de vudeloin » Mer 27 Avr 2011 17:08
En Région Provence Alpes Côte d’Azur, les positions de la gauche étaient réelles mais la droite ne manquait déjà pas de quelques moyens.
Ainsi, Nice, Toulon et Gap, villes clé de l’un des départements de la Région, avaient une mairie de droite, en général d’ailleurs plutôt giscardienne, les positions du RPR étant moins présentes en Provence que dans d’autres régions.
Le cas de Nice mérite un intérêt particulier puisque la ville avait été découpée en trois secteurs, trois secteurs où l’on avait inscrit sur les listes électorales un certain nombre d’électeurs venus de l’étranger pour faire éventuellement l’appoint pour les listes conduites par Jacques Médecin.
Sans avoir dans le moindre secteur de majorité nette et claire, la droite conserva la mairie de Nice.
Le PS gardait Marseille avec le système Defferre, mais dans une nouvelle configuration puisque les listes Defferre ne comprenaient plus d’élus centristes comme cela avait encore été le cas en 1971.
Le PCF emportait un seul des six secteurs, en l’espèce celui constitué autour des 15e et 16e arrondissements municipaux.
Le cacique socialiste Edouard Soldani conservait sa mairie de Draguignan, de même que Félix Ciccolini sa mairie d’Aix en Provence.
Cependant, ainsi que d’aucuns l’ont dit, l’élection de 1977 allait être annulée, permettant l’élection d’Alain Joissains à la tête de la mairie aixoise.
Dans le style notable socialiste, notons aussi le succès d’Henri Dufaut sur Avignon.
Pour les autres villes, quelques surprises d’abord.
Ainsi, Cannes avait pour maire Bernard Cornut Gentille, dont on retrouve le nom parmi les signataires du texte de la Constitution du 4 octobre 1958, mais qui rompit avec le gaullisme et se rapprocha peu à peu de la gauche, au point d’avoir le soutien du Parti socialiste en 1973 lors des élections législatives où il fut élu député non inscrit des Alpes Maritimes.
Il fut réélu en 1977 mais abandonna son mandat l’année suivante.
Antibes, pour sa part, avait toujours comme maire le radical valoisien Pierre Merli, tandis que Cagnes sur Mer restait fidèle à la famille Sauvaigo et Menton au RPR Emmanuel Aubert.
Toutefois, dans les Alpes Maritimes, la présence de la gauche était forte : le PCF gérait ainsi les mairies de Beausoleil, Breil sur Roya, La Trinité, Gattières, Contes, Cap d’Ail, Drap, Lucéram, La Roquette sur Var ou encore Saorge, communes parfois situées près de la Côte ou plus dans la montagne…
Enfin, si le PCF perdit la maire de Vallauris, il gagna celle de Grasse, avec l’élection de Georges Vassalo au détriment du giscardien Hervé de Fontmichel.
Le PS, plus faible dans le département, continuait de gérer la mairie de Carros.
Dans le Var, le PCF disposait aussi des mairies de Barjols et de Brignoles, et surtout de sa position historique de La Seyne Sur Mer, le chantier naval de Toulon.
Sans oublier la ville de Cuers ou la commune de Tourves.
Le PS, s’il perdit au profit de François Léotard la mairie de Fréjus, gagna celle de Hyères, tandis que le RPR conservait Saint Raphaël.
Il était également à la tête de mairies comme Le Revest des Eaux, Le Luc, Les Arcs ou encore Ollioules.
Le PS présidait d’ailleurs encore le conseil général du Var avec Edouard Soldani.
Dans les Bouches du Rhône, outre Marseille et Aix, Salon de Provence restait fidèle au sénateur centriste Jean Francou, Marignane au DVD Laurens Deleuil, mais les autres villes étaient plus orientées à gauche.
Le PCF disposait ainsi des mairies d’Arles ( Jacques Perrot ), Port Saint Louis du Rhône ( avec le député Vincent Porelli ), Aubagne ( avec le député Edmond Garcin ), Martigues, Port de Bouc ( avec le député René Rieubon ), Roquevaire ( avec le sénateur Léon David), Auriol, Saint Mitre les Remparts, Berre l’Etang, La Bouilladisse, Le Rove, Gardanne, Mimet, Gréasque, Cuges les Pins, Gignac la Nerthe, Miramas, Noves, La Penne sur Huveaune, Roquefort la Bédoule, ou encore Septêmes les Vallons et Vitrolles.
Le PCF prit aussi la mairie de la Ciotat au sortant socialiste qui avait refusé de constituer une liste d’union de la gauche.
Le PS n’était pas sans influence puisqu’il avait les mairies de Tarascon, celle des Saintes Maries de la Mer, la mairie d’Istres, celle de Saint Martin de Crau, mais encore Sausset les Pins, Allauch, Les Pennes Mirabeau, Rognac, Rognes, Châteauneuf les Martigues, Simiane Collongue, Le Puy Sainte Réparade ( avec le sénateur président du CG Louis Philibert ), Peynier, Pélissanne entre autres collectivités à direction socialiste ou socialisante.
Dans le Vaucluse, si Avignon avait un maire socialiste et Carpentras un maire giscardien ( Maurice Charretier, qui fut un temps Ministre de VGE ), Sorgues, Bédarrides ou encore Bollène avaient un maire PCF, tout comme Orange.
Apt avait un maire PS.
Enfin, dans les deux départements alpins, la gauche fit un peu les choses à l’envers, en laissant au RPR la mairie de Digne, en confirmant la mairie PS de Château Arnoux ( avec José Escanez ! ), en apportant au MRG la mairie de Manosque, en gardant la mairie PCF de Sainte Tulle et en conservant les mairies de Sisteron et Forcalquier.
Les Hautes Alpes, pour Gap et Briançon, restaient plutôt orientées à droite.
En Région Rhône Alpes, la gauche ne parvint pas à gagner les mairies de Lyon ( où seuls, les 8e et 9e arrondissements votèrent à gauche ), ni celle d’Annecy.
Mais elle confirma ses positions à Grenoble ( maire PS ), Echirolles, Saint Martin d’Hères et Fontaine ( mairies PCF ), Firminy ( mairie PCF ), Vénissieux et Vaulx en Velin ( mairies PCF ), ajouta Bourg en Bresse ( mairie PS ), Bellegarde sur Valserine ( mairie PCF ), Chambéry ( mairie PS ), Valence, Romans, Montélimar ( mairies PS ), Annonay ( prise à la droite par le PS ), Vienne ( confirmation de Louis Mermaz, PS ), Saint Chamond, Saint Priest ( villes prises par le PS sur la droite ), Roanne ( même cas de figure ), Saint Etienne ( ville passée du ministre radical valoisien Durafour au militant PCF Sanguedolce ).
Le PS confirma aussi les mairies de Bron, Saint Fons, Oullins, Meyzieu ou Décines Charpieu, tandis que le PCF confirmait Givors, Grigny ou encore Pierre Bénite.
Enfin si le docteur Dugoujon assurait aux centristes la mairie de Caluire et Cuire, le PS s’assura la mairie de Villefranche sur Saône et Charles Hernu devint maire de Villeurbanne à la faveur d’une primaire face au PCF.
La gauche disposait par ailleurs de positions dans le Beaujolais où quelques villages viticoles votaient encore à gauche, et d’une certaine influence sur la vallée de la Maurienne, la combe de Savoie ou la vallée de l’Ondaine ( La Ricamarie, Le Chambon Feugerolles , Rive de Gier ).
Pour la région Ile de France, le mieux, dans un premier temps, est de regarder quelle était la situation dans les départements de la Région, quasiment commune par commune.
En Seine Saint Denis, le PCF a obtenu en 1977 27 municipalités sur 40 : Aubervilliers ( André Karman ), Aulnay sous Bois ( Robert Ballanger puis Pierre Thomas ), Bagnolet ( La députée Jacqueline Chonavel ), Bobigny ( le Président du conseil général Georges Valbon ), Drancy ( le député Maurice Nilès ), l’Ile Saint Denis, Pierrefitte sur Seine, Saint Ouen ( le sénateur Fernand Lefort puis Paulette Fost ), Villetaneuse, Saint Denis ( le député Marcelin Berthelot ), Montreuil sous Bois, Montfermeil, Clichy sous Bois, Noisy le Sec ( le député Roger Gouhier ), Romainville, Pantin, Stains, Tremblay en France ( Georges Prudhomme ), Le Blanc Mesnil ( Robert Fregossy ), Rosny sous Bois, Dugny ou La Courneuve ( le sénateur James Marson ), soit autant de confirmations de la situation antérieure.
Mais aussi Gagny, Villepinte, Neuilly Plaisance ( avec le conseiller général Président de l’Office HLM André Macé ), Noisy le Grand ( avec la sénatrice puis députée Marie Thérèse Goutmann, qui sera la première femme présidente de groupe parlementaire, le groupe communiste du Sénat et obtiendra à ce titre le droit pour les femmes d’y siéger en pantalon ! ) gagnés sur la droite et Sevran acquis sur un socialiste qui avait refusé une liste d’union dès le premier tour.
Le PS disposait de sept municipalités dans le département : Epinay sur Seine ( avec Gilbert Bonnemaison ), Le Pré Saint Gervais ( où l’on trouvait Marcel Debarge ), les deux cités historiques du PS Livry Gargan ( Alfred Marie Vincent ) et Bondy ( Maurice Coutrot ), Neuilly sur Marne ( Jacques Mahéas ), Villemomble ( arrachée d’une voix au scrutin de panachage par Jean Paul Maîtrias à l’ex député RPR Robert Calméjane ) et Les Pavillons sous Bois.
La droite était réduite à sa plus simple expression, ne conservant que les petites communes de Gournay sur Marne, Coubron, Vaujours, Le Bourget, Le Raincy et les Lilas…
Cette situation privera d’ailleurs la droite de toute représentation au Sénat lors des élections de septembre 1977 suivant directement les municipales.
Dans le Val de Marne, la poussée de gauche fut également assez conséquente, même si les villes en bascule furent moins nombreuses.
Le PCF confirma son audience sur Villejuif, Choisy le Roi ( avec le député maire Fernand Dupuy ), Champigny sur Marne ( avec Jean Louis Bargero, qui sera longtemps le responsable de l’association des élus communistes ), Arcueil ( Marcel Trigon, proche de Georges Marchais mais qui quittera le PCF dans les années 90 ), Gentilly ( avec la sénatrice Hélène Edeline puis Carmen Leroux ), Ivry sur Seine ( Jacques Laloe ), Vitry sur Seine ( avec le sénateur Marcel Rosette, suivi de Paul Mercieca, qui sera un temps député ), Orly ( avec Gaston Viens, premier président du CG 94 en 1967, qui quitta le parti dans les années 90 et influence toujours la vie politique locale ), Villeneuve le Roi ( avec le député Maxime Kalinsky ), Valenton, Bonneuil sur Marne, Fontenay sous Bois ( avec Louis Bayeurte ).
Il emporta par ailleurs les communes de Chevilly Larue ( avec la victoire surprise de Guy Pettenati, qui deviendra conseiller général en 1979 ), de Joinville le Pont ( avec la victoire de Guy Gibout, dont on dit que Georges Marchais aurait fait son Ministre de l’Intérieur s’il avait été élu Président de la République ), de Limeil Brévannes ( grâce au docteur Berjal ), de La Queue en Brie ( avec Claude Roméo ) et, enfin, de Villeneuve Saint Georges où le sénateur Roger Gaudon battit le sortant Marius Faïsse, ex SFIO passé à droite.
Mais le PCF, malgré la candidature de Michel Germa, président du Conseil général depuis 1976, échoua dans la primaire l’opposant au PS à Créteil, finalement acquise par le candidat socialiste Laurent Cathala, qui est toujours maire depuis…
Le PS ne fut cependant pas en reste dans la poussée de gauche sur le département puisqu’il confirma son implantation à Fresnes ( Gabriel Bourdin ), à Cachan ( avec le sénateur Jacques Carat ), à L’Haÿ les Roses ( avec le futur député Pierre Tabanou ), à Alfortville ( avec le député et futur Ministre Joseph Franceschi ), prit la mairie de Boissy Saint Léger ( avec Roger Guillemard, cette commune étant l’une des rares communes du département à pouvoir ainsi changer de couleur assez régulièrement ), et garda à la fois Noiseau et Villiers sur Marne, soit un ensemble de 8 communes venant s’ajouter aux 17 municipalités communistes d’alors.
La droite gardait donc la main sur 22 communes.
Certaines bourgeoises comme Saint Mandé, Saint Maurice, Vincennes, Charenton le Pont, Nogent sur Marne ( avec Roland Nungesser ), Le Perreux sur Marne ( avec Michel Giraud, futur Ministre et président du Conseil régional ), d’autres quasi encore rurales ( comme les petites communes du « plateau de Brie « telles Périgny, Santeny, Mandres les Roses, Marolles en Brie et Villecresnes ).
Mais la droite et le centre avaient aussi gardé des communes résidentielles : Ormesson sur Marne, Bry sur Marne, Ablon sur Seine ( ville d’élection du Président du Sénat d’alors, Alain Poher ), Chennevières sur Marne, Le Plessis Trévise, Rungis.
Et la gauche n’avait pas pu entamer les positions de la droite sur Maisons Alfort ( ville de René Nectoux, candidat malheureux des législatives de 1973 contre le socialiste Joseph Franceschi ), Saint Maur des Fossés, où le « gaulliste de gauche « Gilbert Noël fut remplacé par Jean Louis Beaumont, Thiais ( qui faisait partie des villes pourtant ciblées par la direction du PCF 94 ), Sucy en Brie, et le socialiste dissident, le docteur Antoine Lacroix, avait été réélu maire du Kremlin Bicêtre.
Comme d’autres élus en France et en Région Ile de France aussi, le docteur Lacroix faisait partie de ces édiles socialistes SFIO très anciennement élus ( dans son cas depuis 1947 ) qui avaient quitté le PS au moment de la signature du Programme commun.
Dans les Hauts de Seine, où la droite disposait a priori de positions plus fortes, surtout depuis le départ d’un certain nombre des élus socialistes SFIO vers le centre à compter de 1972, la poussée de gauche ne fut cependant pas secondaire, là encore.
Le PCF en fut assez largement bénéficiaire puisqu’au terme des élections de 1977, il gérait les communes de Gennevilliers ( Lucien Lanternier ), Nanterre ( Yves Saudmont ), Colombes ( Dominique Frelaut ), Levallois Perret ( Parfait Jans ), Malakoff ( avec l’ancien député Léo Figuères ), Bagneux ( Henri Ravera ), Châtillon sous Bagneux ( Jacques Le Dauphin ), Antony ( prise à un ancien maire proche du PS par le sénateur André Aubry ), Le Plessis Robinson ( avec Robert Gelly ) et la ville de Sèvres ( Roger Fajnzylberg, qui a quitté le PCF dans les années 80 et qui, si je ne m’abuse, est aujourd’hui engagé avec Eric Besson au sein des Progressistes où il côtoie Véronique Bensaïd, ancienne attachée parlementaire de Dominique Strauss Kahn ).
Le PCF connut cependant trois échecs significatifs lors de ces municipales 1977 : l’un sur la commune populaire de Villeneuve la Garenne où continua de jouer la méthode « rad soc « du maire de droite Roger Prévot, le second sur la commune de Clichy La Garenne où le sénateur communiste Guy Schmaus perdit la primaire face au PS et le troisième sur la ville d’Issy les Moulineaux où le député du secteur, le populaire Guy Ducoloné, ne put prendre la mairie au docteur Menand, qui fit place en 1980 à André Santini.
Le PS, moins influent dans ce département alors, se contenta de la mairie de Suresnes ( avec l’un des amis de François Mitterrand, Robert Pontillon ), de celle de Châtenay Malabry et donc, de celle de Clichy.
La droite, pour sa part, réussit à préserver ses positions dans 23 des 36 communes du département.
Bien entendu dans les communes les plus bourgeoises : Marnes la Coquette, Saint Cloud, Neuilly sur Seine ( où il y eut une primaire entre Achille Peretti et Florence d’Harcourt ), Ville d’Avray ou encore Sceaux.
Mais aussi là où la droite disposait d’édiles solidement implantés : Boulogne Billancourt avec le gaulliste Georges Gorse, Meudon avec Gilbert Gauer, Asnières sur Seine avec Michel Maurice – Bokanowski, Puteaux avec Charles Ceccaldi Raynaud, Clamart avec Jean Fonteneau, Montrouge avec Henri Ginoux ou encore Rueil Malmaison avec Jacques Baumel.
Sans oublier le Courbevoie de Charles Deprez.
Sur ces trois départements de la petite couronne, et, de fait, pour les communes faisant partie de l’ancien département de la Seine, 1977 a pu apparaître comme l’année où fut pratiquement reconstituée la « ceinture rouge « de Paris dont on avait pu évoquer l’existence avant guerre et dans les équipes municipales issues de la Libération du pays.
Cette vision est toutefois légèrement inexacte car la structure des équipes municipales de la Seine au terme des municipales de 1935 s’avère, à bien y regarder plus favorable encore à la gauche qu’elle ne le fut en 1977.
Lors des municipales de Front Populaire, la droite fut quasiment réduite, dans la Seine, à deux points forts situés l’un et l’autre à chaque bout de la capitale : à l’Ouest, Neuilly et à l’Est, Vincennes et Saint Mandé.
En 1935, Puteaux, Asnières, Courbevoie ou Boulogne Billancourt ont des maires de gauche ou de sensibilité de gauche.
Ce qui ne retire rien au fait que la gauche, depuis 1947 et a fortiori depuis 1971, n’a jamais été aussi forte en petite couronne qu’en 1977.
Pour les départements de la grande couronne, nous verrons ce qu’il en fut à l’époque de ce qui doit bien constituer l’une des meilleures années, pour la gauche, aux municipales en Ile de France.
Et une performance encore meilleure que celles du passé.