Hier avait lieu une votation visant à modifier la constitution pour que les entreprises basées en Suisse et leurs filiales soient attaquables devant les tribunaux suisses pour toute atteinte aux droits humains ou à l’environnement hors du pays. Une sacrée révolution qui n'aurait pas été simple à appliquer par les tribunaux mais qui inquiétait tout de même fortement nombres d'entreprises qui ont leur siège dans le pays, souvent pour des raisons fiscales.
La votation a obtenu 50,7% mais a tout de même été rejeté, car elle n'a pas obtenu le vote de la moitié des cantons (26 cantons, mais 6 ne comptent qu'une demi-voix) : en effet en cas de modification constitutionnelle cette règle s'applique. C'est assez rare, un rejet par les cantons d'un vote positif avait eu lieu qu'une autre fois, en 1955. Le vote pour la protection des locataires et des consommateurs avait 50,5 % des votants, mais avait été rejetée par 13 cantons et 4 demi-cantons (15 cantons). Cette fois-ci 12 cantons et 5 demi-cantons ont majoritairement votés contre (15,5).
Cela intéressera sans nul doute notre ami Républicain67, au-delà des résultats pur, ils montre une vraie différence entre cantons. S'il n'est pas très surprenant de voir une différente comme urbaines et rurales (les premières votant plus majoritairement pour le oui) il y a aussi une très nette différence entre la suisse allémanique (germanophone) et les Suisse romande (francophone) et italienne (italophone) et romanche (parlant cette langue).
Je cite l'article de Médiapart pour avoir quelques chiffres :
"Les cantons ruraux de Suisse centrale et orientale, tous alémaniques, ont été décisifs. Les petits cantons alpins ont très largement rejeté le texte. Le non atteint 57 % à Nidwald (demi-canton de 44 000 habitants), 58,5 % à Uri (36 000 habitants), 65 % à Zoug (126 000 habitants) ou encore 65 % à Appenzell Rhodes-Intérieures (demi-canton de 16 000 habitants). Mais les cantons plus peuplés de la région comme Lucerne et Saint-Gall (respectivement 400 000 et 500 000 habitants) ont également rejeté le texte à 56 % et 58 %.
En revanche, l’initiative a obtenu des scores impressionnants dans les cantons urbains et de langue latine (français ou italien) : 74 % à Genève (500 000 habitants), 60 % à Vaud (800 000 habitants), 69 % dans le Jura (77 000 habitants) et 54 % dans le Tessin italophone (350 000 habitants). Seul le canton bilingue, mais majoritairement francophone, du Valais a rejeté le texte en Suisse romande avec 55,5 % de « non ». En Suisse alémanique, les trois cantons qui ont voté en faveur du « oui » correspondent aux grandes agglomérations : Berne (900 000 habitants et qui a voté « oui » à 55 %), Zurich (1,3 million d’habitants et 53 % de « oui ») et Bâle-Ville (demi-canton de 200 000 habitants avec 62 % de « oui »).
Le scrutin souligne donc la divergence entre plusieurs Suisse : alémanique contre latine, mais aussi urbaine contre rurale."
Il y a donc bien une fracture culturelle et politique liée aux langues, j'avoue que je l'ignorai et ne peut guère creuser plus loin mais je sais qu'il y a des gens plus pertinents que moi à ce sujet sur le forum.
https://www.mediapart.fr/journal/international/291120/la-suisse-rurale-accorde-un-nouveau-blanc-seing-aux-multinationalesMédiapart indique une carte par commune venant du site du Tagesanzeiger mais je ne l'ai pas trouvé (je ne parle pas allemand), ici l'on trouve une carte des résultats par cantons, déjà bien visuelle (mais moins que celle par commune pour voir les villes italophones des Grisons) :
https://www.swissinfo.ch/fre/r%C3%A9sultats-de-la-votation-du-29-novembre-2020/46121240