de Marcy » Mar 1 Juin 2021 08:36
Le principe du désistement en faveur du candidat de gauche le mieux placé est (était ?) une règle appliquée traditionnellement entre socialistes et communistes, en particulier aux législatives (mais aussi aux cantonales, avec toutefois des exceptions pour ce type de scrutin) : du temps où le PS et le PCF dominaient dans les régions minières du Pas-de-Calais, il n'était pas rare d'avoir un seul candidat au deuxième tour (en l'occurrence, socialiste) car le candidat communiste, arrivé deuxième, s'était retiré ; inversement, le candidat communiste était souvent seul au deuxième tour en Seine-Saint-Denis, en raison du retrait du candidat socialiste, qui était lui en deuxième position. En fait, il y avait une réciprocité ; l'idée était que les électeurs de droite n'arbitrent pas des duels internes à gauche (ce fut par exemple le cas à Montreuil avec l'élection de Dominique Voynet aux municipales - mais l'usage du désistement à gauche a toujours été mal perçu par les militants locaux aux municipales, et a connu des exceptions depuis assez longtemps), le candidat de gauche arrivé deuxième se retirant. Quand ce n'était pas le cas, c'était en rétorsion contre le maintien dans une autre circonscription / un autre canton.
Je ne sais pas si la direction du PCF avait en souvenir cette règle des désistements à gauche quand elle a appelé à voter pour le PS à Paris 20e. En tout cas, elle se souvient certainement que la présence de candidats LFI contre des candidats communistes aux législatives de 2017 lui a coûté des sièges de député, et que des alliances se sont nouées assez facilement aux départementales avec le PS (y compris pour sauver le Val-de-Marne, et de manière plus inattendue en Seine-Saint-Denis, toujours terrain de féroces compétitions PS/PCF) : l'objectif du PCF est de maintenir, voire de renforcer son groupe parlementaire à l'Assemblée nationale : dans l'état actuel des choses, la direction communiste considère que c'est plus facile dans le cadre d'accords avec EELV et le PS que d'accords avec la France insoumise. Le PCF anticipe probablement une candidature unique PS-EELV à la présidentielle, à laquelle le PCF pourrait se rallier - ce qui aurait certainement pour contrepartie un partage des circonscriptions. Mais évidemment, si Jean-Luc Mélenchon fait une percée, cela pourrait tout changer...
Les alliances à géométrie variable du PCF, entre le PS et la France insoumise (et naguère le PG), ne sont pas nouvelles. EELV fait de même (parfois d'ailleurs en alliance avec le PCF, comme localement aux départementales en 2015 ou aux municipales à Strasbourg en 2020). Si le PCF n'a plus les moyens de rechercher l'hégémonie à gauche, il vend chèrement ce qu'il a conservé comme influence et comme réseau d'élus et de militants - même si en l'occurrence les militants communistes ont été désavoués, et risquent d'en garder grief contre leur direction. Mais pour revenir aux relations entre appareils partisans, je dirais que c'est de bonne guerre : l'union est un combat.