Pronostics globaux

[pierrot]

Une précaution au passage pour ces pronostics globaux. Avant de mouliner nos chiffres de 2007 en y intégrant les ciseaux de Marleix, la balance gauche-droite et la pondération des résultats présidentiels, n'oublions pas un paramètre : quelque soit la situation (réélection de Sarkozy ou élection d’Hollande, large ou serrée, face à Marine Le Pen au second tour ou non), les candidats FN obtiendront significativement plus de voix en 2012 qu'au lendemain de la première élection de Nicolas Sarkozy. Et donc, dans un nombre non négligeable de cas, influenceront les affiches de second tour (triangulaires, élimination inattendues…)

[vudeloin]

Je pense assez prématuré de penser que Marine Le Pen dépassera à coup sûr les 15 % des votes lors de la présidentielle...
De plus, le fait que son père ait atteint à plusieurs reprises ce seuil ( 1988, 1995, 2002 ) n'a jamais empêché les candidats lepénistes des législatives suivantes de se retrouver en retrait au regard du score présidentiel.
Donc...

[pierrot]

En retrait du score présidentiel, ce sera encore le cas.
Mais bien au dessus du score des candidats lepénistes en 2007 aussi. C’est contre ce deuxième écueil que je mettais en garde.
Les situations 2007 qui nous servent très logiquement de point de départ, avaient ce point particulier de candidats FN sous les 5 % en moyenne nationale au premier tour alors qu’ils étaient entre 10 et 15% aux 4 élections législatives précédentes. Je pense qu’ils se retrouveront à nouveau proches de cette forchette que Marine Le Pen soit à 12, 15 ou 20 %, qu’elle soit ou non au second tour de la présidentielle.
Et ceci change beaucoup chose dans plus d’une centaine de circonscriptions et donc bien entendu doit être pris en compte dans nos pronostics globaux à l’échelle du pays.

[Emeric]

Je pense assez prématuré de penser que Marine Le Pen dépassera à coup sûr les 15 % des votes lors de la présidentielle...
De plus, le fait que son père ait atteint à plusieurs reprises ce seuil ( 1988, 1995, 2002 ) n'a jamais empêché les candidats lepénistes des législatives suivantes de se retrouver en retrait au regard du score présidentiel.
Donc...

En 2007 il n'y avait eu qu'un seul candidat FN en mesure de se maintenir au 2nd tour .... Marine Le Pen. Mon petit doigt me dit qu'en 2012 il y en aura plus.
Par contre pour ce qui est des élus, mon petit doigt me dit que tout dépendra de la présence ou non de Marine Le Pen au 2nd tour (de la présidentielle ce coup ci) et de l'attitude lors du candidat "favori" éliminé. En cas de non participation de Marine Le Pen au 2nd tour de la présidentielle, il est fort à parier que le nombre d'élu FN à l'assemblée en juin 2012 ressemble à celui du nombre d'élus dans les conseils généraux en mars dernier à + ou - 2 près ;)

[Zimmer]

Il est en effet évident que le score du FN lors des élections législatives de 2012 sera plus élevé que lors de celles de 2007.

Si Sarkozy devait être battu par Hollande au second tour de l'élection présidentielle, voire éliminé à l'issue du premier tour, je ne serais pas étonné que dans certains départements, il y ait, entre les deux tours des législatives, des retraits réciproques (je ne parle pas de désistements) entre candidats de l'UMP et du FN, un peu comme cela s'était passé en 1988 dans la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Cela serait d'ailleurs sans doute le prélude d'un rapprochement entre l'aile la plus droitière du parti dirigé par Copé (principalement la Droite Populaire) et celui présidé par Marine Le Pen.

En 1988, ces retraits n'avaient permis l'élection que d'une seule députée pour le FN, celle de Yann Piat (qui devait d'ailleurs être exclue de ce parti quelques mois plus tard) dans la 3ème circonscription du Var. Jean-Pierre Stirbois, pourtant bien placé dans la 12ème circonscription des Bouches-du-Rhône à l'issue du premier tour, n'était pas parvenu à se faire élire au second tour. Il reste à savoir si les reports de voix de l'UMP vers le FN seraient meilleurs en 2012.

[Jean-Philippe]

Je viens de créér un sujet intitulé Les législatives pour le FN dans lequel vous pourrez développer vos idées sur l'impact du FN à ce scrutin.

[vudeloin]

Ceci dit, ne pas oublier que la participation électorale au premier tour de 2002 comme de 2007 n'a pas forcément été spectaculaire...
Et que l'un des problèmes, moins rencontrés en 1997 par exemple, c'est bien celui de la qualification pour le second tour avec 12,5 % des inscrits ou l'atteinte de la seconde place sur la liste des candidats en présence.
Il n'y a pas eu énormément de triangulaires, tant en 2002 qu'en 2007, et cela ne risque pas forcément de s'arranger en 2012.
D'ici à ce que le FN puisse supplanter la droite pour le second tour, peut être, mais il est trop tôt pour le dire.

De plus, chaque élection a sa dynamique et, aux dernières nouvelles, une législative se gagne aussi sur l'implantation des candidats ( que les élections locales peuvent avoir établie ) et sur la capacité d'une organisation à se mobiliser et à mobiliser ses adhérents et sympathisants.

Si tel n'était pas le cas, remarquez, nous n'épuiserions sans doute pas nos échanges et nos controverses :)

[Emeric]

Ceci dit, ne pas oublier que la participation électorale au premier tour de 2002 comme de 2007 n'a pas forcément été spectaculaire...

D'ailleurs je pense que le phénomène que vous signalez est l'une des conséquences du quinquenat et de la synchronisation automatique des 2 élections. Les électeurs fatigués par des mois de campagne présidentielle ont visiblement tendance à rechigner à se déplacer pour des élections législatives qu'ils ne voient que comme une simple confirmation de leur vote précédent.

[pierrot]

Ce n’est donc pas une conséquence du quinquennat mais plutôt de l'inversion du calendrier décidée ensuite.
Des élections décalées type "mid-term", seraient plus logiques. Mais dès la présidentielle suivante, si le président élu n'appartient pas à la majorité en place, une dissolution nous remettrait dans la même situation.
Si on en reste à regrouper les 2 scrutins dans une même séquence électorale, ce qui revient de fait à un régime présidentiel et n'est pas forcément le système idéal à mon sens, alors, autant pousser la logique jusqu'au bout et organiser de vraies élections générales le même jour mais avec une dose de proportionnelle pour l’Assemblée.
Avec évidemment en toute logique d'un régime présidentiel : la disparition du poste de premier ministre et la perte du pouvoir de dissolution ; seule la démission du Président provoquerait la fin de la législature en cours
La participation identique conférera la même légitimité de l'exécutif et au législatif. On n'aurait plus ce second choix qui apparait comme "automatiquement" induit par le premier. Une campagne unique, obligera les programmes législatifs à s'aligner sur les programmes présidentiels, et réciproquement. L'électeur y verrait plus clair. On éviterait les situations où comme en 2007, Bayrou se présentait en positon de l'emporter sans que personne ne sache avec quelle majorité il aurait bien pu gouverner.

[vudeloin]

Sur le fond, l'inversion du calendrier électoral ( une riche idée de Lionel Jospin qui, pour le moment, n'a profité qu'à la droite ) vassalise les élections législatives au regard des présidentielles.
D'autant que la victoire de 2002 de Chirac fut d'une telle netteté, puisqu'élu par défaut avec 82,5 % des voix, et celle de Sarkozy si franche aussi avec 53 % en 2007, que le phénomène de découragement a durement frappé l'électorat de gauche au premier tour des législatives suivantes.
Surtout que tout se passe en un peu plus d'un mols, avec un Président encore en état de grâce, dont la première équipe ministérielle peut pratiquement ( à l'exception de Juppé en 2007 ) aller chercher n'importe quel siège ou presque.
Bon, bien sûr, si le score du second tour était serré, on ne sait pas si l'électeur prendrait folie de voter autrement...

Ensuite, reste ouvert le débat sur la réforme institutionnelle que pierrot relance sur ce fil où l'on sent bien que certaines de nos hypothèses de travail seront rudement bousculées par ce qui se sera passé en avril mai.