Les municipales de 2020 pour les partis régionalistes

[alamo]

Quand j'ai évoqué les partis nationalistes et régionalistes pendant la Guerre, c'était en Europe, pas spécifiquement en France.

D'où l'exemple basque...

En Bretagne, on peut certes se rappeler que les Bretons ont été les premiers "travailleurs immigrés" en région parisienne, vivant dans les quartiers les plus pauvres, une très forte communauté se trouvait à la Plaine Saint-Denis, et à l'entrée de certains bars on pouvait lire "interdit aux chiens et aux Bretons" ou "interdit de cracher par terre et de parler breton".

Il n'en reste pas moins :
- que nombre de mouvements régionalistes ont été créés par des ecclésiastiques exaltant la chouannerie
- que beaucoup ont frayé avec les ligues d'extrême droite (Action Française, Faisceau...) dans les années 30,
- que le slogan du PAB était "la Bretagne aux Bretons !" (comme quoi... JM Le Pen vient de la TRinité-sur-Mer...),
- que le PNIB se réclamait du nazisme dont il reprenait les emblèmes (croix gammée entre autres),
- que le programme SAGEA d'un nommé O. Mordrel était un décalque du parti nazi allemand qu'il avait fréquenté et qu'on y parlait déjà à l'époque de "préférence nationale bretonne", et prônait l'exclusion des étrangers, "et particulièrement des races latines et de couleur", des postes de responsabilité (à l'exception des "races nordiques"), etc...
- que le PNB a été financé pendant des années par les services secrtets de l'Allemagne nazie
- que lors d'un procès en 1938 contre des activistes bretons responsables d'attentats, ceux-ci faisaient le salut nazi et refusaient de s'exprimer autrement qu'en breton
- que l'Allemagne a livré des armes destinées à permettre un soulèvement nationaliste breton (qui a foiré lamentablement, les chefs de file se réfugiant... en Allemagne)
- que pendant la guerre, le "Comité National Breton" a été créé en Allemagne, comme l'Institut celtique de Bretagne et diverses radios ou publications
- qu'il y eut une unité SS composée de nationalistes Bretons, et diverses milices de supplétifs de l'armée allemande dans sa lutte contre la Résistance
- que nombre de collabos de la mouvance bretonnante et du PNB durent répondre de leurs actes à la Libération.

Nombre de partis régionalistes et ethnicistes en Europe ont connu à cette époque une histoire similaire.

Alors certes il y eut des résistants bretons pendant l'Occupation, communistes (comme celui qui a assassiné l'Abbé Perrot, collabo pur jus) ou régionalistes (comme il y eut des nationalistes de type Action Français engagés dans la Résistance dans le pays).

Mais des mouvements basés sur la pureté de la race, liés à l'intégrisme religieux, qu'est-ce sinon l'extrême droite ?
"Les imbécile heureux qui sont nés quelque part", chantait Brassens...

[Républicain67]

Je pense que j'ai fais un faux procès aux partis régionalistes/autonomistes/séparatistes. S'il est vrai qu'un certain nombre d'entre eux est clairement ancré à l'extrême droite, tel que Vlaams Belang flamand ou la Ligue du Nord italienne (encore que le concept "padan" soit fumeux), une grande partie de ces mouvements sont de gauche, tel que l'UDB bretonne, l'ERC catalane, la gauche abertzale, le Sinn Fein irlandais, le Rassemblement wallon...

Il est de plus réducteur de considérer les mouvements nationalistes et régionalistes européens comme national-conservateurs. Certains sont basés sur une réellement volonté d'émancipation. On peut penser là au Sinn Fein, au SNP écossais ou à certaines tendances du nationalisme flamand (dans sa variante, certes aujourd'hui minoritaire, progressiste et démocratique), comme le Frontpartij ou les tendances progressistes de la Volksunie.

Concernant les mouvements nationaux et régionalistes francophones une majorité est progressiste et de gauche ou de centre gauche. On peut penser au mouvement souverainiste québécois ou au mouvement wallon. J'ai plus de réserve avec les régionalistes bruxellois. Je n'ai jamais ressenti de solidarité avec le Front démocratique des francophones (FDF), aujourd’hui DéFI, qui a eu de vrais courants racistes, notamment avec Roger Nols, l'ancien bourgmestre de Schaerbeek, avec sa politique discriminatoire envers les Flamands, puis les étrangers... Ce genre de parti est pour moi, représentant les intérêts assez mesquins d'une majorité dominante et petite bourgeoise, aussi nocif de l'extrême droite flamande du Vlaams Blok/Belang.

[Relique]

Il me semble qu'au contraire des autres, le Sinn Féin souhaite agrandir leur pays et non le réduire à une taille plus petite. J'ai du mal à imaginer des argentins souhaitant reprendre le contrôle sur les îles falklands comme "régionalistes".

En Irlande vous pourriez plutôt trouver un parti dans le comté Kerry qui souhaitait plutôt une autonomie il me semble.

[alamo]

Je ne pense pas non plus qu'aujourd'hui le Sinn Fein soit à considérer comme un parti nationaliste ou régionaliste, c'est un parti résolument à gauche, siégeant d'ailleurs au Parlement Européen au sein du groupe GUE, et avec un programme de parti généraliste.

On constate quand même en Europe que la plupart du temps les partis séparatistes sont implantés dans les régions riches et surfent sur un certain égoisme économique : Italiens du Nord se désolidarisant de ceux du Sud, Catalans ne voulant plus payer pour l'Andalousie, Ecossais préférant garder la manne pétrolière plutôt que de la partager avec les régions sinistrées du nord de l'Angleterre ou du Pays de Galles, Flamands voulant se débarrasser des Wallons (quand la Wallonie industrielle était riche et la Flandre agricole fauchée, on voyait moins de revendications nationalistes).
De même que le premier pays à se séparer de la Yougoslavie fut la Slovénie, proche de l'Autriche, etc...
On pourrait d'ailleurs citer aussi l'Ukraine, où les habitants de Crimée ont massivement voté pour réintégrer la Russie, où les salaires et retraites sont trois fois plus élevés qu'en Ukraine, et où le Donbass industriel aimerait faire de même (certes la raison économique n'est pas la seule, elle s'ajoute à la langue, à l'histoire, notamment celle de la deuxième guerre mondiale, antagonisme que l'on retrouve aussi entre Serbes et Croates).
On constatera qu'il n'y a plus d'autonomistes à la Réunion, et quasiment plus aux Antilles, à part quelques rastas, comme on les appelle là-bas, au cerveau embrumé par des vapeurs diverses. EVidemment, quand on voit le niveau de vie à l'Ile Maurice ou Madagascar pour les uns, à Haïti, en Jamaïque, à la Dominique ou à Ste-Lucie pour les autres, ça ne fait pas trop envie...

En France, l'Alsace et la Savoie ne sont pas franchement les régions les plus fauchées, et la Bretagne n'est plus depuis longtemps une région sous-développée fournissant le lumpenprolétariat à Paris...
Ceci étant, dans ces régions, les vrais indépendantistes relèvent quand même un peu du folklore...

[Marcy]

Je salue votre dernière phrase en vous précisant que le une n'est plus de mise, ce que bien entendu je regrette plus que vivement, depuis la révision constitutionnelle de 2004 dire révision Raffarin.

Pour le reste du titre de votre contribution, les Départements de la région dite de Normandie ne sont a priori pas concernés.
Il a existé, en son temps, un Mouvement dit Normand qui soutenait essentiellement le retour à une Normandie avec cinq Départements selon ma lecture de leur souhait et un peu le parler normand en sachant qu'il existait, et doit encore exister, un enseignement de Droit normand à l'Université de Caen, matière à laquelle je ne me suis bien entendu jamais intéressé.
Ce Mouvement s'est progressivement déporté vers la droite de la droite puis quelque peu au delà et actuellement il ne s'exprime plus et cela dure, si je ne me trompe, depuis l'apparition de la région dite de Normandie.

J'apprends l'existence du Mouvement Normand, qui ne semble effectivement pas avoir présenté de candidats aux élections de 2020 mais a toujours des médias actifs, comme en rend compte sa page Facebook (https://www.facebook.com/mouvnorm/) où je lis, dans un message du 8 février 2020 que

Emmanuel Mauger a présenté les projets et actions 2020 du Mouvement Normand, en présence de Didier Patte (président d'honneur), de Franck Buleux ( président de la société des auteurs normands) , Éric Laruelle ( secrétaire de la Fédération des Associations de langue Normande) ,Gwenaël Thirel (président des Enfants de Rollon) et Paul Astolfi ( président de Normandie Challenge). Responsables associatifs et chefs d'entreprises également présents ont pu écouter une passionnante causerie de Marc Froidefont ( professeur de philosophie et membre du MN) sur le Marquis d'Herbouville