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La vie politique québécoise

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Re: La vie politique québécoise

Messagede Eco92 » Dim 30 Sep 2018 21:13

Je n'ai pas de liens directs. Je peux vous en faire ma vision ?

Déjà pour cette élection l'axe droite/gauche s'affirme vraiment. Il n'y a plus le spectre d'un référendum donc c'est le vrai sujet. Je précise que cette présentation parle des positions actuelles.

Partis représentés à l'assemblée :
Coalition Avenir Québec : Parti de droite, mais pas non plus un calque des conservateurs (on reste au Québec qui est plus progressiste que l'Ouest Canadien), qui veut centrer l'état sur quelques questions (dont l'éducation), baisser les impôts, et défend aussi un certain nationalisme identitaire (moins d'immigrés, des tests de français sinon exclusion, etc.) tout en étant fédéraliste. Pas pour l'indépendance mais pour un Québec reconnu pour ses particularités dans le Canada, issu de la fusion de l'ADQ (autonomistes bien à droite) avec des militants venant surtout du Parti québécois (indépendantistes) comme le leader François Legault. Plusieurs de leurs candidats de 2012 sont devenus libéraux et ministres en 2014 (Gaetan Barrette à la santé, Dominique Anglade à l'économie...).

Parti libéral du Québec : Parti de droite fédéraliste historique au Québec, moins progressistes que les libéraux fédéraux (que Trudeau avait cependant axé plus à gauche) mais clairement pas conservateur. Ils sont au pouvoir depuis presque 15 ans et ont appliqué des coupes budgétaires assez dure, et distribué plein d'argent dans la dernière année. C'est la droite gestionnaire avec assez peu d'idéologie affichée si ce n'est le multiculturalisme, le fédéralisme et la défense des droits des anglophones (ils sont ainsi le vote automatique des circonscriptions les plus anglophones du Québec, ce qui leur assure une quinzaine de sièges).

Parti québécois : Parti indépendantiste historiquement plutôt ancré vers la gauche, avec un historique de grandes nationalisations, de bon culturel, etc. Mais aussi les grandes privatisations et austérité dans les années 1995-2000. C'est un parti proche des sociaux-démocrates y compris dans le bilant actuel : défend des valeurs mais s'en est éloigné au pouvoir, vit plus sur un passé, etc. Son dernier truc était d'être le parti de l'indépendance, mais le candidat actuel a indiqué qu'il n'y aurait pas de référendum dans un premier mandat (pour en éloigner le spectre répété en mantra par les adversaires, pas idiot mais ça leur a enlevé une des seules spécificités). Il se réclame donc plutôt à gauche mais son véritable écho est quand il défend des question identitaires (charte de la laicité, accueil uniquement d'immigrants francophones, etc.)

Québec solidaire : Parti indépendantiste de gauche, issu de la fusion de différents partis de gauche (puis, plus récemment, du parti indépendantiste Option national fondé par un dissident PQ) et d'une grande association féministe. C'est un parti bien à gauche (même si bizarrement dans la fin de campagne les adversaires ont semblé le découvrir), qui milite pour une République du Québec dans un premier mandat, a fait une campagne très axée sur l'écologie et a des positions particulièrement notables sur les autochtones (notamment en admettant aussi leur droit à l'autodétermination, rare chez les indépendantistes). C'est le seul parti avec deux chefs, actuellement Manon Massé, organisatrice communautaire qui avait notamment piloté la marche des femmes avec Françoise David (ex députée et porte-parole du parti), et Gabriel Nadeau-Dubois, révélation de la lutte pour la gratuité scolaire lors du "Printemps érable" de 2012, il était une des voix les plus fortes de la contestation étudiante.

Dans les partis non-reconnus, pour les plus importants :
- Le parti conservateur du Québec : Très à droite pour le coup, plutôt du côté libertarien même si certains candidats sont conservateurs anti-IVG et droits LGBT (ce n'est pas la ligne officielle). Ils défendent l'essence la moins chère, la baisse des impôts, la privatisation de quasiment tout ce qui est public, la libéralisation des armes... Selon leur leader ils sont le seul parti de droite de la campagne et devraient faire le plus de gain du côté de la ville de Québec.

- Parti vert du Québec : depuis sa reprise en main (très contestée) par un jeune anglophone ex-militant du NPD fédéral, la formation a non seulement affirmé son éco-socialisme mais est passée du non-positionnement sur l'indépendance à une défense du fédéralisme. Ils se sont donc longtemps présenté comme le seul parti de gauche fédéraliste au Québec.

- Nouveau parti démocratique du Québec : Sauf que ce parti s'est créé il y a quelques années et vit sa première élection générale. Imaginé dans la foulée de la "vague orange" de 2011 où le NPD fédéral (gauche, membre de l'internationale socialiste) avait fait une razzia sur les sièges du Québec en en remportant une quarantaine, alors qu'il n'existait aucune déclinaison provinciale du parti (ce qui était le cas partout ailleurs), le parti défend un programme de gauche fédéraliste, et se distingue assez peu à ce jour hors sa marque un peu connue. Je crois qu'ils sont les seuls à défendre le revenu universel.
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Re: La vie politique québécoise

Messagede Républicain67 » Lun 1 Oct 2018 08:44

Concernant la circonscription de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, que Québec solidaire a des chances de remporter, je voudrait apporter quelques précisions. Il s'agit bien d'une circonscription de région, mais avec des caractéristiques spécifiques, comme le Québec septentrional et oriental en général: Abitibi-Témiscamingue, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Côte-Nord, Gaspésie, Nord-du-Québec. Les circonscriptions du nord et de l'est du Québec ont jusqu'ici peu appuyé la CAQ et été majoritairement favorable au Parti québécois. Il s'agit de circonscriptions très majoritairement francophones (avec des minorités anglophones assez importantes en Gaspésie et en Basse-Côte-Nord), fortement ouvrières et urbaines. Même si elle semble très étendues et rurales, la population se concentre généralement dans quelques centres urbains: Saguenay, Alma, Baie-Comeau, Sept-Îles, Rouyn-Noranda, Chibougamau... La base économique de ces régions est fondée sur l'extraction et la première transformation des matières premières, souvent dans le cadre de grandes firmes: mines (fer sur la Côte-Nord, cuivre en Abitibi et en Gaspésie), forêts, pâtes et papiers, aluminium (Saguenay-Lac-Saint-Jean), hydro-électricité (Hydro-Québec)... Les travailleurs y sont très majoritairement syndicalisés et plutôt combatifs, avec des traditions de grandes luttes ouvrières, comme dans le secteur du bois en Abiti-Témiscamingue, ou dans le cuivre en Gaspésie et Abitibi. L'Abitibi et la Gaspésie figurent en outre (avec l'Est et le Nord-Est de Montréal et la Basse-Ville de Québec) parmi les coins les plus pauvres de la province. Ce sont ce genre de région, qui avec

Rouyn-Noranda est la capitale du cuivre au Québec. L'industrie minière est le premier employeur du comté de Rouyn-Noranda-Témiscamingue avec l'industrie forestière. La population active est fortement syndicalisée. La ville centre de Rouyn-Noranda regroupe la moitié de la population de la circo, qui est donc majoritairement urbaine. La ville est en plus d'être un centre industriel important, une ville universitaire (université du Québec en Abitibi-Témiscamingue). Hors les étudiants et les travailleurs syndicalisés francophones sont l'électorat type de Québec solidaire, comme histoirquement du Parti québécois. Pour toutes ses raisons, il n'est pas surprenant que QS puisse potentiellement l'emporter ici.
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Re: La vie politique québécoise

Messagede Eco92 » Lun 1 Oct 2018 11:21

Merci pour tes explications toujours très techniques et pointues ! Note que le discours anti-mine et exploitation des ressources d QS pourrait leur être plutôt défavorable vu le contexte. Mais il est vrai qu'on parle de d'une victoire qui, quel que soit le gagnant final, serait à moins de 30% des suffrages exprimés.

Les deux projetctions QC125 et toclosetocall sont sorties alors que les québécois vont pouvoir aller aux urnes (dans les faits on a déjà un million de votants par anticipation). Les deux prédisent (à partir des sondages nationaux pondérés et de sondages locaux, qui je le disais montrent une CAQ plus résistantes) une CAQ majoritaire. Bien sur "prédisent" est à prendre avec des pincettes, ils indiquent aussi d'autres possibilités moins probables, mais tout à fait possibles !

QC125
https://lactualite.com/politique/elections-2018/2018/09/30/la-coalition-avenir-quebec-aux-portes-du-pouvoir

Toclosetocall
http://www.tooclosetocall.ca/2018/09/projections-finales-pour-quebec-2018.html
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Re: La vie politique québécoise

Messagede Jean-Philippe » Lun 1 Oct 2018 14:42

Avec 20 sortants qui se retirent (sur 68 sortants et 70 élus en 2014), le PLQ montre qu'il est en position de faiblesse, d'autant plus qu'il n'a pas réussi à attirer beaucoup de ce qu'on appelle des "candidats-vedettes".
C'est probablement la dernière fois que les Québécois utilisent ce mode de scrutin puisque trois des quatre principaux partis (sauf le PLQ) sont d'accord sur un changement.
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Re: La vie politique québécoise

Messagede Républicain67 » Lun 1 Oct 2018 15:38

Eco92 a écrit:Merci pour tes explications toujours très techniques et pointues ! Note que le discours anti-mine et exploitation des ressources d QS pourrait leur être plutôt défavorable vu le contexte. Mais il est vrai qu'on parle de d'une victoire qui, quel que soit le gagnant final, serait à moins de 30% des suffrages exprimés.

Les deux projetctions QC125 et toclosetocall sont sorties alors que les québécois vont pouvoir aller aux urnes (dans les faits on a déjà un million de votants par anticipation). Les deux prédisent (à partir des sondages nationaux pondérés et de sondages locaux, qui je le disais montrent une CAQ plus résistantes) une CAQ majoritaire. Bien sur "prédisent" est à prendre avec des pincettes, ils indiquent aussi d'autres possibilités moins probables, mais tout à fait possibles !

QC125
https://lactualite.com/politique/elections-2018/2018/09/30/la-coalition-avenir-quebec-aux-portes-du-pouvoir

Toclosetocall
http://www.tooclosetocall.ca/2018/09/projections-finales-pour-quebec-2018.html


Je m'appuie toujours sur les travaux du regretté Professeur Pierre Drouilly de l'université de Montréal. Oui, je pense que ces élections seront passionnantes. Avec une telle division du vote, surtout du côté progressiste/indépendantiste, tout parait possible au niveau des comtés. Notamment dans l'Est de Montréal, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à Québec, en Abitibi... Je pense toujours que la CAQ va former un gouvernement majoritaire. Wait and see. Voici pour moi les comtés les plus intéressant:

- Rosemont
- Pointe-aux-Trembles
- Taschereau
- Laurier-Dorion,
- Joliette
- Jean-Lesage
- Sherbrooke
- Jonquière
- Chicoutimi
- Verchères
- Lac-Saint-Jean
- Maurice-Richard
- Rouyn-Noranda-Témiscamingue
- Marie-Victorin
- Rimouski
- Abitibi-Ouest
- Jean-Talon
- Châteauguay...
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Re: La vie politique québécoise

Messagede Eco92 » Mar 2 Oct 2018 03:24

Actuellement certaines courses les plus serrées sont encore en cours mais pour le plus rapide balayage :

Les scores seraient CAQ 38%, PLQ 24%, PQ 17%, QS 16%. En siège cela donne pour le moment 74 CAQ, 32 LQ, 10 QS et 9 PQ.

- La CAQ va former un gouvernement majoritaire, et largement c'est la première fois depuis 1970 que PLQ et PQ ne forment pas un gouvernement.
- Les libéraux et le PQ font leur plus bas score historique, plus bas que prévu.
- Québec solidaire perce au dehors de Montréal (Taschereau, Sherbrooke, Jean-Lesage, Rouyn-Noranda-Tesmicamingue...).
- Legault, Couillard (PLQ) et Massé (QS) sont réélus, Lisée (PQ) est battu.
- Le PQ perd le statut de parti officiel et devient le quatrième parti de l'Assemblée.
- Seuls la CAQ et le PQ ont le statut de parti officiel, sauf changement de loi.
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Re: La vie politique québécoise

Messagede Eco92 » Mar 2 Oct 2018 06:17

Voici le tour des oppositions :

Les dix circonscriptions de Québec solidaire :
- Sainte-Marie-Saint-Jacques (Montréal)
- Mercier (Montréal)
- Gouin (Montréal)
- Laurier-Dorion (Montréal)
- Hochelaga-Maisonneuve (Montréal)
- Rosemont (Montréal)
- Taschereau (Québec)
- Jean-Lesage (Québec)
- Sherbrooke (Canton de l'est)
- Rouyn-Noranda-Témiscamingue (Abitibi-Témiscamingue)
On note un ancrage massif à Montréal (d'autant que de hauts scores ont eu lieu dans des circonscriptions qui devraient logiquement basculer dans quelques années, comme Maurice-Richard ou Bourget, qui a échappé au PQ) mais quatre gains hors Montréal dont deux hors centre urbains. Les circos de Sherbrookes et Rouyn-Noranda-Témiscamingue (gagnée après une lutte serrée mais finalement avec plus de 300 voix, ce qui est peu mais on a vu pire) sont toutefois des territoires avec des universités, donc des terres favorables. Le vote des jeunes était en effet massivement dirigé vers QS plutôt que vers le PQ, ce qui n'est pas bon pour l'avenir de ce dernier.

Les neuf circonscriptions du PQ :
- Joliette (Lanaudière, où la vice-cheffe Véronique Hivon a été largement réélue dans une région totalement acquise à la CAQ, bien plus populaire que son parti elle est en pôle position pour prendre la chefferie)
- Matane (Bas-Saint-Laurent)
- Rimouski (Bas-Saint-Laurent)
- Marie-Victorin (Montérégie)
- Îles-de-la-Madeleine (Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine)
- Bonaventure (Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine )
- Duplessis (Côte-Nord)
- René-Lévesque (Côte-Nord)
- Jonquière (Saguenay-Lac-St-Jean)
Parmi les faits notables, on constate la disparition de Montréal, une première depuis la création du parti en 1976, et aussi la particularité des Îles-de-la-Madeleine où Joël Arseneau l'emporte sur le sortant péquiste, offrant donc un gain à son parti en période de débâcle (il est élu à 21 voix près). C'est bien dans le Québec rural que le PQ survit. Il n'est pas mort à jamais, après tout la CAQ a été construite sur les restes de l'ADQ qui s'était pris une claque en 2009 après avoir tutoyé le pouvoir.
Je rajouterai une anecdote pour Bonaventure, le député sortant Sylvain Roy lutte actuellement contre un cancer et a été élu après avoir du stopper sa campagne pour entrer en cure. La campagne a été menée par ses collègues candidats circonscriptions voisines qui se sont relayés chez lui pour la mener à sa place, je trouve ça assez beau.
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Re: La vie politique québécoise

Messagede Républicain67 » Mar 2 Oct 2018 15:52

Les élections provinciales québécoise d'hier ont été historiques à plusieurs aspects.

- Les deux grands partis historiques, le Parti libéral et le Parti québécois, viennent de connaître une défaite historique. C'est la première fois depuis 1970, qu'un parti autre que le Parti libéral du Québec et le Parti québécois va gouverner le Québec. La Coalition Avenir Québec (CAQ) fait avec 37,52% des suffrages exprimés le meilleur score de son histoire. C'est aussi, si je ne trompe pas, la première fois depuis 1944 et l'Union nationale de Maurice Duplessis, qu'un parti va former la majorité absolue à l'Assemblée nationale, sans atteindre 40% des voix. Il faut toutefois remarquer qu'avec à peine 64% des votants, que la participation a été plutôt baisse pour une élection provinciale. De plus, on a assisté depuis 1970 (PLQ, UN, PQ, Ralliement créditiste) à la première vrai course à quatre au Québec, vu que Québec solidaire est désormais un grand parti. La CAQ balaye la grande majorité des circonscriptions majoritairement francophones, notamment dans le 450 et la région de Québec. Le parti de François Legault fait des percées décisives dans des régions, où elle jusqu'à récemment plutôt faible: le Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'Outaouais, l'Est de Montréal, l'Abiti-Témiscamingue, l'Estrie... tout en accentuant sa domination sur la grande banlieue de Montréal et la région de Québec. La CAQ réussit aussi son pari de gagner des circonscriptions sur l'Île de Montréal (au détriment du Parti québécois) et à Laval (sur le PLQ).

- Le Parti libéral du Québec fait avec 24,72% des voix le pire score de son histoire. Ses sièges de Québec et des régions sont pratiquement tous passé à la CAQ (et quatre à Québec solidaire, un au Parti québécois). Le parti de Philippe Couillard perd ainsi la moitié de ses sièges de députés et voit son influence se réduire de plus en plus à l'île de Montréal et Laval. Il perd dans la région de Québec tous ses comtés, à l'exception de Jean-Talon, dans la Haute-Ville de Québec, qui est historiquement la circonscription de la bourgeoisie de la capitale. Même dans l'Ouest de la Montérégie et l'Outaouais, qui sont pourtant des régions ayant une forte minorité anglophone, le PLQ a souffert hier et vu nombre de ses sièges conquis par la CAQ. A l'extérieur de Montréal et Laval, le PLQ se réduit désormais à une poignée de circonscriptions: Vaudreuil, La Pinière, Laporte, Roberval, Jean-Talon, Hull, Pontiac, Gaspé. Il est à souligner que le PLQ a comme même réussi à gagner une circonscription, Gaspé, prise au PQ. C'est d'autant plus à souligner que ce comté n'est pas le plus libéral de Gaspésie. Bonaventure (qui a légèrement appuyé le "Non" au référendum de 1995, contrairement au reste de la région) a été longtemps libérale et comprend une importante minorité anglophone (13%), le double de celle de Gaspé. Le PLQ, s'il limite la casse à Montréal (une seule circon perdue) est dans une très mauvaise passe. Il est devenu très faible chez les francophones (qui font les élections au Québec) et semble devenir de plus en plus uniquement le parti des anglophones et allophones.

- Si le Parti québécois semble limiter la casse par rapport au Parti libéral, en terme de perte de voix, il apparaît comme le grand perdant de la soirée électorale. Avec seulement neuf députés élus, il perd son statut de parti officiel à Québec, obtenant même moins de sièges que Québec solidaire (alors que ce dernier à fait légèrement moins en terme de votes). Le parti de René Lévesque fait le pire score de son histoire. Avec seulement 17,07% des voix, il fait même moins bien qu'en 1970, l'année de sa première participation à des élections. Son chef Jean-François Lisée, qui a démisisonné de ses fonctions dans la foulée, est même battu par le solidaire Vincent Marissal dans son comté montréalais de Rosemont. Le PQ a perdu au profit de la CAQ et secondairement de QS le trois quart de ses sièges de députés et l'essentiel de ses "châteaux forts", détenus pour certains depuis les années 1970: Pointe-aux-Trembles, Hochelaga-Maisonneuve, Taillon, Verchères, Taschereau, Chicoutimi, Lac-Saint-Jean, Abitibi-Ouest... Il disparaît de l'Île de Montréal, qui l'a pourtant vu naître électoralement, au profit de Québec solidaire et de la CAQ. Le PQ ne dispose plus que de neuf sièges de députés, soit un de moins que Québec solidaire. De ses anciens bastions (Est de Montréal, grandes banlieues de Montréal et de Québec, Saguenay-Lac-Saint-Abitibi...), il ne reste quasiment plus rien, mis à part Marie-Victorin en Montérégie, Joliette dans Lanaudière (réelection de la vice-cheffe Véronique Hivon) et quelques sièges dont Jonquière au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le PQ sauve essentiellement la mise en gardant (à l'exception de Gaspé) ses bastions de l'Est du Québec (Côte-Nord, Gaspésie, Bas-Saint-Laurent), où il demeure plutôt fort. Son candidat a outre (pour 21 voix) gagné le comté des Îles-de-la-Madeleine sur le Parti libéral. Le PQ semble devenir un tiers parti régional, alors qu'il était encore dans les années 2000, un grand parti national.

- Finalement Québec solidaire ressort comme étant, avec la CAQ, le véritablement vainqueur du jour. Ayant joué à fond le vote du changement (et grâce à un vote massif chez les jeunes électeurs), Québec solidaire fait avec 16,04% des voix plus que de doubler son score de 2014. Avec un tel score et désormais dix sièges à l'Assemblée nationale (un de plus que le PQ) ont ne peut désormais plus parler d'un petit parti, comme encore il y a quelques années. QS a comme la CAQ pris à la fois des voix au PQ et au PLQ (les deux grands partis historiques étant les perdants de ce scrutin). Il passe de trois à dix députés et arrive (en plus de son doublement en terme de sièges à Montréal) de conquérir quatre comtés à l'extérieur de Montréal, dont deux à Québec et même à gagner des circonscriptions suprises comme Sherbrooke et surtout Rouyn-Noranda-Témiscamingue. On peut clairement dire aujourd'hui que QS est désormais bien plus qu'un simple phénomène montréalais. Le parti de Manon Massé remporte en tout dix circonscriptions. Il a gardé ses trois comtés et en pris trois au Parti québécois (Rosemont, Taschereau et surtout Rosemont, fief de Jean-François Lisée), ainsi que quatre au Parti libéral (Laurier-Dorion, Jean-Lesage, Sherbrooke, Rouyn-Noranda-Témiscamingue), dont deux, Laurier-Dorion (dont seulement la moité des habitants à le français comme langue maternelle) et Sherbrooke, ne sont historiquement pas de circos très portées sur l'indépendance et le Parti québécois. Pour finir, on peut dire que QS a percé partout dans la province, notamment à l'extérieur de Montréal. Il est notamment fort chez les jeunes électeurs et les étudiants. Les circos gagnées comportent pour la plupart des universités et une important e population éstudiantine.
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Re: La vie politique québécoise

Messagede Républicain67 » Mar 2 Oct 2018 18:21

Un article intéressant qui montre comment l'Est du Québec a sauvé le Parti québécois de la disparition pure et simple de la carte électorale. https://www.lavantposte.ca/article/2018/10/2/le-pq-existe-encore-grace-a-l-est-du-quebec Si autrefois, les "châteaux-forts" péquistes se situaient dans l'Est de Montréal, en Abitibi ou au Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'Est du Québec (Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Bas-Saint-Laurent, Côte-Nord) demeure le dernier bastion péquiste après les élections de 2018. Les trois régions regroupent six des neuf sièges actuels du PQ. Dans le reste du Québec, le parti souverainiste n'a gardé que trois sièges, un en Montérégie, Marie-Victorin, un dans Lanaudière, Joliette (Véronique Hivon), un au Saguenay (Jonquière). Philippe Fournier, de Qc125.com ne s'était pas trompé dans sa dernière projection, avec un PQ essentiellement replié sur le Golfe du Saint-Laurent. Anecdote intéressante: René Lévesque était Gaspésien, né à Campbellton au Nouveau-Brunswick, mais a passé son enfance à New Carlisle, dans la circonscription de Bonaventure.

Pour info, aucun député caquiste n'a été élu à l'est de Rivière-du-Loup, mais Lorraine Richard a été élue de justesse face à la CAQ dans Duplessis (Côte-Nord). Pascal Bérubé (PQ) a obtenu le meilleur national de son parti dans Matane-Matapédia: près de 70% des voix, soit un des records québécois lors de cette élection tout parti et comté confondus (seulement dépassé par des élus libéraux dans l'Ouest de Montréal).
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Re: La vie politique québécoise

Messagede Eco92 » Jeu 4 Oct 2018 09:59

Suite aux élections plusieurs maires et élus municipaux se retrouvent députés et doivent quitter leur mandat. Le non cumul est en effet total au Canada. La tradition voulait même qu'un candidat à un autre poste démissionne avant l'élection, ce qui n'a pas été le cas dans cette élection.

Je vois déjà trois mandats à remplacer, qui créeront des partielles car les municipales ne se font pas par listes ici, on élit des conseillers par quartiers et le maire à part.

Chantal Rouleau, mairesse de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles depuis 2010 et réélue l'an dernier, candidate vedette de la CAQ, a réussi à emporter ce fief péquiste où se présentait Jean-Martin Aussant. Celle qui était dans l'opposition à Montréal, élue sur les liste de Denis Coderre, est par ailleurs fléchée pour devenir une probable ministre.

Autre élu des listes Coderre Frantz Benjamin, poète et conseiller municipal de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension depuis 2009, est devenu député libéral de Viau.

Dans les deux cas Valérie Plante, mairesse de Montréal, indique qu'il y aura bientôt des partielles et qu'elle y voit l'espoir d'agrandir sa majorité.

Luc Provençal, maire de Beauceville depuis 2009, a aussi été élu pour la CAQ dans la circonscription de Beauce-Nord. Les candidats pour lui succéder peuvent se manifester du 26 octobre au 9 novembre, si une seule candidature est déposée la personne sera maire à partir de cette date, sinon des élections auront lieu le 9 décembre. La conseillère municipale Marie Andrée Giroux a été nommée mairesse suppléante jusque la . Il devra aussi être remplacé comme préfet de la MRC Robert-Cliche et celui de président de la Table régionale des élus municipaux de Chaudière-Appalaches.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1127515/elections-partielles-chantal-rouleau-frantz-benjamin-ensemble-montreal
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1127640/beauceville-cherche-nouveau-maire
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