de Herimene » Ven 27 Mar 2020 05:18
Je ne suis plus trop actif ici, je ne vais donc probablement pas pouvoir vous faire un récapitulatif des résultats des partis régionalistes, vrai sujet pourtant... qui paraît toutefois bien illusoire par rapport à la situation sanitaire actuelle, tout particulièrement en Corse et en Alsace, deux régions à forte identité et où des mouvements régionalistes ont une importance politique.
Je trouve toutefois vraiment regrettable que le sujet soit l'occasion d'une foire à l'amalgames, souvent douteux, peu sourcés, et parfois à la limite de la diffamation, qui n'apportent absolument rien et sont tellement grossiers qu'ils seraient capables de rendre les mouvements régionalistes appréciés par un jacobin (je ne parle pas de moi, je revendique mon girondisme).
Le sujet Seconde guerre mondiale, il existe, je crois que les différents mouvements régionalistes ont payé suffisamment chers les fourvoiements complets d'une partie de leurs prédécesseurs, notamment en étant totalement rayé du jeu politique pendant une bonne trentaine d'années après-guerre, sauf en Bretagne peut-être où l'UDB a fait quelques résultats un peu avant. Il existe, mais il ne peut résumer à l'amalgame : "tous ont sombré dans la collaboration sans exception". C'est factuellement faut. Il y a eu des résistants nationalistes bretons, ils n'étaient pas marginaux... Les Alsaciens n'ont sombré dans rien du tout, tous les jeunes hommes ont été engagés de force dans la Wehrmacht, ce qu'on appelle les Malgré-nous... C'est quand même une autre histoire... Et ceux qui ne sont pas partis, et ont cru dans le Régionalisme alsacien ou mosellan, ont fort peu goutté le régime d'exception qui s'appliquaient aux habitants d'Alsace-Moselle (annexé au IIIème Reich, sans retour de réfugiés (qui étaient très nombreux), avec une population locale totalement marginalisée à tous les niveaux). Le cas basque, qui n'est pas une exception (les Catalans aussi étaient dans la même optique), mérite toutefois d'être souligné car le PNV, grand parti national-régionaliste basque, catholique, assez conservateur socialement, a rejoint le camp républicain pendant la Guerre civile et n'a pas compté ses efforts pour protéger la population des avancées franquistes, alors même que les dérives anti-cléricales du camp républicain auraient bien pu l'en dissuader par exemple... Cela fut certes en vain, mais avec l'honneur jusqu'au bout... Guernica, ce n'était pas en Andalousie... Bref, évidemment il y a eu pas mal de collaborateurs ayant eu de grandes responsabilités dans les partis régionalistes... mais parmi les militants de base, il n'est aucunement prouvé que le ralliement à la collaboration ait été massif... En tout cas pas plus que parmi les autres courants politiques, qui proclamaient pourtant ouvertement leur amour de la République française.
Bref, j'ai déjà été trop long. Je serai plus court pour la suite. Associer les partis régionalistes de manière générale comme des forces "réactionnaires", d'extrême-droite, nationalistes ethniques ou je ne sais quoi encore est un mensonge total, en tout cas pour les forces présentes en France. Il y a quelques partis régionalistes très marqués à droite, en Europe, peu nombreux mais puissants très localement, on les connaît tous (Flamands, Ligue du Nord) aussi car ils servent à justifier un discours qui amalgame tous les Régionalistes dans un même bateau réactionnaire alors que la forte majorité des partis ayant une audience électorale sont de gauches ou de centre-gauche... L'Alliance libre européenne, le parti européen rassemblant les forces régionalistes n'a jamais transigé avec ça, et a suspendu tous les partis s'étant allié avec une force d'extrême-droite... les cas étant tous Italiens, avant de les exclure peu après. Dire des Nationalistes corses qu'il seraient d'extrême-droite alors qu'ils proposent un Nationalisme civique sans distinction d'origine et qu'ils ont proposé à maintes reprises l'accueil des migrants de l'Aquarius sur leur île est quand même fort de café.
Pour les liens avec la mafia, ce serait plutôt moins que la moyenne corse... Disons que le Parti indépendantiste Corsica Libera a une figure trouble qui occupe souvent tous les débats mais ne joue aucun rôle politique de premier plan. Les forces autonomistes, majoritaires au sein de la majorité territoriale ont toujours refusé toute compromission avec des milieux mafieux ou borderline, et à cet égard se sont nettement démarqués de la gauche et la droite traditionnelle corse, qui y ont largement eu recours (même si là aussi il ne faut pas faire d'amalgame, il y a eu des gens vraiment droits dans leurs bottes, mais souvent minorisés).
Franchement, quand je lis ce genre de choses, je me dis qu'on est sur le même niveau que le commentaire des articles sur la Corse sur les réseaux sociaux, un défoulement, tout simplement, assez irrationnel et bien triste.
Enfin, je voulais juste rajouter un élément factuel sur un sujet soulevé par Eco92 : Le Parti Breton est officiellement Indépendantiste, son objectif officiel est bien l'émancipation des Bretons, par étapes très progressives. Il est toutefois de facto plutôt Autonomiste car il n'entrevoit cet objectif qu'à très long terme et de manière très hypothétique.