de vudeloin » Dim 11 Nov 2012 20:49
Maintenant, nous voici à Maipu.
Pour cette municipalité, dont le nom est évidemment lié à la bataille du même nom, le résultat est le suivant
Cristian Vittori Munoz (PDC) 60 480 voix
Joaquin Lavin Leon (droite) 38 760 voix
Claudia Mix Jimenez (MAS) 10 923 voix
Pedro Albornoz Vallejos (régionaliste) 3 373 voix.
119 746 électeurs se sont déplacés vers les urnes de Maipu, au lieu de 149 945 en 2008 où le candidat démocrate chrétien, Alberto Undurraga Vicuna avait recueilli 90 961 voix, le candidat de droite 34 430 et le candidat régionaliste de centre droite 10 476.
La ville compte 332 451 inscrits aujourd'hui, ce qui situe la participation à 36 %.
Le nouvel élu n'a donc pas fait le plein des votes de gauche et de centre gauche, d'autant qu'il ne fut pas le conseiller municipal le mieux élu des dix sortants lors du scrutin 2008.
Natif d'Osorno (ville du Sud), âgé de 46 ans, le nouveau maire de Maipu est biologiste de formation, professeur et administrateur civil.
Joaquin Lavin Leon, pour sa part, est évidemment l'un des sept enfants de l'ancien maire de Las Condes et candidat à l'élection présidentielle de 1999, Joaquin Lavin Infante, lié à l'Opus Dei, et qui se consola de son échec face à Ricardo Lagos pour devenir ensuite maire de Santiago, puis, après un nouvel échec au premier tour de 2004 face à Sebastian Pinera, Ministre de la Planification et de la Coopération de celui ci lors de son élection en 2010.
Le tout assez loin de la candidate du MAS Claudia Mix Jimenez, avant dernière d'une fratrie de douze enfants, âgée de 43 ans, métisse d'Indien mapuche, militante de gauche depuis l'adolescence (notamment aux Jeunesses Socialistes du PS chilien tendance Almeyda), animatrice de la culture populaire (son père a créé un théâtre populaire sur Maipu) et, depuis deux ans, responsable du MAS.
Nous voici maintenant à Nuñoa, commune située à l'Est de Santiago, entre La Reina, Peñalolen et Providencia, municipalité à la population plutôt aisée et middle class.
Cette année, élection pour le moins serrée avec la victoire de Maya Fernandez Allende, petite fille du Président Allende, avec 34 149 voix, contre … 34 131 pour le maire sortant, le RN Pedro Sabat Pietracaprina, soit un écart de dix huit suffrages seulement !
Complètent le tableau électoral Matias Mlynarz Puig, candidat du parti de l'Egalité (et probablement le frère d'Ivan), 6 327 voix et de l'humaniste Juan Carlos Galvez Galleguillos, 1 529 voix.
Le tout avec un collège électoral de 167 387 électeurs et une participation atteignant donc 78 587 suffrages (près de 47 %).
Maya Fernandez est la fille d'un chirurgien cubain, Luis Fernandez et de Beatriz Allende, l'une des filles du président renversé par le coup d'Etat de septembre 1973.
Pedro Sabat, pour sa part, est maire de la ville depuis 1996 et fut élu, en 2008, avec une avance de plus de 20 000 voix sur Danae Mlynarz Puig, alors candidate de la gauche unie et sœur d'Ivan et de Matias Mlynarz Puig (un drôle de mélange entre nom polonais et catalan)...
Evidemment, un tel écart de voix a provoqué un recomptage des votes.
L'affaire n'est pas encore close, certains calculs temporaires remettant en tête le candidat de la droite avec ...13 voix d'avance et d'autres le plaçant en retrait de ...92 voix.
Pour le reste, sorte de signe de l'histoire du pays, indiquons que le principal monument de la municipalité est le Stade National du Chili qui, en septembre 1973, fut utilisé par les forces armées putschistes comme centre d'internement des militants de l'Unité Populaire...
Allons à Peñalolen, commune voisine de Ñuñoa, de population équivalente, dont la population est partagée entre des quartiers Ouest plutôt populaires et des quartiers Est plus huppés (ce sont ceux qui se situent sur le piémont andin, comme souvent dans l'agglomération santiguena).
Victoire de la candidate du centre gauche, la militante du PDC Carolina Leitao Alvarez Salamanca, avec 34 410 voix contre 21 237 à Marcelo Moran Espinoza, suivi par le progressiste Mario Marin Rupayan, 2 835 voix, l'indépendant José Manuel Echevarria Sanchez, 1 951 voix et l'humaniste Wilfredo Alfsen Ovando, 1 772 voix.
67 515 votants dans cette municipalité (PDC sortant) de 169 284 inscrits.
La nouvelle élue, âgée de 38 ans, dispose d'une expérience de huit ans comme conseillère municipale de la ville, et présente la qualité d'être vice Présidente de la Démocratie Chrétienne.
Son adversaire est le président de la fédération régionale de l'UDI et exerce la profession d'administrateur de sociétés, et ce à l'âge de 41 ans.
Nous reste la municipalité de Santiago centre qui, en 2008, avait élu Pablo Zalaquett Said (UDI) avec 49 100 voix sur 103 928 exprimés (47,2 %).
Cette année, 87 094 votants sur 238 988 inscrits (36,4 %) et 84 015 exprimés.
Résultats
Carolina Toha Morales (PPD) 42 519 voix (50,6 %)
Pablo Zalaquett Said (UDI) 36 923 voix (43,9 %)
Mario Aguilar Arevalo (PH) 1 860 voix (2,2 %)
Waldo Mora Longa (régionaliste) 1 509 voix (1,8 %)
Ivan Carrasco Mora (Egalité) 1 204 voix (1,5 %)
La conquête de la municipalité par la gauche (ce qui n'était pas arrivé depuis 2000) est d'autant plus un événement que la gagnante est la fille d'un ancien Ministre d'Allende, assassiné par les policiers du régime Pinochet, José Toha.
José Toha, né dans le sud du pays à Chillan d'un immigré catalan (ce qui n'est pas la version la plus fréquente au Chili) , avocat de renom, fut Ministre de l'Intérieur et de la Défense d'Allende, après avoir adhéré au PS chilien dès son plus jeune âge.
Après le coup d'Etat du 11 septembre 1973, il fut, avec sa famille, envoyé en captivité dans l'île Dawson, située dans la région de la Terre de Feu, où il fut, à l'instar de ses collègues collaborateurs du Président Allende, soumis aux pires tortures et finit par souffrir de dénutrition.
Sa mort, présentée comme naturelle, à l'hôpital de Punta Arenas fut en fait un homicide maquillé en suicide.
Carolina Toha Morales est âgée de 47 ans, docteur en sciences politiques de l'Université de Milan, consultante en gestion publique .
Elle a été pendant sept ans députée de Santiago avant d'exercer la présidence du PPD, le parti laïque et progressiste constitué pendant les années de la dictature par des militants venus de l'ensemble des horizons de la gauche chilienne.
Elle a d'ailleurs imprimé au parti un mouvement plus à gauche (mas izquierdista, como se dice) qui a été à la base de l'alliance électorale avec le PCCh et le PRSD.
Elle fut également Ministre d'Etat dans le gouvernement Bachelet
Quant au battu, Pablo Zalaquett Said, technicien commercial âgé de 49 ans, il avait jusque là l'image d'un gagneur, puisqu'il avait conquis sur le centre gauche la mairie de La Florida en 2000 avant d'être élu en 2008 maire de Santiago avec une marge de 11 500 voix sur le candidat démocrate chrétien Jaime Ravinet de la Fuente, qui a la particularité d'avoir quitté le PDC après sa défaite municipale et accepté un maroquin ministériel proposé par Sebastian Pinera.
La défaite du candidat de droite pour le poste de maire va de pair avec le résultat de l'élection des conseillers, qui conduit à la désignation de deux élus UDI, un RN, deux divers droite, un PS, un PDC, deux PPD et une PCCh, qui obtient d'ailleurs le score le plus élevé de tous les candidats avec 10 % des votes préférentiels.
De fait, sur l'ensemble des municipalités comptant onze élus municipaux, nous avons pour le moment quatre mairies de droite, trois de gauche et une incertaine, pour cause de contestation.
Ceci dit, sur l'ensemble de la Région, et en tenant compte de l'incertitude sur Ñuñoa, nous avons pour l'heure trente municipalités de gauche, deux maires indépendants venus du centre gauche, dix neuf maires de droite.
Un renversement significatif au regard de la situation antérieure où la gauche disposait de vingt deux mairies, les indépendants de trois et la droite de vingt sept.