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Elections municipales de 1977

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Re: Elections municipales de 1977

Messagede vudeloin » Lun 25 Avr 2011 00:45

Pour en venir à l'essentiel, une liste, non exhaustive, mais relativement complète, des villes de France de quelque importance ayant élu en 1977 une municipalité de gauche.

Nous ferons le tour par les régions administratives...

En Alsace, ce sera vite fait puisque seule la ville de Schiltigheim, ville de brasseurs située dans la banlieue de Strasbourg avait élu une municipalité à direction PS, tandis que la ville de Bischheim, pour sa part, avait élu un maire apparenté communiste.

Pour le reste, les autres grandes villes alsaciennes n'avaient pas failli à leur penchant légitimiste, même si le maire de Mulhouse était un ancien socialiste et ancien candidat à l'élection présidentielle de 1974...

En Aquitaine, la Dordogne penchait déjà fortement à gauche mais sa préfecture, Périgueux, était restée fidèle au RPR Yves Guéna.
Pendant que Bergerac votait à gauche ( le PS Michel Manet ), Sarlat un maire communiste ( Louis Delmon ), de même que nombre de communes moyennes du Périgord.
En Gironde, si Jacques Chaban Delmas avait conservé Bordeaux à la majorité, le PS avait confirmé Mérignac ( avec Michel Sainte Marie ), gardé Talence et conquis Pessac.
Le PCF continuait de gérer la ville de Bègles ( avec Simone Rossignol ), tandis que d'autres villes se positionnaient à gauche : Cenon, Floirac, Lormont, la droite conservant cependant les cités bourgeoises du Bouscat et d'Arcachon et gardant Libourne où son leader s'appelait Robert Boulin.
Les deux villes landaises, Mont de Marsan et Dax, étaient restées l'une à gauche, l'autre à droite.
Dans le Lot et Garonne, Agen avait gardé son maire centriste Paul Chollet tandis que Villeneuve sur Lot avait élu une municipalité étrange, composée de candidats radicaux de gauche réunis par le sénateur Jacques Bordeneuve et des candidats de droite.
Enfin, dans les Pyrénées Atlantiques, Pau était resté favorable au socialiste André Labarrère tandis que la mairie de Bayonne était restée dans les mains de la famille Grenet.

En Auvergne, le PS avait confirmé son influence sur Clermont Ferrand, tandis que la droite avait conservé les mairies du Puy en Velay ou encore de Chamalières et de Vichy, avec Jacques Lacarin.
Par contre, le PCF avait conquis la mairie de Montluçon avec le futur député Pierre Goldberg, le PS la mairie d'Aurillac.
Notons aussi que le PS fit la passe de trois dans les sous préfectures du Puy de Dôme en gérant les mairies de Riom, Thiers et Issoire...

En Bourgogne, si la droite avait conservé Dijon ( avec Robert Poujade ), Beaune ou encore Auxerre, elle avait constaté la prééminence de la gauche dans la Nièvre ( Nevers PS, comme Château Chinon ou Clamecy, Varennes Vauzelles déjà au PCF ), et sa forte progression en Saône et Loire où le PS avait pris les mairies de Chalon sur Saône, du Creusot et de Mâcon, laissant Autun à la droite ( avec le futur sénateur Marcel Lucotte ).
La gauche avait de plus enregistré une progression dans l'agglomération dijonnaise, notamment avec la conquête de la mairie de Chenôve.

En Bretagne, il y a eu, manifestement, un avant et un après 77, signe de profondes mutations dans la vie politique locale.
Cette année là, le PS a en effet confirmé son implantation sur Saint Brieuc ou Lorient, mais a surtout gagné la mairie de Rennes, celle de Fougères, celle de Saint Malo ou encore celle de Brest, seconde ville bretonne...
Le PS gérait aussi les affaires de villes comme Quimperlé, Lannion, Morlaix, tandis que le PCF gérait un certain nombre de communes moyennes : Plérin ou Ploufragan dans les Côtes d'Armor, Concarneau, Douarnenez, le Relecq Kerhuon ou Penmarch dans le Finistère, Lanester et Hennebont dans le Morbihan.

La droite avait gardé Vannes ( Raymond Marcellin ), Dinan ( René Benoît ) ou encore conquis Quimper ( Marc Bécam ) mais sa prédominance s'était sérieusement étiolée.

En région Centre, si le giscardien Douffiagues avait conservé Orléans, le centriste Sudreau Blois, Michel Debré sa mairie d'Amboise et le divers droite Jean Royer celle de Tours, le PCF avait confirmé la mairie de Vierzon avec le docteur Mérigot et conquis celle de Bourges avec Jacques Rimbault qui sera plus tard député.
Si Maurice Papon avait été reconduit maire de Saint Amand Montrond, le PS avait par contre gagné la mairie de Chartres avec Georges Lemoine et celle de Dreux avec Françoise Gaspard.
Dans le même département, le PCF avait gagné la mairie de Chateaudun tandis que la plupart des communes de la banlieue d'Orléans ( Fleury les Aubrais, Saran, Saint Jean De la Ruelle, Saint Jean de Braye ) confirmaient leur ancrage à gauche.
Enfin, Issoudun élisait un maire PS ( André Laignel ) et Déols votait pour un maire PCF ( Marcel Lemoine ).

En Région Champagne Ardennes, la gauche disposait des mairies de Charleville Mézières, Sedan ( direction PS ), Romilly sur Seine, Reims, Châlons sur Marne, Epernay, Saint Dizier ( direction PCF ) tandis que la droite gardait les mairies de Troyes ou encore de Chaumont et Vitry le François.

En région Franche Comté, les positions de la gauche se sont étoffées : Besançon, Montbéliard, Belfort avec des mairies de gauche à direction PS, Audincourt, Béthoncourt, Lons le Saunier avec des mairies communistes.
Autre conquête du PS : la mairie de Dole avec le futur député Jean Pierre Santa Cruz tandis que le MRG faisait sienne la mairie de Pontarlier, jusqu'ici gérée par Edgar Faure.
La suite au prochain numéro...
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Re: Elections municipales de 1977

Messagede Jean-Philippe » Lun 25 Avr 2011 09:13

J'ai relevé une erreur : Fougères n'a basculé à gauche qu'en 1983, en pleine crise de la chaussure, un cas quasi unique en France. La ville a depuis résisté à tous les assauts de la droite.
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Re: Elections municipales de 1977

Messagede vudeloin » Lun 25 Avr 2011 10:29

Autant pour moi, JP, puisque j'avais anticipé la fin de carrière de Michel Cointat, ancien Ministre et longtemps élu de la ville de ce bel écrivain populaire qu'était Louis Guilloux !

Quittons la Bretagne, ceci dit, pour aller exactement à l'autre bout, c'est à dire en Corse, où peu de bouleversements apparurent dans les équipes des principales villes : Bastia confirma son maire MRG Jean Zuccarelli ( le père d'Emile et le fils de ), Ajaccio resta fidèle à la droite bonapartiste, Porto Vecchio étant encore solidement tenu par les Rocca Serra et Sartène avait un maire communiste, Dominique Bucchini, aujourd'hui président de l'Assemblée de Corse.

Reprenons l'ordre des choses ( en tout cas alphabétique ).

Dans le Languedoc Roussillon, le PS fit une conquête importante, avec la victoire de Georges Frêche à la mairie de Montpellier, confirmant par ailleurs sa position sur Carcassonne.
L'un des grands vainqueurs des municipales 1977 fut le PCF, dans cette région,
En effet, outre qu'il confirma ses mairies de Sète ( avec Pierre Arraut ) et Nîmes ( avec Emile Jourdan ), d'Alès ( avec Roger Roucaute ), trois maires qui étaient aussi députés à l'époque, il gagna la mairie de Béziers avec son député Paul Balmigère.
La droite resta, pour sa part, dominante sur Mende et conserva, avec des édiles passés parfois du PS au giscardisme, les mairies de Narbonne et de Perpignan.
Comme un peu partout en France, un certain nombre de petites villes ou de villes moyennes choisirent ou confirmèrent aussi des élus de gauche : Beaucaire, Saint Gilles du Gard, Mèze, Limoux, Lézignan Corbières, Thuir.
A contrario, restaient proches de la majorité des maires comme ceux de Prades ou encore de Castelnaudary.
A noter, pour donner une idée de l'impact municipal de la gauche dans cette région, que la représentation sénatoriale était ainsi constituée : Lozère ( 1 républicain indépendant ), Gard ( 3 socialistes ), Hérault ( 3 socialistes ), Aude ( 2 socialistes ), Pyrénées Orientales ( 1 socialiste, 1 radical de gauche ).

Dans le Limousin, la gauche était confrontée au défi du chiraquisme.
Toutefois, le PS disposait de la mairie de Limoges, de celle de Guéret ou encore de la plupart des mairies de l'agglomération limougeaude ( comme Isle, ville de Robert Laucournet, qui fut sénateur de 1968 à 1995 ) ou de celle d'Aubusson.
Quant au PCF, relativement présent en zone rurale, il gérait comme toujours la ville de Saint Junien et disposait de la mairie de La Souterraine dans la Creuse ou de la sous préfecture de Rochechouart.

Et, surtout, avec Jean Combasteil, il venait de prendre à la droite la mairie de Tulle en Corrèze.

La droite avait cependant gardé Bellac, Ussel ou encore la mairie de Saint Yrieix la Perche avec un ancien SFIO devenu proche de la majorité.

Les relations parfois tendues entre PCF et PS étaient d'ailleurs une réalité dans une région de forte influence de la gauche et se réglaient parfois lors des municipales !
Notamment quand, en Haute Vienne, 90 % des maires étaient de gauche...

Le cas de Brive est assez particulier puisqu'y fut reconduit Jean Charbonnel qui, Salvat me le confirmera sans doute, était alors engagé dans une Fédération des Républicains de Progrès qui rassemblait des élus gaullistes peu ou moins favorables au RPR de Jacques Chirac.

En Lorraine, la droite avait résisté relativement à la pression de la gauche puisque les deux principales villes ( Metz et Nancy ) avaient reconduit leurs équipes proches de la majorité d'alors, quoiqu'avec des orientations plus centristes.
La gauche, pour sa part, avait confirmé Bar le Duc, pris à la droite la mairie de Verdun, celle d'Epinal ( le tout avec une liste à direction PS ) ou encore la mairie de Thionville ( avec le docteur Paul Souffrin, futur sénateur PCF de Moselle ).
Elle perdit par contre la mairie de Saint Dié.
Enfin, le PCF comme le PS emportèrent la plupart des communes du Pays Haut, confirmant la situation politique de cette partie de la Lorraine, avec une présence spécifique du PCF qui dirigeait par exemple les mairies de Longwy ou encore de Moyeuvre Grande.

Examinons maintenant le cas de la région Midi Pyrénées.

Avec une situation bien connue : celle d'une région dont la capitale régionale, Toulouse, resta fidèle à la droite.
Le découpage de la ville en trois secteurs assura une majorité de 2 - 1 à la droite locale, et il faudra que je retrouve le texte fondateur de ce découpage, sans doute assez artificiel, de la ville rose, pour tenter de trouver une explication au succès de la mairie alors dirigée par Pierre Baudis, le père du célèbre journaliste et futur maire à son tour.

Pour le reste, la région n'échappa aucunement à la poussée de la gauche : le PS confirma par exemple ses mairies d'Auch ou de Foix, mais ajouta à la liste trois belles conquêtes avec Albi, Castres et Montauban tandis que le PCF connaissait quelque succès en emportant les mairies de Tarbes ( avec Paul Chastellain ) et de Bagnères de Bigorre.
La droite conserva Rodez mais le MRG lui prit Millau, tout en confirmant Villefranche de Rouergue et Lourdes.
Dans le premier cas, cela se fit avec Robert Fabre, responsable national du Mouvement et dans l'autre cas, avec François Abadie, député et futur Ministre, sénateur et franc maçon, ce qui devait l'aider à s'assurer le soutien des commerçants lourdais plus enclins à voter à droite en d'autres circonstances.

Dans le même ordre d'idées, Cahors avait reconduit son maire radical de gauche, à savoir Maurice Faure.

Enfin, un certain nombre de communes en voie d'urbanisation, notamment du côté de la banlieue toulousaine, affirmèrent leur penchant à gauche, comme Colomiers tandis que la droite conservait ses deux bastions de Muret et Saint Gaudens.

La suite au prochain numéro, parce qu'on arrive dans le Nord et que cela mérite examen...
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Re: Elections municipales de 1977

Messagede vudeloin » Lun 25 Avr 2011 19:24

Pour aborder ce qui se passe dans le Nord Pas de Calais en 1977, il ne faut oublier aucun des paramètres de la situation de base.
Cette région est, à l'époque, l'une des régions les plus attachées à la gauche, notamment depuis 1971 où la droite a perdu quelques unes de ses positions, notamment Calais cédé aux communistes.

Mais cette primauté de la gauche va de pair avec une forte concurrence entre les deux principales forces de gauche, c'est à dire d'une part le Parti Communiste Français et d'autre part, le Parti Socialiste, ex SFIO.
Un certain nombre de maires SFIO de la région étaient d'ailleurs élus sortants en 1977 avec le soutien de municipalités comprenant un certain nombre d'élus centristes, loin de la configuration Union de la gauche qui sera privilégiée, malgré tout, en 1977.

Notons toutefois d'emblée que, dans certaines villes de la région, les équipes SFIO restent menées par des édiles en rupture de ban avec le nouveau PS et choisissant de se faire élire face au Parti Communiste dans des listes proches de celles de 1971.

C'est vrai notamment dans les villes de Douai, Cambrai, Saint Amand les Eaux, Maubeuge, où les sortants socialistes indépendants sont reconduits ou remplacés par des élus de la même majorité municipale que celle qu'ils avaient constituée en 1971.

Pour la droite, dans le Nord, préservation des positions habituelles : Lambersart, La Madeleine, Marcq en Baroeul, Dunkerque, Valenciennes, toutes ces villes reconduisent les élus de droite habituels.

Dans le même département du Nord, Lille confirme son attachement à la gauche en réélisant Pierre Mauroy, tandis que Tourcoing choisit une mairie PS ( Chatiliez ), Roubaix confirme son étiquette PS ( Pierre Prouvost remplace le sénateur Victor Provo ), Armentières également.
Le PS progresse fortement en réalisant notamment le triple W, en remportant les mairies de Wattrelos ( où Alain Faugaret est réélu ), Wattignies ( à ne pas confondre avec le petit village de Wattignies la Victoire ) ou encore Wasquehal, où est élu, alors avec l'étiquette PS, Gérard Vignoble, toujours maire de la ville, mais aujourd'hui avec l'étiquette centriste.
Le PS gagna aussi les mairies de villes comme Hem ( avec Jean Claude Provo ), Croix ( pour un mandat dans cette ville devenue «  la ville de l'ISF et du RMI «  ), mais aussi de Mons en Baroeul, commune champignon poussée à peu de distance de Lille ou de Faches Thumesnil.
Le PS conserva aussi des mairies comme celle de Lomme ( avec le député Arthur Notebart ) et celle de Lys les Lannoy ( avec un autre député, André Desmulliez ).
La plus grosse affaire de l'année 1977 fut cependant la primaire à gauche sur Villeneuve d'Ascq, ville nouvelle en plein développement dans la métropole lilloise, avec une lutte au couteau entre Gérard Caudron, le candidat PS, et Ivan Renar, le candidat présenté par le PCF, futur Sénateur ( il est toujours en fonction ) du Nord et toujours Président de l'Orchestre National de Lille.
Ce fut le candidat socialiste qui l'emporta et est resté depuis maire de la ville universitaire, même s'il a pris quelques distances avec le PS.

Moins présent dans l'agglomération lilloise ( où il n'a toujours eu que peu de communes ), le PCF disposait des maires de Seclin, Lezennes ou encore Comines, mais disposait de fortes positions électives dans les autres arrondissements du département, notamment sur le Douaisis, le Valenciennois ou le Cambrésis.
Ainsi, des villes comme Sin le Noble, Denain, Vieux Condé, Trith Saint Léger, Raismes, Fourmies, Douchy les Mines participaient de cette longue série de communes à direction communiste qui constituaient autant de points d'appui pour l'élection des nombreux députés communistes de cette partie Sud Sud Est du département.
Le PCF avait même gagné la mairie de Hautmont dans l'Avesnois, une ville dont on rappellera qu'elle a aujourd'hui un maire de droite, Joël Wilmotte, élu la première fois en 1989 contre la mairie PCF sortante sous l'étiquette du PS...
Pour ce qui est de la Flandre, elle restait globalement favorable à la droite, Dunkerque ayant un maire CNI (Claude Prouvoyeur), même si Hazebrouck restait au PS, tout comme Gravelines, tandis que le PCF disposait de la mairie de Leffrinckoucke, dans l'agglomération dunkerquoise, et de celle de Cappelle la Grande.

Dans le Pas de Calais, le PCF avait conquis la mairie de Calais en 1971 et la municipalité de Jean Jacques Barthe, devenu député en 1973, fut confirmée.
La diversité de la gauche et ses confrontations directes ont aiguisé les oppositions entre PCF et PS sans toutefois mettre en péril les positions majoritaires de l'opposition d'alors sur les communes du département.
Boulogne est resté une mairie PS, tout comme Arras où Léon Fatous, qui avait pris la suite de Guy Mollet, fut réélu avec une faible majorité ( tout comme en 1983 et en 1989, avant que la droite et le centre ne l'emportent de très peu encore en 1995 ).
Le PS obtint la reconduction de ses maires à Lens ( André Delelis ), Liévin ( Henri Darras ), Bruay la Buissière ( alors appelé Bruay en Artois ) ou encore Hénin Beaumont ( alors appelé Hénin Liétard ).
Il gagna aussi les mairies de Béthune ( avec Jacques Mellick ) ou de Saint Omer ( avec Jean Saint André, dont le fils est devenu maire de Béthune en 2008, notons le ).
Le PCF, outre Calais, disposait de fortes positions dans les villes du bassin minier : Avion, Divion, Harnes, Billy Montigny, Méricourt, Rouvroy, Hersin Coupigny, Carvin, Grenay, pour ne donner quelques exemples, faisaient partie de la longue liste des villes plus ou moins grandes à direction communiste ( et souvent sur des listes constituées uniquement de candidats communistes ou apparentés, élues face à des listes PS ).
Il gagna la mairie d'Auchel sur le PS, avec le jeune élu Jean Luc Bécart qui deviendra Sénateur quelques années plus tard.
Indiquons aussi que certaines villes de la Côte sont alors passées ou ont confirmé leur position à gauche : Berck sur Mer, Wimille, Wimereux, Arques, Le Portel...
En fait, le millésime 1977 est probablement celui qui a marqué, pour la gauche, les positions les plus fortes pour le PCF comme pour le PS, sans doute comme jamais dans ces deux départements où la droite se trouva confinée à ses positions disons naturelles ( les banlieues huppées de Lille ou encore Le Touquet )...

Nous traiterons plus rapidement les cinq départements normands, d'autant que les centristes avaient gardé Rouen, les giscardiens la mairie de Caen, tandis que le PCF gagnait, en Haute Normandie, les mairies de Vernon, Evreux mais aussi confirmait sa position au Havre.
Le PS emportait la mairie d'Alençon à la droite et confirmait Cherbourg et la plupart des villes dortoirs construites autour de Cherbourg.
Autres surprises de 1977 : le PS gagna les mairies de Granville et de Saint Lô dans la Manche, tandis que Caen comme Rouen se trouvaient entourées d'une véritable banlieue rouge.
Ainsi sur Caen, les communes de Fleury sur Orne, Giberville, Mondeville ou encore Hérouville votaient à gauche, tout comme Grand Quevilly, Petit Quevilly, Grand Couronne, Petit Couronne, Saint Etienne du Rouvray, Oissel, Darnétal, Maromme dans la banlieue de Rouen.
Et en l'espèce, plutôt sur la rive gauche, la rive droite restant globalement attachée à la droite.
Exception notable : la cité cheminote de Sotteville les Rouen restait proche de la droite, avec un maire, Roland Tafforeau, passé du PSU à la SFIO et, en 1977, soutenu par l'UDF.
A noter aussi que le PCF disposait de la mairie de Dieppe, et qu'il a confirmé sa présence dans l'Eure avec la mairie de Gisors, tandis que la ville de Louviers, marquée par le passage de Pierre Mendès France, élisait une équipe municipale proche du PSU.

La suite au prochain numéro...
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Re: Elections municipales de 1977

Messagede Jean-Philippe » Lun 25 Avr 2011 19:54

Sur Leffrinckoucke, j'ai vu sur Wikipédia qu'il y avait le même maire de 1965 à 1989. Ce dernier, Alphonse Le Floch, d'après http://france-plus.blogspot.com/ aurait appelé à voter le Pen en 1988. Je voudrais savoir s'il est passé de communiste à FN ou s'il y a une erreur quelque part.

vudeloin a écrit:En fait, le millésime 1977 est probablement celui qui a marqué, pour la gauche, les positions les plus fortes pour le PCF comme pour le PS, sans doute comme jamais dans ces deux départements où la droite se trouva confinée à ses positions disons naturelles ( les banlieues huppées de Lille ou encore Le Touquet )...


Je pense que le PC n'a jamais été aussi fort qu'après les municipales de 1945. Pour le PS, je pense que tu as raison, 1977 est un meilleur cru dans cette région que 2008, mais d'assez peu.
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Re: Elections municipales de 1977

Messagede vudeloin » Lun 25 Avr 2011 20:24

1945, on pourra faire un sujet, ne serait ce que parce que Marseille a eu un maire communiste à cette époque ( Jean Cristofol, pour mémoire ) mais 1977 est tout de même assez particulier dans le sens où la poussée de gauche se fait de toutes manières sentir dans toutes les régions du pays, sans en oublier vraiment une...
C'est en cela que la cuvée 1977 est sans doute originale, au fond...
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Re: Elections municipales de 1977

Messagede vudeloin » Mar 26 Avr 2011 22:07

Allez savoir où j'ai vu Leffrinckoucke à gauche, et notamment communiste, mais le fait est qu'Alphonse le Floch n'était nullement membre du PCF mais un tranquille élu de droite, pendant 24 ans au total...
Ce qui explique bien des choses...
la dite commune n'a eu de maire de gauche que depuis 2001 avec l'élection de M. Weisbecker, proche de Europe Ecologie Les Verts.
PS pour le coup, alors que ce secteur du Nord est devenu nettement marqué à gauche depuis, la commune de Saint Pol sur Mer a eu un maire communiste, reconduit en 1977, qui a ensuite quitté le PCF pour le PS...
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Re: Elections municipales de 1977

Messagede Jean-Philippe » Mar 26 Avr 2011 22:51

Le maire de Saint-Pol était déjà PS en 1976, date à laquette il est réélu aux cantonales. En 1964, il a été battu comme membre du PC. Je ne sais pas de quand date son départ du PC, ni son passage au PS.
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Re: Elections municipales de 1977

Messagede vudeloin » Mer 27 Avr 2011 00:18

Passons à la lettre P avec la région des Pays de Loire, l'une de celles où la poussée de gauche a été particulièrement spectaculaire en 1977.

En effet, dans cette région de forte tradition démocrate chrétienne et conservatrice ( après avoir été assez nettement monarchiste au début de la IIIe République ), surprise : les cinq préfectures se sont retrouvées avec une équipe de gauche.
Laval, en Mayenne, avec un maire PS ( André Pinçon ), Angers, Maine et Loire, avec un autre maire PS, Jean Monnier qui aura quelques difficultés ensuite dans ses relations avec les autres forces de gauche ( notamment le PCF ) ; La Roche sur Yon, ville préfecture de Vendée, créée par Napoléon Ier, avec Jacques Auxiette, ancien membre du PSU devenu PS et qui est aujourd'hui encore le Président de la Région Pays de Loire ; Nantes, avec Alain Chenard, victorieux du sénateur de droite Michel Chauty et enfin Le Mans, passée de la droite au PCF, avec l'élection du cheminot Robert Jarry.
Dans le dernier cas, Robert Jarry fera plusieurs mandats à la tête de la ville, qui est toujours à gauche aujourd'hui et connaîtra des désaccords avec la direction du PCF qui le feront quitter le Parti avant la fin de son mandat local.
Notons d'ailleurs qu'en 1978, Daniel Boulay, l'un des adjoints PCF de Robert Jarry, deviendra député de la Sarthe.

Ces succès de la gauche dans les Préfectures de la Région allèrent de pair avec un certain nombre de victoires dans d'autres localités, conduisant en fait la droite à une défaite sans appel dans une de ses places fortes.

Le PS confirma notamment sa présence à Mayenne, tandis que le PCF gardait sa mairie de Trélazé ( Maine et Loire ), le PS gagna la mairie d'Avrillé ( aujourd'hui celle de Marc Laffineur, l'un des députés UMP les plus actifs ).
En Vendée, la ville épiscopale de Luçon confirma son maire MRG, Jean de Mouzon tandis que Fontenay le Comte restait acquis aux centristes avec André Forens, alors député et que Les Sables d'Olonne restaient fidèles au RPR, avec Albert Prouteau, ancien adjoint de Pierre Mauger, député.

Mais les pertes les plus nettes de la droite se produisirent d'abord dans la Sarthe où le PCF, outre Le Mans, s'assurera aussi Allonnes, Champagné et Lavaré, tandis que le PS gagne entre autres la mairie d'Arnage.
Au demeurant, dans l'accord conclu entre le PCF et le PS pour les municipales de la Sarthe, Robert Jarry devenait maire du Mans et le chef de file des socialistes manceaux prenait la présidence de la communauté urbaine.

En Loire Atlantique, les succès de la gauche furent aussi spectaculaires avec la confirmation du PS à Saint Nazaire, du PCF sur Trignac, mais surtout les victoires de Saint Herblain ( avec Jean Marc Ayrault dans son premier mandat local ), Rezé ou encore Bouguenais ( avec l'actuel sénateur PG François Autain, alors PS, après avoir commencé sa carrière politique au PSU ), Orvault, Saint Sébastien sur Loire.
Le PCF, pour sa part, confirma sa présence en gérant les communes de Saint Joachim, Montoir de Bretagne ou encore celle de Batz sur Mer.

Le processus de «  tache d'huile «  qui va finir par faire perdre à la droite le contrôle du département est donc clairement mis en route à l'issue de ces municipales de 1977.

En Région Picardie, la gauche disposait a priori de positions plus fortes qu'en pays de Loire.
En 1973, ainsi, le PCF avait obtenu un député dans la Somme ( le maire communiste d'Amiens René Lamps ) et quatre des cinq députés de l'Aisne étaient de gauche ( Daniel Le Meur et Roland Renard pour le PCF, Robert Aumont et Maurice Brugnon pour le PS ).

Aux municipales de 1977, la Somme vote nettement à gauche et le PCF, outre ses victoires confirmées sur Amiens ou le fief cheminot de Longueau, va aussi emporter les mairies de Péronne, Ham ou encore Albert.
Si l'ancien socialiste, rallié à la droite, Max Lejeune, maintient sa position à Abbeville et si le sénateur Mossion l'emporte sur Doullens, des villes comme Ault, Mers les Bains ou encore Roye choisissent la gauche.
En 1979, aux cantonales, le département sera d'ailleurs marqué par une égalité de sièges entre gauche et droite, Max Lejeune restant Président du Conseil général, au bénéfice de l'âge...

Dans l'Oise, la gauche s'implante plus encore et gagne notamment les mairies de Beauvais, tout en confirmant Creil au PS, Chambly et Montataire au PCF, tandis que des villes comme Saint Just en Chaussée, Saint Leu d'Esserent, Méru, Ribecourt, Mouy, choisissent également la gauche.
La droite se retrouve confinée dans ses bastions ' naturels «  : Chantilly, Senlis, Compiègne ou encore Gouvieux ou Lamorlaye, toutes communes bourgeoises et parfois marquées par la présence de l'armée, acquises de longue date aux partis conservateurs.
Elle préserve aussi Nogent sur Oise, cité résidentielle et populaire qu'elle conservera d'ailleurs jusqu'en 2008.

Dans l'Aisne, la poussée de gauche est également forte : Laon reste acquis au PS, mais Saint Quentin et Hirson choisissent des maires communistes, Vervins confirme son ancrage au PS, Soissons passe de droite à gauche, Tergnier vote dans problème pour une équipe d'Union de la gauche, tout comme Bohain en Vermandois qui vote pour une mairie à direction PCF.
La droite, placée en recul, se retrouve confinée dans ses bastions de Château Thierry, où elle est menée par André Rossi, qui fut ministre radical valoisien et député, Villers Cotterêts avec Charles Baur ou encore Chauny avec Marcel Lalonde.

Passons à la Région Poitou Charentes, où la gauche partait également de positions relativement limitées et où elle connut, en 1977, une première percée assez significative.
Les positions antérieures de la gauche sont réduites à Niort, qui a un maire socialiste, René Gaillard, élu notamment par les nombreux salariés du secteur mutualiste présents dans le chef lieu des Deux Sèvres et à l'agglomération rochelaise, où les radicaux de gauche disposent de positions anciennes, avec Michel Crépeau dont nous avons vu qu'il sera candidat à la présidentielle de 1981 avant d'être Ministre de François Mitterrand.
Michel Crépeau devint d'ailleurs, après le départ de Robert Fabre et son «  retournement de veste «  en faveur du giscardisme qui fera de lui le Médiateur de la République numéro 2, le principal responsable du MRG.

La poussée de la gauche en Poitou Charentes est spectaculaire puisque les quatre préfectures élisent un maire de gauche : La Rochelle au MRG, Niort, Poitiers et Angoulême au PS.
Niort reconduira donc René Gaillard, tandis que Poitiers élira Jacques Santrot, qui fera un long mandat à la tête de la cité poitevine et Angoulême élira Jean Michel Boucheron, un jeune enseignant d'histoire géographie à qui la fonction tournera quelque peu la tête...
Les frasques de Jean Michel Boucheron ( achat de voitures de luxe, notamment ) nuiront à l'image du PS sur Angoulême et ramèneront d'ailleurs la droite à la mairie avec l'ancien Ministre Georges Chavanes.

Mais la poussée de gauche affectera d'autres villes : le PS reprendra à la droite la mairie de Saintes, perdue en 1971, tandis que le PCF se retrouvera à la mairie d'Aytré, située dans l'agglomération rochelaise.
En Charente, outre le succès de la gauche sur Angoulême, d'autres villes de l'agglomération angoumoise sont à gauche comme Le Gond Pontouvre, Ruelle ou encore La Couronne, tandis qu'une bonne part des villages du Confolentais vote en faveur du PCF.

Dans les Deux Sèvres, Parthenay passe au PS tandis que le PCF gagne notamment la mairie de Chauvigny dans la Vienne.

Sans doute un étrange souvenir pour Jean Marie Bouloux, réélu sur Montmorillon ou René Monory, reconduit maire de Loudun...

Je vous garde pour la fin, donc le meilleur, les régions Provence, Rhône Alpes et surtout l'Ile de France qui fera l'objet d'un traitement spécial.
Vous ne me tiendrez pas rigueur, je pense, de cette forme de francilio centrisme...
vudeloin
 
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Re: Elections municipales de 1977

Messagede vudeloin » Mer 27 Avr 2011 17:08

En Région Provence Alpes Côte d’Azur, les positions de la gauche étaient réelles mais la droite ne manquait déjà pas de quelques moyens.

Ainsi, Nice, Toulon et Gap, villes clé de l’un des départements de la Région, avaient une mairie de droite, en général d’ailleurs plutôt giscardienne, les positions du RPR étant moins présentes en Provence que dans d’autres régions.

Le cas de Nice mérite un intérêt particulier puisque la ville avait été découpée en trois secteurs, trois secteurs où l’on avait inscrit sur les listes électorales un certain nombre d’électeurs venus de l’étranger pour faire éventuellement l’appoint pour les listes conduites par Jacques Médecin.

Sans avoir dans le moindre secteur de majorité nette et claire, la droite conserva la mairie de Nice.

Le PS gardait Marseille avec le système Defferre, mais dans une nouvelle configuration puisque les listes Defferre ne comprenaient plus d’élus centristes comme cela avait encore été le cas en 1971.

Le PCF emportait un seul des six secteurs, en l’espèce celui constitué autour des 15e et 16e arrondissements municipaux.

Le cacique socialiste Edouard Soldani conservait sa mairie de Draguignan, de même que Félix Ciccolini sa mairie d’Aix en Provence.

Cependant, ainsi que d’aucuns l’ont dit, l’élection de 1977 allait être annulée, permettant l’élection d’Alain Joissains à la tête de la mairie aixoise.

Dans le style notable socialiste, notons aussi le succès d’Henri Dufaut sur Avignon.

Pour les autres villes, quelques surprises d’abord.
Ainsi, Cannes avait pour maire Bernard Cornut Gentille, dont on retrouve le nom parmi les signataires du texte de la Constitution du 4 octobre 1958, mais qui rompit avec le gaullisme et se rapprocha peu à peu de la gauche, au point d’avoir le soutien du Parti socialiste en 1973 lors des élections législatives où il fut élu député non inscrit des Alpes Maritimes.
Il fut réélu en 1977 mais abandonna son mandat l’année suivante.

Antibes, pour sa part, avait toujours comme maire le radical valoisien Pierre Merli, tandis que Cagnes sur Mer restait fidèle à la famille Sauvaigo et Menton au RPR Emmanuel Aubert.

Toutefois, dans les Alpes Maritimes, la présence de la gauche était forte : le PCF gérait ainsi les mairies de Beausoleil, Breil sur Roya, La Trinité, Gattières, Contes, Cap d’Ail, Drap, Lucéram, La Roquette sur Var ou encore Saorge, communes parfois situées près de la Côte ou plus dans la montagne…

Enfin, si le PCF perdit la maire de Vallauris, il gagna celle de Grasse, avec l’élection de Georges Vassalo au détriment du giscardien Hervé de Fontmichel.

Le PS, plus faible dans le département, continuait de gérer la mairie de Carros.

Dans le Var, le PCF disposait aussi des mairies de Barjols et de Brignoles, et surtout de sa position historique de La Seyne Sur Mer, le chantier naval de Toulon.
Sans oublier la ville de Cuers ou la commune de Tourves.

Le PS, s’il perdit au profit de François Léotard la mairie de Fréjus, gagna celle de Hyères, tandis que le RPR conservait Saint Raphaël.

Il était également à la tête de mairies comme Le Revest des Eaux, Le Luc, Les Arcs ou encore Ollioules.
Le PS présidait d’ailleurs encore le conseil général du Var avec Edouard Soldani.

Dans les Bouches du Rhône, outre Marseille et Aix, Salon de Provence restait fidèle au sénateur centriste Jean Francou, Marignane au DVD Laurens Deleuil, mais les autres villes étaient plus orientées à gauche.

Le PCF disposait ainsi des mairies d’Arles ( Jacques Perrot ), Port Saint Louis du Rhône ( avec le député Vincent Porelli ), Aubagne ( avec le député Edmond Garcin ), Martigues, Port de Bouc ( avec le député René Rieubon ), Roquevaire ( avec le sénateur Léon David), Auriol, Saint Mitre les Remparts, Berre l’Etang, La Bouilladisse, Le Rove, Gardanne, Mimet, Gréasque, Cuges les Pins, Gignac la Nerthe, Miramas, Noves, La Penne sur Huveaune, Roquefort la Bédoule, ou encore Septêmes les Vallons et Vitrolles.
Le PCF prit aussi la mairie de la Ciotat au sortant socialiste qui avait refusé de constituer une liste d’union de la gauche.

Le PS n’était pas sans influence puisqu’il avait les mairies de Tarascon, celle des Saintes Maries de la Mer, la mairie d’Istres, celle de Saint Martin de Crau, mais encore Sausset les Pins, Allauch, Les Pennes Mirabeau, Rognac, Rognes, Châteauneuf les Martigues, Simiane Collongue, Le Puy Sainte Réparade ( avec le sénateur président du CG Louis Philibert ), Peynier, Pélissanne entre autres collectivités à direction socialiste ou socialisante.
Dans le Vaucluse, si Avignon avait un maire socialiste et Carpentras un maire giscardien ( Maurice Charretier, qui fut un temps Ministre de VGE ), Sorgues, Bédarrides ou encore Bollène avaient un maire PCF, tout comme Orange.
Apt avait un maire PS.

Enfin, dans les deux départements alpins, la gauche fit un peu les choses à l’envers, en laissant au RPR la mairie de Digne, en confirmant la mairie PS de Château Arnoux ( avec José Escanez ! ), en apportant au MRG la mairie de Manosque, en gardant la mairie PCF de Sainte Tulle et en conservant les mairies de Sisteron et Forcalquier.

Les Hautes Alpes, pour Gap et Briançon, restaient plutôt orientées à droite.

En Région Rhône Alpes, la gauche ne parvint pas à gagner les mairies de Lyon ( où seuls, les 8e et 9e arrondissements votèrent à gauche ), ni celle d’Annecy.

Mais elle confirma ses positions à Grenoble ( maire PS ), Echirolles, Saint Martin d’Hères et Fontaine ( mairies PCF ), Firminy ( mairie PCF ), Vénissieux et Vaulx en Velin ( mairies PCF ), ajouta Bourg en Bresse ( mairie PS ), Bellegarde sur Valserine ( mairie PCF ), Chambéry ( mairie PS ), Valence, Romans, Montélimar ( mairies PS ), Annonay ( prise à la droite par le PS ), Vienne ( confirmation de Louis Mermaz, PS ), Saint Chamond, Saint Priest ( villes prises par le PS sur la droite ), Roanne ( même cas de figure ), Saint Etienne ( ville passée du ministre radical valoisien Durafour au militant PCF Sanguedolce ).
Le PS confirma aussi les mairies de Bron, Saint Fons, Oullins, Meyzieu ou Décines Charpieu, tandis que le PCF confirmait Givors, Grigny ou encore Pierre Bénite.

Enfin si le docteur Dugoujon assurait aux centristes la mairie de Caluire et Cuire, le PS s’assura la mairie de Villefranche sur Saône et Charles Hernu devint maire de Villeurbanne à la faveur d’une primaire face au PCF.

La gauche disposait par ailleurs de positions dans le Beaujolais où quelques villages viticoles votaient encore à gauche, et d’une certaine influence sur la vallée de la Maurienne, la combe de Savoie ou la vallée de l’Ondaine ( La Ricamarie, Le Chambon Feugerolles , Rive de Gier ).

Pour la région Ile de France, le mieux, dans un premier temps, est de regarder quelle était la situation dans les départements de la Région, quasiment commune par commune.

En Seine Saint Denis, le PCF a obtenu en 1977 27 municipalités sur 40 : Aubervilliers ( André Karman ), Aulnay sous Bois ( Robert Ballanger puis Pierre Thomas ), Bagnolet ( La députée Jacqueline Chonavel ), Bobigny ( le Président du conseil général Georges Valbon ), Drancy ( le député Maurice Nilès ), l’Ile Saint Denis, Pierrefitte sur Seine, Saint Ouen ( le sénateur Fernand Lefort puis Paulette Fost ), Villetaneuse, Saint Denis ( le député Marcelin Berthelot ), Montreuil sous Bois, Montfermeil, Clichy sous Bois, Noisy le Sec ( le député Roger Gouhier ), Romainville, Pantin, Stains, Tremblay en France ( Georges Prudhomme ), Le Blanc Mesnil ( Robert Fregossy ), Rosny sous Bois, Dugny ou La Courneuve ( le sénateur James Marson ), soit autant de confirmations de la situation antérieure.
Mais aussi Gagny, Villepinte, Neuilly Plaisance ( avec le conseiller général Président de l’Office HLM André Macé ), Noisy le Grand ( avec la sénatrice puis députée Marie Thérèse Goutmann, qui sera la première femme présidente de groupe parlementaire, le groupe communiste du Sénat et obtiendra à ce titre le droit pour les femmes d’y siéger en pantalon ! ) gagnés sur la droite et Sevran acquis sur un socialiste qui avait refusé une liste d’union dès le premier tour.

Le PS disposait de sept municipalités dans le département : Epinay sur Seine ( avec Gilbert Bonnemaison ), Le Pré Saint Gervais ( où l’on trouvait Marcel Debarge ), les deux cités historiques du PS Livry Gargan ( Alfred Marie Vincent ) et Bondy ( Maurice Coutrot ), Neuilly sur Marne ( Jacques Mahéas ), Villemomble ( arrachée d’une voix au scrutin de panachage par Jean Paul Maîtrias à l’ex député RPR Robert Calméjane ) et Les Pavillons sous Bois.

La droite était réduite à sa plus simple expression, ne conservant que les petites communes de Gournay sur Marne, Coubron, Vaujours, Le Bourget, Le Raincy et les Lilas…

Cette situation privera d’ailleurs la droite de toute représentation au Sénat lors des élections de septembre 1977 suivant directement les municipales.

Dans le Val de Marne, la poussée de gauche fut également assez conséquente, même si les villes en bascule furent moins nombreuses.

Le PCF confirma son audience sur Villejuif, Choisy le Roi ( avec le député maire Fernand Dupuy ), Champigny sur Marne ( avec Jean Louis Bargero, qui sera longtemps le responsable de l’association des élus communistes ), Arcueil ( Marcel Trigon, proche de Georges Marchais mais qui quittera le PCF dans les années 90 ), Gentilly ( avec la sénatrice Hélène Edeline puis Carmen Leroux ), Ivry sur Seine ( Jacques Laloe ), Vitry sur Seine ( avec le sénateur Marcel Rosette, suivi de Paul Mercieca, qui sera un temps député ), Orly ( avec Gaston Viens, premier président du CG 94 en 1967, qui quitta le parti dans les années 90 et influence toujours la vie politique locale ), Villeneuve le Roi ( avec le député Maxime Kalinsky ), Valenton, Bonneuil sur Marne, Fontenay sous Bois ( avec Louis Bayeurte ).

Il emporta par ailleurs les communes de Chevilly Larue ( avec la victoire surprise de Guy Pettenati, qui deviendra conseiller général en 1979 ), de Joinville le Pont ( avec la victoire de Guy Gibout, dont on dit que Georges Marchais aurait fait son Ministre de l’Intérieur s’il avait été élu Président de la République ), de Limeil Brévannes ( grâce au docteur Berjal ), de La Queue en Brie ( avec Claude Roméo ) et, enfin, de Villeneuve Saint Georges où le sénateur Roger Gaudon battit le sortant Marius Faïsse, ex SFIO passé à droite.

Mais le PCF, malgré la candidature de Michel Germa, président du Conseil général depuis 1976, échoua dans la primaire l’opposant au PS à Créteil, finalement acquise par le candidat socialiste Laurent Cathala, qui est toujours maire depuis…

Le PS ne fut cependant pas en reste dans la poussée de gauche sur le département puisqu’il confirma son implantation à Fresnes ( Gabriel Bourdin ), à Cachan ( avec le sénateur Jacques Carat ), à L’Haÿ les Roses ( avec le futur député Pierre Tabanou ), à Alfortville ( avec le député et futur Ministre Joseph Franceschi ), prit la mairie de Boissy Saint Léger ( avec Roger Guillemard, cette commune étant l’une des rares communes du département à pouvoir ainsi changer de couleur assez régulièrement ), et garda à la fois Noiseau et Villiers sur Marne, soit un ensemble de 8 communes venant s’ajouter aux 17 municipalités communistes d’alors.

La droite gardait donc la main sur 22 communes.

Certaines bourgeoises comme Saint Mandé, Saint Maurice, Vincennes, Charenton le Pont, Nogent sur Marne ( avec Roland Nungesser ), Le Perreux sur Marne ( avec Michel Giraud, futur Ministre et président du Conseil régional ), d’autres quasi encore rurales ( comme les petites communes du « plateau de Brie « telles Périgny, Santeny, Mandres les Roses, Marolles en Brie et Villecresnes ).

Mais la droite et le centre avaient aussi gardé des communes résidentielles : Ormesson sur Marne, Bry sur Marne, Ablon sur Seine ( ville d’élection du Président du Sénat d’alors, Alain Poher ), Chennevières sur Marne, Le Plessis Trévise, Rungis.

Et la gauche n’avait pas pu entamer les positions de la droite sur Maisons Alfort ( ville de René Nectoux, candidat malheureux des législatives de 1973 contre le socialiste Joseph Franceschi ), Saint Maur des Fossés, où le « gaulliste de gauche « Gilbert Noël fut remplacé par Jean Louis Beaumont, Thiais ( qui faisait partie des villes pourtant ciblées par la direction du PCF 94 ), Sucy en Brie, et le socialiste dissident, le docteur Antoine Lacroix, avait été réélu maire du Kremlin Bicêtre.

Comme d’autres élus en France et en Région Ile de France aussi, le docteur Lacroix faisait partie de ces édiles socialistes SFIO très anciennement élus ( dans son cas depuis 1947 ) qui avaient quitté le PS au moment de la signature du Programme commun.

Dans les Hauts de Seine, où la droite disposait a priori de positions plus fortes, surtout depuis le départ d’un certain nombre des élus socialistes SFIO vers le centre à compter de 1972, la poussée de gauche ne fut cependant pas secondaire, là encore.

Le PCF en fut assez largement bénéficiaire puisqu’au terme des élections de 1977, il gérait les communes de Gennevilliers ( Lucien Lanternier ), Nanterre ( Yves Saudmont ), Colombes ( Dominique Frelaut ), Levallois Perret ( Parfait Jans ), Malakoff ( avec l’ancien député Léo Figuères ), Bagneux ( Henri Ravera ), Châtillon sous Bagneux ( Jacques Le Dauphin ), Antony ( prise à un ancien maire proche du PS par le sénateur André Aubry ), Le Plessis Robinson ( avec Robert Gelly ) et la ville de Sèvres ( Roger Fajnzylberg, qui a quitté le PCF dans les années 80 et qui, si je ne m’abuse, est aujourd’hui engagé avec Eric Besson au sein des Progressistes où il côtoie Véronique Bensaïd, ancienne attachée parlementaire de Dominique Strauss Kahn ).

Le PCF connut cependant trois échecs significatifs lors de ces municipales 1977 : l’un sur la commune populaire de Villeneuve la Garenne où continua de jouer la méthode « rad soc « du maire de droite Roger Prévot, le second sur la commune de Clichy La Garenne où le sénateur communiste Guy Schmaus perdit la primaire face au PS et le troisième sur la ville d’Issy les Moulineaux où le député du secteur, le populaire Guy Ducoloné, ne put prendre la mairie au docteur Menand, qui fit place en 1980 à André Santini.

Le PS, moins influent dans ce département alors, se contenta de la mairie de Suresnes ( avec l’un des amis de François Mitterrand, Robert Pontillon ), de celle de Châtenay Malabry et donc, de celle de Clichy.

La droite, pour sa part, réussit à préserver ses positions dans 23 des 36 communes du département.
Bien entendu dans les communes les plus bourgeoises : Marnes la Coquette, Saint Cloud, Neuilly sur Seine ( où il y eut une primaire entre Achille Peretti et Florence d’Harcourt ), Ville d’Avray ou encore Sceaux.

Mais aussi là où la droite disposait d’édiles solidement implantés : Boulogne Billancourt avec le gaulliste Georges Gorse, Meudon avec Gilbert Gauer, Asnières sur Seine avec Michel Maurice – Bokanowski, Puteaux avec Charles Ceccaldi Raynaud, Clamart avec Jean Fonteneau, Montrouge avec Henri Ginoux ou encore Rueil Malmaison avec Jacques Baumel.

Sans oublier le Courbevoie de Charles Deprez.

Sur ces trois départements de la petite couronne, et, de fait, pour les communes faisant partie de l’ancien département de la Seine, 1977 a pu apparaître comme l’année où fut pratiquement reconstituée la « ceinture rouge « de Paris dont on avait pu évoquer l’existence avant guerre et dans les équipes municipales issues de la Libération du pays.

Cette vision est toutefois légèrement inexacte car la structure des équipes municipales de la Seine au terme des municipales de 1935 s’avère, à bien y regarder plus favorable encore à la gauche qu’elle ne le fut en 1977.

Lors des municipales de Front Populaire, la droite fut quasiment réduite, dans la Seine, à deux points forts situés l’un et l’autre à chaque bout de la capitale : à l’Ouest, Neuilly et à l’Est, Vincennes et Saint Mandé.

En 1935, Puteaux, Asnières, Courbevoie ou Boulogne Billancourt ont des maires de gauche ou de sensibilité de gauche.

Ce qui ne retire rien au fait que la gauche, depuis 1947 et a fortiori depuis 1971, n’a jamais été aussi forte en petite couronne qu’en 1977.

Pour les départements de la grande couronne, nous verrons ce qu’il en fut à l’époque de ce qui doit bien constituer l’une des meilleures années, pour la gauche, aux municipales en Ile de France.

Et une performance encore meilleure que celles du passé.
vudeloin
 
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