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Pronostics

Forum de discussion dédié aux élections sénatoriales de septembre 2011 et au renouvellement pour la première fois d'une moitié du Sénat français.

Re: Pronostics

Messagede vudeloin » Ven 21 Jan 2011 11:49

Il y a surtout ce que le Figaro dit, entre les lignes, mais qui n'aura sans doute pas échappé aux analystes acérés qui fréquentent ce forum : c'est que l'UMP risque fort de se retrouver nettement derrière la gauche en termes de sénateurs élus.
Parce que 6 à 16 voix de majorité ( il est fort le Gérard, il a du lire mes fiches ! ), cela veut dire 177 élus contre 171 dans le pire des cas, ou bien 182 à 166 dans le meilleur des cas.
le hic, c'est que, dans les 182 - soit une baisse de 8 sièges sur la situation actuelle -, tu peux avoir 20 à 25 centristes, 2 RDSE ralliés et 5 ou 6 non inscrits, c'est à dire une UMP entre 150 et 155, nettement devancée ( plus de dix sièges ) par l'ensemble de la gauche et peut être rattrapée par l'ensemble des sénateurs PS et CRC - SPG...
Dans une configuration à 177, le salut de la majorité tiendrait alors aux élus de Saint Martin, Saint Barthelémy, Wallis et Futuna et aux 8 représentants des Français de l'Etranger entre autres...
Sans oublier le radical valoisien du Gers élu avec le soutien discret du PRG en échange du même mouvement dans l'autre sens, de Jean Paul Fournier et de Marie Thérèse Bruguière élus par la grâce des divisions de la gauche...
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Re: Pronostics

Messagede Relique » Ven 21 Jan 2011 12:39

J'ai une question, non à propos de 2011, mais à propos de 2014 (quoique cela concerne les deux). On voit que dans les pronostics de chacun, ça serait serré, mais que la majorité actuelle garderait une avance - toute relative quand on connait les relations 'fraiches' des centristes avec l'UMP.

Mais est-ce que vous pensez vraiment possible que la gauche fasse mieux ? Pensez-vous que, sans changer le mode de scrutin, avec une dominance presque dictatoriale des maires de petites communes, et des disparités énormes autant entre le poids des grands électeurs que dans le poids des sénateurs, la gauche peut avoir une majorité au sénat ?

Parce que, comme le rappellent tous les observateurs, le sénat n'a pas été à gauche de la cinquième république (au moins, j'avoue ne plus me souvenir dans l'instant quelle date ils nous répètent tous). Est-ce que le sénat est donc légitime ? Si l'Assemblée Nationale a le mérite d'être à peu près ressemblante au vote des électeurs (du deuxième tour, surtout), le Sénat, lui, reste une chambre de droite, sans que celle-ci ne remporte les scrutins locaux (tout de même, 1 seule région métropolitaine, et la moitié des DOM, moins de la moitié des conseils généraux, seulement Marseille comme grande ville etc etc... ) !!

Les règles du scrutin du Sénat devraient-elles être changées pour être plus démocratiques, et plus représentatives de la vie politique locale (dominée par la gauche, il ne faut pas se leurrer) ?
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Re: Pronostics

Messagede maxxx » Ven 21 Jan 2011 12:52

Moi ça me fait toujours rire d'entendre les analyses sur le basculement du Sénat...On ne va quand même pas me dire que Gaston Monnerville était un affreux conservateur de droite...

Pour 2014, autant te dire que je pense que tout dépend de 2012 :
- si la droite gagne la présidentielle puis plus difficilement les législatives - scenario pas le plus envisagé today : il est assez évident que les municipales et territoriales de 2014 ne seront pas favorables à la majorité de droite : et la majorité hypothétiquement conservée à quelques sièges au Sénat risque fort de se craqueler : en 2014, on renouvellera par exemple la Saone et Loire, qui compte depuis 2004 3 sénateurs UMP, dont 2 ne se représenteront certainement pas, dans un contexte où la droite a perdu beaucoup (sachant que René Beaumont n'avait pas été facilement élu, le basculement de Chalons, de Cluny...joue en faveur de la gauche)...Avec un nouveau recul aux municipales, nombre de sièges peuvent chuter à droite : Allier, Gers, Doubs, Cote d'Or, Charente-Maritime...Bref, les chances sont fortes...

- par contre, si la droite-centre résiste en septembre 2011 et que la gauche remporte la présidentielle et les législatives, on peut penser que la gauche ne sera pas forcément en superbe posture pour les élections locales de 2014 : et là, ça peut être intéressant car la droite pourrait en profiter pour regagner des sièges au Sénat pour 2014 : on citera tous les départements où elle a perdu d'assez peu ou manqué de gagner de peu un siège supplémentaire en 2008 : Ardèche, Ille et Villaine, Finistère, Cote d'Or, Doubs, Ain, Gard...
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Re: Pronostics

Messagede vudeloin » Ven 21 Jan 2011 17:18

Il est vrai que le discours sur « le Sénat peut il passer à gauche en 2011, alors qu’il ne l’a jamais été sous la Ve République « peut en surprendre plus d’un, sauf à n’avoir aucune notion historique en sciences politiques.

Parce qu’enfin, de 1958 à 1968, c'est-à-dire pendant les dix premières années de notre actuel régime constitutionnel, le Sénat était présidé par Gaston Monnerville, sénateur radical du Lot, maire de Saint Céré et dont la particularité était d’être né en Guyane – ce qui fait d’autant plus rire quant au débat sur la diversité – et d’être assez nettement antigaulliste.

Monnerville, qui a laissé son nom à une salle de réunion au Sénat dans l’immeuble Alain Poher, s’est par exemple opposé avec force au projet de loi soumis à referendum en 1969 et qui portait notamment sur la réforme du Sénat, comme il s’était opposé au recours au suffrage universel pour l’élection du Président de la République et même à la mise en place du Conseil Constitutionnel.

Pour éclairer tout à fait la lanterne de chacun ici, je rappellerai les rapports de forces au Sénat, dans les débuts de la Ve République.

Ainsi en 1959, le Sénat comptait 309 membres dont 14 communistes, 61 socialistes, 66 radicaux et apparentés ( les élus du Rassemblement Démocratique Africain entre autres qui a servi de base aux nouveaux partis nationaux des pays africains indépendants en 1960 ), soit 141 élus sur le flanc gauche et centre gauche ; 34 MRP et centre démocrate ; 20 centre républicain : 70 républicains indépendants et 37 élus gaullistes, plus 7 non inscrits.

Une situation globale qui n’avait pas empêché, loin de là, Monnerville d’être réélu Président du Sénat après avoir été celui du Conseil de la République.

En 1962, avec le départ des sénateurs issus des anciennes colonies, l’effectif retombe à 274.

On compte 14 communistes, 52 socialistes, 50 gauche démocratique, soit 116 élus de gauche et de centre gauche, 35 MRP et assimilés, 20 centre républicain, 65 républicains indépendants et 32 UNR ; 6 non inscrits complétant l’effectif.

Monnerville est réélu avec le soutien des MRP.

Pour comprendre ce qui peut surprendre aujourd’hui, quand on connaît le positionnement du centre, il faut savoir qu’à l’époque, il n’était pas rare de se trouver face à des municipalités où la SFIO, les radicaux, le MRP et parfois même une partie de la droite était associée à la gestion locale.
En 1965, pas de changement à gauche, mais trois sièges de mieux pour le MRP, un de moins pour le centre républicain, 5 républicains indépendants et 2 UNR de moins et 5 non inscrits en plus.

En 1968, par contre, si les communistes se retrouvent à 18 ( tirant en cela parti de leurs progrès aux municipales de 1965 en listes d’union de la gauche ), la SFIO ne progresse pas et la gauche démocratique cède 7 sièges.

Le groupe de l’Union Centriste des Démocrates de Progrès ( UCDP ) voit le jour et compte d’entrée 47 élus, s’affirmant comme le plus grand gagnant d’une série où figuraient les départements du Bas Rhin à l’Yonne et ceux de l’Ile de France.

Le centre républicain reste à 19 élus, les républicains indépendants retombent à 54 et l’UNR progresse à 36 votes.

Le groupe UCDP, groupe d’Alain Poher, force montante, finit donc par imposer son candidat qui, au bout d’une élection exténuante est élu.

Le problème, c’est que le Sénat compte alors 283 élus dont 113 seulement sur le flanc gauche et centre gauche.

La domination centriste puis giscardienne sur le Sénat s’installe.

Elle durera 27 ans, jusqu’au jour d’octobre 1995 où, trahi par quelques uns de ses alliés a priori les plus fidèles, René Monory devra quitter le Petit Luxembourg pour retourner, amer et contrit, dans sa bonne ville de Loudun.

Un scénario des années Monnerville pourrait il se reproduire en 2011 ?

Alors évidemment, pour la suite, c'est-à-dire 2014, il faudra voir d’où on part…

Je ne vais pas vous faire par le menu le point de ce qui est possible alors, en fonction des résultats des élections locales de 2014 en particulier, municipales comme territoriales éventuelles mais quelques indications quand même.

Sur la série renouvelée en 2008, on peut avoir statu quo dans l’Ain, deux sièges gagnés par la gauche dans l’Aisne, un dans l’Allier, un dans les Hautes Alpes, statu quo ensuite des Alpes de Haute Provence au Calvados.
Je pense que la droite reprendra le siège cantalien, mais perdra peut être d’un coup les trois sièges de la Charente Maritime, et peut perdre le dernier siège de Côte d’Or.
Elle peut aussi laisser en route le dernier siège du Doubs.
Regagner un siège dans le Finistère mais perdre celui du Gard.
Perdre le siège du Gers, un siège dans l’Hérault.

Total : 10 sièges de plus à gauche.

Dans la série renouvelée en 2004, la gauche perdra un siège dans le Bas Rhin, gagnera deux ou trois sièges en Saône et Loire, deux sièges dans les Deux Sèvres, perdra peut être un siège dans le Vaucluse, et gagnera peut être, de manière très hypothétique, un élu chez les Français de l’Etranger.

Total : 4 sièges de plus, nonobstant donc l’Outre Mer où les incertitudes portent sur la Guyane, selon l’évolution en cours, la Polynésie et l’archipel de Wallis et Futuna.

Même en perdant 3 sièges, la gauche pourrait se retrouver avec un solde positif de 11 sièges, bien suffisant pour prendre la présidence du Sénat même dans l’hypothèse la plus favorable à la droite en 2011 selon Gérard Larcher.
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Re: Pronostics

Messagede maxxx » Ven 21 Jan 2011 17:36

Si bien je pense que la droite est fortement menacée dans un département comme la Saone et Loire, autant je ne crois pas du tout à la perte des 3 sièges d'un seul coup en plus en Charente Maritime...La marge de la droite est encore assez forte, et je pense que l'on peut envisager sérieusement quelques hypothèses favorables à la droite : par exemple, une reprise par la droite de la ville de Rochefort en 2014...

En fait, en 2014 déjà, certains nouveaux élus de 2008 risquent d'être déjà vieillisants pour envisager un autre mandat : c'est vrai pour René Teulade, Edmond Hervé, Jacky Le Menn, Anne-Marie Escoffier, Gérard Deriot, Michel Doublet : ce ne sont pas de jeunes premiers et le Sénat est pour eux la maison de retraite politique...

Des successions sont toujours incertaines...cf. celles de Jean Emin et Jean-Paul Pépin dans l'Ain...
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Re: Pronostics

Messagede Relique » Ven 21 Jan 2011 18:23

Donc si je comprends bien ce que vous avez dit (merci, d'ailleurs, pour les réponses ! ), ce n'est pas totalement impossible, surtout si la droite reste au pouvoir nationalement, sans pour autant gagner aussi facilement (on peut envisager une perte de circonscriptions pour la droite sans que sa majorité, associée aux centristes, ne flanche).

Mais cela reste hypothétique, seulement si la droite gagne en 2012 et si elle ne fait pas le boulot vis à vis des français jusqu'en 2014. Mais la réforme des conseillers territoriaux ne va pas encore amoindrir les forces de gauche aux élections sénatoriales ?? Il y aura forcément moins de voix de gauche dans les départements, les régions étant globalement dirigées par la gauche, non ?

Même si il est vrai que ce sont les maires qui donnent le plus de voix aux sénatoriales, ces quelques voix en moins (des dizaines, j'imagine, dans certains départements peuplés) peuvent-elles coûter à la gauche le sénat ?
Et, comme l'a répété un candidat PS aux élections cantonales hier soir, si la gauche arrive au pouvoir, la réforme sera annulée. Cela favoriserait la gauche, mais en même temps, le pouvoir n'est pas souvent synonyme de victoire aux élections à mi-mandat !

Compliqué tout ça...
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Re: Pronostics

Messagede vudeloin » Ven 21 Jan 2011 20:32

Je dirais " p'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non " comme on dit du coté de Rouen...
Mais je crois surtout que certaines tendances lourdes, inscrites depuis quelques temps dans les consultations nationales et locales, continueront de jouer en 2014.
Et que, pour donner un exemple plus précis encore, la gauche avait gagné en 97 et n'avait pas eu de cantonales si mauvaises que cela en 98. La dégradation c'est les municipales de 2001.
Normal, c'est à ce moment là que cela a commencé à coincer du coté des 35 heures...
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Re: Pronostics

Messagede vudeloin » Ven 21 Jan 2011 20:42

Sur la forte marge de la droite en Charente Maritime, un point de détail.

Ses 3 sénateurs sont passés avec un score compris entre 50,4 et 55 % des voix.
le potentiel de droite se situe près de 900 voix pour l''heure, celui de gauche au delà de 750. Ce n'est pas tout à fait insurmontable...
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Re: Pronostics

Messagede ligerien » Sam 22 Jan 2011 14:06

Pour l'instant, en l'absence de la liste des partants (leurs identités et leur nombre), il est bien difficile de faire une prédiction en nombre de siège.
Les sénatoriales sont l'élection où la cuisine électorale est la plus importante. On peut penser que le gain de la gauche sur la droite sera de 10 à 25 sièges.
En parlant de cuisine électorale, l'élection du Président devrait en être une bonne.
Certains d'entre vous ont évoqué un Président PRG appuyé par Sarkozy, dans le cas où la droite soit minoritaire.
Cela me parait difficile, compte tenu du faible nombre de sénateurs radicaux, il faudra que la droite fasse le plein de ses voix sur un candidat tout de même de gauche, face à un candidat PS sans nul doute appuyé par les communistes, écologistes. Cela fait longtemps que l'ouverture lasse à l'UMP et cela pourrait susciter des candidatures dissidentes, des votes autrement, des absentions. De plus, un tel scenario serait, une nouvelle fois, mal vécu par les centristes, qui sentiraient encore une fois floués, au profit d'un candidat de gauche qui plus est. Dans un duel PRG pro-UMP contre PS, il n'est pas sûr que le PRG fasse le plein des voix PRG. Bon nombre d'entre eux doivent leur place au PS...
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Re: Pronostics

Messagede vudeloin » Sam 22 Jan 2011 20:15

Le message de notre ami ligerien souligne quelques éléments clé de ce scrutin sénatorial

Un, que se passera t il en juin, lors de la désignation des délégués des conseils municipaux ?
La question n'est pas sans importance, notamment dans les conseils élus au mode proportionnel et qui doivent désigner des délégués complémentaires, parce que les majorités municipales sont parfois fluctuantes...
Deux, quelle sera la configuration définitive des différents scrutins départementaux, notamment là où l'on pratique la proportionnelle, c'est à dire là où il n'y a qu'un tour...

Une bonne part de nos commentaires et pronostics partent donc, selon les cas, d'éléments plus ou moins évidents proposés par les résultats des municipales et chacun sait que la détermination de la sensibilité des élus est pour le moins de plus en plus incertaine au fur et à mesure que les communes sont plus petites...

Nous sommes donc contraints pour le moment à ne produire que des estimations, plus ou moins fiables selon notre ressenti, notre information ou notre connaissance des choses...

Ensuite, il y a le passé récent que nous avons rappelé : globalement, une gauche qui obtient les voix qu'elle attendait et parfois, plus ou moins au delà, et une droite qui connaît une relative déperdition, notamment parce qu'il y a toujours quelques abstentionnistes et quelques bulletins blancs et nuls au sein du collège électoral sénatorial.

Ce qui amène à reposer les questions qu'il s'agira de mesurer le 21 septembre prochain ( qui devrait, à mon sens, être un jour férié ), en comparant nos estimations plus ou moins précises et les résultats constatés.

Un, quel impact éventuel des divisions observées dans l'un ou l'autre des camps présents sur le champ de bataille ?
Deux, quel effet de certaines réformes récentes, comme celle des collectivités territoriales, mais aussi la suppression de la taxe professionnelle ou encore celle de la Poste ?
Trois, quel impact de situations plus locales dans certains départements où cela peut se jouer dans un mouchoir de poche, et où, parfois, les élus locaux «  font leur marché «  en dosant entre sensibilités politiques et représentation des territoires ?
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