Herimene a écrit:Je l'ai déjà évoqué et je suis totalement d'accord avec vous. L'enjeu du retrait de la gauche est rendu beaucoup plus dramatique encore qu'en 2015 avec la concomitance entre les Régionales et les Départementales.
En cas de retrait de la gauche, il y aura forcément une proportion assez importante d'électeurs de gauche qui restera à la maison. A fortiori ceux qui se déplaceront ne le feront pas pour voter à gauche puisqu'ils n'en auront plus le choix au scrutin qui monopolisera toute l'attention : les Régionales. Alors bien sûr, certains peuvent tout à fait dissocier les deux votes, mais globalement la stratégie de conquête de la gauche aux Départementales dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône sera(it) fortement mise à mal.
Si le RN ne fait pas un mauvais score au premier tour des Départementales dans le Vaucluse, il pourrait être en position vraiment favorable pour faire basculer le département au second tour si la gauche se retire des Régionales. La droite parlementaire est en forte perte de vitesse là -bas et l'adversaire principal du RN risque en effet d'être bien la gauche aux Départementales.
Dans les Bouches-du-Rhône, l'impact sur le résultat du RN aux Départementales sera(it) beaucoup plus réduit mais par contre ça aiderait vraiment la droite à conserver le département, alors que la gauche nourrissait quelques espoirs de reconquête là aussi.
Je ne suis pas convaincu par ces analyses partagées plus haut et suis certain que ce n’est pas non plus la ligne de tous les dirigeants de la gauche locale/régionale.
Honnêtement, les espoirs de la gauche de reprendre le département des Bouches-du-Rhône ou du Vaucluse, sont extrêmement minces, pour ne pas dire totalement inexistants. Elle pèse encore à Marseille et Avignon grâce aux municipalités. Et encore, à Marseille ses candidats vont se faire massacrer car le règlement de comptes post-Rubirolla va être sanglant dans les urnes. A la différence de Cécile Helle qui n'a aucun problème de légitimité. Dans le reste des deux départements, la gauche a été malmenée aux municipales et les zones rurales sont désormais très conservatrices. Même en triangulaire avec un RN haut, je ne vois pas des possibilités de bascules vers le PS ou EELV ou LFI.
Je comprends le raisonnement de l'impact négatif sur les départementales du retrait de la liste du second tour des régionales. Mais je n'y crois pas une seule seconde. Déjà , les espoirs de reprendre un des 5 départements détenu par la droite, eux même ne doivent pas du tout y songer, même dans leurs rêves les plus fous. Et la seule idée de l'emporter dans un canton du Var, des Alpes-maritimes, des Hautes-Alpes et des bouches-du-rhones relève de la science-fiction en l'état actuel des divisions des forces de gauche dans une région très radicalisée à droite et à l'aune du résultat des municipales de 2020. C'est peut-être moins le cas dans le Vaucluse ou les Alpes de Haute Provence, encore que je serais bien curieux de voir sur quels cantons.
Reste pour le PS le risque de perdre le conseil départemental des Hautes-Alpes qui va se jouer à la bascule potentielle de 3 cantons sur 30 de la gauche vers la droite... C'est vrai. Mais qu'est ce que cela pèse pour certains élus de gauche - à commencer par les deux mairies de Marseille et d'Avignon - qui auraient tout à perdre à une bascule de la région au RN ? Tandis que Muselier, quoi que l'on pense du personnage sur la forme et le fond, travaille avec tout le monde et ne boycottera jamais Marseille. Je ne dis pas que c'est bien comme raisonnement politique. Je suis en revanche convaincu que dans la balance bénéfice-risque, il y a un pari qui tient plus que l'autre pour les cadres locaux de la gauche du sud.
Enfin, certains utilisent régulièrement l'argument de l'absence néfaste de la gauche de l'hémicycle qui serait un obstacle à son retour politique un jour au pouvoir à la tête de la région. Là aussi, je suis en désaccord. L'absence de la gauche est un problème démocratique, ça oui c'est clair... Mais ce n'est certainement pas l'obstacle à ses espoirs de revenir un jour au pouvoir. L'assemblée régionale n'est pas l'assemblée nationale en terme de puissance de diffusion médiatique. Le retour de la gauche un jour à la tête de la région se préparera d’abord dans des municipalités et par le renouvellement de son corpus d'idée via la société civile et l'engagement associatif. Cela prendra du temps. Avoir 10 ou 15 conseillers régionaux d'opposition serait légitime mais bien moins déterminant pour la préparation de son retour au pouvoir un jour.