On comprend qu'Ipsos ait voulu ajuster sa publication vu les évènements du week-end côté Fillon, sinon le sondage aurait été complètement décalé à cause des quelques jours de la durée d'enquête et de traitement: du 1er au 5 mars publié le 9, une éternité en ces temps chahutés.
La remontée de Fillon entre l'enquête principale et la complémentaire est tout de même significative, même si les marges d'erreur sont différentes.
Parmi les détails d'Ipsos, on peut noter que les électeurs de Jadot se reportent principalement sur Hamon mais aussi Macron et Mélenchon. Ils font gagner 1 point à Hamon, point un peu noyé dans la masse des mouvements divers.
La décision de Fillon de rester candidat recueille surtout de la réprobation. Parmi les électorats des différents partis, les électeurs de gauche et du centre, y compris du Modem qui est quasi aligné sur En Marche! là -dessus (signe indirect que le ralliement de Bayrou à Macron est digéré) ainsi que les sans parti sont plus de 80% à penser que Fillon a eu tort de rester. A droite, c'est plus compliqué: une trace de penchant à droite se voit au FN avec une désapprobation à 74% seulement, les électeurs du parti de Fillon sont les seuls parmi lesquels il n'y a qu'une minorité pour affirmer qu'il y a un problème: 44% et ceux des partis les plus voisins, UDI d'un côté et DLF de l'autre, désapprouvent Fillon à 62%.
Dans ces conditions, Fillon peut s'estimer heureux d'être encore majoritaire au second tour, face à Le Pen il est vrai mais avec une marge que son ancien président a eue devant Ségolène Royal...
Les certitudes de choix pour les seconds tours avec FN sont importantes, de l'ordre de 75 à 80%, davantage d'ailleurs avec Fillon (plus classique et pas d'hésitation des électeurs de... Fillon); la certitude globale est plus faible que celle sur chacun des deux candidats très certainement parce qu'il y a aussi des sondés qui ont indiqué "abstention/blanc/nul" et qu'ils sont alors moins sûrs de leur choix.
En termes de positionnement droite/gauche, Hamon est principalement classé à gauche (2-3 sur un axe de 0 à 10), le PS aussi mais un peu moins (resp. 43% et 37%).
Fillon est quasi autant vu "à droite" que "très à droite", son parti plus nettement "à droite" mais "très à droite" est la seconde réponse: candidat et parti intitulés "de la droite (là d'accord) et du centre (ah bon)". L'image est très nettement durcie (par rapport à l'UMP à sa fondation, disons) malgré la sortie de l'ancien président, son ancien Premier Ministre ayant trouvé d'autres façons d'être très à droite.
Le Pen est majoritairement vue comme très à droite, créneau sur lequel une partie des électeurs situe donc aussi la droite classique. Elle est très peu vue comme de gauche: les discours de la droite sur le thème "elle a le programme d'extrême-gauche de Mélenchon" n'ont manifestement pas pris chez leurs sympathisants.
Le sondage Harris:
http://www.francetvinfo.fr/politique/fr ... 87421.htmlL'annonce-choc étant Macron devant Le Pen à 26 (+1 et non +6 comme affiché) et à 65% au second tour.
(Le Pen 25 (-2), Fillon 20 (+1), Hamon 13 (=), Mélenchon 12 (=) )
Il se peut qu'il ait un léger biais en faveur de Macron (et de Mélenchon par ailleurs?), l'enquête réalisée du 6 au 8 mars lui donnant 3 points de plus que le sondage
complémentaire Ipsos du 6 au 7. Ceci dit, c'est le panel de Harris qui est le plus important en nombre.
La place de Macron devant Le Pen tient possiblement à la marge d'erreur même si celle-ci est limitée (supérieure au point d'avance affiché) et à ce possible léger biais; par ailleurs ce n'est pas la première fois que ça se voit (Le Pen est au premier tour dans 93% des sondages, ai-je lu récemment dans un hebdomadaire: il y en a donc 7% où c'est quelqu'un d'autre), néanmoins cela veut dire au minimum qu'il n'est pas loin derrière. L'affiche du second tour serait d'ailleurs la même, toujours Macron / Le Pen. Il est vrai que le symbole est fort: la fatalité de l'arrivée en tête de Le Pen et de ses répercussions semble atteinte.