de lindet » Mer 15 Aoû 2018 08:50
Paul Magnette n'est pas connu du grand public français mais il l'est du monde socialo-socialiste et passe à bon droit (me semble-t-il) comme un des rares espoirs de la jeune génération (au sens politique chevronné : moins de 50 ans !). Il est à la fois homme d'action (bourgmestre d'une grande ville après avoir été ministre et responsable de parti) et de réflexion (universitaire en sciences politiques, auteur de plusieurs livres sur l'idée socialiste aujourd'hui, la gauche, la nation et l'Europe....). Donc à suivre comme leader socialiste européen... se situant dans un point d'équilibre à gauche, européen critique mais sans rupture, réformiste plus que simple gestionnaire (grosso modo, cela peut ne pas enthousiasmer, mais c'est bien le sens que peut avoir une politique de gauche modérée et réformiste aujourd'hui)... Dans l'état actuel de la social-démocratie, il devra choisir et ne pourra pas tout : sauvegarder (essayer de...) le socialisme wallon, belge ou européen ? En tout cas, idée bizarre en effet de le mettre en tête de liste en France, totalement incompréhensible par l'opinion qui en ferait un aveu d'impuissance du PS français (ce qui peut être le cas). Leader d'une liste transnationale aurait été concevable mais ce n'est pas le cas.... une présence sur une liste ne poserait pas de problème (Maurice Duverger l'avait bien été sur la liste du PC italien en 1989) mais est-ce utile et s'il voulait vraiment s'investir en Europe l'élection en Belgique serait sans doute plus aisée qu'en France ?
L'éventualité me semble surtout confirmer l'embarras du PS français qui ne souhaite pas s'embarquer derrière Moscovici trop identifié évidemment à la commission européenne mais peine à trouver une tête de liste crédible... Le "baron noir" Julien Dray comme homme du renouvellement ? Avec Hollande en filigrane ??? Et même Taubira, Aubry : cela ferait fausse "bonne idée", compensation ultime avant le départ à la retraite, c'est trop tard... Rétropédalons : en 1979, pour les premières européennes au SU, l'enjeu à gauche était la première place : Mitterrand et Marchais sont candidats.... En 1984, contexte plus difficile, Jospin y va.... La logique voudrait qu'Olivier Faure se fasse violence et fasse campagne... Il ne pourrait plus démissionner aujourd'hui aussi rapidement que ses prédécesseurs, mais pourrait animer la part française d'une présence politique européenne socialiste-sociale-démocrate (qui de toute façon va devoir sortir du jeu habituel de partage avec les démocrates-chrétiens) tout en restant 1er secrétaire... Le chef doit aussi aller au front surtout quand c'est très difficile (Pierre Laurent a eu aussi sans doute un profil trop "sénatorial" comme SG du PCF), il n'a pas grand chose à perdre de toute façon et peut gagner beaucoup (au pire, la perte ensuite de la circonscription législative ferait mauvais effet mais ne serait pas une catastrophe, d'ailleurs le contexte n'est plus celui de 2017....)...