Un maire de droite impopulaire, des divisions dans le camp de la droite et du centre... cela rappelle le scénario de conquête du FN par Toulon en 1995, où le candidat FN était un peu moins haut au premier tour mais venait de la droite, ce qui tendait à le faire apparaître plus respectable.
Rappelons le scénario électoral de Toulon :
1er tour - Jean-Marie Le Chevallier (FN): 31,03% François Trucy (maire sortant, UDF-PR): 23,17% Christian Goux (PS): 21,67% Colombani (UDF-PR diss): 9,61% Bernardi (RPR): 4,88% Croidieu (Div.d.): 3,13% Durbec (Div.): 2,59% Pizzole (Ecol.): 2,16% Estragon (Div.g.): 1,74%*
2e tour - Jean-Marie Le Chevallier (FN): 37,02% François Trucy (UDF-RPR): 34,81% Christian Goux (PS): 28,16%
Vous me direz que comparaison n'est pas raison, et qu'à l'époque la gauche n'a pas pratiqué le front républicain - mais cela aurait-il été suffisant ? François Trucy était à l'époque victime d'ignobles rumeurs de pédophilie pour lesquelles il sera mis hors de cause - un juge des enfants, Alain Fontaine, un temps au FN, les ayant véhiculées (à ce sujet :
https://www.liberation.fr/societe/1999/ ... ire_265234).
Mais fermons la page Toulon pour revenir à Perpignan : les électeurs RN s'étant plus abstenus que les autres le 15 mars 2020, il n'est guère surprenant que Louis Aliot ait des réserves de voix parmi les abstentionnistes, quand le maire sortant doit combler un important retard. Le scénario d'une alliance LR-LREM ayant du plomb dans l'aile, pourquoi pas celui d'une alliance gauche-LREM ? Vous allez me dire qui ni la gauche, ni LREM n'en veut, mais quand on voit la gauche se faire hara-kiri dans le secteur de Marseille tenu par Stéphane Ravier (et par voie de conséquence sur Marseille), pourquoi serait-ce impossible d'empêcher ailleurs la victoire du RN à Perpignan - où la seule attitude noble et généreuse, désintéressée, serait-elle de toujours se retirer (dans ce cas, pourquoi se présenter au premier tour ? le débat était déjà prégnant dans le camp à gauche à Dreux, naguère) ? Sinon, il y a aussi la possibilité d'une alliance gauche-droite-LREM avec fusions de listes et répartition des postes à la proportionnelle. Mais ici, nouvel écueil : pour la droite, jamais d'alliances gauche-droite par fusion de listes. Bref, les scénarios alternatifs ne manquent pas, et la taille d'une ville comme Perpignant devrait faire réfléchir les directions nationales des partis adversaires du RN, celles-ci ayant cette fois tout le temps de préparer le deuxième tour... Evidemment, si le délai entre le premier tour et le deuxième tour était tel que le premier tour soit annulé à Perpignan (comme ailleurs en France où le premier tour n'a pas conduit à la victoire d'une liste ou l'élection de tous les conseillers municipaux), tout repartirait de zéro, permettant au maire sortant de s'interroger sur une nouvelle candidature (et ses soutiens aussi), du moins en tête de liste. Mais pendant ce temps-là , peut-être que certains font toujours discrètement campagne à Perpignan ?