de maxxx » Ven 10 Sep 2010 22:40
Je pense qu'un tel scenario sera difficilement réalisable : il y a selon moi un triangle d'incompatibilités assez fort entre le fait de vouloir maintenir le nombre des communistes-PG, doubler le nombre d'élus Verts-EE et faire en plus gagner des sièges aux socialistes.
Comme cela a été signalé dans les articles, les socialistes ne peuvent de manière crédible investir des candidats EE dans les départements où les grands électeurs votent au scrutin uninominal majoritaire : quel plus beau cadeau fait à la droite que d'investir par exemple un élu EE dans un département comme le Lot-et-Garonne, le Morbihan ou les Pyrénées-orientales - les élus ruraux SE ne suivraient pas et en plus, il faudrait encore en trouver des candidats crédibles, au moins maires ou conseillers généraux dans ces départements...L'hypothèse est donc écartée.
Maintenant, pour ce qui est des départements qui se jouent à la proportionnelle, je prendrai quelques exemples pour montrer que l'hypothèse sera difficile.
- la Seine-et-Marne : 3 sièges à droite, 3 sièges à gauche. La gauche dispose de 2 sénateurs PS et d'un sénateur PC. La droite disposait de 62% des voix de grands électeurs en 2004 et s'est largement maintenue au plan municipal en 2008 (elle s'est même pour ainsi dire plutôt renforcée) : les 3 sièges dont la droite dispose sont donc un minimum pour elle, elle risque même d'en prendre un 4ème. Je vois dès lors mal le sénateur PC laisser sa place à un écologiste...
- l'Essonne : 3 sièges à gauche, 2 sièges à droite. Là encore, la droite était divisée comme jamais alors qu'elle était globalement majoritaire en voix : les 2 sièges sont encore un seuil minimal pour elle...Même si elle part encore divisée cette fois-ci. D'autant que dans ce département, ça va être la guerre à gauche : depuis que Jean-Luc Mélenchon a créé le Parti de Gauche, le groupe CRC compte 2 sénateurs dans ce département (le communiste Bernard Vera et la remplaçante de Mélenchon, Marie-Agnes Labarre) - je vois mal comment les communistes-PG pourront garder leurs 2 sièges, le PS se contenter d'un seul siège et en plus faire élire Jean-Vincent Placé...
- le Val d'Oise : 3 sièges à gauche, 2 sièges à droite. Même cas de figure. Là ça serait à la rigueur plus facile pour placer un candidat EE, car il y a déjà des candidats-maires EE plus crédibles. Cela dit, la droite ne perdant pas ses 2 sièges, si le MUP-CRC Robert hue repart, il faudrait que le PS se contente d'un seul siège dans ce département, en laissant un des sièges à Europe écologie...Le départ de Raymonde Le Texier (PS), 72 ans, pourrait aider mais rien n'est sûr...C'est quand même rageant pour nombre d'élus PS qui font la queue pour ce type de mandat de devoir se contenter d'un seul élu.
- les Yvelines : 5 sièges à droite, 1 à gauche. Même topo, l'hypothèse d'un gain de siège par la gauche est moins probable qu'un maintien de la droite et encore faudrait-il convaincre les communistes de laisser la seconde place sur la liste...
- le Nord : la droite ne perdra grand maximum qu'un seul siège dans ce département, les élus SE des communes rurales votant facilement pour la liste SE d'Alex Türk. Ce siège serait dans ce cas récupéré par EE : ça voudrait donc dire que les socialistes se maintiendraient à 3 sièges quand Europe écologie en récolterait 2 dans le département : ça fait un peu beaucoup...
- le Maine-et-Loire : actuellement 2 sièges à droite et 1 à gauche. Seulement, quand on voit la carte politique du département, pas besoin de faire des plans sur la comète pour constater qu'une liste de la droite unie remporterait facilement un 3ème siège...en dehors d'Angers et ses villes satellites, c'est quand même le désert pour la gauche...
- l'Isère est un cas possible : actuellement, le département compte 2 sièges à droite et 2 à gauche. Il est évident que le 5ème siège sera remporté par la gauche, la droite ayant trop perdu pour pouvoir y prétendre...Cela dit, quand on connait les relations entre PS et EE dans ce département, notamment à Grenoble, les négociations seront difficile...et en plus, il faut compter avec la sortante communiste Annie David.
- à Paris, les Verts ont déjà 2 sortants...Je vois mal le PS leur donner encore un siège, sachant qu'en plus, les municipales de 2008 n'ont pas été si mirobolantes face aux listes Delanoe du premier tour...
Ces quelques exemples montrent selon moi que ce sera très difficile : je ne dis pas qu'Europe écologie ne puisse pas atteindre les 5 sénateurs supplémentaires : 1 en Isère, 1 dans un département de la couronne parisienne, et d'autres ça et là , c'est possible...Cela dit, 15 sièges, c'est vraiment quasi-inatteignable dans les négociations...A moins d'envoyer paitre les communistes, mais dans ce cas, ceux-ci monteraient leurs propres listes et la droite gagnerait facilement des sièges.