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Election présidentielle de 1965

Espace dédié aux membres qui souhaitent échanger sur les élections plus anciennes. Résultats, analyses, cartographie,...

Cantonales 1976-1979

Messagede vudeloin » Mer 25 Mai 2011 10:13

euh, je ne sais pas vous mais moi je me demande ce que cette discussion sur le score de Tixier Vignancour vient faire dans le fil de la discussion sur les cantonales 76 et 79, vu qu'elle devrait plutôt figurer dans la discussion sur les présidentielles de 1965 !
Pour le coup, elle aurait pu commencer dans le fil de la discussion sur les législatives de 1936...

rectification faite

Puisque pour le coup, voici sa fiche sur le site de l'Assemblée, où il siégea, parmi les non inscrits, quelques temps...

EDIT Vincent le 25/05/2011 à 13:09 -> Suppression de la notice et insertion du lien vers la source.
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Re: Election présidentielle de 1965

Messagede vudeloin » Jeu 26 Mai 2011 22:40

Tixier Vignancour fut député d'Orthez en 1936 ( dis je pour les fainéants qui ne liraient pas la notice de l'Assemblée ) au motif que ses parents l'y envoyaient en vacances et fut candidat en 1967 dans la troisième circonscription du Var ( un bout de Toulon de manière essentielle ) où il dépassa les 20 % au premier tour et fit pas loin de 25 % au second, dans une triangulaire, sans être élu bien entendu...
Je crois bien que c'est la dernière fois que l'avocat d'extrême droite a ainsi fait un score à deux chiffres dans un département et un secteur où il disposait de quelques atouts.
Pour info, la troisième circonscription c'est essentiellement le port de guerre de Toulon et, pour info, le suppléant de Tixier Vignancour était un amiral en retraite...
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Re: Election présidentielle de 1965

Messagede vudeloin » Sam 28 Mai 2011 15:16

Dans les messages à suivre, nous regarderons la performance des candidats dans les différents départements du pays, pour avoir une idée des rapports de forces de l'époque...
Parce que bon, c'est assez loin, tout de même, 1965...
En tout cas en apparence :)
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Re: Election présidentielle de 1965

Messagede vudeloin » Dim 29 Mai 2011 00:42

Nous allons commencer ce regard sur la performance des candidats au premier tour de la présidentielle de 1965 par les scores les plus signifiants de Jean Louis Tixier Vignancour, candidat de la droite anti gaulliste, soutenu entre autres par Jean Marie Le Pen, et nombre des nostalgiques de l'Algérie française.

Comme nous l'avons précisé, Tixier Vignancour fut deux fois député, une fois en 1936 en étant élu député des Basses Pyrénées dans la circonscription d'Orthez et une seconde fois en 1956 sur une liste poujadiste.

Avocat de l'extrême droite et de quelques causes perdues, sa candidature de 1965 a réuni plus d'un million de suffrages et c'est sans surprise que ses scores furent singulièrement élevés dans les départements du Sud de la France, qui avaient constitué le «  point de chute «  quasi naturel des rapatriés d'Algérie et d'Afrique du Nord en général.

Je me permets ici de souligner toutefois que l'examen de quelques données politiques un peu plus anciennes, notamment lors des élections du printemps 36, ont pu attesté dans certains endroits de l'implantation de la droite la plus ultra, ou la plus extrême ( c'est selon ) ne serait ce que lorsqu'on examine le cas de Marseille où la droite d'avant guerre était représentée par les Croix de Feu et Simon Sabiani, devenu doriotiste.

Bref, parlons un peu des scores de Tixier Vignancour.

Le candidat en question dépasse les 10 % des exprimés dans les circonscriptions suivantes :

Alpes Maritimes : 2e, 3e, 5e
Bouches du Rhône : 1ere, 2e, 8e, 9e
Gard : 1ere
Hérault : 1ere
Pyrénées Orientales : 1ere
Var : les 4 circonscriptions
Vaucluse : les 3 circonscriptions

Notons aussi que le Tarn et Garonne avait donné des scores de 9,8 et 9,6 % au candidat d'extrême droite qui avait par ailleurs réalisé des scores de 8,3 et 8,6 % dans les deux premières circonscriptions des Basses Pyrénées.

Sur les points forts de l'influence Tixieriste ( si l'on peut dire ), quelques éléments de plus.
Les trois circonscriptions des Alpes Maritimes étaient celles de Jacques Médecin ( 2e ), de Nice – Montagne ( siège de Fernand Icart pendant un certain temps et actuel siège de Christian Estrosi ) et siège de Cannes – Antibes.
Dans deux cas, il s'agit fondamentalement de secteurs plutôt huppés ( le siège qu'occupa Jean Médecin n'était pas celui de Virgile Barel, dans la première circonscription ) tandis que dans l'autre, il s'agit d'une circonscription qui comprend, dans son périmètre, des secteurs qui ont parfois été très portés sur la droite.

Sur les Bouches du Rhône, les deux premières circonscriptions concernées sont celles couvrant les 6e, 8e, 9e et 1er arrondissements, c'est à dire, pour l'essentiel, et comme par hasard, les deux sièges détenus historiquement par la droite marseillaise.
La 2e, c'est celle de Gaudin en 1978...

La 8e circonscription est un secteur plus populaire et qui, en 1965, couvrait une partie du 4e arrondissement, mais aussi les 12e et 13e arrondissements.
C'est à dire, de fait, ce qui fait transition à Marseille entre les quartiers centraux anciens et les quartiers dont le développement doit beaucoup à l'entre deux guerres et aux années suivant la Libération.

Enfin, la 9e circonscription était organisée autour d'Aix en Provence, et l'on ne peut manquer de penser que Tixier Vignancour pouvait avoir quelques relais dans la bourgeoisie d'affaires et de robe de la cité thermale...

Pour les trois sièges du Gard, de l'Hérault et des Pyrénées Orientales, il s'agit tout simplement des sièges de Nîmes, Montpellier et de celui organisé autour de Perpignan et de la plaine du Roussillon où un grand nombre de rapatriés sont venus s'installer après 1962....

Pour le Var et le Vaucluse, rien de surprenant là encore.

Ce fut la troisième circonscription du Var qui donna finalement le score le plus élevé en faveur de Tixier Vignancour.

Ce siège, c'est celui qui court sur la partie Est de Toulon, comprenant notamment le port militaire.

En décembre 1965, Tixier fit 17,2 % des voix au premier tour et c'est évidemment sur ce siège qu'il se représenta en 1967 lors des élections législatives.
On notera aussi que le siège fut longtemps détenu par Maurice Arreckx, le maire de Toulon, et que l'un des cantons du siège fut détenu par le FN à la fin des années 90, outre évidemment le fait que Jean Marie Le Chevalier ait été, pour un mandat, élu maire de Toulon.

Mais comme tout le monde l'aura noté, on ne sera pas autrement surpris, à quelques décennies de distance, que le FN ait une certaine influence là où Tixier eut ces résultats...

Notons aussi que les scores de l'avocat furent faibles dans certains régions, passant souvent sous les 5 %, notamment dans le Nord...

La suite au prochain numéro...
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Re: Election présidentielle de 1965

Messagede vudeloin » Ven 3 Juin 2011 21:53

Pour ce qui va nous intéresser désormais, ce sera la performance de Jean Lecanuet, le candidat centriste de l'élection présidentielle de 1965 qui apparut, d'une certaine manière, comme une sorte d'alternative de droite modérée au gaullisme et dont certains ont pu penser qu'il avait été la première manifestation d'une campagne électorale à «  l'américaine « , la jeunesse relative de l'intéressé s'apparentant au cas du déjà regretté Président Kennedy pour les USA.

Jean Lecanuet a pour lui d'être un peu plus jeune que les autres candidats : âgé de 45 ans au moment de l'élection, il est alors conseiller général et Sénateur de Seine Maritime, élu sur Rouen qui sera bientôt la ville dont il assumera la charge la plus élevée ( il succédera au printemps 68 au CNI Bernard Tissot, mort en fonctions ).

Collaborateur de plusieurs Ministres MRP sous la Quatrième République, une fois secrétaire d'Etat, Lecanuet n'a donc pas encore pour lui l'usure de la pratique gouvernementale en première ligne, si l'on peut dire.

Il n' a pas eu la même carrière que François Mitterrand, son aîné de trois ans et demi, pas celle de Tixier Vignancour, déjà élu en 1936, ou même celle de Pierre Marcilhacy, sénateur de Charente depuis alors 17 ans...

Et, bien entendu, Jean Lecanuet avait juste environ trente ans de moins que le Général de Gaulle, à peu de choses près ce qui séparait un jeune résistant quasi anonyme ( qu'il fut en région Nord ) du chef de la France Libre...

Jean Lecanuet était membre du Mouvement Républicain Populaire qui vit, au milieu des années 60, ses dernières heures, ayant perdu, par la force du schéma institutionnel de la Cinquième République, la pertinence que pouvait lui donner son caractère de force motrice des «  gouvernements de troisième force «  associant SFIO mollettistes, radicaux, centristes, démocrates chrétiens les plus divers et indépendants masquant mal l'expression politique d'une droite sortie du purgatoire des années d'épuration de la Libération.

1958, avec le Gouvernement de large rassemblement autour de De Gaulle, a consacré le partage des tâches entre indépendants et gaullistes de l'UNR et 1962, avec la séquence référendaire, amené la primauté de l'UNR, reléguant les centristes au rôle subalterne de force d'appoint.

La candidature de Jean Lecanuet, sous les apparences de la nouveauté, est donc la préfiguration de ce que nous allons connaître avec l'UDF chère à Valéry Giscard d'Estaing.

Lecanuet est en effet soutenu par le MRP, qu'il va bientôt transformer en instrument politique de sa propre aventure, avec la naissance du Centre Démocrate, et va recueillir le soutien du Centre National des Indépendants et Paysans, c'est à dire de ceux des Indépendants qui n'ont pas suivi Valéry Giscard d'Estaing dans son soutien au gaullisme sur les questions du temps, Algérie Française ou révision constitutionnelle de 1962.

Un attelage pour le moins étonnant, de démocrates chrétiens, d'hommes de droite et d'agrariens qui enserrent, en quelque sorte, par la gauche comme par la droite le courant gaulliste incarné par l'UNR et ses alliés ( pour le moment ) giscardiens.

Et une tentative de rassemblement des forces modérées et conservatrices non gaullistes qui s'apparente, immanquablement, au vieux débat traversant la droite française entre ses divers courants ( légitimistes versus orléanistes, libéraux versus autoritaires, etc...)

Le candidat Lecanuet peut de fait s'appuyer sur un certain nombre de relais et de parlementaires, notamment.

Il y a notamment les 55 députés centristes de l'Assemblée, plus les élus proches du CNIP qui constituent un premier ensemble de partisans.

Et il y a aussi un Sénat où l'on compte 38 élus du MRP et du Centre démocratique et 19 élus du Centre républicain d'action rurale et sociale, qui regroupe une bonne part des proches et membres du CNIP.

Nous allons maintenant regarder les endroits de notre beau pays où la performance du candidat centriste fut intéressante, c'est à dire dépassa assez nettement les 15 % des suffrages ( sa moyenne nationale étant de 15,6 % environ )

Par commodité, nous verrons la situation par département.

Dans l'Ain, Lecanuet atteint 21,7 % sur le siège de Bourg en Bresse et 19,7 % sur celui de Belley.

Il décroche 16 % des voix sur le bassin de Vichy et voit ses scores tourner autour de 16 % dans les deux circonscriptions des Hautes Alpes.

Il atteint 16,6 % sur la seconde circonscription des Alpes Maritimes ( celle de Jacques Médecin ) et 17,1 % sur le siège de Cannes Antibes.

Il atteint 19 et 18,2 % dans les deux circonscriptions de Tournon Annonay et de Largentière Aubenas et dépasse les 16 % sur Mézières Rethel et Sedan Vouziers.

Dans l'Aube, il dépasse les 17 % sur le siège de Troyes Bar sur Aube.

Il atteint également 24,6 % dans la circonscription de Rodez et 26,6 % sur le siège de Millau Saint Affrique, où il devance d'ailleurs le candidat de la gauche, François Mitterrand.
Il est, évidemment, moins influent sur le siège de Villefranche de Rouergue Decazeville, où l'électorat du bassin houiller assure une majorité relative au candidat de gauche.

Il obtient de 20,2 à 25,3 % des voix dans les circonscriptions du Calvados, département certes voisin de son département d'élection mais également largement marqué par les idées centristes, devançant partout le candidat de gauche, sauf sur Caen et son agglomération ouvrière.

Il obtient 17,4 % sur le siège d'Aurillac et 19,5 % sur celui de Mauriac Saint Flour.

Il réalise des performances intéressantes en Charente Maritime : 16,3 % sur Rochefort, 18,9 % et 17,1 % sur Saint Jean d'Angély et Saintes Jonzac ( la Saintonge pour tout dire ).

Jean Lecanuet obtient également de 19,1 à 21,2 % en Côte d'Or, département d'influence importante du CNIP, dont sont issus quelques unes de ses personnalités.

Il se situe entre 16 et 19 % dans les circonscriptions des Côtes du Nord, où le MRP conserve une certaine influence.

Il dépasse les 20 % dans le Haut Doubs, obtient de bons scores dans l'Eure, avec notamment plus de 27 % sur le siège de Bernay, près de 20 % sur le siège de Louviers ( on est à chaque fois près de Rouen ), flotte entre 16 et 19 % en Eure et Loir, et se situe entre 15 et 24,3 % dans le Finistère.

Dans ce département breton, il devance le candidat de la gauche sur le Léon et contribue aux grands contrastes d'influence respective du Général de Gaulle et de François Mitterrand.
Ainsi, De Gaulle atteint il 66 % des voix au premier tour sur la 3e circonscription ( Landerneau ) quand il doit se contenter de 41,6 % dans la 6e circonscription ( Châteaulin ).

Lecanuet dépasse les 17 % dans le Gers, département de faible implantation gaulliste puisque Mitterrand y dépasse, sur les deux sièges, les 44 % au premier tour.

Il ne dépasse les 16 % en Gironde que dans les deux circonscriptions de Bordeaux, celle de Langon et celle de Blaye, où il tire parti de la présence d'élus de sensibilité CNIP ( plus de 20 % dans la 10e circonscription, qui couvre le Blayais ).

Il réalise, sans surprise, de 17,7 à 23,9 % des voix dans les circonscriptions d'Ille et Vilaine, devançant le candidat de la gauche sur Vitré, Fougères et Redon, dans un contexte où De Gaulle obtient la majorité absolue dans quatre des six sièges du département ( les mêmes plus celui de Saint Malo, les deux sièges découpés sur Rennes faisant exception ).

Jean Lecanuet dépasse également les 16 % sur les sièges d'Issoudun La Châtre et du Blanc, ainsi que dans les trois sièges de l'Indre et Loire découpés au delà de Tours centre.
Il atteint ainsi les 20 % sur le siège entre Chinon, Joué les Tours et Richelieu dont nous avons déjà parlé par ailleurs.

Il ne dépasse les 16 % dans l'Isère que dans sur les trois sièges du Nord Isère ( Vienne Nord et Sud, Bourgoin La Tour du Pin ), dépasse les 19 % dans le Jura ( soutien discret d'Edgar Faure avec qui il avait travaillé ? ), atteint 18 % sur Blois et 22 % sur Romorantin et la Sologne.

Dans la Loire, avec le soutien des indépendants, Lecanuet obtient des scores importants, obtenant 25,8 % dans la 3e circonscription ( celle de Saint Chamond, c'est à dire le siège d'Antoine Pinay ) et dans les très catholiques 6e et 7e circonscriptions (Charlieu et Montbrison ), où le score de 26 % est atteint, plaçant le candidat centriste devant le candidat de la gauche.

Score élevé évidemment en Haute Loire, avec plus de 27 % sur le siège du Puy et près de 26 % sur celui de Brioude, la seule différence étant que Lecanuet est second sur le Puy et juste derrière Mitterrand sur l'autre siège.

Scores de 19,8 à 29 % dans les circonscriptions de Loire Atlantique où Lecanuet devance Mitterrand sur les sièges d'Ancenis, Châteaubriant, La Baule et Pornic Guérande.
En clair, Lecanuet est devant le candidat de la gauche dans les zones rurales du département et plutôt devancé dans les villes comme Nantes et Saint Nazaire.

Un bon score dans le Loiret : 19 % sur le siège de Pithiviers ( Beauce et Gâtinais ), un score honorable entre 16 et 17 % dans le Lot ( où la performance de De Gaulle est très moyenne ), et proche en Lot et Garonne, pour des raisons identiques.

En Lozère, Lecanuet dépasse les 17 % sur le siège de Mende, 18,8 % dans l'autre siège, où il dépasse le score de Mitterrand.

En Maine et Loire, Lecanuet obtient des moyennes élevées : de 23,3 à 28,1 % ( circonscription de Cholet, où fut longtemps élu le CNIP Maurice Ligot ).

21 à 25 % dans les quatre premières circonscriptions de la Manche où Lecanuet devance, bien entendu, le candidat de la gauche.

Il tourne autour des 20 % sur Châlons Vitry et Epernay, et se situe entre 25 et 30 % sur les trois sièges de la Mayenne, où le candidat centriste dépasse nettement le candidat de la gauche.

37 504 voix pour Lecanuet en Mayenne, 20 383 pour François Mitterrand.

En Meurthe et Moselle, comme prévu, les cinq premières circonscriptions ( Nancy, Lunéville, Toul ) donnent de 16,6 à 19,5 % des voix au candidat centriste, mais le Pays Haut moins de 10 %..
19,5 % pour Lecanuet sur le siège de Nancy Saint Nicolas de Port.

16 et 19 % sur les sièges de Verdun et Bar le Duc, signe d'une certaine implantation centriste et performance logique dans le Morbihan, autre département breton de tradition catholique.

Les scores du candidat centriste vont de 15,2 % ( sur Lorient, sans surprise ) à 20,5 % sur le siège de Pontivy, tandis que Lecanuet arrive second sur le siège de Vannes.

Plus faible résultat en Moselle ( seule la 2e circonscription donne plus de 15 % au candidat centriste ), ce qui peut surprendre puisqu'il s'agit d'un département où le MRP avait été fort influent avec Robert Schuman.

Dans le Nord, seules les deux circonscriptions de la Flandre intérieure ( Bergues et Hazebrouck ) ont donné un score élevé au candidat centriste.

Scores importants dans l'Orne de la candidature centriste, qui dépasse, là encore, le score du candidat de la gauche.

Jean Lecanuet fit entre 18 et 20 % dans les Pyrénées Atlantiques actuelles ( alors Basses Pyrénées ), dépassant même le candidat de la gauche sur la 3e circonscription (Pays Basque intérieur ).

Résultats évidemment assez bons dans les deux départements alsaciens où Lecanuet dépasse les 20 % partout sauf dans une circonscription du Bas Rhin et où il devance Mitterrand sur tous les sièges.

Scores intéressants pour lui encore sur Lyon, la Haute Savoie ou encore les circonscriptions bourgeoises de la Seine ( dans les quartiers huppés de Paris, Neuilly sur Seine, par exemple ).

Performance honorable, mais sans plus, de Lecanuet dans son département de Seine Maritime : 22,2 % sur la 1ere circonscription ( Rouen ), 23,8 % sur la 5e (Fécamp) et 27,1 % sur la 10e (pays de Bray).

Il se retrouve finalement devancé par François Mitterrand dans 8 circonscriptions sur 10.

La Seine et Marne donne, sauf sur Chelles Lagny, de 15 à 19 % des votes au candidat centriste tandis que la Seine et Oise, comme on pouvait s'y attendre, lui donne ses meilleurs scores sur les sièges huppés comme Versailles et Saint Germain en Laye ).

Le score est également élevé sur les sièges de Parthenay et Thouars Bressuire dans les Deux Sèvres, terres d'implantation centriste et indépendante.

Enfin, Lecanuet fit un bon score en Vendée, obtenant notamment plus de 28 % dans la circonscription des Herbiers ( c'est là où Philippe de Villiers se fit élire député ensuite...).
Sur le département, on compte 218 590 suffrages exprimés.

De Gaulle fit 112 640 voix, soit 51,5 %.
Lecanuet réalisa 52 448 voix, soit 24 % et Mitterrand dut se contenter de 37 960 suffrages, soit 17,4 %...

Je ne sais pas vous, mais pour peu que vous soyez un lecteur attentif de ce forum, vous constaterez que, comme par hasard, l'influence de Lecanuet recoupe assez nettement les zones d'influence de la démocratie chrétienne, ce qui donne bien des raisons de constater que c'est bel et bien la reconstruction de la droite modérée, non gaulliste, qui fut l'élément clé de la candidature Lecanuet.

En 1973, pour info, les députés centristes de l'Assemblée nationale furent élus dans les circonscriptions suivantes : Paris 7e ( Frédéric Dupont ), Paris 14e ( Claudius Petit ), Paris 16e ( Mesmin, Stehlin ), Antony Montrouge ( Henri Ginoux ), Bourg en Bresse ( Paul Barberot ), Château Thierry ( André Rossi, celui ci était cependant radical valoisien ), Vichy ( Gabriel Péronnet, également radical valoisien ), Gap ( Pierre Bernard Reymond ), Nice II ( Jacques Médecin, un non inscrit assez particulier ), Rodez ( Jean Briane ), Bayeux ( François d'Harcourt, CNI ), Guingamp ( Edouard Ollivro ), Lannion ( Pierre Bourdellès ), Louviers ( Rémy Montagne ), Condom ( Pierre de Montesquiou, père de l'actuel sénateur Aymeri de Montesquiou ), Lesparre Médoc ( Aymar Achille Fould ), Vitré ( Pierre Méhaignerie ), Dole ( Jacques Duhamel, alors souvent Ministre ), Aire sur l'Adour ( Jean Marie Commenay ), Vendôme ( Jean Desanlis ), Saint Etienne Nord ( Michel Durafour, plutôt radical ), Saint Chamond ( André Chazalon ), Firminy ( Roger Partrat ), Le Puy Yssingeaux ( Jacques Barrot ), Villeneuve sur Lot ( Edouard Schloesing, plutôt radical ), Saumur Sud ( Jean Bégault, PSD), Cholet ( Maurice Ligot, CNIP ), Saint Lô ( Jean Marie Daillet ), Epernay ( Bernard Stasi ), Nancy ( Jean Jacques Servan Schreiber ), Ploermel ( Loic Bouvard ),Hennebont ( Paul Ihuel puis Yvon Le Cabellec après le décès du premier ), Metz I ( Jean Kiffer ! ), Thionville Est ( Maurice Schnebelen RI puis Henri Ferretti Centriste ), Forbach ( Anne Marie Fritsch ), Sarreguemines ( Jean Seitlinger ), Saint Amand les Eaux ( Georges Donnez, PSD ), Clermont Crépy en Valois ( Robert Hersant ), Mortagne l'Aigle ( Roland Boudet ), Molsheim ( Jean Marie Caro ), Saverne ( Adrien Zeller ), Colmar ( Julien Hausherr ), Mulhouse ( Emile Muller, PSD ), Villeurbanne ( Etienne Gagnaire ), Caluire Limonest Rillieux ( Frédéric Dugoujon ), Luxeuil ( Jean Jacques Beucler ), Mâcon ( Philippe Malaud, CNIP ), La Flèche ( Raymond Dronne ), Albertville ( Joseph Fontanet ), Rouen Darnétal ( Jean Lecanuet ), Clères Pavilly ( André Martin ), Parthenay ( Jacques Fouchier; CNI ), Thouars Bressuire ( Albert Brochard ), Abbeville ( Max Lejeune, MDSF et ancien Ministre ), Châtellerault ( Pierre Abelin ), Saint Pierre de la Réunion ( Marcel Cerneau ), Nouvelle Calédonie ( Roch Pidjot ) et Polynésie Française ( Francis Sanford ).

Les deux derniers se rapprocheront de la gauche, Roch Pidjot étant élu de l'Union Calédonienne, le parti de Francis Burck et de Jean Marie Tjibaou et Francis Sanford du RDPT, parti proche des thèses indépendantistes.
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Re: Election présidentielle de 1965

Messagede iPolitique » Dim 30 Oct 2011 11:14

Bonjour,

Voici une série de cartes sur l'élection présidentielle de 1965:
http://www.france-politique.fr/cartes-p ... e-1965.htm

Ne connaissant pas particulièrement ce département, je serais intéressé par des avis éclairés sur le score de Jean Lecanuet en Seine-Maritime (Seine-Inférieure, où il est élu): que 19,29%, certes davantage que sa moyenne nationale (15,57%), mais loin derrière De Gaulle (41,17%) et Mitterrand (33,87%).

Merci!
Dernière édition par iPolitique le Dim 30 Oct 2011 12:25, édité 1 fois.
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Re: Election présidentielle de 1965

Messagede Zimmer » Dim 30 Oct 2011 12:25

iPolitique a écrit:Ne connaissant pas particulièrement ce département, je serais intéressé par des avis éclairés sur le score de Jean Lecanuet en Seine-Maritime: que 19,29%, certes davantage que sa moyenne nationale (15,57%), mais loin derrière De Gaulle (41,17%) et Mitterrand (33,87%).


A Rouen, son score était un peu plus élevé : 22,25 % (contre 40,81 % à De Gaulle et 29,86 % à Mitterrand).

Même s'il siégeait au conseil municipal de cette ville depuis 1953, il n'en était devenu le maire qu'en avril 1968. Elu député de la Seine-Inférieure en 1951, il n'avait pas retrouvé son siège aux élections législatives de 1956, ni aux législatives suivantes et, en décembre 1965, Lecanuet était sénateur de la Seine-Maritime, premier adjoint au maire de Rouen (depuis le mois de mars de cette même année) et conseiller général du 2ème canton de la ville (depuis 1958), ces différents mandats ne lui donnant pas le même ancrage auprès des électeurs que s'il avait été député, maire ou député-maire. Il deviendra également président du conseil général de ce département en 1974.

On peut aussi noter que le score de Poher, lors du premier tour de l'élection présidentielle de 1969, n'était que de 22,99 % à Rouen et 20,96 % sur l'ensemble du département. Au niveau national, son score était de 23,30 % alors que celui de Lecanuet était en effet de 15,57 % trois ans et demi plus tôt.
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Re: Election présidentielle de 1965

Messagede vudeloin » Dim 30 Oct 2011 12:56

Sans vouloir insister, j'avais donné quelques indications sur le message le plus long concernant la Seine Maritime.
Si Monsieur de Boissieu est intéressé, nous pourrions affiner sa carte en faisant référence au découpage électoral 1958, en vigueur à l'époque...
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Re: Election présidentielle de 1965

Messagede Hashemite » Lun 31 Oct 2011 00:15

Bonsoir a tous

Pour compléter la discussion sur les résultats de cette premier scrutin présidentiel au suffrage universel depuis 1848, je vous offre cette carte des résultats du deuxième tour par circonscription.

J'ai également en fichier une carte du vote Tixier et Marcilhacy sur les mêmes bases pour ceux qui seraient intéressé.

Bonne soirée
Fichiers joints
Presidential 1965 [R2] - Constituency.png
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Re: Election présidentielle de 1965

Messagede vudeloin » Lun 31 Oct 2011 11:04

Une carte fort parlante, Gael, et qui montre bien quelques unes des évolutions clé de l'électorat français depuis la naissance de la Cinquième République : sécularisation et laicisation de l'électorat à l'Ouest, avec l'extension des quelques secteurs ( pays de Guingamp, Nantes Saint Nazaire, Le Mans ) qui votaient à gauche dès cette époque ( la carte du referendum 69 traduirait déjà des inflexions ) ; renforcement de la droite dans le grand Sud Est et singulièrement sur lês rivages de la Méditerranée et conquête progressive des grandes villes ( LIlle, Lyon, Paris, Strasbourg entre autres ) par le vote de gauche.
Mais c'est surtout cette présence forte de la gauche au Sud de la Loire qui interpelle et caractérise durablement un comportement électoral toujours manifeste aujourd'hui qui fait de l'Aquitaine, de l'Occitanie, du Limousin, et maintenant aussi de l'Auvergne et du Poitou ce qu'il faut bien appeler le bastion de la gauche française.
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