de vudeloin » Dim 10 Avr 2011 03:50
Ce jour, c'est à dire dans quelques heures avec le décalage horaire, les Péruviens vont participer aux élections générales de leur pays.
Les élections concernent à la fois la Présidence de la République, le renouvellement du Parlement et la désignation des représentants péruviens au Parlement andin.
Aux élections présidentielles, cinq candidats sont en présence.
D'abord, Alejandro Toledo Manrique, représentant du Parti Peru Posible.
Ensuite, Oscar Luis Castaneda Lossio;
Puis Pedro Pablo Kuczynski Godard et enfin, Ollanta Moises Humala Tasso et Keiko Fujimori Higuchi.
Ces candidats, pour trois d'entre eux, sont issus de l'immigration européenne « blanche « , criolla, ce qui n'est pas sans importance dans un pays dont une partie importante de la population, singulièrement dans les régions andines, est indienne pure dans une large proportion et une autre partie faite de métissages divers.
Ces candidats ont aussi en commun d'avoir déjà exercé des responsabilités politiques dans le pays ( ancien Président comme Toledo Manrique ou anciens ministres pour les autres, sans compter les parcours de leurs vice présidents ) et d'avoir, souvent, été formés dans les grandes universités américaines ou britanniques.
La candidature de Ollanta Humala, qui était déjà présent lors de la précédente éelction, est évidemment différente, puisqu'il s'agit d'un candidat issu de la population quechua et que son parcours est celui d'un ancien militaire.
Enfin, la candidature de Keiko Fujimori est celle de la fille de l'ancien Président du pays, Alberto Fujimori, qui n'a pas laissé un souvenir impérissable aux Péruviens dans sa gestion mais qui peut aujourd'hui de nouveau jouer un rôle au seul motif que la situation politique est très mouvante dans un pays tourmenté par la crise économique et des problèmes sociaux récurrents.
D'autres candidats figurent au titre des engagés dans le scrutin, issus de la droite péruvienne comme Rafael Luis Belaunde Aubry ou de la gauche comme Humberto Pinazo Bella.
Si l'on tente de placer les différents candidats sur un échiquier politique européen, on peut placer sur le côté droit Luis Castaneda, représentant de la vieille droite créole péruvienne, et, dans un autre style, Keiko Fujimori qui se place délibérément dans la filiation de son père, c'est à dire un libéralisme sans rivages ni limites, qu'on peut fort bien trouver incarné dans une démarche économique proche de ce qui a pu être mis en oeuvre à une certaine époque dans le Chili voisin.
Alejandro Toledo, ancien président, se situe plus dans une filiation démocrate chrétienne, comptant notamment sur le soutien du vieux parti d'Action Populaire qui incarnait ce courant ' centriste ' dans la vie politique locale.
Pedro Pablo Kuczynski, pour sa part, est un nouveau type de candidat pour ce pays, dont la personnalité et les ressorts pourraient d'ailleurs inquiéter, puisque sa démarche politique est portée par des mouvements fondamentalistes religieux, notamment issus du protestantisme américain – il a d'ailleurs la double nationalité US et péruvienne -, mais aussi par le vieux Parti Populaire Chrétien, mouvement de droite non dénué d'influence dans le pays et dont le célèbre écrivain Mario Vargas Llosa, prix Nobel, est proche et dont la candidate, Lourdes Flores, était arrivée troisième ( et donc éliminée ) en 2006.
Reste donc, plus près de la gauche, Ollanta Humala qui regroupe dans son alliance Gana Peru à la fois des mouvements nationalistes ( comme le Parti Nationaliste Péruvien ) mais aussi des partis de la gauche, qui n'existent souvent que sur le papier puisque dépourvus de représentation parlementaire.
Selon les responsables de l'APRA, Ollanta Humala se retrouverait au second tour opposé à Pedro Pablo Kuczynski, avec quelques incertitudes sur le résultat final.
Pour autant, les plus récentes enquêtes, si elles confirment la première place d'Ollanta Humala ( aux alentours de 32 % des votes au premier tour alors qu'il se situait aux alentours de 15 % en mars ), laissent pour le moment Keiko Fujimori en seconde position avec 21 à 23 % des votes, une performance qui ne semble toutefois pas avoir profondément varié depuis le début de la campagne.
Contrairement à PPK, démarré avec 2 ou 3 % et qui se positionne désormais entre 18 et 20 % ou, dans une autre version, Toledo et Castaneda dont les scores respectifs risquaient de faire les deux qualifiés il y a encore un mois, mais qui connaissent depuis un coup de ' moins bien ', le premier étant désormais nettement sous les 20 % et le second tendant peu à peu vers les 10...
En 2006, lors du précédent vote, c'est le candidat de l'APRA ( Alliance Populaire Révolutionnaire Américaine, parti de centre gauche, membre de l'Internationale socialiste, d'inspiration pratiquement trotskiste au début de son existence avant de devenir un parti social démocrate et social libéral assez banal ), Alan Garcia, lui aussi ancien Président, qui avait été élu au second tour.
Au premier tour, Ollanta Humala avait créé une certaine surprise en arrivant en tête avec 30,6 % des suffrages devant Alan Garcia, avec 24,3 % et la candidate de la droite Lourdes Flores Nano avec 23,9 %.
Au second tour, les voix de droite s'étaient sans trop de difficultés reportées sur la candidature d'Alan Garcia qui l'avait emporté avec 52,6 % des voix et un peu moins de 700 000 voix d'avance sur son adversaire.
Cette année l'APRA ne concourt pas pour la présidence, ce qui ne manque pas de poser question, d'autant que le mouvement dispose aussi de 36 des 120 députés du Congrès où il constitue la seconde force politique en termes de représentation.
En fait, tout se passe comme si le parti social démocrate avait renoncé par avance à subir une défaite électorale possible sinon probable et qu'il avait préféré se concentrer sur les seules élections législatives.
Pour ajouter à la confusion relative, le parti s'est rallié pour l'heure à la candidature de Pedro Pablo Kuczynski, ce qui apparente le positionnement de l'APRA comme une sorte de renvoi d'ascenseur, puisque les forces de droite qui avaient soutenu Alan Garcia au second tour du scrutin 2006 sont, en grande partie, celles qui portent la candidature de PPK à la plus haute fonction de l'Etat.
De fait, l'APRA, sous le nom de PAP ( Parti Apriste Péruvien ) est engagé dans les élections législatives qui se déroulent selon les règles d'une proportionnelle départementale.
Cependant, dans la répartition des sièges, c'est évidemment la capitale, Lima ( ou plutôt Santa Rosa de Lima ) qui se taille la part du lion avec 36 sièges à pourvoir.
La proportionnelle a donc un sens dans cette région.
Viennent ensuite les départements de La Libertad et Piura ( 7 élus chaque ), ceux d'Arequipa et Cajamarca ( 6 ), ceux d'Ancash, Cuzco, Junin, Lambayeque et Puno ( 5).
On élit 4 députés sur Ica, Callao, le reste de la province de Lima, Loreto et San Martin, puis 3 dans les départements d'Ayacucho et Huanuco.
Les départements de Moquegua, Amazonas, Apurimac, Huancavelica, Pasco, Tacna, Tumbes et Ucayali désignent 2 députés chacun et enfin, le département amazonienj de Madre de Dios en désigne un.
A noter que le vote des Péruviens de l'étranger est groupé avec le vote des habitants de la capitale et participe de la répartition des sièges dans le district électoral le plus peuplé du pays.
L'APRA, avec 36 membres au Congrès continue de constituer pour l'heure le premier mouvement représenté au Parlement puisque les supports d'Ollanta Humala ( 45 élus aux législatives ) se sont répartis en plusieurs groupes parlementaires, le plus important étant constitué des 25 élus du PNP.
De manière générale, les districts andins avaient voté en faveur du candidat Humala et de son alliance, tandis que la côte était restée plutôt favorable à Alan Garcia et aux autres partis.
Ainsi le département de La Libertad avait donné 5 députés sur 7 aux apristes tandis que le département d'Ayacucho avait élu 3 députés de l'UPP, l'alliance autour de la candidature Humala.
Sur Lima, le vote avait été plutôt favorable à la droite avec 8 élus fujimoristes ( dont sa fille aujourd'hui candidate à la Présidence ), 8 élus de l'Union Nationale, 2 élus de Peru Posible, 1 de la Restauration nationale et 3 du Front du centre.
En face, on ne comptait que 7 élus apristes et 6 de l'UPP.
Notons cependant qu'aux municipales de l'automne dernier, la droite a perdu la batatille de Lima au profit d'un parti, le parti « Fuerza social « qui se situe plus dans une sensibilité de gauche.
Dans 10 départements, l'élection s'était limitée soit à un monopole des élus UPP, sout à un partage entre l'APRA et l'UPP.
Nous verrons très vite, sur le site de l'ONPE ( la commission électorale qui suit les élections péruviennes et dont la devise est « Nous faisons que votre vote compte « ) ce qu'il en est de la distribution des sièges dans une assemblée où les tendances dégagées par les présidentielles ne semblent pas devoir permettre l'émergence d'une majorité nette.