Élections fédérales et régionales belges de 2019

[myckilem]

Tous les députés élus en Wallonie sont rattachés au groupe linguistique francophone quelque soit sa langue maternelle.

L'absence de groupe linguistique germanophone s'explique par le faible nombre d'élu germanophone. Cela fait à peu près 20 ans qu'il n'y en a qu'un. La création d'un groupe linguistique pour les germanophones mènerait de facto à donner à cet unique élu (et au parti auquel il adhère) un pouvoir immense puisque pour modifier les lois spéciales, il faut une majorité dans chaque groupe linguistique.

[Républicain67]

La nouvelle députée fédérale PTB-PVDA Maria Vindevoghel, élue à Bruxelles, a provoqué un mini incident à la Chambre en essayant de mélanger le néerlandais et le français lors de sa prestation de serment: "Ik zweer de observer de grondwet". Cela afin de ne pas devoir choisir d'appartenir à un groupe linguistique. Après un rappel à l'ordre, elle a d'abord prêté serment en néerlandais et appartiendra donc au groupe linguistique néerlandais de la Chambre.

https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_suivez-en-direct-la-prestation-de-serment-a-la-chambre?id=10251028

Tinne Van Der Straeten (Groen), l'autre députée néerlandophone bruxelloise a prêté serment en néerlandais. La Région de Bruxelles-Capitale compte donc deux députées fédérales du groupe linguistique néerlandais, contre aucun dans la précédente législature.

[myckilem]

Samuel Nemes, le député wallon PTB de la circonscription de Verviers est dans ce cas particulier. Il habite à La Calamine (en Communauté germanophone), mais enseigne les mathématiques dans une école secondaire de Verviers (Communauté française), dont il est originaire. Je n'ai pas réussi à trouver s'il est francophone ou germanophone. Vu qu'il enseigne dans une ville francophone, on peut imaginer qu'il est de langue maternelle française. Il a après les élections annoncé vouloir prendre un temps de réflexion concernant l'éventualité de prêter serment en allemand à Namur (légalement il en a le droit vu qu'il habite dans une commune germanophone). Son suppléant, le conseiller communal verviétois Laszlo Schonbrodt aurait alors pu bénéficier de l'"effet Damseaux" et siéger au Parlement de la Communauté française. En réalité le PTB était un peu pris au dépourvu. Il n'imaginait pas obtenir un député régional wallon dans la circonscription de Verviers, plutôt rurale. Finalement le PTB a préféré renforcer son implantation locale à Verviers et a préféré voir Laszlo Schonbrodt se concentrer sur son travail au sein du groupe PTB du conseil communal verviétois. Samuel Nemes a prêté serment en français et siégera donc au Parlement de la Communauté française.

https://www.rtbf.be/info/regions/liege/detail_samuel-nemes-ptb-le-prof-de-math-devient-depute-wallon?id=10231594
https://www.rtbf.be/info/regions/liege/detail_pas-d-effet-damseaux-pour-le-ptb?id=10244097

J'ai eu un complément d'information la dessus. En fait, Schonbrodt est assistant parlementaire à la communauté française. Le PTB a du mal à avoir des assistants parlementaires fiables au vu du nombre de parlementaires obtenus lors du scrutin. Donc, ils ont préféré garder Schonbrodt comme assistant parlementaire plutôt que lui donner un poste de député.

Autre nouvelle depuis samedi, plusieurs mandataires cdH (principalement issu de l'aile ouvrière chrétienne du parti, Benoit Drèze et Josy Arens) ont plaidé pour que le parti entre tout de même dans un gouvernement.

[Républicain67]

Je souhaite faire une analyse détaillée des élections régionales/communautaires. Je commence par la Région de Bruxelles-Capitale.

Rappels des résultats

Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale

Groupe linguistique français

PS: 22,03%: 17 sièges
Ecolo: 19,12%: 15 sièges
MR: 16,87%: 13 sièges
DéFI: 13,81%: 10 sièges
PTB: 13,47%: 10 sièges
CDH: 7,58%: 6 sièges
DierAnimal: 1,32%: 1 siège*

Groupe linguistique néerlandais

Groen: 20,61%: 4 sièges
N-VA: 17,97%: 3 sièges
Open VLD: 15,79%: 3 sièges
one.brussels-sp.a: 15,06%: 3 sièges
Vlaams Belang: 8,34%: 1 siège
CD&V: 7,47%: 1 siège
Agora: 5,18%: 1 siège
PVDA: 4,27%: 1 siège**

* DierAnimal obtient un siège dans le groupe linguitique français, grâce à l'apparentement avec le PTB et Plan B.
** Le PVDA obtient un siège dans le groupe linguistique néerlandais, grâce à l'apparentement avec DierAnimal-NL.

Je donne les trois partis arrivés par commune, autant du côté francophone que néerlandophone.

Anderlecht
Groupe linguistique français :
PS : 28,3%
PTB : 20,25%
Ecolo : 15,4%

Groupe linguistique néerlandais :
N-VA : 21,4%
One.brussels-sp.a : 18,1
Vlaams Belang : 14,1%

Auderghem
Groupe linguistique français :
DéFI : 30,2%
Ecolo : 21,9%
MR : 19,3%

Groupe linguistique néerlandais :
Groen : 24,9%
Open VLD : 18,9%
N-VA : 17,6%

Berchem-Sainte-Agathe
Groupe linguistique français :
PS : 21,4%
MR : 17,4%
Ecolo : 15,0%

Groupe linguistique néerlandais :
N-VA : 24,9%
Open VLD : 23,1%
Vlaams Belang : 11,8%

Bruxelles
Groupe linguistique français :
PS : 29,0%
PTB : 17,4%
Ecolo : 16,5%

Groupe linguistique néerlandais :
Groen : 21,9%
One.brussels-sp.a : 17,6%
N-VA : 17,1%

Etterbeek
Groupe linguistique français :
MR : 27,0%
Ecolo : 23,8%
PS : 14,5%

Groupe linguistique néerlandais :
Groen : 26,2%
Open VLD : 17,6%
N-VA : 14,3%

Evere
Groupe linguistique français :
PS : 27,5%
DéFI : 15,5%
Ecolo : 15,4%

Groupe linguistique néerlandais :
N-VA : 25,8%
Open VLD : 20,0%
Vlaams Belang : 13,0%


Forest
Groupe linguistique français :
Ecolo : 24,4%
PS : 22,5%
PTB : 14,2%

Groupe linguistique néerlandais :
Groen : 27,3%
One.brussels-sp.a : 17,5%
Open VLD : 12,8%

Ganshoren
Groupe linguistique français :
PS : 19,9%
MR : 17,2%
Ecolo : 15,0%

Groupe linguistique néerlandais :
N-VA : 24,3%
Open VLD : 20,6%
Groen : 12,8%

Ixelles
Groupe linguistique français :
Ecolo : 29,3%
MR : 20,5%
PS : 16,0%

Groupe linguistique néerlandais :
Groen : 27,6%
Open VLD : 17,5%
N-VA : 14,7%

Jette
Groupe linguistique français :
PS : 20,5%
Ecolo : 17,7%
MR : 15,1%

Groupe linguistique néerlandais :
N-VA : 20,4%
Groen : 18,7%
Open VLD : 15,6%

Koekelberg
Groupe linguistique français :
PS : 33,0%
MR : 16,2%
PTB : 14,6%

Groupe linguistique néerlandais :
N-VA : 19,7%
Groen : 18,8%
One.brussels-sp.a : 18,6%

Molenbeek-Saint-Jean
Groupe linguistique français :
PS : 35,0%
PTB : 20,7%
MR : 12,1%

Groupe linguistique néerlandais :
One.brussels-sp.a : 22,9%
N-VA : 18,1%
Groen : 14,7%

Saint-Gilles
Groupe linguistique français :
Ecolo : 27,7%
PS : 25,2%
PTB : 19,8%

Groupe linguistique néerlandais :
Groen : 28,7%
One.brussels-sp.a : 19,2%
N-VA : 11,3%

Saint-Josse-ten-Noode
Groupe linguistique français :
PS : 48,1%
Ecolo : 16,4%
PTB : 12,9%

Groupe linguistique néerlandais :
Groen : 26,9%
One.brussels-sp.a : 17,4%
N-VA : 11,6%

Schaerbeek
Groupe linguistique français :
PS : 25,6%
Ecolo : 19,1%
DéFI : 16,8%

Groupe linguistique néerlandais :
Groen : 26,9%
One.brussels-sp.a : 14,6%
N-VA : 13,1%

Uccle
Groupe linguistique français :
MR : 30,2%
Ecolo : 21,8%
DéFI : 16,5%

Groupe linguistique néerlandais :
N-VA : 22,5%
Open VLD : 21,5%
Groen : 19,9%

Watermael-Boitsfort
Groupe linguistique français :
Ecolo : 28,9%
MR : 21,4%
DéFI : 18,5%

Groupe linguistique néerlandais :
Groen : 28,9%
N-VA : 15,2%
Open VLD : 14,6%

Woluwe-Saint-Lambert
Groupe linguistique français :
DéFI : 35,6%
MR ; 18,5%
Ecolo : 17,4%

Groupe linguistique néerlandais :
Open VLD : 21,7%
N-VA : 21,5%
Groen : 19,3%

Woluwe-Saint-Pierre
Groupe linguistique français :
MR : 33,0%
DéFI : 18,2%
Ecolo : 17,5%

Groupe linguistique néerlandais :
Open VLD : 30,5%
Groen : 19,4%
N-VA : 18,4%

Analyse des résultats

Groupe linguistique français

Contrairement aux élections fédérales, le PS reste au niveau régional le premier parti bruxellois. Contrairement aux élections fédérales où il faisait liste commune avec Groen, Ecolo doit au niveau régional se contenter de la deuxième place. Le MR et le CDH sont les grands perdants parmi les partis francophones à Bruxelles. Le PTB est par contre le parti qui progresse le plus. DéFI stagne.
Les socialistes francophones arrivent en tête à Bruxelles-ville, à Saint-Josse-ten-Noode, Evere, Schaerbeek et dans l’ensemble des communes de l’ouest de la région (Anderlecht, Molenbeek, Koekelberg…). Le PS reste le premier parti dans les communes populaires de la région bruxelloise. Les écologistes francophones devancent désormais les socialistes dans leurs anciens bastions de Forest et Saint-Gilles. Observe-t-on une conséquence de l’embourgeoisement de ces communes? Les Verts sont également le premier parti à Ixelles, un ancien bastion libéral, où l population estudiantine est importante, ainsi qu’à Watermael-Boitsfort, une commune aisée du sud-est de Bruxelles. Ecolo arrivent en tête dans les trois communes où il a le maïorat (Forest, Ixelles, Watermael) et Saint-Gilles. Dans cette dernière commune, populaire, mais en pleine gentrification, les écologistes avaient talonnés les socialistes aux élections communales d’octobre 2018. On remarque que l’électorat écologiste est globalement moins populaire que celui des socialistes. Le MR n’arrive en tête que dans trois communes bruxelloises : Etterbeek et Uccle, où a le maïorat et Woluwe-Saint-Pierre. Les libéraux francophones restent toutefois bien implantés dans plusieurs communes où ils arrivent en deuxième position : autant dans le sud et sud-est bourgeois (Ixelles, Auderghem, Woluwe-Saint-Lambert, Watermael-Boitsfort) que dans le nord-ouest, plus populaire (Berchem-Sainte-Agathe, Ganshoren, Koekelberg).Le MR est avec 12% des voix particulièrement faible à Bruxelles-ville (4e position). DéFI arrivent en tête dans ses fiefs d’Auderghem et Woluwe-Saint-Lambert. Il est aussi bien implanté dans les autres communes aisées du sud et du sud-est : Uccle, Watermael-Boitsfort, Woluwe-Saint-Pierre, là où la population est la moins néerlandophone, mais aussi dans des communes plus populaires de l’est comme Schaerbeek (dont Bernard Clerfayt, la tête de liste régionale, est bourgmestre) et Evere. Le PTB fait de très bons scores (deuxième position) dans des communes populaires comme Molenbeek, Anderlecht ou Saint-Gilles, mais aussi à Bruxelles-ville. Le CDH lui est désormais particulièrement faible dans l’ensemble de la Région de Bruxelles-Capitale. Même dans ces bastions du nord-ouest (Berchem, Ganshoren, Jette), il ne fait plus que des scores très moyens. Enfin, la droite populiste francophone elle (Parti populaire, Listes Destexhe) ne perce nulle part.

Groupe linguistique néerlandais
Etant donné le faible poids numérique des Bruxellois néerlandophones, les partis flamands restent loin derrière leurs homologues francophones. Groen est désormais le premier parti néerlandophone en région bruxelloise, suivis de la N-VA et de l’Open VLD. Ce dernier est désormais bien moins fort qu’avant. Les socialistes du SP.A (étiquette one.brussels-sp.a) et l’extrême droite nationaliste flamande sont en léger progrès. Comme côté francophone, les libéraux (Open VLD) et démocrates-chrétiens flamands sont les grands perdants du scrutin régional.
Groen arrive en tête dans la ville de Bruxelles, ainsi que dans huit autres communes de la région (Etterbeek, Forest, Ixelles, Schaerbeek, Saint-Gilles…). En dehors de la capitale belge, ces communes sont connues pour être moins néerlandophones, même si elles attirent de plus en plus les jeunes Flamands branchés. La N-VA est première dans les communes réputées les néerlandophones de la région : Berchem-Sainte-Agathe, Ganshoren, Jette, Evere, Anderlecht, mais également dans des communes beaucoup plus francophones comme Uccle et Koekelberg. Les nationalistes flamands font côté néerlandophones de bons scoresà Molenbeek-Saint-Jean, mais aussi de manière plus curieuse dans des communes bourgeoises comme Auderghem, Watermael-Boitsfort ou les deux Woluwe. L’Open VLD n’arrive en tête côté néerlandophone que dans dans deux communes, les deux Woluwe. Les libéraux flamands obtiennent également de bons scores dans des communes comme Evere (commune de Guy Vanhengel), Auderghem ou Berchem-Sainte-Agathe. Le SP.A arrive en tête à Molenbeek, ainsi qu’en deuxième position à Anderlecht, Bruxelles-ville, Saint-Gilles, Schaerbeek…Le Vlaams Belang fait ses meilleurs scores dans des communes plus néerlandophones comme Anderlecht, Evere, Jette ou Berchem. Il est en 8 et 10% à Koekelberg et Molenbeek. Par contre, il est désormais très faible (6%) dans son ancien bastion de Schaerbeek. La stratégie bilingue de VB sur Bruxelles (équipe bilingue, drague des électeurs francophones de droite) est manifestement un échec. Comme pour la N-VA son électorat bruxellois reste essentiellement néerlandophone. Le CD&V est lui désormais en chute libre en région bruxelloise. Il ne figure sur le podium dans aucune commune. Enfin on peut observer que globalement le PVDA (branche flamande du PTB) ne perce que de manière beaucoup moins importante chez les néerlandophones de Bruxelles que chez les francophones. Les résultats de la liste islamiste Be.One (campagne bilingue) sont assez inquiétants. Ils sont au-dessus de 6% dans certaines communes comme Schaerbeek, Molenbeek, Anderlecht ou Saint-Josse.

Je ne connais pas très bien la ville politique bruxelloise, mais j'ai remarqué que les résultats ne correspondent que rarement d'un groupe linguistique à l'autre. Certes la N-VA et DéFI (on peut toutefois rattacher ce dernier à la famille libérale francophone), partis communautaires, n'ont pas d'équivalent dans l'autre groupe linguistique (idem pour le Vlaams Belang, séparatiste, alors que la droite populiste francophone est belgicaine), mais les résultats ne coïncident que très rarement à l'intérieur d'une même famille politique (PS-SP.A, Ecolo-Groen, MR-Open VLD, CDH-CD&V). Dans la plupart des bastions PS en région bruxellois, c'est Groen, et non le SP.A, qui arrive en tête du vote de gauche néerlandophone: Bruxelles-ville, Evere, Schaerbeek, Koekelberg, Saint-Josse-ten-Noode...En dehors de Molenbeek-Saint-Jean, dans toutes les communes de l'ouest bruxellois (+ Evere) le PS arrive en tête chez les francophones, alors que chez les Flamands c'est la N-VA: Anderlecht, Berchem-Sainte-Agathe, Evere, Ganshoren, Jette, Koekelberg. En fait il est assez rare que deux partis de la même famille politique (j’exclue ici DéFI) arrivent en tête côté francophone et néerlandophone dans une même commune. Les seul cas sont Forest (Ecolo, Groen), Ixelles (Ecolo, Groen), Molenbeek-Saint-Jean (PS, SP.A), Saint-Gilles (Ecolo, Groen), Watermael-Boitsfort (Ecolo, Groen), Woluwe-Saint-Pierre (MR, Open VLD). A Woluwe-Saint-Lambert c'est DéFI-Open VLD, mais DéFI, bien qu'appartenant à la famille libérale n'a pas d'équivalent côté néerlandophone.

[Républicain67]

Je voudrais revenir sur la forte percée du Vlaams Belang il y a un mois. Le retour en force de l’extrême droite en Flandre a été une des grandes surprises du triple scrutin (fédéral, régional/communautaire et européen) du 26 mai. Quelques jours avant les élections, les médias flamands avaient parlé d’une possible remontée de l’extrême droite séparatiste, dans la foulée des élections communales d’octobre 2018. Lors de la campagne ce phénomène n’avait pas vraiment été pris en compte par la presse belge francophone, sauf dans les tous derniers jours.

Le scrutin local du 14 octobre 2018 avait déjà vu le Vlaams Belang faire un retour en force dans le nord du pays. Le parti de Tom Van Grieken avait tout de même obtenu 13% des voix dans les provinces flamandes, soit le double du résultat des élections de 2014. A l’automne dernier l’extrême droite avait surtout percé dans certaines parties de la Flandre, notamment dans la vallée de la Dendre (1er parti à Ninove et Denderleeuw, 2e à Alost), une région confrontée à la fois à une situation socio-économique plus difficile que dans le reste de la région (crise de l’industrie textile) et une forte immigration de Bruxellois francophones, dont des personnes d’origine africaine. Ces changements démographiques peuvent provoquer des réactions hostiles, voire xénophobe schez une partie de la population autochtone. Le sénateur et député régional VB Guy D’Haeseleer (et conseiller communal sortant de Ninove) avait profité de la situation en menant une campagne anti-immigrés et a failli être élu bourgmestre de Ninove. Dans d’autres communes du Denderstreek, le Vlaams Belang a aussi fait des scores plutôt élevé comme à Denderleeuw, Buggenhout ou Alost. Ailleurs en Flandre, le VB a fait des percées dans la banlieue anversoise (2 e parti à Schoten et Stabroek), certains districts populaires d’Anvers, à Saint-Nicolas, à Turnhout… Les scores de l’extrême droite flamande, considérés à l’époque par les médias comme un vote sanction contre la N-VA au pouvoir en Flandre et au niveau fédéral, semblaient toutefois rester plutôt localisés. Globalement les grandes villes flamandes semblent résister au vote VB.

Personnellement je pensais que le Vlaams Belang allait faire un retour en force lors des élections législatives fédérales, régionales/communautaires et européennes de 2019. Toutefois je ne le voyais pas si fort, vers 15% des voix. J’étais persuadé que les démocrates-chrétiens du CD&V allaient rester devant l’extrême droite en Région flamande. Aussi, peut-être à tort, je pensais certes que les nationalistes flamands radicaux obtiendraient, dans la foulée des élections communales et provinciales d’octobre 2018, leurs meilleurs scores dans la vallée de la Dendre, dans l’est de la Province de Flandre-Orientale et en Province d’Anvers. Les ex-blokkers avaient fortement reculé depuis 2006 dans leur ancien fief anversois (ils étaient encore le premier parti de la ville aux élections européennes de 2009), mais je pensais qu’ils allaient comme en octobre 2018 refaire un retour en force dans la périphérie de la ville et en Campine anversoise (Turnhout, Geel, Mol…). Pourtant ce n’est vraiment ce qui s’est passé le 26 mai. Le Vlaams Belang a certes fait un tabac à Ninove et dans la vallée de la Dendre en général (c’est le secteur où il a obtenu ses meilleurs résultats), mais aussi dans d’autres parties de la province et dans l’est du Limbourg. Ce qui m’a étonné sont ses très bons scores dans la partie intérieure et rurale de la Flandre-Occidentale. Cette terre démocrate-chrétienne (Ypres, Roulers et environs) n’est pourtant a priori pas très favorable à l’extrême droite flamande. C’est une région où le CD&V obtient avec le Limbourg ces meilleurs scores. Cette fois-ci c’est le Vlaams Belang qui fait une percée dans la région, alors que ce territoire ne lui était par le passé pas très favorable. Les nationalistes radicaux n’ont jamais vraiment fait de très bons scores dans l’ouest de la Flandre. Dans les années 1990-2000, le parti alors dirigé par Filip Dewinter et Frank Vanhecke obtenait ses meilleurs scores en Province d’Anvers (Anvers-ville, sa périphérie, mais aussi Malines), l’est de la Flandre-Orientale, certaines parties du Limbourg. La Flandre-Occidentale et le Brabant flamand restaient en retrait.

On observe donc que la carte du vote VB a bien changé entre la fin des années 2000 et aujourd’hui. Aux élections régionales et européennes de 2009, l’extrême droite flamande, qui entamait alors son recul électoral (montée de la N-VA, mais aussi à l’époque de la Lijst Dedecker) arrivait encore en tête à Anvers, un canton de la périphérie de la ville et dans les cantons est-flandriens d’Alost et de Ninove. Ce dernier regroupe les communes de Ninove et de Denderleeuw. C’est d’ailleurs le seul canton de toute la Flandre où le Vlaams Belang dépassait encore la barre des 10% des voix aux élections de 2014 (scrutin où le parti s’est totalement effondré). Le VB obtient de nouveau plus de 18% des voix en Flandre, comme lors des élections de 2007. Ces zones de force ont toutefois changé. La Flandre-Occidentale et sa voisine la Flandre-Orientale sont désormais les provinces (au-dessus de 20% des suffrages exprimés) où il est le plus fort, suivies (vers 19%) par le Limbourg. La Province d’Anvers (18%) n’arrive plus qu’en quatrième position. Elle n’est clairement plus le territoire le plus favorable au VB. C’est même là que la N-VA a le mieux (31% des voix) résisté (province de Bart de Wever et de Jan Jambon). Dans la ville d'Anvers le VB fait 14% des voix un score médiocre, près de la moitié de ses résultats des années 2000. les grandes villes flamandes, excepté Alost, Saint-Nicolas ou Ostende, restent comme le Brabant flamand en retrait concernant le score de l’extrême droite.

Pour finir, je voudrais traiter de la Région de Bruxelles-Capitale. Il s’agit d’un cas particulier, même dans l’électorat flamand. Lors des élections communales de 2018, le Vlaams Belang n’avait fait qu’un score très modeste dans l’agglomération, à contre-courant de la Région flamande. Il n’arrive plus, même s’il affiche une équipe bilingue (Dominiek Lootens-Stael, Alain Moyson, Frédéric Erens, Bob de Brabandere, Patrick Sessler…) et mène autant campagne en néerlandais qu’en français. Il n’a obtenu que des faibles scores dans les cinq communes (contre treize pour la N-VA) où il se présentait, perdant même son dernier siège de conseiller communal à Anderlecht. Il a mené la même stratégie (déjà en œuvre dans les années 1990-2000 avec son leader local de l’époque Johan Demol) aux élections de 2019 à Bruxelles. Le Vlaams Belang a réussi à progresser en région bruxelloise par rapport au scrutin de 2014, mais n’a pas fait la même percée qu’en Flandre. Il n’est qu’à 1,5% aux élections fédérales (malgré une tête de liste francophone, le Jettois Alain Moyson et une campagne bilingue, en comparaison le VB faisait 6% dans la région aux élections fédérales de 2003) et 8% aux élections régionales dans le groupe linguistique néerlandais (encore 17% en 2009, premier parti flamand). La carte du vote VB à Bruxelles a aussi changé depuis l’époque Demol. Dans les années 2000, le vote VB était plutôt important dans l’ouest de la région bruxelloise (plus néerlandophone) où il captait aussi une partie, certes minoritaire, du vote francophone. Le Vlaams Blok/Belang obtenait ainsi des bons scores dans des communes populaires comme Anderlecht, Molenbeek-Saint-Jean ou Koekelberg. Aussi au nord-est, il faisait des bons scores (« fief » de Demol, l’ancien commissaire de police bilingue de Schaerbeek) dans une commune comme Schaerbeek, pourtant peu néerlandophone et bastion du FDF. En 2019, le VB fait des scores bien plus faibles en Région de Bruxelles-Capitale. Il fait désormais ses meilleurs scores à Anderlecht et dans les communes les plus néerlandophones comme Evere, Jette ou Berchem-Sainte-Agathe. Il est désormais plutôt faible à Molenbeek et Schaerbeek. Il n’y a pas encore d’analyse en profondeur des élections de 2019 dans la région-capitale, mais tout laisse à penser que le VB n’a pas su récupérer le vote francophone de droite qu’il captait à l’époque de Johan Demol. Il semble désormais être un parti essentiellement néerlandophone. On remarque aussi, contrairement à la Flandre que la N-VA et le VB (plus à l’opposé de l’échiquier politique les écologistes de Groen) ont tout les deux progresser à Bruxelles.
Il serait intéressant de voir à qui le VB a pris des voix aux dernières élections. Uniquement à la N-VA où aussi au CD&V, à l’Open VLD, au SP.A ?

[Républicain67]

Une coalition PS-Ecolo-DéFI-Groen-Open VLD-SP.A dirigera la Région de Bruxelles-Capitale. Le nouveau gouvernement régional bruxellois vient d'être formé. Rudi Vervoort (PS), par ailleurs bourgmestre d'Evere, reste ministre-président.

Voici la composition du gouvernement régional bruxellois:

Ministre-président: Rudi Vervoort (PS). Chargé du Logement et de la Rénovation urbaine; du Développement territorial; de la Sécurité et de la Prévention; du Tourisme, de l’Image de Bruxelles et du biculturel d’intérêt régional (cogéré avec Sven Gatz); du Transports rémunérés de personnes.

Ministres:

- Elke Van den Brandt (Groen): Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière. Numéro 2 du gouvernement.

- Alain Maron (Ecolo): Environnement, Énergie, Climat, Eau, Propreté, Port de Bruxelles, Démocratie participative, Action sociale et Santé.

- Sven Gatz (Open VLD): Finances, Budget, Fonction publique, Promotion du multilinguisme, Tourisme, Image de Bruxelles, Statistique

- Bernard Clerfayt (DéFI): Emploi, Formation professionnelle

Secrétaires d'Etat

- Nawal Ben Hamou (PS): Égalité des chances, Cultes

- Pascal Smet (sp.a-one.brussels): Urbanisme et Patrimoine, Relations extérieures, Affaires européennes, Coopération au développement, Commerce extérieur, SIAMU

- Barbara Trachte (Ecolo):Transition économique, Economie et Recherche

https://www.lavenir.net/cnt/dmf20190718_01358835/accord-de-gouvernement-bruxellois-les-noms-des-ministres-et-secretaires-d-etat-sont-connus

La secrétaire d’État sortante Cécile Jodogne (DéFI) quitte la politique régionale pour remplacer Bernard Clerfayt au maïorat de Schaerbeek. Elle devient donc la bourgmestre faisant fonction de la deuxième commune la plus peuplée de la Région bruxelloise.

https://www.rtbf.be/info/regions/detail_cecile-jodogne-devient-bourgmestre-faisant-fonction-a-schaerbeek?id=10273841

Comme rien n'est simple en Belgique et surtout à Bruxelles, les collèges des trois commissions communautaires (française, flamande et commune) ont également été formé.

Collège de la Commission communautaire française (COCOF, Gouvernement francophone bruxellois):

- Ministre-présidente: Barbara Trachte (Ecolo). Chargée du Budget, de la Fonction publique, et de la Politique familiale
- Ministre de l'Aide aux Personnes handicapées et du transport scolaire : Rudi Vervoort (PS)
- Ministre de la Santé: Alain Maron (Ecolo)
- Ministre des Relations internationales: Bernard Clerfayt (DéFI)
- Ministre de la Cohésion sociale, de l’Enseignement, des Crèches, de la Culture, du Sport et du Tourisme: Nawal Ben Hamou (PS)

Collège de la Commission communautaire flamande (VGC):

- Ministre-présidente: Elke Van den Brandt (Groen). Chargée du Budget, des Finances, du Bien-être, de l’Accueil non scolaire des enfants et de la Politique de la Ville
- Ministre de l’Enseignement, de la Jeunesse, de la Culture et du Sport: Pascal Smet (SP.A)

Collège réuni de la Commission communautaire commune:

Présidé par le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS)
Ministres:
- Ministre de l'Action sociale et de la Santé: Elke Van den Brandt (Groen)
- Ministre de la Santé: Alain Maron (Ecolo)
- Ministre des Pouvoirs Locaux, de l’Informatique régionale, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux, du Bien-Etre Animal, des Allocations familiales: Bernard Clerfayt (DéFI)

Président du Parlement régional bruxellois: Rachid Madrane (PS)
Premier vice-président: Guy Vanhengel (Open VLD)

https://www.lavenir.net/cnt/dmf20190718_01358835/accord-de-gouvernement-bruxellois-les-noms-des-ministres-et-secretaires-d-etat-sont-connus

[myckilem]

Deux petits faits parlementaires bruxellois.

1) Le cdH bruxellois se bat pour obtenir le droit de former un groupe. Il n'a que 6 élus alors qu'il faudrait 7 élus (10 % du groupe linguistique arrondit à l’inférieur) pour former un groupe. Il a refuse l'hypothèse pour l'instant de former un groupe technique avec l'élue Dieranimal.

2) Une députée socialiste, Nadia EL Yousfi, a décidé de siéger comme indépendante. Le groupe socialiste passe a 16 élus à une unité du groupe ECOLO. Il ne faudrait pas grand chose pour qu'il se retrouve à égalité. En plus, le PS Bruxellois va devoir se choisir un nouveau président. C'est une élection tendue entre plusieurs clans.

D'ailleurs, on pourrait se demander si la défection de cette députée ne ferait pas l'affaire du cdH qui se cherche un 7ème député pour former son groupe.

[Républicain67]

Un accord gouvernemental a été trouvé pour la Région wallonne et à la Communauté française (aussi appelée Fédération Wallonie-Bruxelles) entre le PS, le MR et Ecolo. On se dirigerait donc vers des coalitions "arc-en-ciel" dans ses deux entités fédérées.

https://www.lalibre.be/belgique/politique-belge/voici-les-documents-complets-de-l-accord-pour-la-wallonie-et-la-federation-wallonie-bruxelles-5d7670af9978e22ea7d44ced

Côté fédéral, il n'y a toujours pas d'accord, alors qu'on a dépassé hier la date des 100 jours après les élections.

[Républicain67]

Les gouvernements "arc-en-ciel" (PS-MR-Ecolo) ont été formé en Région wallonne et en Communauté française (ou Fédération Wallonie-Bruxelles). Elio Di Rupo (PS), l'ancien premier ministre belge, devient le nouveau ministre-président wallon, alors que Pierre-Yves Jeholet (MR) prend la tête du gouvernement communautaire francophone. Willy Borsus (MR) l'ancien ministre-président wallon, sera numéro du gouvernement d'Elio Di Rupo.

Gouvernement wallon

Ministre-président: Elio Di Rupo (PS)

Vice-président chargé de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'innovation, du Numérique et de l'Aménagement du Territoire et Agriculture: Willy Borsus (MR)

Vice-présidente chargée de l'Emploi, de l'Action sociale, de la Santé et de l'Égalité des Chances: Christie Morreale (PS)

Ministre des Finances, du Budget, des Aéroports et des Infrastructures: Jean-Luc Crucke (MR)

Ministre de l'Environnement, de la Nature, du Bien-être animal et de la Rénovation rurale: Céline Tellier (Ecolo)

Ministre du Logement et des Pouvoirs locaux: Pierre-Yves Dermagne (PS)

Ministre de la Fonction publique, du Tourisme, de la Sécurité routière et du Patrimoine: Valérie De Bue (MR)

Ministre du Climat, des Infrastructures, de l'Énergie et de la Mobilité: Philippe Henry (Ecolo)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gouvernement_Di_Rupo_III


Gouvernement de la Communauté française

Ministre-président: Pierre-Yves Jeholet (MR)

Vice-président chargé du Budget, de la Fonction publique et de l'Égalité des Chances. Exerce la tutelle sur WBE: Frédéric Daerden (PS)

Ministre de la Culture, de la Petite enfance, des Droits des Femmes, de la Santé et des Médias: Bénédicte Linard (Ecolo)

Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Promotion sociale, de la Recherche scientifique, des Hôpitaux universitaires, de l"Aide à la jeunesse, des Maisons de Justice, de Promotion de Bruxelles et de la Jeunesse et Sport: Valérie Glatigny (MR)

Ministre de l'Enseignement obligatoire: Caroline Désir (PS)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gouvernement_Jeholet

[ploumploum]

Les informateurs Didier Reynders et Johan Vande Lanotte ont remis le 7 octobre leur rapport final au Roi où ils suggèrent une coalition comprenant socialistes wallons et nationalistes flamands.
https://www.rtbf.be/info/belgique/detai ... d=10335383

Le lendemain, le Roi a confié à Geert Bourgeois (N-VA/ancien président de la région flamande) et Rudy Demotte (PS/ancien ministre-président de la Communauté française de Belgique) une "mission de préformation"
https://www.rtbf.be/info/belgique/detai ... d=10335744

Le duo doit remettre un rapport début novembre.