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La vie politique au Chili

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Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Mer 7 Nov 2012 22:30

Les lecteurs attentifs auront noté que nous n'avons pas encore traité de la principale des régions du Chili, dès lors qu'on s'intéresse quelque peu à sa vie politique, à savoir la Région métropolitaine de Santiago, accueillant, sur 2 % de la superficie du pays, environ 40 % de sa population, habitant dans cinquante deux communes issues de six provinces différentes.

En 2008, les rapports de forces étaient les suivants :

Dans la province de Chacabuco, la commune de Colina avait élu un maire UDI, Lampa un maire RN et Tiltil un maire PCCh.

Dans la province de la Cordillera, Pirque avait élu un maire divers droite, Puente Alto et San José de Maipo un maire RN

Dans la province de Maipo, Buin avait élu un maire UDI, Calera de Tango un divers gauche, Paine un maire RN et San Bernardo un maire UDI.

Dans la province de Melipilla, Alhué avait élu un maire indépendant, Curacavi un maire UDI, Maria Pinto un divers droite, Melipilla un maire PPD et San Pedro un maire PDC

Dans la province de Talagante, El Monte avait élu un maire RN, Isla de Maipo un maire PDC, Padre Hurtado un maire RN, Penaflor un maire UDI et Talagante un divers gauche.

Enfin, dans la région de Santiago, se retrouvent pour l'essentiel les municipalités issues du découpage de la capitale chilienne et de son expansion continue.

Ainsi, Cerrillos avait élu un maire RN, tout comme Cerro Navia, Conchali, El Bosque avait choisi un maire PS, Estacion Central un maire UDI, Huechuraba une maire indépendante, Independencia un maire RN, la Cisterna un maire PPD, La Florida un maire PS, La Granja un maire PDC, La Pintana un maire PPD, La Reina un maire RN, Las Condes un maire UDI, Lo Barnechea un maire RN, Lo Espejo un maire PDC, Lo Prado un maire PPD, Macul un maire PDC, Maipu un maire PDC, Pedro Aguirre Cerda une maire PCCh, Penalolen un maire PDC, Providencia un maire UDI, Pudahuel un maire PS, Quilicura un maire indépendant, Quinta Normal un maire PDC, Recoleta un maire UDI, Renca une maire UDI, Nunoa un maire RN, San Joaquin un maire PPD, San Miguel un maire PS, San Ramon un maire PDC, Santiago un maire UDI et Vitacura un maire RN.

Soit au total 14 maires RN, 11 UDI et 2 divers droite, soit 27 mairies.
On trouve aussi trois maires indépendants et donc, 22 mairies de gauche et de centre gauche dont 2 PCCh, 2 divers gauche, 4 PS, 5 PPD et 9 PDC.

Nous verrons ce qu'il est advenu de cette situation...
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Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Jeu 8 Nov 2012 18:30

Même si nous sommes dans la région métropolitaine de Santiago du Chili, les spécialistes (géographes, urbanistes et autres) de la capitale chilienne distinguent, en infra régional, ce que l'on appelle le « Grand Santiago », continuité urbaine développée à partir du centre historique de la ville du reste de la région.

Pour aller vite, le Grand Santiago, ce sont les trente deux communes de la province de Santiago, plus cinq communes (et quelles communes!) des autres provinces de la région, à savoir Puente Alto (320 743 électeurs inscrits cette année), Padre Hurtado (32 874 électeurs), Pirque (18 510), San Bernardo (203 867) et San José de Maipo (13 909).

Les autres communes (quinze au total) procèdent en quelque sorte de la « banlieue » de ce Grand Santiago, même si les statisticiens chiliens estiment désormais que certains quartiers de Penaflor, Colina, Buin ou Lampa participent de la définition retenue pour l'agglomération principale.

Nonobstant ces considérations scientifiques, nous allons toutefois procéder de la manière suivante : regard sur les quinze communes situées hors le Grand Santiago puis examen de la situation des trente sept municipalités le composant.

Commençons donc par la province de Chacabuco, située au Nord de la Région.

La commune de Colina a réélu son maire UDI, Mario Olavarria Rodriguez, avec 15 475 voix contre 10 262 au candidat démocrate chrétien et 1 275 à un candidat du Parti Humaniste.

Une réélection sans difficulté, donc, avec 28 426 votants dans une municipalité comptant 64 875 électeurs, signe d'une relative désaffection de l'électorat... Le candidat réélu perd enfin 800 voix sur le scrutin de 2008, tandis que le candidat de centre gauche en gagne 4 500.

La commune de Lampa, pour sa part, voit la réélection de Graciela Ortuzar Novoa, RN, avec 8 878 voix contre 7 969 voix pour le candidat du centre gauche (PDC), un dissident de droite, conseiller sortant, obtenant 1 873 voix, un candidat progressiste 417 et un autre indépendant, 134 voix.
L'avance de la candidate de droite se fixe donc à 909 voix, contre 1 417 en 2008 et le nombre des votants est de 19 888, soit à peu près la moitié des 39 436 inscrits.

Enfin, la commune de Tiltil est perdue par le PCCh et la gauche avec la victoire du divers droite (ex régionaliste) Nelson Orellana Urzua avec 3 337 contre 2 408 à la candidature du sortant, Salvador Delgadillo Bascunan.
Trois candidats indépendants, réunissant 570, 231 et 206 voix ont en quelque sorte faussé le résultat.
A noter, cependant, que Salvador Delgadillo avait été constamment mis en cause pendant sa gestion sur une affaire d'enrichissement personnel (qui n'a jamais été prouvé) mais qui a sans doute nourri la controverse.
Par ailleurs, Tiltil étant une commune « rurale » de la Région, elle a aussi été utilisée depuis quelques années pour servir de « point d'accueil » des prisons et décharges ultimes de déchets ménagers et autres de la capitale.
Comme quoi, il n'y a pas qu'à Paris que la banlieue sert de « dépotoir »...

Passons à la province de Maipo dont nous distinguerons donc la commune de San Bernardo.

La commune de Buin, pour sa part, est conquise par le candidat PPD Angel Bozan Ramos, vainqueur avec 15 359 suffrages du maire sortant UDI Rodrigo Etcheverry Duhalde, 11 144 voix.
Trois candidats divers gauche (humaniste, progressiste et égalitariste) obtiennent 651, 720 et 522 voix dans une commune où l'a compté 29 521 votants sur 58 478 électeurs.
Signe des temps : en 2008, on avait compté 31 971 votants, donnant 15 994 voix au candidat de droite et 11 646 au candidat PPD.

A Calera de Tango, réélection du candidat de centre gauche Erasmo Valenzuela Santibanez, avec 5 811 voix contre 4 324 à la candidate de droite.
Ecart un peu accru sur 2008 où il n'était que de 960 voix et participation à peu près correcte (10 509 votants sur 18 305 inscrits).

Enfin, à Paine, réélection du maire de droite, Diego Vergara Rodriguez, avec 13 484 voix contre 8 197 au candidat PDC, qui voit l'écart se creuser (en 2008, il y avait 11 943 voix pour le vainqueur et 9 577 pour le battu) dans une commune où l'on a relevé 22 602 votants sur 43 825 inscrits et qui demeure assez marquée par les activités agricoles.

Dans la province de Melipilla, la commune d'Alhué a élu comme maire Roberto Torres Puerta, conseiller municipal sortant (PDC), candidat en indépendant avec 1 738 voix contre 1 378 à un candidat humaniste et 44 à un candidat de droite.

On a compté 3 218 votants sur 6 537 inscrits.

Curacavi, pour sa part, victoire du divers droite Juan Pablo Barros Basso, vainqueur avec 7 727 voix contre 4 286 au candidat de centre gauche.
12 393 votants sur 21 927 inscrits.

Maria Pinto a réélu son maire de droite (UDI) Cesar Araos Aguirre, 2 809 voix contre 1 779 au candidat de centre gauche et 589 à un candidat progressiste.
5 409 votants sur 9 233 inscrits.

San Pedro, pour sa part, a réélu son maire PDC Florentino Flores Armijo, avec 2 195 voix contre 2 142 au candidat de droite et 187 pour un régionaliste.
4 671 votants dans cette municipalité de 7 195 inscrits.

Enfin, Melipilla voit la réélection de Mario Gebauer Bringas (PPD) avec 18 135 voix contre 13 303 au candidat de droite, 3 518 pour un indépendant, par ailleurs avocat et juriste et 827 à une candidate divers gauche.
On a compté 37 280 votants sur 85 026 inscrits (il y avait eu 45 809 votants en 2008).

Passons à la province de Talagante, dont nous distinguerons donc la commune de Padre Hurtado.

El Monte bascule à gauche avec l'élection du socialiste Francisco Gomez Ramirez avec 6 747 voix contre 4 529 pour un candidat indépendant, conseiller sortant PDC, et seulement 1 923 pour la candidate de la droite.
La conquête de la position de maire est à rapprocher, ceci dit, du résultat de l'élection des conseillers qui, en 2008, avait donné quatre élus de gauche et centre gauche (1 PS, 2 PDC, 1 PRSD) face à deux de droite.
On compte de surcroît 13 695 votants sur 24 162 inscrits.

Isla de Maipo voit l'élection du PDC Carlos Adasme Godoy, avec 5 439 voix contre 4 146 au candidat de droite, 674 et 458 à deux candidats divers gauche.
Le nombre des votants est de 11 331 sur 23 129 inscrits.

A Penaflor, réélection de l'UDI Manuel Fuentes Rosales, maire depuis 2000, avec 15 715 voix contre 10 946 pour un candidat PPD et 1 411 pour un progressiste.
29 174 votants dans cette commune de 61 690 inscrits où le sortant avait obtenu 20 268 voix en 2008, face à 10 167 pour la gauche et le centre gauche.

Enfin, à Talagante, victoire écrasante du sortant, le divers centre gauche Raul Leiva Carvajal, avec 21 628 voix contre seulement 3 755 à la candidate de droite, indépendante récupérée par la droite.
En 2008, Leiva Carvajal avait obtenu 11 126 voix, un candidat communiste 1 126, le candidat de la droite 7 160 et la candidate indépendante, devenue celle de la droite cette année, 5 488.

26 249 votants sur 49 373 inscrits.

Sur les quinze communes de la Région en dehors de Santiago, alors que nous avions six maires de gauche et centre gauche, huit de droite et un indépendant, nous avons désormais sept maires de chaque côté et un indépendant venu du centre gauche.
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Re: La vie politique au Chili

Messagede Pullo » Ven 9 Nov 2012 08:12

Hashemite a réalisé sur son blog une carte qui permet de visualiser géographiquement les résultats présentés par Vudeloin :
http://welections.wordpress.com/2012/11 ... cily-2012/
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Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Ven 9 Nov 2012 10:57

Une carte qui a tout à fait son utilité pour tous ceux qui ne sont pas familiarisés avec les découpages administratifs de ce pays du bout du monde !
Comme quoi, par delà les océans ;)
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Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Sam 10 Nov 2012 16:36

Nous allons traiter des communes du Grand Santiago en commençant par les plus petites et notamment par celles des provinces extérieures.

Ainsi, la commune de Pirqué réélit son maire de droite, Cristian Balmaceda Undurraga (RN) avec 4 535 voix, contre 2 542 au candidat du centre gauche (PS), une dissidente de droite recueillant 1 934 voix.

9 458 votants dans cette commune comptant 18 510 électeurs inscrits.

Dans celle de San José de Maipo, la plus étendue des communes de la Région, réélection également du maire RN Luis Pezoa Alvarez, avec 2 740 voix, contre 2 062 au candidat PS, 858 pour un régionaliste, 247 pour un progressiste, 664 pour un divers gauche, 639 pour un indépendant et 165 pour un autre indépendant.

7 728 votants sur 13 909 inscrits.

Passons à la commune de Padre Hurtado, issue de la province de Talagante et comprise dans le périmètre du Grand Santiago.

La commune a vu la réélection de José Miguel Arellano Merino, sortant RN, avec 12 528 contre 3 875 à son adversaire PS et un total de 16 866 votants sur 32 874 inscrits.
La majorité du sortant est renforcée.

Passons aux plus petites municipalités de la province de Santiago.

Et tout d'abord Cerrillos.

Cette commune a élu Arturo Aguirre Gacitua, candidat PS, avec 11 009 voix contre 10 329 au candidat RN Alejandro Almendares Calderon, maire sortant, élu en 2008 avec plus de 20 000 voix.

Un progressiste, avec 1 228 voix et un régionaliste, avec 853, complètent un scrutin qui a intéressé 24 616 des 65 202 inscrits, détachée de la commune de Maipu, et dont le maire sortant était en fonction depuis 1996...

A Huechuraba, victoire de Carlos Cuadrado Prats, PPD, avec 12 363 voix, contre 7 414 pour Marcelo Teuber Carrillo, RN, un progressiste atteignant 1 826 voix et deux autres indépendants, dont un dissident de droite, réalisant 2 937 et 1 719 voix.
Carlos Cuadrado Prats, professeur, expert en communication, attaché à l'ambassade du Chili au Canada entre autres fonctions, a la particularité d'être le neveu du Général Prats, le dernier militaire fidèle à Allende en 1973 qui fut contraint de quitter ses fonctions en août 1973 et fut alors remplacé au poste de chef d'état major de l'armée chilienne par un certain Augusto Pinochet Ugarte...
Respectueux de l'ordre constitutionnel et opposé au coup d'Etat du 11 septembre 1973, le général Prats quittera le Chili pour l'Argentine où il sera assassiné un an plus tard.

L'élection de cette année a intéressé 27 615 des 59 122 électeurs,

Passons à la commune de Lo Barnechea qui a réélu son maire RN, Felipe Guevara Stephens, avec 18 196 voix contre 3 130 pour un candidat d' »Igualdad para todos », 2 385 pour un candidat PPD et 503 pour un humaniste.

26 386 votants dans cette commune de 57 068 électeurs, de tradition de droite, plutôt aisée, et qui accueille notamment la faculté de médecine de l'Université du Chili et deux autres établissements universitaires, l'université du développement et l'Université Andres Bello, régies par le statut d'établissement privé.

Ce qui nous donne donc quatre mairies de droite et deux de gauche dans un ensemble où la gauche n'avait aucune municipalité il y a quatre ans.
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Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Sam 10 Nov 2012 16:39

Nous voici maintenant confrontés aux municipalités comptant neuf élus (l'alcalde et huit conseillers).

Tout d'abord Cerro Navia, qui voit la réélection de Luis Plaza Sanchez, candidat RN, avec 21 399 voix, face à Mauro Tamayo Rozas, candidat soutenu par la coalition de gauche, qui recueille 19 797 voix.
Un progressiste réunit 2 389 voix et un candidat du Parti de l'Egalité 1 282.
47 131 votants dans cette commune de 115 519 inscrits (40,8 %) où la division de la gauche la prive d'une victoire possible.
Le candidat de droite, bien que réélu, perd 6 970 voix sur le scrutin de 2008 et rien moins que 4,7 %, passant de la majorité absolue à la majorité relative.

Conchali, pour sa part, voit l'élection du candidat PPD Carlos Sottolichio Urquiza, avec 21 424 voix, loin devant le maire sortant, le RN Ruben Ariel Malvoa Hernandez, 12 890 voix, Fernando Parra Keller (Progressiste) faisant 2 623 voix, Ivan Acosta Galaz (Igualdad) 803, Diego Wladimir Villas Montecinos (MAS) 1 015 et Pablo Garrido Mardones (indépendant, dissident RN) 3 184 voix.

44 752 votants dans cette commune de 118 986 inscrits (37,6 % de participation), avec un élu qui avait été battu en 2008 en faisant 24 814 voix contre 25 843 au sortant RN qui aura donc perdu plus de la moitié de ses votes.

La municipalité d'El Bosque a vu la réélection du PS Sadi Melo Moya, avec 30 368 voix contre 15 898 au candidat de droite, le RN Carlos Contreras Munoz.

49 267 votants sur 135 713 inscrits dans cette commune connue pour abriter l'Ecole de l'Armée de l'Air chilienne.

Le maire de la ville est le même depuis vingt ans et le conseil municipal devrait être complété par six élus de gauche et de centre gauche pour deux opposants de droite seulement.

Election serrée dans la commune d'Estacion Central, organisée évidemment autour de la gare centrale des chemins de fer chiliens.

Le candidat de la droite, Rodrigo Delgado Mocarquer, UDI, a obtenu 22 170 voix contre 21 548 au candidat communiste Camilo Ballesteros Briones et 1 948 pour René Osorio, candidat régionaliste.

En 2008, Delgado l'avait emporté grâce à la division à gauche, le candidat communiste d'alors étant handicapé par la présence d'un démocrate chrétien.

On a dénombré 47 657 votants parmi 125 024 inscrits, ce qui a sans doute empêché un autre résultat.
Ceci dit, les affaires de Delgado Mocarquer seront peut être compliquées par le fait qu'il devrait y avoir cinq conseillers de gauche et de centre gauche sur huit dans son conseil.

A noter que le candidat communiste, Camilo Ballesteros, est l'un des animateurs du mouvement étudiant chilien qui dure depuis 2011 contre la politique du gouvernement en matière universitaire.

Dirigeant de la JC Chilienne et de la Fédération des étudiants, cette élection était donc son « baptême du feu « .

Allons à Independencia, où a été élu le PS Gonzalo Duran Baronti, avec 15 997 voix contre 12 261 au candidat de droite Antonio Garrido Mardones (apparemment même famille que le dissident de Conchali).

On a compté 29 331 votants dans cette commune de 72 240 inscrits qui, en 2008, avait élu Garrido avec 18 300 suffrages...

Un Garrido qui présente les caractères d'avoir été boxeur professionnel, d'avoir été maire d'Independencia de 1996 à cette année et d'être un chrétien évangélique militant.

Le vainqueur, lui, a 44 ans et une solide expérience de fonctionnaire municipal, après avoir été diplômé en droit et en anthropologie.

La commune de la Cisterna, largement développée par l'exode rural et dont la population est plutôt de ressources faibles ou modestes, a vu la victoire de Santiago Rebolledo Pizarro, PPD, avec 17 204 voix contre seulement 9 175 pour Cristhian Moreira Barros, candidat de droite, David Mateluna Lagos (progressiste) obtenant 1 675 voix et Lionel Gonzalez Tapia ( régionaliste) 932.

30 526 votants dans cette commune populaire de 82 449 inscrits qui, en 2008, avait déjà opté pour la gauche avec 23 846 voix contre 16 546 voix à droite.

Le vainqueur, âgé de 57 ans, est, assez étonnamment, l'ancien directeur de la Gendarmerie. 

La Granja, pour sa part, autre commune dont le développement est lié aux activités productives et industrielles et à l'urbanisation progressive suite à l'exode rural, a élu le PDC Felipe Delpin Aguilar avec 22 895 voix, contre 5 483 pour Agustin Casali Jara (UDI). et 2 067 pour Raul Palacios Auspont (MAS).

32 919 électeurs sur 102 708 inscrits sont donc venus confirmer l'ancrage à gauche de cette commune qui avait complété l'élection de son maire PDC par cinq élus sur six conseillers.

Cette fois, la Granja aura sept conseillers de gauche et de centre gauche sur huit.

La Pintana est une municipalité du même profil que La Granja, avec une forte population indienne (le plus fort taux de l'agglomération de Santiago), une population modeste et accueille un établissement de l'Université du Chili consacré à l'agronomie et aux techniques proches.

Elle a réélu le PPD Jaime Pavez Moreno, avec 19 783 voix contre 12 041 pour le candidat de droite, Patricio Laguna Gebauer et 4 410 au divers gauche Marco Cancino Perez.

38 849 votants sur 126 535 inscrits (30,7 % de participation) dans cette commune populaire.

La Reina, commune de même profil, a élu Raul Donckaster Fernandez, PDC, avec 12 034 voix contre 10 432 à Luis Montt Dubournais (indépendant, maire sortant, élu sous l'étiquette RN), 10 203 pour Catalina del Real Mihovilovic (UDI) et 2 989 à Juan Guillermo Ossa Lagarrigue (PH).

La division de la droite conduit, par ailleurs, à voir la gauche s'assurer quatre des mandats de conseiller sur huit.

On a compté 37 191 votants sur 84 477 inscrits.

Lo Espejo, ensuite, commune populaire la plus densément peuplée du Chili, a élu Miguel Angel Bruna Silva, PPD, avec 14 340 voix ( le maire sortant était PDC), loin devant Rodrigo Gonzalez Ceron (UDI) 5 126 voix, Andres de la Garcia Huerta Vivarez (divers gauche) 2 246 voix, Juan Droguett Gonzalez (régionaliste) 1 956 voix, Raoul Arroyo Huenchal (divers gauche) 1 997 voix et Juan Antonio Zambrano Duarte (Progressiste) 1 924 voix.

30 276 votants dans une ville comptant 93 847 inscrits.

Lo Prado, pour sa part, a vu la réélection du candidat PPD Gonzalo Navarrete Munoz avec 21 359 voix contre 10 686 pour Camilo Moran Sepulveda, le candidat de la droite.

34 132 votants dans cette commune comptant 87 919 électeurs, de même sociologie que la série que nous venons de voir.

A Macul, qui est encore une commune populaire, réélection du PDC Sergio Puyol Carreno, 16 440 voix, devant la régionaliste Carmen Calderon Porras, 7 846 voix, le candidat de droite UDI Raphael Salaberry Soto 6 917 voix, le candidat progressiste Gonzalo Montoya Riquelme 6 303 voix et un indépendant, Ubaldo Concha Mellado, 1 015 voix.

40 412 votants dans cette commune de 97 039 électeurs.
Dernière édition par vudeloin le Sam 10 Nov 2012 22:05, édité 1 fois.
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Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Sam 10 Nov 2012 16:41

A Pedro Aguirre Cerda, commune dont le nom est celui d'un ancien président du Chili, réélection de la maire communiste Claudina Nunez Jimenez, avec 18 502 voix, devant le candidat de droite Rafael Izquierda Garcia – Huidobro, UDI, 13 825 voix, puis Juan Luis Lemunir Epuyao, progressiste, 4 542 voix et Kathy Morales Moretti, régionaliste, 1 768 voix.

40 855 votants dans cette commune de 96 744 électeurs, proche de Santiago mais aussi de Cerrillos ou d'Estacion Central.

Pedro Aguirre Cerda, le président chilien qui a donné son nom à la commune, était né en 1879 dans une famille de paysans d'origine basque par le père de la région de Valparaiso, le village natal se situant près de la commune de Las Andes, préfecture de la province éponyme.
Pedro était le huitième enfant d'une fratrie de onze frères et sœurs et se retrouva orphelin de père à huit ans.
Mais Pedro montra quelques dispositions pour l'étude qui furent encouragées par un professeur d'espagnol et, après des études primaires, réussit ses études secondaires et devint diplômé en espagnol et en philosophie de l'Université du Chili. 
Attentifs à l'action et aux réflexions de certaines des figures intellectuelles du pays à l'époque (comme Valentin Letelier, recteur de l'Université et fondateur du parti radical ou Miguel Luis Amunategui, député des régions Nord puis de Talca), Pedro Aguirre Cerda s'intéressa de plus en plus à la chose publique.

Après un séjour en France et quelques diplômes de plus à la Sorbonne, Aguirre revint au Chili pour enseigner, plaider (il est diplômé en droit administratif et financier de l'Université de Paris) et, dans le même temps, intégrer la franc maçonnerie (l'une des lignes de fracture de la vie politique chilienne réside dans la position sur les rapports entre l'Etat et l'Eglise) et le Parti radical dont il devint, dès la fin des années 10, député pour sa région d'origine.
Ami de la grande poétesse Lucila Godoy Alcayaga (plus connue sous le nom de Gabriela Mistral, Prix Nobel 1945), Pedro Aguirre, dans les temps troubles des années 20 et 30, écrivit deux livres sur la situation économique de son pays et se distingua notamment des régimes menés entre autres par Artur Alessandri Palma, fondateur d'une des familles de la vie politique chilienne, du côté droit de l'échiquier...

Pedro Aguirre devint Président de la République en 1938, porté par une coalition réunissant les forces de gauche, et l'emporta avec 50,26 % des voix contre 49,33 % pour son adversaire, Gustavo Ross, ancien Ministre des finances d'Alessandri Palma ayant fait fortune dans la spéculation financière...

Sa gestion des affaires du pays fut toute tendue vers la lutte contre la pauvreté (sa femme, surnommée « Misia Juanita » par les Chiliens eux mêmes, se distinguant particulièrement dans l'action caritative), mais aussi pour l'indépendance économique du pays qui passa par la nationalisation des richesses du pays, entre autres l'or blanc du salpêtre et l'or rouge du cuivre.

Aguirre Cerda soutint également la République espagnole, accueillant sur son territoire de nombreux réfugiés de la guerre civile, appuyant ainsi l'action du consul du Chili à Madrid et Barcelone, un certain Pablo Neruda.

Toutefois, victime de la tuberculose (produit d'une activité débordante?), il ne put conclure son mandat et mourut prématurément en novembre 1941.

Son vice président, Jeronimo Mendez Arancibia lui succéda jusqu'à l'élection, en 1942, de Juan Antonio Rios Morales, radical également, mais qui fit, progressivement, revenir la ligne politique du gouvernement vers le centre.

Claudina Nunez Jimenez, fille d'un mineur de charbon de Lota (région du Bio Bio), fut l'une des animatrices des mouvements citoyens agissant contre la dictature dans les années 70 et 80.
Elle a ainsi connu le prêtre français André Jarlan, qui était venu au Chili agir auprès des populations les plus modestes et qui fut tué par les troupes de Pinochet lors d'une manifestation en 1984.
Elle connut aussi, comme beaucoup d'autres, la relégation dans l'une des îles du Sud du Chili quand la répression politique prit cette forme (assez fréquente au demeurant puisqu'expliquant à elle seule la force de la gauche à Punta Arenas qui fut longtemps la ville destinée à cet usage).

Importante élection également à Providencia, où le sortant, Cristian Labbé Galilea, ancien colonel de l'armée en retraite, a été battu par Josefa Errazuriz Guilisasti.

La candidate victorieuse a obtenu 37 683 voix contre 29 698 pour le sortant UDI.

Mais la victoire est hautement symbolique : Labbé est en effet un ancien colonel de l'armée chilienne, passé par les forces parachutistes et la police secrète militaire, la DINA, ex garde du corps du général Pinochet et acteur essentiel du coup d'Etat du 11 septembre 1973.

Moins de deux semaines après le « golpe », Labbé était en effet directement engagé à la tête des parachutistes contre des paysans de la région de Valdivia, soulevés par des militants du MIR (mouvement de la gauche révolutionnaire) contre lesquels il employa, avec d'autres, la manière forte.

L'incident de Liquine est d'ailleurs aujourd'hui qualifié de « crime contre l'humanité ».

De ses années de proximité avec Pinochet, Cristian Labbé Galilea aurait d'ailleurs, sans que cela fut prouvé, été le père naturel de l'un des enfants de Jacqueline, la fille du général dictateur.

Quant à la gagnante de l'élection, Josefa Errazuriz, son parcours est exactement inverse.

Sociologue, diplômée de l'Université du Chili, Josefa Errazuriz a été militante des Jeunesses Communistes à l'Université, dès le début de l'époque de l'Unité Populaire (elle est née en 1952), et s'est retrouvée fonctionnaire internationale peu de temps après le coup d'Etat, ce qui lui a permis de disposer d'une forme de protection pour la poursuite de ses activités sociales et politiques.

Elle a ainsi animé de nombreuses luttes populaires contre le régime dictatorial, notamment dans la ville de Providencia, participant notamment aux réseaux citoyens constitués, au fil du temps, pour combattre la pauvreté générée par les choix politiques et économiques du régime, fondés sur les thèses de l'école de Chicago, ou agir pendant les campagnes politiques menées sur les referenda pinochetistes.

Elle fut candidate, sans être élue, aux municipales de 2008 sur Providencia avant de gagner la primaire de la gauche en 2012, faisant d'elle la candidate opposée à l'ancien colonel Labbé.

Notons tout de même que 68 427 des 142 809 électeurs inscrits se sont déplacés, taux certes inférieur à 50 % mais plus important que celui observé dans d'autres municipalités que nous venons de traiter.
Dernière édition par vudeloin le Sam 10 Nov 2012 22:17, édité 1 fois.
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Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Sam 10 Nov 2012 21:51

Continuons avec la municipalité de Pudahuel qui a réélu son maire PS Johnny Carrasco Cerda, avec 30 502 voix contre 11 959 voix au candidat de droite, Cristian Norambuena Castro et 5 520 au régionaliste Pedro Fuentes Estrada.

51 626 votants dans cette commune populaire comptant 146 744 électeurs ( et selon certaines estimations, près de 250 000 habitants aujourd'hui...) issue du découpage de la partie Ouest de Santiago, ce que l'on appelait Las Barrancas et qui se répartit aujourd'hui entre Lo Prado, Pudahuel, Quinta Normal et Cerro Navia, dont nous avons vu pour l'essentiel qu'il s'agissait de municipalités fort marquées à gauche.

Passons à la municipalité voisine de Quilicura, municipalité accueillant un centre de ressources Google, qui a réélu son maire indépendant Juan Carrasco Contreras, avec 27 332 voix contre 10 341 à la candidate PPD Miriam Bazaez Guerra, 2 811 voix à l'indépendant Raul Valladares Larenas et 1 919 pour le candidat de droite Claudio Saez Belmar.

Juan Carrasco, qui a quarante six ans, avait été élu conseiller municipal PDC en 2004, en obtenant le score le plus élevé de tous les candidats (plus de 15 % des suffrages).

On a donc compté 44 285 votants dans cette commune de 108 343 électeurs, où il semble qu'une partie de l'électorat de droite ait préféré voter pour le sortant d'origine démocrate chrétienne, face à la candidate de la gauche, issue d'un parti laïque.

Sur Quinta Normal, les électeurs ont élu la candidate PDC Carmen Gloria Fernandez Valenzuela, avec 11 473 voix, devant une indépendante, Cecilia Fernandez Catalan, 9 697 voix, une avocate soutenue par des associations citoyennes, favorable à la légalisation de la marijuana et à la hausse des impôts des plus grandes entreprises ; 7 456 voix pour le candidat de droite Daniel Escobar Escobar et 5 239 pour Hugo Landauro Henriquez, candidat progressiste.

35 913 votants dans cette municipalité de 96 871 électeurs.

Dans la commune de Recoleta, élection du candidat communiste Daniel Jadue Jadue, avec 20 502 voix, contre 18 197 pour Gonzalo Cornejo Chavez, candidat indépendant mais ancien maire UDI de la ville, 9 369 voix pour Sol Letelier Gonzalez, candidate UDI, maire sortante et issue d'une famille qui a fourni, depuis Saint Malo un grand nombre de personnalités politiques et sociales au pays (à commencer par un ancien Ministre d'Allende, Sergio Letelier, assassiné par les services de Pinochet à Washington en 1976 et son fils Juan Pablo Letelier Morel, vice président du PS chilien et sénateur de la région Bernardo O'Higgins) ; et 1 121 voix à Celso Calfullan Campos, candidat du parti de l'Egalité. 

L'élection d'un second maire communiste dans le Grand Santiago est un événement majeur, même si celle ci s'est déroulée dans un climat rendu délicat par l'opposition de la DC à l'élection d'un tel élu, même si Daniel Jadue, architecte de profession, est un habitant de toujours de Recoleta.

Le résultat des élections des conseillers où les candidats de droite ne réunissent, ensemble, que 12 542 voix, illustre clairement qu'une partie de l'électorat DC n'a pas voté pour le candidat communiste.

On aura compté finalement 51 401 votants dans cette municipalité de 137 309 électeurs.

Dans la commune de Renca, située au Nord Ouest de Santiago, et entourée par Quinta Normal, Independencia, Conchali et Cerro Navia, on a pu assister à la réélection de Vicky Barahona Kunstmann, avec 21 618 voix, contre 16 582 au candidat PDC Cristian Bowen Garfias, 2 084 pour le progressiste Oscar Yevenes Munoz et 1 001 pour Jorge Rosales Vargas, candidat divers gauche.

42 910 votants dans cette municipalité de 109 016 électeurs.

A San Joaquin, commune située près du centre de Santiago (dans sa partie Sud), triomphe du maire sortant, le candidat de gauche (PPD) Sergio Echeverria Garcia, avec 22 165 voix contre 3 686 au candidat de droite Alonso Perez de Arce Carrasco et 2 469 pour l'humaniste Salvador Ojeda Vazquez.

Le candidat de droite perd plus de 8 000 voix sur le score de 2008...

Pour les conseillers, quatre sièges vont à gauche, trois au centre gauche et un seul à droite.

On a compté 30 062 votants sur 83 311 inscrits.

San Miguel, commune voisine, réélection du maire PS Julio Palestro Velasquez, avec 19 047 voix face aux 9 480 voix du candidat de droite Rodrigo Barrientos Nunes, 2 375 voix pour Claudio Escobar Oyarzun, 1 049 voix pour le régionaliste Julio Cesar Munoz Morales et 890 pour la candidate divers gauche Carla Mix Barrueto.

34 466 votants sur 93 490 inscrits.

San Ramon, commune située entre La Cisterna et La Granja, élection du PS Miguel Angel Aguilera Sanhueza avec 14 965 voix (le sortant étant PDC), loin devant le candidat de droite Miguel Angel Garrido Aguero, 8 104 voix ; le régionaliste (et ancien maire de la ville) Jesus Antonio Cabedo Ibarra, 3 278 voix, le progressiste Miguel Pino Leyton, 2 165 voix et l'autre indépendante Victoria Escobar Mora, 1 243 voix.

On a compté rien moins que 32 019 votants dans une municipalité de 82 168 inscrits.

Enfin, reste Vitacura, dernière commune de la catégorie, située au Nord Est de Santiago, près des communes de Lo Barnechea et Las Condes, autant dire les secteurs aisés de l'agglomération.

Sans surprise, réélection du candidat de droite (RN) Raul Fernando Torrealba del Pedregal, avec 26 370 voix, contre seulement 5 116 voix pour le candidat PPD Fernando Borquez Uribe et 1 395 voix pour le divers gauche (MAS) Alvaro Troncoso Olivares. 

Cette municipalité se retrouve dans le seul secteur électoral de la région de la capitale ayant élu deux députés de droite lors des dernières législatives.

On a relevé 35 587 votants parmi les 72 366 inscrits du lieu.

Ceci dit, si l'on fait le tour de l'ensemble des communes disposant de neuf élus au sein de leur conseil, nous en arrivons à un rapport de forces comprenant dix huit communes de gauche et de centre gauche, quatre de droite et une avec un maire indépendant venu du centre gauche.
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Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Dim 11 Nov 2012 20:15

Nous voici enfin avec les dernières communes, les plus importantes de la Région, celles qui disposent de onze élus municipaux (l'alcalde et dix conseillers).

Nous commencerons avec San Bernardo, commune extérieure à la province de Santiago, mais élément du Grand Santiago.

Cette année, San Bernardo a choisi de réélire la maire UDI Nora Cuevas Contreras, avec 33 589 voix, contre 25 653 voix au candidat PS Leonardo Soto Ferrara, le progressiste Nicolas Henriquez Suazo avec 2 993 voix, l'humaniste Juan Domingo Villavicencio Pasten avec 1 842 voix et la divers gauche Roxana Del Pilar Miranda Meneses avec 1 829 voix.

En 2008, Nora Cuevas Contreras avait obtenu 40 385 voix, laissant derrière elle la PDC Orfelina Bustos Carmona, 32 272 voix, l'humaniste Guillermo Garces Parada, 7 610 voix et, déjà, Roxana Miranda Meneses, 3 558 voix.

On est donc passé de 97 092 à 69 916 votants dans cette commune de 203 867 inscrits.

Quant à l'élue, elle passe de 48,2 à 51 %, tirant parti de l'éclatement de l'électorat de gauche.

Au niveau des conseillers, la liste de droite obtient 5 élus , la gauche et le centre gauche les 5 autres (il s'en est fallu, apparemment, d'une seule voix que la gauche ne dispose d'un troisième élu pris à la droite!).

Nora Cuevas, bien que mise en cause au début de l'année dans une affaire de détournement de fonds publics, a donc réussi à garder sa majorité.

Passons à Puente Alto, qui dispute à Maipu la position de première municipalité chilienne pour la population.

Election sans difficulté du candidat de l'UDI German Codina Powers, avec 49 418 voix, loin devant la candidate PS Soledad Barria Iroume, 32 991 voix, le progressiste Roberto Avila Toledo, 2 871 voix, l'humaniste Patricio Mery Belle, 2 791 voix et le divers gauche Rainier Rios Puebla, 2 548 voix.

Le candidat de droite est un jeune élu de moins de quarante ans, dont on peut penser, vu l'endroit, qu'il soit amené, éventuellement, à jouer un rôle au cas où la droite chilienne exercerait encore le pouvoir...

Quant à la candidate socialiste, âgée de près de soixante ans, elle est la fille d'un ancien Ministre d'Eduardo Frei Montalva, le leader démocrate chrétien qui fut l'un des adversaires de Salvador Allende Goosens et crut, en soutenant le coup d'Etat militaire de septembre 1973, qu'il pourrait retrouver le pouvoir, un ancien Ministre devenu ambassadeur et notamment en Yougoslavie où Soledad prit fait et cause pour le socialisme dans sa version locale.

Elle fut, après ses études de médecine, et l'exercice de son art dans plusieurs hôpitaux chiliens, la Ministre de la Santé de Michelle Bachelet dans les années 2006 à 2008.

En 2008, le candidat de droite avait obtenu 81 191 voix, contre seulement 26 433 voix pour le candidat socialiste et 8 194 voix pour le candidat humaniste.

Nous sommes donc passés de 128 133 votants à 96 218 dans cette municipalité de 320 743 inscrits, ce qui place la participation à 30 %...

Passons à la municipalité de La Florida.

Le candidat de l'UDI, Rodolfo Carter Fernandez, est élu avec 50 444 voix contre 42 266 au PDC Gonzalo Duarte Leiva, candidat du centre gauche ; 8 864 voix pour Ivan Mlynarz Puig, candidat progressiste, 3 240 voix pour le régionaliste Rodrigo Cortez Sasso et 2 504 voix pour Patricio Guzman Sinkovich, candidat du parti de l'Egalité.

En 2008, le PS avait emporté cette commune située dans la partie Est de l'agglomération, et peuplée d'une partie importante de la classe moyenne chilienne.
Mais les conflits internes au conseil municipal avaient fini par mener à la fonction d'alcalde le jeune conseiller UDI Rodolfo Carter, aujourd'hui âgé de 41 ans.
Cette élection était donc pour lui une forme de confirmation.

Ensuite, il est évident que la division de la gauche a eu quelques effets.

Distinguons ses candidats, notamment Gonzalo Duarte, âgé de 59 ans, ancien maire de La Florida et ancien député au Parlement et Ivan Mlynarz, âgé de 37 ans, ancien dirigeant du mouvement étudiant dans les années 90, ex responsable des Jeunesses Communistes et devenu l'un des fondateurs du Parti progressiste.

Passons à la commune de Las Condes, dans la partie Est de la Région, adossée aux Andes, et secteur bourgeois de l'agglomération santiaguena.

De fait, pas de surprise avec la victoire de Francisco de la Maza Chadwick, maire sortant, avec 64 537 voix contre …17 007 pour le candidat PDC Santiago Albornoz Pollmann et 5 271 voix pour Lucas Blaset Perez, candidat régionaliste.

Soit un pourcentage de 74,34 % pour le sortant de droite, entrepreneur de BTP, père de huit enfants et successeur, à la mairie de Las Condes, de Joaquin Lavin Infante, candidat de droite lors de la présidentielle de 1999.

Un candidat qui n'avait pas été élu et qui, de fait, peut être assimilé au Maire de Neuilly qui se présenterait aux présidentielles...
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Messagede vudeloin » Dim 11 Nov 2012 20:49

Maintenant, nous voici à Maipu.

Pour cette municipalité, dont le nom est évidemment lié à la bataille du même nom, le résultat est le suivant

Cristian Vittori Munoz (PDC) 60 480 voix
Joaquin Lavin Leon (droite) 38 760 voix
Claudia Mix Jimenez (MAS) 10 923 voix
Pedro Albornoz Vallejos (régionaliste) 3 373 voix.

119 746 électeurs se sont déplacés vers les urnes de Maipu, au lieu de 149 945 en 2008 où le candidat démocrate chrétien, Alberto Undurraga Vicuna avait recueilli 90 961 voix, le candidat de droite 34 430 et le candidat régionaliste de centre droite 10 476.

La ville compte 332 451 inscrits aujourd'hui, ce qui situe la participation à 36 %.

Le nouvel élu n'a donc pas fait le plein des votes de gauche et de centre gauche, d'autant qu'il ne fut pas le conseiller municipal le mieux élu des dix sortants lors du scrutin 2008.

Natif d'Osorno (ville du Sud), âgé de 46 ans, le nouveau maire de Maipu est biologiste de formation, professeur et administrateur civil.

Joaquin Lavin Leon, pour sa part, est évidemment l'un des sept enfants de l'ancien maire de Las Condes et candidat à l'élection présidentielle de 1999, Joaquin Lavin Infante, lié à l'Opus Dei, et qui se consola de son échec face à Ricardo Lagos pour devenir ensuite maire de Santiago, puis, après un nouvel échec au premier tour de 2004 face à Sebastian Pinera, Ministre de la Planification et de la Coopération de celui ci lors de son élection en 2010.

Le tout assez loin de la candidate du MAS Claudia Mix Jimenez, avant dernière d'une fratrie de douze enfants, âgée de 43 ans, métisse d'Indien mapuche, militante de gauche depuis l'adolescence (notamment aux Jeunesses Socialistes du PS chilien tendance Almeyda), animatrice de la culture populaire (son père a créé un théâtre populaire sur Maipu) et, depuis deux ans, responsable du MAS.

Nous voici maintenant à Nuñoa, commune située à l'Est de Santiago, entre La Reina, Peñalolen et Providencia, municipalité à la population plutôt aisée et middle class.

Cette année, élection pour le moins serrée avec la victoire de Maya Fernandez Allende, petite fille du Président Allende, avec 34 149 voix, contre … 34 131 pour le maire sortant, le RN Pedro Sabat Pietracaprina, soit un écart de dix huit suffrages seulement !
Complètent le tableau électoral Matias Mlynarz Puig, candidat du parti de l'Egalité (et probablement le frère d'Ivan), 6 327 voix et de l'humaniste Juan Carlos Galvez Galleguillos, 1 529 voix.

Le tout avec un collège électoral de 167 387 électeurs et une participation atteignant donc 78 587 suffrages (près de 47 %).

Maya Fernandez est la fille d'un chirurgien cubain, Luis Fernandez et de Beatriz Allende, l'une des filles du président renversé par le coup d'Etat de septembre 1973.

Pedro Sabat, pour sa part, est maire de la ville depuis 1996 et fut élu, en 2008, avec une avance de plus de 20 000 voix sur Danae Mlynarz Puig, alors candidate de la gauche unie et sœur d'Ivan et de Matias Mlynarz Puig (un drôle de mélange entre nom polonais et catalan)...

Evidemment, un tel écart de voix a provoqué un recomptage des votes.

L'affaire n'est pas encore close, certains calculs temporaires remettant en tête le candidat de la droite avec ...13 voix d'avance et d'autres le plaçant en retrait de ...92 voix.

Pour le reste, sorte de signe de l'histoire du pays, indiquons que le principal monument de la municipalité est le Stade National du Chili qui, en septembre 1973, fut utilisé par les forces armées putschistes comme centre d'internement des militants de l'Unité Populaire...

Allons à Peñalolen, commune voisine de Ñuñoa, de population équivalente, dont la population est partagée entre des quartiers Ouest plutôt populaires et des quartiers Est plus huppés (ce sont ceux qui se situent sur le piémont andin, comme souvent dans l'agglomération santiguena).

Victoire de la candidate du centre gauche, la militante du PDC Carolina Leitao Alvarez Salamanca, avec 34 410 voix contre 21 237 à Marcelo Moran Espinoza, suivi par le progressiste Mario Marin Rupayan, 2 835 voix, l'indépendant José Manuel Echevarria Sanchez, 1 951 voix et l'humaniste Wilfredo Alfsen Ovando, 1 772 voix.

67 515 votants dans cette municipalité (PDC sortant) de 169 284 inscrits.

La nouvelle élue, âgée de 38 ans, dispose d'une expérience de huit ans comme conseillère municipale de la ville, et présente la qualité d'être vice Présidente de la Démocratie Chrétienne.

Son adversaire est le président de la fédération régionale de l'UDI et exerce la profession d'administrateur de sociétés, et ce à l'âge de 41 ans.

Nous reste la municipalité de Santiago centre qui, en 2008, avait élu Pablo Zalaquett Said (UDI) avec 49 100 voix sur 103 928 exprimés (47,2 %).

Cette année, 87 094 votants sur 238 988 inscrits (36,4 %) et 84 015 exprimés.

Résultats

Carolina Toha Morales (PPD) 42 519 voix (50,6 %)
Pablo Zalaquett Said (UDI) 36 923 voix (43,9 %)
Mario Aguilar Arevalo (PH) 1 860 voix (2,2 %)
Waldo Mora Longa (régionaliste) 1 509 voix (1,8 %)
Ivan Carrasco Mora (Egalité) 1 204 voix (1,5 %)

La conquête de la municipalité par la gauche (ce qui n'était pas arrivé depuis 2000) est d'autant plus un événement que la gagnante est la fille d'un ancien Ministre d'Allende, assassiné par les policiers du régime Pinochet, José Toha.

José Toha, né dans le sud du pays à Chillan d'un immigré catalan (ce qui n'est pas la version la plus fréquente au Chili) , avocat de renom, fut Ministre de l'Intérieur et de la Défense d'Allende, après avoir adhéré au PS chilien dès son plus jeune âge.

Après le coup d'Etat du 11 septembre 1973, il fut, avec sa famille, envoyé en captivité dans l'île Dawson, située dans la région de la Terre de Feu, où il fut, à l'instar de ses collègues collaborateurs du Président Allende, soumis aux pires tortures et finit par souffrir de dénutrition.

Sa mort, présentée comme naturelle, à l'hôpital de Punta Arenas fut en fait un homicide maquillé en suicide.

Carolina Toha Morales est âgée de 47 ans, docteur en sciences politiques de l'Université de Milan, consultante en gestion publique .

Elle a été pendant sept ans députée de Santiago avant d'exercer la présidence du PPD, le parti laïque et progressiste constitué pendant les années de la dictature par des militants venus de l'ensemble des horizons de la gauche chilienne.
Elle a d'ailleurs imprimé au parti un mouvement plus à gauche (mas izquierdista, como se dice) qui a été à la base de l'alliance électorale avec le PCCh et le PRSD.
Elle fut également Ministre d'Etat dans le gouvernement Bachelet

Quant au battu, Pablo Zalaquett Said, technicien commercial âgé de 49 ans, il avait jusque là l'image d'un gagneur, puisqu'il avait conquis sur le centre gauche la mairie de La Florida en 2000 avant d'être élu en 2008 maire de Santiago avec une marge de 11 500 voix sur le candidat démocrate chrétien Jaime Ravinet de la Fuente, qui a la particularité d'avoir quitté le PDC après sa défaite municipale et accepté un maroquin ministériel proposé par Sebastian Pinera.

La défaite du candidat de droite pour le poste de maire va de pair avec le résultat de l'élection des conseillers, qui conduit à la désignation de deux élus UDI, un RN, deux divers droite, un PS, un PDC, deux PPD et une PCCh, qui obtient d'ailleurs le score le plus élevé de tous les candidats avec 10 % des votes préférentiels.

De fait, sur l'ensemble des municipalités comptant onze élus municipaux, nous avons pour le moment quatre mairies de droite, trois de gauche et une incertaine, pour cause de contestation.

Ceci dit, sur l'ensemble de la Région, et en tenant compte de l'incertitude sur Ñuñoa, nous avons pour l'heure trente municipalités de gauche, deux maires indépendants venus du centre gauche, dix neuf maires de droite.

Un renversement significatif au regard de la situation antérieure où la gauche disposait de vingt deux mairies, les indépendants de trois et la droite de vingt sept.
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