Report des régionales/départementales 2021

[pmf]

Je trouve le message précédent plein de bon sens, salue son auteur pour le détail et la précision de ses propos et, in fine, partage ses conclusions en l'état de notre Démocratie.

[PhB]

(...)
J'ai pu observer pour ma part l'impact de l'introduction par certaines communes des machines à voter. S'il est effectivement agréable pour un assesseur de quitter à 20h30 un bureau ayant fermé à 20h, et ce en ayant pris le temps de ranger les locaux, l'informaticien que je suis ne peux s'empêcher de penser que rien ne me permet de savoir que les résultats fournis par la machine n'ont pas été tirés aléatoirement ou pré-établis lors de la programmation de la machine. Seule l'extrème simplicité de la machine et la cohérence des résultats locaux par rapport au reste du pays rassurent un peu. Il faut se convaincre qu'une fraude serait très complexe à mettre en oeuvre, la simple observation ne permet pas d'être sûr.
Ces machines à voter ont été introduite commune par commune, et non sans mal. Certains ne les acceptent pas, et s'en plaignent ouvertement au moment de voter. Il y a eu des contentieux. Mais du coup très peu de communes ont franchi le pas. Une des conséquences est qu'il est très facile de comparer les résultats d'une commune équipée avec d'autres similaires qui ne le sont pas, et ainsi se convaincre que ces machines n'ont probablement rien changé.
Si au contraire on les imposait brutalement à tout le pays, quelle confiance aurions-nous dans les résultats ? Surtout s'ils étaient inatendus.
Bref, on peut certe faire des expérimentations, mais il me paraît impensable de changer largement sans saper la confiance. Et l'expérience américaine montre qu'une faille dans cette confiance ouvre la porte à des mensonges éhontés.

Merci Etienne 92 pour tous ces arguments pertinents.
J'ajouterais un détail concernant les machines à voter et plus globalement tous les systèmes de vote électronique : Nous n'avons aucune preuve, hormis la cohérence apparente des résultats rendus, que ces machines ont rendu sincèrement compte du scrutin et nous n'en aurons jamais, sauf à rompre le secret du vote. (l'informaticien que vous êtes saura l'expliquer mieux que moi, au besoin)
Aussi l'utilisation de toute forme de vote électronique, dont les machines à voter, revient à remplacer le collège électoral par celui qui contrôle l'ordinateur (que ce soit le gestionnaire officiel ou un pirate).
C'est juste incompatible avec la démocratie.

[Corondar]

Personnellement, je ne propose pas le vote électronique (j'y suis très opposé) ni le vote par correspondance (en soit, je pense que cela pourrait être fait et offrir suffisamment de garanties de sécurité, mais pas dans le temps imparti), mais seulement de proposer une période de vote plus longue (vendredi, samedi et dimanche ?) afin d'étaler l'affluence sur les bureaux de vote.
A mon sens, une telle expérience ne nécessiterait pas beaucoup de complexité pratique et n'engendrerait pas de suspicions quant aux résultats ?
Sachant qu'en ce qui me concerne je n'envisage ces éventuels aménagements que parce que certains semblent de nouveau évoquer un report au nom des craintes sanitaires, or le report est pour moi la pire solution et de loin (outre que cela nous fait passer pour des incapables par rapport à d'autres pays qui eux maintiennent leurs scrutins). Le report des élections n'est pas la seule manière de lutter contre le risque sanitaire : masques, distanciation sociale, gel hydroalcoolique dans un premier temps, et des aménagements possibles dans un second temps (période de vote plus longue, vote par correspondance...), toutes solutions qui me paraissent mille fois préférables à un nouveau report éventuel.

[breizh_morbihan]

Bonjour à tous,

J'ai lu attentivement les arguments de chacun, et j'en partage beaucoup, notamment sur l'introduction des machines à voter ou du vote par correspondance qui font craindre une éventuelle rupture de confiance des citoyens dans le processus électoral.

Pour moi, les "raisons sanitaires" invoquées par l'exécutif pour justifier un éventuel report sont hors de propos.

Il n'est pas plus risqué de voter que d'acheter sa baguette de pain, c'est l'avis qu'avait rendu le conseil scientifique sur le second tour des municipales, et qui avait conduit à voter en juin. Rappelons qu'à l'époque, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand avait fait savoir qu'il était contre un second tour en juin, que c'était trop tôt, qu'il aurait mieux fallu attendre l'automne 2020 pour refaire les élections municipales dans les communes concernées... Nous savons tous ce qu'il s'est passé à l'automne 2020, et si nous avions attendu, il est clair que nombre de communes n'auraient toujours pas de maire à l'heure actuelle. Avec l'arrivée des variants, on ne peut pas garantir que la situation sanitaire sera meilleure en septembre qu'en juin. A ce rythme, nous pouvons aussi envisager un report de l'élection présidentielle de 2022.

En outre, comme déjà évoqué ici, nous serions l'un des seuls pays d'Europe à faire ce choix de suspendre la vie démocratique. Que dirait-on si ce genre de tripatouillages électoraux avaient lieu en Pologne ou en Hongrie ?

Ce qui pose problème pour nos élus tenants du report des élections, ce n'est même pas le scrutin (masques, gel et distance dans les files d'attente suffisent à garantir la sécurité), mais le fait soit disant qu'il ne serait pas possible de faire campagne.

Les réunions publiques sont certes impossibles (quoi que, je ne pense pas qu'une majorité des électeurs aillent aux meetings électoraux pour des élections régionales...).
C'est vrai, mais il est possible d'innover :
- rien ne s'oppose à distribuer des tracts sur les marchés (pas plus dangereux que d'acheter vos pommes au primeur) ;
- les réseaux sociaux devraient être mis à contribution (assez amusant d'ailleurs je trouve d'entendre nos élus "start-up nation" ne pas évoquer cette solution) ;
- il existe en France un formidable réseau de radios, de presse et de télévision locales (France bleu, France 3, etc.) qui permettent de tenir des débats accessibles à tous les citoyens (et sans doute plus accessibles que des réunions publiques souvent cantonnées aux militants) ;
- on peut même envisager des meetings en drive, comme cela a été fait par Joe Biden aux Etats-Unis.

Bref, vous l'aurez compris, je suis résolument opposé à un nouveau report des élections régionales et départementales.

Tout le monde ici n'est pas dupe, l'argument des "raisons sanitaires" ne tient pas debout.
J'aimerais croire que notre exécutif est démocrate, et n'est pas en train de tenter de reporter des élections pour éviter de les perdre. C'est pourtant également ce qu'avait sous-entendu Jean-Louis Debré devant les députés en janvier dernier. Malheureusement, il apparaît de plus en plus clairement que ce report est plus motivé par des considérations politiques que sanitaires.

[ChristianC.]

Si l'on voulait se faire l'avocat du diable, on pourrait dire que si les électeurs ne doivent guère courir de risques en passant 10 minutes dans leur bureau de vote, ces risques sont peut-être plus réels pour les membres du bureau et pour les agents municipaux qui passent la journée dans ledit bureau., ainsi que pour les scrutateurs qui y passent la soirée.
A quoi l'on peut répondre qu'en juin il ne devrait pas être difficile d'ouvrir portes et fenêtres pour aérer les locaux.
A quoi surtout il faut répondre que, si l'on suit les optimistes annonces du gouvernement, une majorité d'électeurs sera vaccinée en juin, et que par conséquent le problème ne devrait plus se poser.
Et même si la vaccination avance moins vite qu'on ne nous le promet, il devrait en juin y avoir assez de personnes vaccinées pour qu'il soit possible de ne recruter que parmi elles le personnel des bureaux. Ou alors c'est à désespérer de la "campagne vaccinale'.
J'ai peur que le vrai problème ne soit l'aversion du pouvoir et des médias envers les élections, que de longue date on nous présente comme une contrainte, une source d'embarras, et non comme l'un des actes majeurs de notre qualité de citoyens, et comme l'un des rituels républicains chargés, au plan symbolique, de montrer que nous constituons une Nation attachée à construire son avenir collectif, et non un agglomérat d'individus ne recherchant que leurs commodités immédiates.

[breizh_morbihan]

Dans une tribune transpartisane parue hier soir sur le site internet du Figaro, dix présidents de région s'opposent à un nouveau report du scrutin et demandent que la date de juin soit respectée.

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/la-democratie-l-exige-votons-en-juin-pour-les-elections-departementales-et-regionales-20210321

Les signataires :
- Xavier Bertrand (DVD, Hauts-de-France)
- François Bonneau (PS, Centre-Val-de-Loire)
- Ary Chalus (LREM, Guadeloupe)
- Carole Delga (PS, Occitanie)
- Christelle Morançais (LR, PDL)
- Hervé Morin (DVD, Normandie)
- Renaud Muselier (LR, PACA)
- Valérie Pécresse (DVD, IDF)
- Alain Rousset (PS, Nouvelle-Aquitaine)
- Laurent Wauquiez (LR, AuRa)

Les présidents de la Corse, de la Bretagne, du Grand Est sont les trois présidents de métropole n'ayant pas signé cette tribune. De là à en déduire qu'ils sont favorables au report ?

A noter la présence dans les signataires du président du conseil régional de la Guadeloupe, qui est, si j'en crois Wikipédia, membre du bureau exécutif national de LREM. C'est dire combien la potentialité d'un nouveau report fait tousser jusque dans la majorité... (à moins qu'il n'y ait des considérations locales qui m'échappent).

[emile]

Il manque aussi Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté visiblement.

[Eco92]

La loi ayant fixé le report des régionales et départementales prévoyait une "clause de revoyure" avant le premier avril selon l'avis du Conseil scientifique. Ce dernier a rendu son rapport ce jour à l’exécutif et indique :
- Que si les élections étaient reportés en septembre cela aurait un avantage certain grâce au développement du vaccin ;
- Que le variant anglais rend la contagion plus grande ;

Ce qui est interprété comme une volonté de repousser l'élection.

Cependant, le conseil laisse l’exécutif décider, expliquant que « Le présent rapport analyse d'un point de vue strictement sanitaire différentes situations, à propos desquelles les autorités publiques prendront les décisions qui leur incombent, lesquelles sont éminemment politiques s'agissant de l'organisation de scrutins électoraux ». C'est en effet une réalité. Il est forcément plus dangereux sanitairement d'avoir une élection que pas, mais c'est aussi un véritable problème démocratique, institutionnel et politique que de les reporter sans cesse et de décaler les élections intermédiaires.

Notons que le conseil en profite pour indiquer que la non mise en place du vote par correspondance ou de la digitalisation des votes (qui perso m'inquiète plus que par correspondance) est un problème. De fait il est sidérant de voir qu'à part le double procuration quasiment rien n'a été fait pour adapter les tenues d'élections à la crise sanitaire.

Le gouvernement indiquera sa position jeudi.

https://www.letelegramme.fr/france/report-des-regionales-la-parole-au-conseil-scientifique-29-03-2021-12726937.php

[BernardD]

Odoxa avait publié jeudi 25 mars un sondage montrant que, compte-tenu du contexte sanitaire, les Français sont largement favorables à un report des régionales: 71 % contre 28 %.

http://www.odoxa.fr/sondage/francais-ap ... anitaires/

[Ramdams]

Ce serait un aveu d'échec pour Macron que de se résigner à repousser les élections, lui qui avait fait le pari de la possibilité de continuer à vivre avec le virus. Surtout après son autosatisfecit dans lequel il avait clamé qu'il avait raison alors que les scientifiques avaient tort.

S'il choisit le report, il devra donc donner raison à ceux qui avaient récemment tort. Mais au moins, il se mettra au diapason avec les Français qui y sont favorables.