Au stade où nous en sommes et puisque ça n'a pas encore été fait ici, on peut peut-être se livrer, pour chacun des six candidats à cette primaire, à un petit récapitulatif de leurs points forts et de leurs points faibles.
Selon moi et en les prenant par ordre alphabétique, voilà ce qu'il en est.
Martine Aubry :
Points forts :
- son expérience ministérielle à la tête de portefeuilles "importants" (Travail, Emploi et Formation professionnelle puis Emploi et Solidarité)
- sa position de première secrétaire du PS
- son expérience à la tête de collectivités territoriales importantes (la Ville de Lille et Lille Métropole Communauté urbaine)
Points faibles :
- le fait d'apparaître objectivement comme une candidate de "substitution" après la mise hors course de Dominique Strauss-Kahn
- ses soutiens plutôt hétéroclites qui, comme lors du congrès du PS de l'automne 2008 où ils avaient pu apparaître comme un front "anti Royal", peuvent cette fois donner l'impression d'une alliance "anti Hollande" à nouveau très teintée d'opportunisme et de combinaisons d'appareils
- le fait qu'elle n'ait pas conquis, contrairement à ses principaux concurrents, un "fief électoral" mais qu'elle en apparaisse plutôt comme l'héritière, avec d'autre part son échec dans une circonscription pourtant ancrée à gauche lors des élections législatives de 2002
- son décalage avec la société concernant un certain nombre de questions (un
article de l'hebdomadaire Marianne avait par exemple pointé, au mois de février dernier, un discours angéliste à propos de l'insécurité) et l'exploitation de celui-ci que ne manquera sans doute pas de faire la droite, le moment venu
Jean-Michel Baylet :
Points forts :
- sa non appartenance au PS qui pourrait séduire quelques électeurs au-delà de la sphère des adhérents et sympathisants du PRG dans une primaire ouverte
Points faibles :
- une candidature essentiellement consécutive aux accords électoraux passés ou en cours avec le PS pour les prochaines élections sénatoriales et législatives et qui n’apparaît donc pas crédible en tant que telle
- l’ambigüité de certains positionnements du PRG particulièrement au début du quinquennat avec notamment le soutien de ce parti à la révision constitutionnelle de juillet 2008 qui a pu être interprété comme une trahison par bon nombre d’électeurs de gauche
- sa faible notoriété auprès des Français
François Hollande :
Points forts :
- sa volonté marquée d’accéder à la présidence de la République, sa position d’outsider lorsque la présence de Dominique Strauss-Kahn était encore d’actualité et sa persévérance qui ont fini par donner à sa candidature une vraie crédibilité aujourd’hui confirmée par les sondages d’opinion
- son image de "modéré" qui pourrait séduire une partie de l’électorat de centre droit lors d’un second tour l’opposant à Nicolas Sarkozy
- le soutien dont il bénéficie auprès d’un certain nombre de "grands" élus locaux et le poids que celui-ci peut jouer régionalement et en terme de mobilisation chez les électeurs de la primaire
- son expérience de premier secrétaire du PS où il a eu notamment à gérer "l’après 21 avril 2002" et le maintien de l’unité de ce parti après les divisions qu’il a connues lors du référendum de mai 2005 sur le TCE
- la reconquête très symbolique du département de la Corrèze et son image d’élu ancré dans le terroir
Points faibles :
- son absence d’expérience ministérielle
- une audibilité (encore) faible sur les questions internationales
- une position de favori des sondages qui, à neuf mois d’une élection présidentielle et l’expérience passée l’a souvent montré, n’est pas forcément la garantie d’un succès final
Arnaud Montebourg :
Points forts :
- sa jeunesse relative et l’image de renouvellement qu’elle incarne
- un positionnement politique qui peut parfois donner l’impression de trancher avec le relatif monolithisme de ses concurrents
- la reconquête, par le PS, du département de la Saône-et-Loire, à laquelle il a beaucoup contribuée
Points faibles :
- son absence d’expérience ministérielle
- le fait que sa candidature ne paraisse pas vraiment crédible pour cette fois-ci mais plutôt comme une façon de se placer à l’horizon 2017-2022
Ségolène Royal :
Points forts :
- son expérience de candidate à l’élection présidentielle
- son ancrage solide à la tête de la région Poitou-Charentes qu’elle a conquise sur la droite il y a maintenant sept ans
- une intuition politique réelle quant à ce qui peut se passer dans la société française
- une persévérance rare qui, en politique et sur le long terme, peut finir par payer
Points faibles :
- son isolement relatif au sein du PS et un certain nombre d’erreurs stratégiques passées qui lui ont coûté très cher politiquement
- son absence d’expérience ministérielle à la tête de portefeuilles "importants"
Manuel Valls :
Points forts :
- comme Arnaud Montebourg, sa jeunesse relative et l’image de renouvellement qu’elle incarne
- un positionnement politique que certains peuvent juger "pragmatique" et qui peut séduire y compris une fraction de l’électorat de droite
- son expérience de maire d’Evry qui peut donner de lui une image d’élu "collé" à une certaine réalité
Points faibles :
- comme Arnaud Montebourg là encore, son absence d’expérience ministérielle et le fait que sa candidature ne paraisse pas vraiment crédible pour cette fois-ci mais plutôt comme une façon de se placer à l’horizon 2017-2022
- le fait qu’il incarne un certain "social libéralisme" qui ne fait pas forcément l’unanimité au sein de l’électorat de gauche