ne nie pas l'existence d'un groupe important de grands électeurs démocrates formant une assise sur laquelle un candidat de ce parti peut s'appuyer ; je remarque simplement que cette assise de grands électeurs est moins importante que la population des états qu'elle représente. Et donc que les démocrates sont désavantagés.

La circonstance conjoncturelle que, actuellement, les Démocrates soient suffisamment majoritaires dans l'opinion pour espérer une victoire n'est aucunement la preuve d'une carte électorale favorable ; c'est la preuve d'un mouvement d'opinion suffisamment puissant pour contrer une carte électorale défavorable.


NB : je serai prêt à faire amende honorable le jour où on me prouvera que les états des "242" (selon guillaume44) grands électeurs du "Blue Wall" - soit 44,98% des 538 - représenteront moins de 44,98% de la population. Pour plus de détails on peut également regarder ici.

Edit : précisions de détail
Dernière édition par PhB le Jeu 9 Mai 2019 09:26, édité 1 fois.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede guillaume44 » Mer 8 Mai 2019 23:48

PhB a écrit:Prenons ces trois états bleus "sûrs" :
Californie 37,3 M habitants en 2010
New-York 19,4 M
Illinois 12,8 M
Soit au total 68,5 M habitants et donc 22,5 % de la population états-unienne (308,7 M hab)
Source : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Démographie_des_États-Unis


Le problème est que nous n'élisons pas le président de la république américaine mais le président des Etats-Unis avec le mot ETAT en majuscule. En jouant sur les mots, on peut dire que ce ne sont pas les citoyens qui élisent le président des Etats-Unis mais chaque état à travers ses grands électeurs.

Le collège électoral a justement été inventé en 1787 lors de la convention de Philadelphie pour les raisons que vous évoquiez. Il s'agissait à l'époque et même toujours maintenant d'éviter que les états les plus peuplés ne s'accaparent le pouvoir et de protéger les intérêts des états les moins peuplés.

Il est indéniable que les républicains profitent d'avantage de ce système que les démocrates mais ils n'ont pas l'exclusivité de ce bénéfice.

Que pensez vous de l'attribution de 3 GE attribués aux Etats du Delaware, Vermont et surtout au district de Columbia ? Ces 3 états comptent moins d'un million d'habitants et ont en proportion le même nombre de GE que le Wyoming ou le Montana.

Population
Dictrict of Columbia : 700 milles habitants
Vermont : 627 milles habitants
Delaware : 967 milles habitants

Wyoming : 577 milles habitants
Montana : 1 million d'habitants
Alaska : 738 milles habitants
Source Wikipédia

Juste pour dire que les démocrates profitent aussi de ce système même si c'est dans une moindre mesure que les républicains.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Collège_électoral_des_États-Unis
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Jeu 9 Mai 2019 01:01

guillaume44 a écrit:Le problème est que nous n'élisons pas le président de la république américaine mais le président des Etats-Unis avec le mot ETAT en majuscule.


En effet, si vous considérez que "nous" élisons le président de la république (sic) américaine, alors il y a un gros problème...




Le système avantage les petits états par rapport aux gros. C'était le but recherché par les pères fondateurs, et assumé comme tel. Mais cette architecture constitutionnelle représentait une réalité politique de l'époque, qui est dépassée aujourd'hui.
Dire que le président des Etats Unis représente encore aujourd'hui les états fédérés et non le peuple américain est faux, ce n'est plus la réalité de la fonction. Pour s'en convaincre il suffit d'écouter les discours de n'importe quel président des USA depuis plusieurs décennies maintenant : le peuple américain y est mis à toutes les sauces, les états nettement moins :). Et c'est une lapalissade, mais le président est censé représenter tous les états, pas seulement ceux qui ont voté pour lui...
Dans le cadre institutionnel actuel, oui le collège électoral avantage les républicains, pour une raison simple : ils dominent dans un plus grand nombres des petits états que les démocrates. Ils profitent donc plus que ces derniers de la surreprésentation des petits états. Là où ça commence à devenir réellement problématique au niveau de l'équité institutionnelle et politique c'est que les républicains profitent aussi à plein de la surreprésentation politique des petits états au Sénat (qui est nettement moins choquante que pour le collège présidentiel, puisque contrairement à la fonction présidentielle le Sénat est intrinsèquement une chambre représentant les états à parts égales).
On en arrive à un système très inégalitaire, dont la conséquence partisane (avantager les républicains au détriment des démocrates) est très secondaire. Là où c'est vraiment problématique c'est qu'un électeur du Wyoming (ou du Vermont) a un pouvoir politique disproportionné par rapport à un électeur de Californie (ou du Texas), au Sénat mais aussi au niveau du collège présidentiel. Et, par voie de conséquence, il est mieux représenté également au niveau du système judiciaire puisque la SCOTUS devient dangereusement un organe politisé par l'exécutif et la chambre haute.
Et il y a un risque réel désormais de partition du pays à cet aune là : on risque de voir des états conservateurs fonctionner avec des lois conservatrices et des états libéraux fonctionner avec des lois libérales. Et chaque grand parti ne s'occupera plus que de son pré carré au détriment du pré de ceux d'en face. Et à mon avis ce risque est de moins en moins une vue de l'esprit. Et les états n'auront plus d'unis que le nom. Car oui, si le système électoral et politique des USA se souvient toujours du mots "Etats", il oublie de plus en plus la partie "Unis". Pour remédier à ça, il y aurait quelques mesures simples à mettre en place ne nécessitant même pas une réforme de la constitution. Il suffirait que tous les états appliquent une répartition proportionnelle des grands électeurs, tout en gardant la surreprésentation des petits états (avec l'ajout des 2 sénateurs aux districts de la Chambre pour calculer le nombre de grands électeurs de l'état) et avec une application majoritaire (les arrondis au supérieur se faisant toujours en faveur du candidat arrivé en tête). Et ce système aurait l'immense avantage d'obliger le candidat de chaque grand parti à porter un minimum d'intérêt lors de sa campagne aux états majoritairement acquis au camp d'en face, voire d'essayer de courtiser des électeurs non acquis de base pour augmenter ses chances. Mais cette question ne sera jamais un sujet de consensus entre démocrates et républicains, hélas...

Sinon, pour en revenir au sujet qui nous occupe, à savoir l'élection présidentielle de 2020 :)...
1) Les démocrates disposent en effet d'un matelas de grands électeurs assurés plus grand que les républicains. Avec la répartition actuelle, en ne prenant en compte que les états vraiment surs à 100%, j'arrive à 187 grands électeurs pour les démocrates (Washington, Oregon, Californie, Hawaï, Nouveau Mexique, Illinois, New York, Vermont, Massachusetts, Rhode Island, Connecticut, New Jersey, Delaware, Maryland et DC) contre 125 pour les républicains (Alaska, Idaho, Montana, Wyoming, Utah, Dakota du Nord, Dakota du Sud, Nebraska moins le district 3, Kansas, Oklahoma, Missouri, Arkansas, Louisiane, Mississippi, Alabama, Tennessee, Kentucky, Indiana, Virginie Occidentale et Caroline du Sud).
2) A ces états là, s'ajoutent des états qui penchent très nettement pour un camp, mais ne peuvent être considérés comme 100% acquis (mais pour certains des états, c'est vraiment limite je trouve). Et, il faut bien avouer, que sur ces états là les démocrates ont tout de même marqué pas mal de points au cours des dernières années, avec des états anciennement très rouges qui ne le sont plus autant, voire de plus en plus bleus en fait.
Côté démocrates, je mets dans cette catégorie la Virginie (elle, franchement, je suis à deux doigts de la mettre dans la catégorie 100% acquise aux démocrates), le Colorado et le Nevada (ces deux états peuvent être disputés, mais les démocrates y ont pris un ascendant réel, qui saute aux yeux quand on regarde la situation des partis locaux : les GOP locaux y sont en crise et les partis démocrates locaux y sont florissants). S'ajoutent donc 28 grands électeurs aux 187 précédents, les démocrates sont donc à 215.
Côté républicains je mets dans cette catégorie le Texas (lui n'est pas encore mur pour une bascule démocrate en 2020, sauf peut-être si O Rourke est sur le ticket, mais c'est clairement la grosse menace qui pèse sur les républicains à moyen terme : si il devient réellement un état à enjeu c'est game over pour eux, ils perdent tout espoir de gagner le collège électoral présidentiel si les démocrates verrouillent Californie-Texas-New York et Illinois je pense) et l'Ohio (qui est à la limite du swing state mais s'en éloigne de plus en plus je pense). S'ajoutent donc 56 grands électeurs aux 125 précédents, les républicains sont donc à 181.
3) Restent les battleground states (des états qui malgré un léger tropisme pour un camp peuvent quand même swinguer) et les vrais swing states, qui sont réellement en jeu à chaque élection. La distinction entre ces deux sous catégories pouvant être très subtile et variable. On se retrouve avec l'Arizona, le district 03 du Nebraska, l'Iowa, le Minnesota, le Wisconsin, le Michigan, la Pennsylvanie, le New Hampshire, le Maine, la Caroline du Nord, la Géorgie et la Floride, pour un total de 142 grands électeurs.
Ce qui est inquiétant pour les républicains c'est que beaucoup d'états anciennement rouges, voire très rouges, sont devenus beaucoup plus bleus (Colorado, Nevada, Nouveau Mexique, Arizona, Virginie, Caroline du Nord, Géorgie, Texas) alors que des états faisant le chemin inverse sont moins fréquents (Missouri, Minnesota, Wisconsin, Maine, peut-être Michigan et Pennsylvanie, même si pour ces deux derniers états là c'est pas si évident de considérer qu'ils sont désormais plus rouges qu'il y a encore 10 ans ?). En clair, les démocrates ont beaucoup plus de chemins possibles vers les 270 grands électeurs, là où les républicains ont un nombre de scénarios plus limité pour y arriver. A cet égard, la Floride est un exemple parlant : les démocrates peuvent gagner sans, pas les républicains.
Niveau stratégie, en effet, si j'étais Trump je ne jouerais pas trop l'offensive mais plutôt la défensive. Il faut absolument qu'il conserve les états ayant voté pour lui en 2016 (avec une marge de perte très faible, la Pennsylvanie, la Floride, le Michigan, le Wisconsin, la Géorgie, la Caroline du Nord et l'Arizona sont des must win absolus pour Trump, il ne peut pas se permettre d'en perdre plus d'un ou deux dans cette liste), et doit à mon avis se consacrer sur quelques états ayant voté Clinton mais ciblés (pour moi je n'en vois vraiment que 3 : Minnesota, Maine et New Hampshire, le Nevada et surtout le Colorado me paraissant très compliqués, la Virginie étant à mes yeux carrément une perte de temps).
On sait désormais qu'un retard net au vote populaire ne condamne pas forcément le "perdant" au niveau du collège électoral. Mais il y a je pense tout de même une masse critique minimale au delà de laquelle c'est impossible, c'est juste que cette masse critique au niveau du vote populaire est plus grande qu'imaginée au départ. Mais je pense qu'à partir de 3 ou 4 points d'écart au niveau du vote populaire, ça devient sans doute forcément perdu au niveau du collège. Là aussi la marge trumpienne est étroite, mais pas impossible non plus.
Par contre, il y a une évolution très nette qui complique de plus en plus la donne pour les républicains : le poids croissant des urbains. On commence à voir que même dans des états très rouges (Oklahoma, Kansas, Texas, Utah...) des poches de résistance démocrates apparaissent autour des noyaux urbains. Et quand il s'agit d'états très dynamiques au niveau démographique (essentiellement ceux de la Sun Belt), on observe parfois des mouvements politiques majeurs et rapides (Virginie, Texas, Arizona, Colorado, Nouveau Mexique...). En gros, les états dont le poids augmente dans le collège pour cause de croissance démographique le font par l'apport majoritaire de nouveaux électeurs démocrates, alors que les états où les républicains se renforcent sont ceux dont la population stagne ou baisse. Si les républicains ne parviennent pas à corriger cette réalité démographique assez rapidement il s'expose à relativement long terme à subir de lourdes défaites. L'autre gros souci étant que les minorités votent massivement démocrates, et que la proportion de ces minorités augmente fortement au sein de la population totale. Là aussi, il faudrait que les républicains reconquièrent des parts de marché.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede myckilem » Jeu 9 Mai 2019 22:56

A mon avis, le Texas n'est pas encore prêt à tomber aux mains des démocrates en 2020. Je pense qu'il faudrait deux conditions nécessaires pour cela. O Rourke doit être dans le ticket et qu'un tiers candidat prenne beaucoup de voix au candidat républicain. Mais bon, je suis pas convaincu qu'un candidat libertarien réussira à faire mieux que Gary Johnson en 2016 et je vois mal actuellement un autre parti ou candidat émergé de telle façon à nuire à Trump.
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Sam 11 Mai 2019 02:31

myckilem a écrit:A mon avis, le Texas n'est pas encore prêt à tomber aux mains des démocrates en 2020. Je pense qu'il faudrait deux conditions nécessaires pour cela. O Rourke doit être dans le ticket et qu'un tiers candidat prenne beaucoup de voix au candidat républicain. Mais bon, je suis pas convaincu qu'un candidat libertarien réussira à faire mieux que Gary Johnson en 2016 et je vois mal actuellement un autre parti ou candidat émergé de telle façon à nuire à Trump.


Je partage votre avis : c'est encore tôt pour voir le Texas basculer. Avec O Rourke éventuellement sur le ticket démocrate, ce serait peut-être plus serré, mais même là je verrai tout de même le ticket républicain favori.
Mais il est indéniable que la démographie de l'état change, et que les démocrates progressent. Si les évolutions restent celles là, les républicains ne pourront plus le considérer comme acquis. Je pense qu'en 2020 il faudra surtout regarder les résultats au niveau des assemblées locales et des sièges à la Chambre fédérale. Si les démocrates y progressent à nouveau ce sera un signal d'alarme de plus pour les républicains.Et le danger sera réel car, encore une fois, si un jour les démocrates s'emparent du Texas et qu'ils conservent la Californie, l'état de New-York et l'Illinois, les chemins possibles des républicains vers les 270 grands électeurs deviennent très étroits.
Petite brève de campagne, pas une énorme nouvelle, mais une petite rareté à souligner. Il est de coutume lorsqu'un sénateur est candidat, de voir le sénateur issu du même état et du même parti lui apporter son soutien. Cette année on a beaucoup de sénateurs ou sénatrices qui concourent côté démocrates, et deux exceptions à cette habitude ont émerge :
1) Kirsten Gillibrand, sénatrice de New York est candidate, et son partenaire démocrate du même état, Chuck Schumer. A sa décharge, en tant que leader de la minorité démocrate au Sénat il s'astreint à une parfaite neutralité : il n'apporte son soutien à personne.
2) Kamala Harris, sénatrice de Californie est également candidate, et Diane Feinstein, la sénatrice senior de l'état vient d'apporter son soutien à Joe Biden. Elle explique son soutien par le fait qu'elle connait Biden depuis plus de 20 ans, et que c'est lui qui, en tant que président de la commission judiciaire du Sénat, lui avait offert une place au sein de ce comité, faisant d'elle la première femme à siéger au sein de ce comité.
https://www.washingtonexaminer.com/news ... yal-to-him
Je ne suis pas certain que cela apporte énormément de plus value électorale à Biden, mais cela embarrasse (un peu) Harris, et permet à Biden de revendiquer le soutien d'une femme de pouvoir très visible au Congrès. Après les dernières polémiques sur son attitude envers les femmes, c'est toujours bon à prendre.
Corondar
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