Le problème reste entier et les départements vont en discuter avec l'Etat. La question des aides sociales, versées sur le budget des départements (RSA socle, APA,...) et de leur financement est posée. Les départements concernés ont souvent un problème d'endettement: à noter qu'un département ne peut s'endetter directement pour des dépenses de fonctionnement telles qu'aides sociales, traitement des fonctionnaires, intérêts d'emprunt etc... mais qu'elles peuvent grever l'excédent du budget de fonctionnement et affaiblir la capacité d'autofinancement.
Par ailleurs, il y a une question bancaire: après la faillite de Dexia, il avait été plus difficile aux collectivités d'emprunter, surtout pour des montants importants (p.ex. je sais que des travaux anti-inondations intercommunaux ont pu être retardés pour cette raison); depuis, l'offre de crédit s'est améliorée (La Banque Postale remplaçant un peu Dexia comme pôle public de prêt aux collectivités). En plus, le crédit est peu cher ces temps-ci grâce à la BCE. Cette facilité nouvelle à emprunter, en plus de nécessités électorales (refaire des routes avant les élections, j'ai largement vu faire ça au niveau communal), explique en partie le rebond des emprunts et des investissements.
Et les collectivités ne veulent pas sabrer leurs budgets d'investissement, d'une part parce qu'ils sont nécessaires en soi (entretien des routes, des collèges,... pour les départements) et d'autre part pour ne pas aggraver la crise du secteur du BTP. D'ailleurs, couper trop fort les budgets d'investissement, c'est risquer quelque temps après d'avoir d'anciens ouvriers du BTP... au RSA!
Pour revenir à la question de l'aide sociale, autant l'accueil doit être localisé (ce qui n'empêche pas un organisme national comme Pôle Emploi d'en assurer une partie) pour l'insertion (emploi mais aussi logement, transport, etc), autant le financement des allocations (même si pour vivre dessus, c'est "des cacahuètes", il y a le nombre) ne devrait pas l'être (parce que le chômage et son inégale répartition ne sont pas seulement la faute des départements et que concentrer le financement de l'aide sociale là où le chômage de longue durée est fort tend à y aggraver les problèmes): c'est bien toute la contradiction.
Sur la dynamique territoriale: là où sont les emplois et alentour, le logement tend à être plus cher. Ce qui repousse les populations sans emploi ou mal payées en zone rurale (l'aide au logement ne couvrant qu'une partie du loyer). Au niveau des régions, cela peut exister aussi, avec aussi l'attractivité (Pays-de-Loire ou Ile-de-France font peu envie). Même sans déplacements de population, il y a les effets de compétitivité: plus une agglomération est grande, plus elle est compétitive (malgré les bouchons). Au total, il y a des territoires qui concentrent la pauvreté (notamment au Sud: arc méditerranéen, "couloir de pauvreté aquitain" mais aussi les anciens bassins miniers où les emplois ont fondu mais pas les logements, en dur) et d'autres qui la repoussent du fait même de leur dynamisme (s'ils aident à s'intégrer ceux qui y trouvent un emploi, ils contribuent aussi à désintégrer les recalés), le cas extrême étant les pôles d'activité qualifiée (La Défense, Sophia Antipolis). Il est plus logique d'avoir un financement à l'échelle nationale, comme c'est le cas pour l'Unedic (chômage indemnisé).
Les deux grandes pistes évoquées entre Etat et conseils départementaux sont la renationalisation (au moins du financement) et la possibilité de moduler à la baisse le montant des aides (normalement fixé par la loi). La seconde est plutôt là pour faire réagir, parce que réduire les aides à des personnes qui sont déjà à l'euro près est peu envisageable.