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Elections municipales de 1935

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Re: Elections municipales de 1935

Messagede vudeloin » Mer 5 Sep 2012 23:31

Quant au commentaire du Figaro, quelques éléments

" Les renseignements étant parvenus plus tôt que dimanche dernier, des éditions spéciales des journaux furent rapidement composées. Paris put ainsi apprendre très vite que son Conseil municipal, dont la majorité restera française avec cinquante six membres, comptera... quatorze conseillers communistes. Nos craintes, nos prévisions sont largement dépassées !"

Dans un autre style, l'Humanité écrit

"Nous enregistrons avec une grande joie l'échec de plusieurs fascistes notoires, amis de Chiappe (NDR l'ancien préfet de Police de 1934 devenu conseiller municipal pour le quartier Notre Dame des Champs), au profit desquels il avait fait une campagne personnelle et ardente. La victoire du professeur Paul Rivet, à Saint Victor, où il bat magistralement Lebecq, après trois jours de campagne seulement, sera saluée avec allégresse par tous les antifascistes."

Autre genre, celui de l'Ami du Peuple, qui n'a rien à voir avec le journal de Marat

Plus que jamais, pour tous ceux qui, fidèles à l'esprit du 6 février, veulent que la France vive dans l'honneur et la propreté, et ne sombre ni dans la déliquescence politicienne, ni dans l'abject esclavage collectiviste, le mot d'ordre est de s'unir étroitement et d'intensifier la propagande, pour barrer la route aux ennemis de l'intérieur ligués contre la partie sous l'égide du Front rouge".

Quant au Populaire, le journal de la SFIO, il titre

"Le fascisme est battu ! Le Parti socialiste enregistre d'éclatants succès tant à Paris que dans la banlieue et dans la province"

( pour mémoire, la SFIO gagne Marseille en mai 1935).
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Re: Elections municipales de 1935

Messagede Pullo » Jeu 6 Sep 2012 11:41

vudeloin a écrit:Pour bien comprendre les effets du mode de scrutin en vigueur à Paris en 1935, un simple rappel des voix du second tour.

L'accroissement du nombre des élus, un accroissement mesuré (dix sièges de plus) n'a pas changé la donne.
Ce sont, comme chacun a pu s'en rendre compte, les partis de droite et de centre droit qui dominent au sein du Conseil de Paris, avec un total de 56 élus sur les 90 le composant, à ce stade du renouvellement des édiles.

Comme chacun s'en rendu compte à la lecture, deux sièges iront aux communistes, lors de partielles menées dans les 11e et 19e arrondissements, mais cela ne change pas grand chose au film.

Le Figaro daté du 13 mai 1935 nous indique la répartition (selon le journal) des élus

A droite, quatre indépendants, vingt quatre républicains, vingt quatre républicains de gauche et quatre radicaux indépendants, soit cinquante six sièges.

A gauche, quatre radicaux socialistes, sept socialistes indépendants et républicains socialistes, trois socialistes de France, six socialistes unifiés (comprendre SFIO) et quatorze communistes (dont 6 pupistes), soit trente quatre sièges.

Au premier tour, comme nous l'avons vu, les partis de droite et du centre droit ont remporté vingt huit sièges et la gauche cinq.
Au second tour, la gauche emporte vingt neuf ballottages et la droite vingt huit.

Un seul siège d'écart au second tour ? Certes...
Mais les voix, donc ?

Eh bien, au second tour, nous avons les chiffres suivants

Droite 122 771 voix (40,52 %)
Gauche 179 258 voix (59,15 %)
Divers 1 008 (0,33 %)

Je n'ai pas fait les comptes du premier tour mais je n'ai pas de doute sur la tendance globale. La gauche était majoritaire en voix le 5 mai lors du premier tour des municipales parisiennes.

Joli, non ?


Si le Conseil de Paris avait été élu avec le mode de scrutin actuel, la gauche aurait été majoritaire ?
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Re: Elections municipales de 1935

Messagede vudeloin » Jeu 6 Sep 2012 14:10

Je n'ai pas fait le calcul, Pullo, mais notons, tout de même, que cela aurait imposé de calculer une représentation des arrondissements plus conforme à la réalité démographique.

Ceci dit, la gauche aurait été en tête dans les cinquième, dixième, onzième, douzième, treizième, quatorzième, quinzième, dix huitième, dix neuvième et vingtième arrondissements, soit dix sur vingt.

Même avec le système retenu par la loi d'avril 1935, la messe aurait été dite.
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Re: Elections municipales de 1935

Messagede vudeloin » Jeu 6 Sep 2012 18:37

Le scrutin municipal de Paris présentait alors une particularité essentielle.

En effet, si le Conseil de Paris n'était pas habilité à élire le Maire de la capitale (il n'y aura toujours, jusqu'en 1977 et la loi de juillet 1976, pour être précis, qu'un Président du Conseil de Paris assistant en quelque sorte le Préfet de la Seine et le Préfet de Police), et se contentait le plus souvent de désigner chaque année l'un de ses membres aux fonctions de Président, il constituait aussi, comme nous l'avons vu, une part importante des membres du Conseil général de la Seine, l'autre partie étant composée par les cinquante élus des communes de Seine banlieue.

Quelques temps après le renouvellement municipal de 1935 (survenu les 5 et 12 mai), les électeurs des communes de banlieue étaient invités, les 26 mai et 2 juin 1935, à élire leurs conseillers généraux.

C'est cette seconde élection du printemps 1935 que nous allons désormais examiner dans ce fil de discussion.
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Re: Elections municipales de 1935

Messagede vudeloin » Jeu 6 Sep 2012 19:17

Dans la situation initiale, la banlieue est représentée par quinze élus de droite et de centre droit et vingt cinq de gauche et de centre gauche.

A droite, nous avons un démocrate populaire, sept républicains de gauche et sept républicains et radicaux indépendants divers.

A gauche, nous avons quatre radicaux socialistes, trois socialistes indépendants, trois socialistes de France, trois pupistes, deux pupistes de Saint Denis (tendance Doriot), six socialistes SFIO et quatre PCF.

L'évolution démographique de la banlieue, comme à Paris, a entraîné la création de dix nouveaux sièges pour ce renouvellement 1935.
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Re: Elections municipales de 1935

Messagede vudeloin » Sam 8 Sep 2012 14:35

La relecture du fil me rappelle d'un seul coup que nous n'avions pas regardé la question des municipales des communes de banlieue...
Donc, on voit très bien qu'avant de parler des cantonales, nous verrons ce qu'il en est de la naissance de la "banlieue rouge" cette année là.
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Re: Elections municipales de 1935

Messagede fred75 » Dim 24 Fév 2013 19:29

Originaire de Lyon, bien que vivant à Paris depuis 20 ans, j'ai suivi l'évolution des élections municipales à Lyon depuis l'accession au fauteuil de maire d'une personnalité charismatique, Edouard Herriot (en novembre 1905)
Pendant plus de 25 ans, il a du composer avec un groupe socialiste plus important que le groupe radical. Mais son "équation personnelle" ainsi que l'appui de modérés lui a permis de garder son fauteuil de maire en 1925 et 1929. Néanmoins la logique politique a fini par s'imposer. En 1931, Herriot tente un coup de poker : il démissionne de son mandat de conseiller du 1er arrondissement et obtient la démission des conseillers radicaux du 3ème arrondissement, largement dominé par la SFIO. Cela provoque des partielles dans ces deux arrondissements. Puis il se présente à la tête d'une liste radicale dans le 3ème arrondissement (principal pourvoyeur de sièges au conseil de Lyon). Il y est triomphalement élu alors que la SFIO s’effondre. Dans le 1er, la liste radicale est entièrement élue. Dès cette date, la logiqu epolitique s'impose. Lyon devient radicale, n'étant jusque là que "herriotiste". Herriot remportera en 1935 un véritable triomphe, les radicaux obtenant une large majorité absolue. La SFIO soit se contenter de la portion congrue. Mais curieusement, alors que le parti radical sort renforcé, Herriot aura à affronter, lors des législatives de 1936 et des cantonales de 1937, les premiers ballotages de sa carrière.
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Re: Elections municipales de 1935

Messagede Joinvillais » Sam 15 Juin 2013 23:57

Découpage cantonal.
Le découpage cantonal ne s'est pas réalisé selon la description de Vuedeloin. Pour ce qui concerne le canton de Saint-Maur par exemple, il comptait déjà deux circonscriptions à partir de 1919. La première comprenait la seule ville de Saint-Maur. Les trois autres communes forment la seconde (sans continuité territoriale) : Créteil, Bonneuil et Joinville-le-Pont. Naudin, républicain de gauche (Bloc national) est élu en 1921 et 1925 de cette 2e circ. du canton de Saint-Maur; Paul Avet, maire de Créteil (radical) est élu en 1929 ; en 1933, c'est Louis Auguste Prieur (concentration républicaine), également maire de Créteil, qui lui succède. En 1935, André Puech dit Parsal (communiste) emporte le siège; il deviendra député en 1936.
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