breizh_morbihan a écrit:Sergent Bauchat a écrit:Personnellement, je ne vois pas en quoi l'apprentissage de la langue bretonne serait utile si elle était imposée.
Pour être allé plusieurs fois dans cette région, que j'aime beaucoup, je n'y ai jamais entendu parler cette langue...
L'Alsacien, ou le Corse, sont beaucoup plus utilisés.
L'avenir des générations actuelles et futures, c'est l'Anglais, le Chinois, le Coréen...
Tant pis si je heurte la sensibilité de certains !
Il ne me semble pas que Mme Le Calennec souhaite "imposer" (c'est-Ã -dire rendre obligatoire) l'apprentissage du breton, mais seulement le favoriser, ce qui est une position classique de LR en Bretagne (cf. Marc Le Fur).
En 2011, je crois que Martine Aubry avait fait de l'apprentissage obligatoire des langues régionales une de ses promesses de campagnes pour la primaire socialiste. En Bretagne, l'enseignement obligatoire du breton est revendiqué seulement à la marge, par des profils comme le chanteur Denez Prigent (qui par ailleurs oublie allègrement que le breton n'a jamais été parlé partout en Bretagne).
Pour répondre à Arnakour qui semble être favorable à l'apprentissage obligatoire du breton, je reconnais bien là le discours habituel des militants brittophones. C'est beau et sympathique en théorie, mais difficilement applicable. De toute façon, il est actuellement impossible de rendre l'apprentissage du breton obligatoire : sans parler des problèmes de constitutionnalité, il y a tout bonnement un problème de personnel (pas assez d'enseignants en breton pour tous les élèves). Même en augmentant les postes, il n'y a tout simplement pas assez de personnes compétentes pour enseigner le breton.
Peu de monde s'oppose à l'apprentissage du breton en milieu scolaire, nous sommes d'accord. Mais pas sûr que les gens soit favorable à ce qu'il soit obligatoire.
D'ailleurs, si tout le monde en Basse-Bretagne était si favorable au breton, il n'aurait jamais été abandonné. On cite souvent la politique linguistique de la IIIe République, mais l'exemple antillais que vous citez montre très bien que lorsque une population ne veut pas abandonner sa langue, elle perdure (on peut aussi citer l'exemple basque).
La valorisation du breton est un phénomène à la mode, qui revient régulièrement dans la politique bretonne.
Avant la crise sanitaire, les politiques de tout bord ont défilé pour soutenir les lycéens de Diwan qui voulaient passer leur baccalauréat en breton.
Depuis cette année, la mairie de Nantes organise des cérémonies de mariage en breton et délivre des livrets de famille bilingue : alors même que jamais les Nantais n'ont parlé breton, mais il s'agit d'une revendication des alliés régionalistes (UDB) de la maire Johanna Rolland (PS). Du pur affichage par ailleurs, puisque cette dernière est par ailleurs contre la réunification de la Loire-Atlantique à la Bretagne et souhaiterait voir la région Bretagne disparaître, pour créer un Grand Ouest qui s'étendrait du Finistère à la Sarthe (du coup on se demande ce que les "régionalistes" font avec elle...).
Citons encore la proposition de loi Molac sur les langues régionales actuellement en débat, qui vise à créer des filières d'enseignement immersif dans le public, soutenue par des députés LREM comme Yannick Kerlogot.
La question linguistique est donc plus que jamais au cœur de la politique bretonne et sera au cœur de la campagne des régionales : aujourd'hui, aucun élu ne se risquerait à dire publiquement ce que je vous écris là . C'est plutôt le contraire, avec un conseil régional qui a créé un Office public de la langue bretonne en 2010, qui dévoile fièrement depuis des panneaux bilingues partout (y compris en Haute-Bretagne où le breton n'a jamais été parlé).
Pour autant, comme le fait remarquer le Sergent Bauchat ici même, le breton n'est plus du tout une langue répandue en Bretagne. C'est là où est le paradoxe : d'ailleurs, je crois qu'une majorité de Bretons se désintéressent profondément de la question linguistique.
Toutes ces positions ne sont qu'une volonté d'affichage : malgré les beaux discours, lorsqu'on s'intéresse à la situation, on voit bien que c'est plié d'avance. Pour sauver le breton, les mesures auraient dues être prise dès les années 1940.
Selon un sondage mené par la région Bretagne en 2018, environ 200.000 personnes parlent le breton, et huit sur dix ont plus de 70 ans... Personne ne peut sérieusement croire que le breton reviendra en force, si ce n'est sur des tracts bilingues pour les campagnes électorales...
Je ne suis pas un militant brittophone ;)
Pour l'abandon du breton par une très large partie de la population, je pense que la IIIe république n'en est pas la grande responsable.
Durant l'entre deux guerres, le bilinguisme franco-breton s'était imposé dans les petites villes et les "classes moyennes rurales" (les grandes villes n'étaient pas depuis longtemps très bretonnante, en tout cas pas au début du XIXe siècle). Restait les "petites gens des campagnes" qui ne parlaient que breton.
La collaboration de la majorité des militants bretons (Bezen Perrot, ...) avec les nazis a servi de repoussoir dans les années 40-50 pour l'action publique (enseignement, ...).
Mais c'est surtout l'espoir pour les parents que leurs enfants puissent s'en sortir mieux qu'eux, et que cette élévation sociale est liée au fait de bien parler la langue des dominants, et donc au fait de ne pas utiliser sa langue régionale, et encore moins des bretonnismes (comment ça va avec toi, ...). Dans ce but, les parents n'ont pas appris leur langue maternelle à leurs enfants. Phénomène qui dure jusqu'au années 80.
Parler breton était comme aujourd'hui parler en patois : un truc de vieux ruraux arriérés et pas très futés, que l'on ridiculise...
Des personnes se sont mobilisés dès les années 70 contre ces phénomènes, mais je vous suis, elles ont perdu. Le nombre de locuteurs est faible et surtout vieillissant.
D'ailleurs le breton le plus parler par les personnes agées n'est pas très bien vu par ceux qui sortent de Diwan, car les anciens ont intégrés plein de français (eun trakteur, ...). La version choisit avec l'unification de la langue pour l'enseignement est celle qui expurge le plus le français. Ils ne se comprennent pas forcément...
Une fois les vieux partis, le breton perdra de sa diversité des 5 versions, (il y a 4 groupes linguistiques, plus le scolaire) il ne restera que le scolaire...
En Bretagne cette question du breton hors de sa zone (basse-bretagne) est d'ailleurs vu par les militants du gallo comme une répétition de ce qui s'est passé avec l'arrivée du français à l'ouest : une colonisation linguistique...
Cette volonté hégémonique du breton sur l'autre langue régionale vient des nationalistes bretons, qui trouvent le gallo trop "français" (c'est une langue d'oïl) et pas assez celte, pas assez différent du reste de la france.
De là vient le lien avec la musique, la "culture celtique"...
Pour moi il est trop tard, si certains veulent pouvoir le faire pourquoi pas, mais même avec eux, la langue deviendra une langue morte, parler par quelques "lettrés", sans ancrage populaire.
Même pour l'imposer il est sans doute trop tard, comme vous le disiez, le manque de professeurs capables est déjà important, généraliser posera un très gros problème...
Sur la réunification, je dirai comme F. Mauriac que j'aime tellement la bretagne que je préfère qu'il y en ait deux : la région actuelle et son prolongement oriental. Autant assurer à la métropole nantaise en expansion continue un espace de décloisonnement vers la vendée ou le maine et loire, que de réunir deux métropoles qui sont à une heure de route l'une de l'autre et qui vont se tirer dans les pattes.
La suppression des départements sera très dure pour les trois départements de l'ouest, qui en cas de réunification ne réuniraient que 45% de la population, la plus agée, rurale et en déprise économique... Le développement des villes moyennes (Quimper, Lorient, Vannes, Saint-Brieuc) sera très difficile face à l'attrait de Nantes ou de Rennes. De même pour Brest qui aura du mal à rivaliser avec les métropoles orientales pour l'accueil des populations et entreprises...
Sans parler de la perte de poids politique, ne pas être très peuplé mais avoir un conseil départemental permet des politiques locales.
Exemple pour le 22 : aujourd'hui il y a 54 conseillers départementaux (27 cantons) et 16 conseillers régionaux sur 83 soit 19,27%. Après réunification, si l'on rajoute les 35 conseillers du 44, ils ne seraient plus que 16/118 soit 13,25% des sièges et environ 12,5% de la population. Et plus de conseillers départementaux...