de Républicain67 » Mar 2 Oct 2018 15:52
Les élections provinciales québécoise d'hier ont été historiques à plusieurs aspects.
- Les deux grands partis historiques, le Parti libéral et le Parti québécois, viennent de connaître une défaite historique. C'est la première fois depuis 1970, qu'un parti autre que le Parti libéral du Québec et le Parti québécois va gouverner le Québec. La Coalition Avenir Québec (CAQ) fait avec 37,52% des suffrages exprimés le meilleur score de son histoire. C'est aussi, si je ne trompe pas, la première fois depuis 1944 et l'Union nationale de Maurice Duplessis, qu'un parti va former la majorité absolue à l'Assemblée nationale, sans atteindre 40% des voix. Il faut toutefois remarquer qu'avec à peine 64% des votants, que la participation a été plutôt baisse pour une élection provinciale. De plus, on a assisté depuis 1970 (PLQ, UN, PQ, Ralliement créditiste) à la première vrai course à quatre au Québec, vu que Québec solidaire est désormais un grand parti. La CAQ balaye la grande majorité des circonscriptions majoritairement francophones, notamment dans le 450 et la région de Québec. Le parti de François Legault fait des percées décisives dans des régions, où elle jusqu'à récemment plutôt faible: le Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'Outaouais, l'Est de Montréal, l'Abiti-Témiscamingue, l'Estrie... tout en accentuant sa domination sur la grande banlieue de Montréal et la région de Québec. La CAQ réussit aussi son pari de gagner des circonscriptions sur l'Île de Montréal (au détriment du Parti québécois) et à Laval (sur le PLQ).
- Le Parti libéral du Québec fait avec 24,72% des voix le pire score de son histoire. Ses sièges de Québec et des régions sont pratiquement tous passé à la CAQ (et quatre à Québec solidaire, un au Parti québécois). Le parti de Philippe Couillard perd ainsi la moitié de ses sièges de députés et voit son influence se réduire de plus en plus à l'île de Montréal et Laval. Il perd dans la région de Québec tous ses comtés, à l'exception de Jean-Talon, dans la Haute-Ville de Québec, qui est historiquement la circonscription de la bourgeoisie de la capitale. Même dans l'Ouest de la Montérégie et l'Outaouais, qui sont pourtant des régions ayant une forte minorité anglophone, le PLQ a souffert hier et vu nombre de ses sièges conquis par la CAQ. A l'extérieur de Montréal et Laval, le PLQ se réduit désormais à une poignée de circonscriptions: Vaudreuil, La Pinière, Laporte, Roberval, Jean-Talon, Hull, Pontiac, Gaspé. Il est à souligner que le PLQ a comme même réussi à gagner une circonscription, Gaspé, prise au PQ. C'est d'autant plus à souligner que ce comté n'est pas le plus libéral de Gaspésie. Bonaventure (qui a légèrement appuyé le "Non" au référendum de 1995, contrairement au reste de la région) a été longtemps libérale et comprend une importante minorité anglophone (13%), le double de celle de Gaspé. Le PLQ, s'il limite la casse à Montréal (une seule circon perdue) est dans une très mauvaise passe. Il est devenu très faible chez les francophones (qui font les élections au Québec) et semble devenir de plus en plus uniquement le parti des anglophones et allophones.
- Si le Parti québécois semble limiter la casse par rapport au Parti libéral, en terme de perte de voix, il apparaît comme le grand perdant de la soirée électorale. Avec seulement neuf députés élus, il perd son statut de parti officiel à Québec, obtenant même moins de sièges que Québec solidaire (alors que ce dernier à fait légèrement moins en terme de votes). Le parti de René Lévesque fait le pire score de son histoire. Avec seulement 17,07% des voix, il fait même moins bien qu'en 1970, l'année de sa première participation à des élections. Son chef Jean-François Lisée, qui a démisisonné de ses fonctions dans la foulée, est même battu par le solidaire Vincent Marissal dans son comté montréalais de Rosemont. Le PQ a perdu au profit de la CAQ et secondairement de QS le trois quart de ses sièges de députés et l'essentiel de ses "châteaux forts", détenus pour certains depuis les années 1970: Pointe-aux-Trembles, Hochelaga-Maisonneuve, Taillon, Verchères, Taschereau, Chicoutimi, Lac-Saint-Jean, Abitibi-Ouest... Il disparaît de l'Île de Montréal, qui l'a pourtant vu naître électoralement, au profit de Québec solidaire et de la CAQ. Le PQ ne dispose plus que de neuf sièges de députés, soit un de moins que Québec solidaire. De ses anciens bastions (Est de Montréal, grandes banlieues de Montréal et de Québec, Saguenay-Lac-Saint-Abitibi...), il ne reste quasiment plus rien, mis à part Marie-Victorin en Montérégie, Joliette dans Lanaudière (réelection de la vice-cheffe Véronique Hivon) et quelques sièges dont Jonquière au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le PQ sauve essentiellement la mise en gardant (à l'exception de Gaspé) ses bastions de l'Est du Québec (Côte-Nord, Gaspésie, Bas-Saint-Laurent), où il demeure plutôt fort. Son candidat a outre (pour 21 voix) gagné le comté des Îles-de-la-Madeleine sur le Parti libéral. Le PQ semble devenir un tiers parti régional, alors qu'il était encore dans les années 2000, un grand parti national.
- Finalement Québec solidaire ressort comme étant, avec la CAQ, le véritablement vainqueur du jour. Ayant joué à fond le vote du changement (et grâce à un vote massif chez les jeunes électeurs), Québec solidaire fait avec 16,04% des voix plus que de doubler son score de 2014. Avec un tel score et désormais dix sièges à l'Assemblée nationale (un de plus que le PQ) ont ne peut désormais plus parler d'un petit parti, comme encore il y a quelques années. QS a comme la CAQ pris à la fois des voix au PQ et au PLQ (les deux grands partis historiques étant les perdants de ce scrutin). Il passe de trois à dix députés et arrive (en plus de son doublement en terme de sièges à Montréal) de conquérir quatre comtés à l'extérieur de Montréal, dont deux à Québec et même à gagner des circonscriptions suprises comme Sherbrooke et surtout Rouyn-Noranda-Témiscamingue. On peut clairement dire aujourd'hui que QS est désormais bien plus qu'un simple phénomène montréalais. Le parti de Manon Massé remporte en tout dix circonscriptions. Il a gardé ses trois comtés et en pris trois au Parti québécois (Rosemont, Taschereau et surtout Rosemont, fief de Jean-François Lisée), ainsi que quatre au Parti libéral (Laurier-Dorion, Jean-Lesage, Sherbrooke, Rouyn-Noranda-Témiscamingue), dont deux, Laurier-Dorion (dont seulement la moité des habitants à le français comme langue maternelle) et Sherbrooke, ne sont historiquement pas de circos très portées sur l'indépendance et le Parti québécois. Pour finir, on peut dire que QS a percé partout dans la province, notamment à l'extérieur de Montréal. Il est notamment fort chez les jeunes électeurs et les étudiants. Les circos gagnées comportent pour la plupart des universités et une important e population éstudiantine.